La propagande antilibérale

Comment la propagande antilibérale fonctionne-t-elle ? Comment lutter pour faire connaître les idées libérales et non leur caricature ?

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La propagande antilibérale

Publié le 7 janvier 2013
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Comment la propagande antilibérale fonctionne-t-elle ? Comment lutter pour faire connaître les idées libérales et non leur caricature ?

Par Charles Anderson.

Peut-on réellement parler de propagande antilibérale en France tant sont répandues dans la population, avec l’actif soutien de tous les médias, partis politiques, institutions et évidemment de l’école, l’ignorance, la caricature et la condamnation du libéralisme ? Pourtant, il faut bien l’appeler ainsi car, même si la pensée libérale reste largement inconnue de ses ennemis (bénéficiaires directs ou indirects des mannes de l’État, à commencer par les journalistes), l’intuition qu’ont ces derniers à y sentir leur contradiction fondamentale les pousse à persévérer dans leurs attaques. Elles se développent en pratique selon trois axes, somme toute assez banals.

Le premier consiste à maintenir le silence au sujet de ce qu’est le libéralisme. Jamais un auteur libéral n’est cité. Les théoriciens du libéralisme restent ainsi totalement inconnus du grand public, en comparaison par exemple du panthéon marxiste. Pas d’auteurs, pas de citations, sinon la fameuse « main invisible » d’Adam Smith, toujours manipulée hors contexte – expression d’ailleurs malheureuse tant elle entretient l’idée de forces obscures et malfaisantes auxquelles la chape de plomb médiatique a tout intérêt à assimiler la pensée libérale. Pas de noms, donc pas d’hommes, ni de conflits entre les différents courants libéraux ; pas de repères historiques, pas davantage de nationalité – si ce n’est vaguement anglo-américaine, donc maléfique : tout vise à une inquiétante désincarnation (qui permettra ensuite le facile recours à l’expression « finance mondialisée ») prompte à entretenir l’ignorance, par l’incapacité à recourir aux textes, puis l’angoisse. L’État protecteur et ses sbires s’imposent alors pour, eux, bien incarner médiatiquement la résistance à cette « menace fantôme », spectre savamment entretenu. Cette première étape de la propagande antilibérale est nécessaire pour rendre possibles les suivantes.

La seconde partie du processus consiste à caricaturer le libéralisme en l’assimilant en pratique à ce qu’il n’est pas, et surtout, vous l’aurez compris à l’aide du livre Libres!, à son exact opposé. L’ignorance des grands noms, textes, et courants libéraux ayant été au préalable volontairement maintenue, cela passe comme une lettre à la poste. C’est même un soulagement pour l’inquiet citoyen de pouvoir enfin mettre un visage, ou du moins une fonction, une marque ou un logo, sur ce fameux mais insaisissable « libéralisme ». Concrètement, la propagande parlera à tort et à travers des « libéraux » ou du « libéralisme » à propos de n’importe quel sujet ou évènement économiquement contestables, même et surtout s’ils sont la conséquence directe de l’étatisme et de ses réglementations échevelées. La propagande antilibérale a tout intérêt à assimiler le libéralisme aux forces oligarchiques afin de le décrédibiliser et de camoufler le fait que ce sont bien les étatistes les premiers partenaires de l’oligarchie. Ainsi, par un tour de passe-passe, dans une conception binaire et avantageuse pour les deux, sont présentés en porte-à-faux l’État et ses ennemis (de théâtre) oligarchiques, avec lesquels on aura rangé les libéraux – sans leur demander leur avis, c’est bien plus simple. « Oligarchie ou État : choisis ton camp camarade ! » : il n’y a donc pas de troisième voie et on est bien assuré de rester dans le statu quo.

Le troisième angle d’attaque consiste à laisser s’exprimer des libéraux. Il n’y a pas de contradiction avec le précédent point : il ne s’agit que de clowns caricaturaux, ou caricaturés sans possibilité de répliquer. Leur point commun est de se confondre avec un utilitarisme matérialiste privé de toute réflexion morale, éthique et théorique (toujours cette absence de référents). On veut bien les laisser parler de sujets mineurs, ils semblent même parfois avoir raison, mais leur impétuosité coupée de toute structure théorique globale, en trois minutes trente chrono, n’arrive à les faire passer au mieux que pour de doux illuminés. Et je ne parle pas du mitraillage de questions hargneuses et biaisées, qui ne laisse même pas le temps de dire la moindre chose sensée, ni des attaques basses et de la veulerie à peine déguisée des « débatteurs ». Tout cela ressemble aux jeux du cirque et est complètement contre-productif. On l’aura compris, l’accès aux médias « classiques » est une fausse bonne idée tant le travail didactique est vaste pour les libéraux et le territoire volontairement hostile. On ne joue pas à un jeu dont les règles et l’arbitrage sont fixés par l’adversaire. Et il vaut mieux ne rien dire que de dire mal – qui plus est sous les quolibets – surtout lorsqu’il faut reprendre à zéro la montagne de préjugés, en France, sur les bienfaits du maternage d’État, des « droits acquis » et autres enfumages délibérément entretenus par leurs bénéficiaires.

