Prix unique du livre : l’échec français

Le prix unique du livre a eu pour principale conséquence de réduire les achats de livres sans pour autant sauver les petites librairies.

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Prix unique du livre : l’échec français

Publié le 8 janvier 2013
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Le prix unique du livre a eu pour principale conséquence de réduire les achats de livres sans pour autant sauver les petites librairies.

Par Vincent Geloso et Michel Kelly-Gagnon, depuis Montréal, Québec(*).

Article publié en collaboration avec l’Institut Economique de Montréal.

Regroupés sous la bannière de « Nos livres à juste prix », les promoteurs québécois d’un prix unique du livre s’inspirent largement de l’expérience française. Dommage, car le cas français constitue un échec retentissant. Cette politique d’augmentation artificielle du prix des livres, car c’est bien de cela qu’on parle, a eu pour principale conséquence de réduire les achats de livres sans pour autant sauver les petites librairies.

Dès la fin du XIXe siècle, la France se dote d’un système de prix unique informel pour les livres avant de l’inscrire dans une loi en 1981. Depuis cette date, il est interdit d’offrir un rabais de plus de 5 % sur le prix suggéré pendant une période de deux ans.

Tout comme au Québec, cette politique visait à protéger les petites librairies, dont les parts de marché s’effritaient progressivement, de la concurrence des grandes surfaces. Ce n’est toutefois pas ce qui s’est passé. Les librairies indépendantes n’ont obtenu qu’un répit de cinq ans à la suite de l’adoption de la loi. Par la suite, leurs parts de marché ont repris leur tendance à la baisse.

Aujourd’hui, la structure du marché des librairies en France est très similaire à celui des États-Unis, où une telle mesure n’a jamais été mise en oeuvre. Le prix unique a été inefficace sur ce plan.

Des conséquences prévisibles

Le prix unique du livre n’a pas été sans effet pour autant. De 1959 jusqu’à 1981, les familles françaises achetaient de plus en plus de livres, de sorte que ceux-ci représentaient une part grandissante des dépenses totales des ménages. Toutefois, depuis 1981, les dépenses des Français en achat de livres ont d’abord stagné avant de diminuer au cours des années 1990. Les causes de ce déclin sont fort simples. Le prix des livres a monté et les lecteurs en ont moins acheté. Faut-il s’en étonner ?

Selon une étude économique de Mathieu Perona en 2004, les familles françaises ont tout simplement choisi d’autres biens culturels à acheter comme les disques. En 1981, alors que le prix unique du livre en France était instauré, les dépenses en livres représentaient 0,45 % du budget des ménages, contre 0,15 % pour les disques. En 2003, on parlait plutôt de 0,37 % pour les livres, contre 0,19 % pour les disques. Ce phénomène s’est probablement produit avec d’autres biens culturels comme les films. En gros, les autres produits culturels ont en partie remplacé le livre.

Dans les dernières années, les substituts aux livres achetés en librairies se sont multipliés. Des livres numériques aux livres audio, en passant par les plateformes d’achats en ligne comme iTunes et les vidéos diffusées en mode continu, les substituts sont plus que jamais disponibles. La majoration du prix du livre par rapport aux autres biens culturels n’en est qu’accentuée.

Étouffer la culture québécoise

Qui a profité de la loi en France ? Ni les lecteurs ni les librairies indépendantes.

Personne ne prétend que les fruits et légumes deviendront plus populaires si on en augmente le prix. Alors pourquoi devons-nous expliquer qu’une hausse du prix du livre ne va pas en augmenter la diffusion ?

Un principe d’économie aussi simple devrait pourtant être compris de tous, surtout lorsqu’on se rend compte que les Québécois sont parmi les lecteurs les moins assidus au Canada. Quiconque a la culture québécoise à coeur devrait tirer les leçons de l’exemple français… et dénoncer cette mesure obscurantiste !

(*)Vincent Geloso est économiste à l’Institut économique de Montréal. Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal. Ils signent ce texte à titre personnel.

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  • On ne peut pas dire que la lecture a baissé, ni que le prix des livres a augmenté. Si la consommation de livres a baissé, c’est en pourcentage, parce que d’autres consommations culturelles ont augmenté.

    De plus, il ne faut pas oublier que « le livre » ne signifie rien. On achète un livre particulier d’un auteur particulier. Et pour l’éditeur, c’est une situation de monopole.

    Bref, la question du prix unique n’a rien a voir. Il faut arrêter la langue de bois libérale aussi stéréotypée que la langue de bois communiste et étudier les problèmes sérieusement.

    Concrètement, du fait de la position de monopole, le pb est plutôt, au contraire, que le prix unique a empêché l’augmentation des prix qui permettrait une meilleure rentabilité pour la filière et pour les auteurs, et donc son attractivité pour le public, comparée à d’autres secteurs. Mais la raison en est plutôt la baisse des coût d’impression qui a augmenté la concurrence des éditeurs et le doublement des parutions (200 livres par jour, 75.000 par an!).

    • En quoi souligner qu’un prix a un effet incitattif ou désincitatif, sur la décision d’achat, est-il de la « langue de bois » ? Curieux de vous lire.

      • La langue de bois consiste à fournir des formules rituelles toutes faites qui font plaisir aux croyants au lieu d’analyser spécifiquement un problème. Le croyant, parce qu’il a entendu les mots qu’il aime, croit qu’il a compris le pb et que l’analyse est juste.

        Ici, il n’ya pas moins de livres produits « En termes d’exemplaires produits, on passe de 365,7 millions en 1985 à 655,2 millions en 2007 » (avec un tirage moyen moindre par bouquin du fait de cette inflation).

        « En termes de chiffres d’affaires, on est passé de 2164 millions en 1993 (répartis entre 2096 millions en vente de livres et 67 en cession de droits) à 2894 en 2007 ». Donc, pour plus de livres, cela signifie que le prix moyen a baissé (alors que le pouvoir d’achat a doublé, soit 4 fois moins cher).

        Bref. Tout faux!!

        Source : http://www.actualitte.com/reportages/les-chiffres-clefs-de-l-edition-434.htm

        • @Jacques Bolo
          Il est vrai qu’il est faux de dire que le prix du livre a augmenté car il a baissé au vu des chiffres (c’est le ressenti que j’en ai également).

          Mais la question est plutôt : est ce qu’il n’aurait pas pu baisser plus, si on laissait faire la concurrence, comme tant d’autres produits qui ont profité du progrès technologique. Regardez la baisse de prix des télés, téléphone, lecteur mp3…
          Et puis le prix unique ne règle toujours pas le problème de la disparition des libraires, alors que c’était l’intention initiale de la loi !

          • J’achète beaucoup de livres, et je constate bien que le prix à augmenter. Il y a quelques années les nouveautés étaient à 19 euro, juste sous la barre des 20 euro. Maintenant on est sur une norme de 22, 23 même parfois 24 euro pour une nouveauté.
            J’ai vécu plus d’un an en Angleterre et là, j’ai été passé les fêtes aux USA. J’ai profité des soldes en achetant des livres neufs à moins de 5 euro pour un grand format avec une couverture rigide. En parlant de ça, pourquoi n’a-t-on plus de belles couvertures rigide sur les livres alors que dans beaucoup de pays étrangers les nouveautés sortent avec des vrai couvertures en dur!
            Bref, les livres sont plus cher, la qualité est moindre. On ne peut pas prétendre favoriser la lecture chez les enfants en mettant les livres aussi cher et peu attrayant.

    • http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/30647/251225/file/Gaymard_Annexe5_NoteStatistique.pdf

      Le « prix unique » n’est pas un prix bloqué, c’est juste un prix (choisi par l’éditeur) identique quelque soit le canal de vente. Son unique effet direct est d’empêcher les vendeurs à forte marge de transformer cette marge en rabais pour (essayer de) vendre plus de volumes. Les effets sur le prix de vente, la lecture, le chiffre d’affaire ou les volumes vendu sont indirects et limités : cette loi augmente la marge moyenne des distributeurs, maintient les moins efficaces dans le marché, mais rien ne dit qui paye cette marge supplémentaires extraite : les acheteurs, par un prix plus élevé et moins de produits achetés ? ou les éditeurs, par un prix de vente d’origine plus bas et moins de volumes globalement vendus ? ou les vendeurs les plus efficaces, par une combinaison volume x prix moins favorable pour eux ?
      Difficile à dire, mais une chose est sûre : cette loi réduit la valeur ajoutée (la satisfaction), elle nuit à l’intérêt général.

  • Ce n’est pas la peine d’essayer de sauver la « théorie » (on dirait des cocos avec leur ritournelle), et spécialement sur le livre pour lequel le prix n’est pas le pb (outre les données fausses précédemment mentionnées). 1. chaque titre (de nouveautés) est un monopole, 2. On paie plus cher les épuisés sans pb (en râlant un peu); 3. Les bibliothèques sont gratuites; 4 et avec internet le pb va être redéfini; 5. ce discours libéral de « défense du pouvoir d’achat » réduit tout au seul prix (pas très réaliste); 6. je n’aime pas la langue de bois, c’est plus fort que moi, ça m’énerve!

    • Vous dites absolument n’importe quoi. Tous les points que vous soulevé sont totalement hors-sujet.

      Le prix unique du livre empêche la concurrence sur les prix entre revendeurs pour un même livre : le fait que chaque livre soit un « monopole » ne change donc strictement rien à l’affaire. Cette loi limite la concurrence entre revendeurs, et donc tend bien à augmenter le prix moyen des livres (et donc à en diminuer la consommation moyenne).

      Typiquement sans cette loi les librairies sur internet et les grandes surfaces pourraient proposer des rabais inférieurs aux 5% d’aujourd’hui, et les gens ne disposant pas d’un pouvoir d’achat illimité pourrait en profiter pour acheter plus de livres.

      C’est une évidence que tout vos tours de passe-passe et injures (du genre « communiste ») ne change en rien.

      • Vous me débitez la ritournelle (« un prix bas fait augmenter les ventes ») sans comprendre comment l’appliquer (on se croirait sous Staline). En fait, pour le livre, il y avait un « prix conseillé » et ça revenait au même. C’est la Fnac qui faisait une réduction pour prendre le marché, mais elle était satisfaite de la loi pour augmenter sa marge.

        Comme je l’ai dit, le prix des livres a été divisé par 4 et les ventes n’ont pas diminué (le pb est la multiplication des titres, avec pour conséquence une baisse du tirage par titre et des libraire submergés par les envois d’office).

        • « En fait, pour le livre, il y avait un « prix conseillé » et ça revenait au même. C’est la Fnac qui faisait une réduction pour prendre le marché, mais elle était satisfaite de la loi pour augmenter sa marge. » Et cela change quoi au raisonnement exactement ?

          « Comme je l’ai dit, le prix des livres a été divisé par 4 et les ventes n’ont pas diminué (le pb est la multiplication des titres, avec pour conséquence une baisse du tirage par titre et des libraire submergés par les envois d’office). »
          Une baisse des prix fait augmenter les ventes… toutes choses égales par ailleurs. Il évident que d’autre éléments rentre en ligne de compte, c’est tellement évident qu’il n’est pas besoin de le dire et que c’est hors sujet.

          « on se croirait sous Staline »
          Abruti.

          • Ce que je dis, justement, c’est que toutes choses n’ont pas été égale par ailleurs depuis la loi sur le prix unique il y 30 ans.

            Les staliniens sont dogmatiques et simplistes, je constate que certains libéraux le sont aussi et répétant leurs mantras au lieu d’observer le réel. Et dans les deux cas, je les emmerde.

          • On peut dire à quelqu’un est simpliste et dogmatique sans le comparer à un dictateur totalitaire.

            Ensuite non toutes les choses ne sont pas égales par ailleurs depuis trente ans évidemment (loi ou pas d’ailleurs). La question c’est de savoir si la situation serait différente aujourd’hui sans la loi sur le prix unique (mais indépendamment du reste), et la réponse est probablement que oui : les livres serait moins chers et donc plus consommés. Ça ne changerait rien évidemment à tout le reste : l’inflation du nombre de livres, le commerce sur internet, le livre électronique, la concurrence d’autre médias… personne ne le conteste.

            « Regarder le réel » ici ne suffit pas , il faut s’interroger sur les causes et les effets pour faire une analyse : et manifestement vous n’êtes pas capable de comprendre un raisonnement.

    • Personne ne réduit le problème au seul prix. c’est vous qui refusez de reconnaître que le prix est un facteur. Et bloquer le prix empêche le marché de s’adapter et réduit donc les volumes et l’utilité globale. Comme dans tous marché.

      Vos « objections » n’ont rien de spécifique au marché du livre.

      1. Chaque appartement est un monopole. Faut-il en déduire que le marché de l’immobilier est insensible au prix?

      2. Quand le prix augmente la demande diminue. Dans (presque) tous les marchés, il se trouve des gens prêts à payer une fortune pour le produit. SI ce produit vient à ne plus être commercialisé, ils paieront très cher pour des produits d’occasion, des fins de séries…

      3. On peut lire le journal gratuitement dans les bibliothèques. Dois-je en conclure que le prix de vente d’un journal n’est pas un facteur?

      4. Internet redéfinit quantité de problèmes. Curieusement, le prix continue à être un facteur. Il tend même à prendre plus d’importance.

      5. Personne ne dit ça. L’auteur dit que le prix est un facteur important et que tripatouiller les prix perturbe le marché.

      6. Ne commencez pas alors.

      • Ce que je dis, c’est que vous êtes tellement obsédés par la ritournelle que vous croyez avoir raison.

        ex. 1. Un appartement est interchangeable, un livre D’UN AUTEUR (évidemment) non.

        • Mais c’est complètement stupide. Bien sûr que les livres sont interchangeables. Pas entièrement pas dans tous les cas mais dans nombre de situations, cela ne pose aucun problème. On n’achète pas que des romains de son auteur préféré.
          – Quand j’achète un guide touristique, il est assez fréquent que j’achète le moins cher,
          – Quand j’achète un livre pour l’offrir, j’ai généralement plusieurs titres en tête et c’est clair que si j’en trouve un en super promo, y’a pas photo, c’est celui-là que je choisirai.
          Bah oui je suis une vile capitaliste égoïste.

          • des romans, pas des romains. Sorry.

          • C’est surtout complètement stupide vu qu’on parle du prix d’un MEME livre chez différent libraire. C’est ça le prix unique du livre.

          • Je dirais que les livres sont interchangeables dans 20% des cas (au pif), mais il s’agit alors d’un budget pour une dépense. Mais quand on veut un livre (n’oublions pas le scolaire, les prix littéraires, etc.), le livre est un monopole de l’éditeur. Et comme je l’ai sous-entendu, n’oublions pas que le livre est aussi un produit de luxe qui permet de se différencier.

            Ce discours du prix n’est pas « capitaliste », mais plutôt populiste (défense du pouvoir d’achat, culture subventionnée, accès pour le classes populaires, bla, bla, bla).

          • @ Arno Vous avez parfaitement raison, mais cela signifie bien qu’on remplace pas un livre par un autre.

            Mais dans la pratique, avant le « prix unique », il y avait le « prix indiqué », et c’est ignorer ce qu’est le commerce de croire que les commerçants se font concurrence (idéologie). Le pb du livre a été la concurrence des grandes surfaces (qui alignent leurs prix entre elles) contre les petits commerçants, et aujourd’hui celle d’internet.

            Bref, il ne s’agit pas de concurrence et de prix (entre mêmes commerçants), mais de changement de mode de distribution, avec équilibrage ensuite. La « concurrence » décrit simplement l’état de phase intermédiaire.

        • Un appartement est interchangeable? Un F2 est-il interchangeable avec un F4? Non.

          De même un livre d’un auteur n’est interchangeable qu’avec le même du même auteur.

          Mais tel livre de tel auteur est interchangeable (hors la reliure) avec le même livre du même auteur.

        • Je vous retourne le compliment.

          Un appartement n’est pas plus interchangeable qu’un livre. Ou bien vous avez une définition très personnelle d’interchangeable.

  • Etonnamment, aucun commentateur n’avance comme explication que les petites librairies indépendantes peuvent mourir aussi du fait qu’il est de plus en plus difficile en France de faire vivre un petit commerce, quelle que soit sa nature.
    Le coût minimal de fonctionnement d’une petite entreprise en France est bien trop élevé et nécessite déjà un C.A. conséquent rien que pour cela.
    La hausse des loyers commerciaux a été gigantesque ces 15 dernières années par rapport à la santé économique générale du pays, ce qui n’a sûrement pas amélioré la sauce pour les libraires.
    Ce commerce a aussi pour caractéristique d’obliger à un stock coûteux éparpillé en une multitude de références, chacune avec un ou deux exemplaires en moyenne, stock qui tourne très lentement et qui se déprécie violemment, passé la période de parution, si le titre n’a pas de succés.
    La multiplication des parutions a aggravé ce phénomène.

    • Vous décrivez un marché en mutation qui nécessite une adaptation des acteurs, commerçants et des éditeurs. Cette adaptation n’est possible qu’avec des prix libres. Certains deviennent plus florissants quand d’autres font faillite, ce qui leur permet d’investir une activité plus profitable.

      C’est l’erreur profonde de la loi d’inspiration collectiviste défendue par Jacques Bolo d’empêcher cette évolution profitable à tous. Dans un marché libre, si les loyers d’une rue ou d’un quartier deviennent trop élevés par rapport au potentiel de CA d’un commerce particulier, c’est que la collectivité des clients a décidé que ce commerce n’avait plus sa place à cet endroit.

      • Vous rêvez. Je ne défends pas la loi.

        Il se trouve que je suis venu à Paris, en 1981, en partie pour avoir des livres moins cher à la Fnac (il n’y en avait pas en province à l’époque), précisément au moment où la loi a été voté. J’avais votre raisonnement à l’époque. J’ai constaté que ma pratique n’a pas tenu compte seulement du prix (en l’occurrence, plutôt de l’offre gigantesque à Paris, aujourd’hui sur internet).

        Et ce que je dis c’est que les données sont fausses: les prix ont baissé, d’autres consommations culturelles (le boum du CD à l’époque), etc.

        • Ah oui, c’est exact. Désolé pour cette interprétation erronée de vos propos.

          Sans doute étais-je obnubilé par l’utilisation inappropriée de la notion de « monopole ». Si on devait user (abuser à mon avis) du concept pour qualifier les relations entre l’auteur d’une oeuvre et les éditeurs, c’est bien l’auteur (l’offreur) qui est en situation de « monopole » sur son oeuvre vis-à-vis des éditeurs (les clients). Comme pour n’importe quel individu qui dispose du « monopole » sur son potentiel de travail, c’est d’ailleurs ce qui fonde la liberté et la propriété privée.

    • Exact. C’est une analyse bonne du marché et du secteur, pas un matra formel sans intérêt, comme ce que je critique.

  • En tant qu’auteur vivant de droits d’auteur, je rappellerai qu’un parfait exemple d’effets de baisse de prix est à votre disposition: le passage du livre broché à son succédané en version poche, qui divise le prix par trois, ainsi que les droits d’auteur(8% du prix hors taxes). Résultats, beaucoup de lecteurs qui en profitent, mais aussi effondrement des marges à chaque niveau, dont celui de l’acteur le moins bien payé des intervenants dans le processus de l’édition-vente: l’auteur. Auquel on explique que c’est bon pour sa pub de toucher des clopinettes. Une liberté des prix se ferait aux dépends de l’auteur dans la lutte féroce entre éditeurs et distributeurs qui, eux ont les moyens de se combattre. Cela encouragerait encore plus la production littéraire par une quantité de fonctionnaires-enseignants, de professions libérales et de retraités qui n’ont pas le souci d’en vivre.
    Autre problème: la qualité des libraires écrasés par les milliers d’ouvrages se renouvelant à un rythme frénétique qu’ils ne peuvent maîtriser. Je me fournis maintenant par internet, mes deux derniers très bons libraires-conseillers étant partis, leurs remplaçants n’ayant pas de « coffre » culturel suffisant.

  • J’avais une parente qui bénéficiait d’une ristourne de 40% sur les livres. Tous les livres. Non elle n’était pas libraire. Mais j’imagine que les libraires bénéficient de ristournes semblables. J’imagine aussi que les éditeurs ne travaillent pas à perte. Si donc on vous facture 6€ un bouquin qu’on vous recommande de vendre 10€ de quel droit ou sous quel prétexte vous interdit-on de le vendre 9, 8, ou 7 euros?

    • Notons qu’un éditeur qui voudrait imposer à ses revendeurs un prix de vente devrait pouvoir le faire par contrat. Le problème ici c’est le caractère légal et obligatoire : le revendeur ne dispose d’aucune marge de négociation.

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