Voilà une esquisse des pièges tendus à tout libéral désireux de faire partager ses idées. Mais tout cela, à l’heure d’Internet et des dettes d’État, n’est plus qu’une ligne Maginot. Internet est, à l’évidence, l’arme des futures générations ainsi que des esprits libres et doit être investi massivement. L’espoir d’entendre un jour s’exprimer longuement un véritable libéral sur un des médias institutionnels est à abandonner sans le moindre scrupule et sans la moindre hésitation. Sur Internet, donc, il est nécessaire, dans un premier temps et pour reprendre les points évoqués, de « donner un visage » à la pensée libérale. Citer les auteurs, les dates et les ouvrages.

Faire preuve de didactisme assuré, par étapes simples. Donner à découvrir les blogs – et donc les blogueurs – libéraux, il y en a déjà quelques-uns d’excellents et qui manient fort bien, chose essentielle, l’humour : tout lecteur curieux sent d’entrée de jeu qu’il se trouve en territoire libre et comprend alors que ce sont bien les antilibéraux qui manipulent la peur et le dogmatisme en plus de l’ennui. L’humour et la liberté sont intimement liés. Ensuite, dévoiler systématiquement les rapports entre étatistes et oligarques en soulignant leurs indéfectibles intérêts communs. Expliquer sans relâche ce qui relève ou non du libéralisme, et critiquer ainsi le capitalisme de connivence afin de « doubler » ingénieusement le socialisme par sa gauche, l’acculant ainsi dans ses contradictions et compromissions. Il faudra enfin estomper les craintes légitimes, encourager l’entrepreneuriat, la collaboration libre et la responsabilité. L’ouvrage que vous lisez en ce moment même en est la meilleure illustration.

Lire aussi :

Retrouvez chaque lundi sur Contrepoints, en collaboration avec le collectif La Main Invisible, l’un des 100 textes de Libres !, le livre libéral aux cent auteurs. Vous pouvez l’acheter sur Internet et dans toute bonne librairie !

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  • Internet ?! Cette chose non-réelle ruine les nobles industries vraiment indépendantes (puisque subventionnées) au profit des pédophiles et terroristes en tous genres !
    Si vous cherchez de l’information hiérarchisée par de vrais professionnels avec de l’analyse sérieuse (et des histoires de sexe!) et finement filtrée par de vrais journalistes (carte de presse et tout!), le tout accompagné par l’odeur du papier recyclé haut de gamme (d’où le prix…), faites plutôt confiance au Monde et ses multiples petit-frères !
    Et si vous voulez du totalement indépendant et furieusement impertinent, c’est sur France Télévision ou Radio France qu’il faut vous rendre, les puissants en prennent pour leurs grades !

  • Voici une liste de blogs libéraux francophones qui complète celle de wikiberal : http://libertarien.overblog.com/qui-sont-les-blogs-liberaux

  • Remplacez « libéral » par « communiste » dans tout ce texte, et d’un coup vous vous croiriez dans un journal étudiant à Nanterre à la fin des années 70.

    • Vous mentez, et je le prouve:
      Prenons la premiere phrase de l’article: « Peut-on réellement parler de propagande antilibérale en France tant sont répandues dans la population, avec l’actif soutien de tous les médias, partis politiques, institutions et évidemment de l’école, l’ignorance, la caricature et la condamnation du libéralisme ?  »
      Si on remplace par communisme, ca devient risible:
      « Peut-on réellement parler de propagande anticommuniste en France tant sont répandues dans la population, avec l’actif soutien de tous les médias, partis politiques, institutions et évidemment de l’école, l’ignorance, la caricature et la condamnation du communisme ? »

      Avec « Nathalie Arthaud » en guise de prof d’economie, avec Georges boudarel on sait parfaitement que c’est faux. Tout le monde a eu des profs ouvertement marxistes alors que les profs liberaux sont quasi inexistants a part a la fac d’Aix.

      Clairement votre post est de TRES mauvaise foi.

      • il a écrit  » à la fin des années 70″.
        En outre, si le mot communisme désigne usuellement la version réelle soviétique, pour un étudiant à Nanterre en 1970 (comme « Danny le Rouge par exemple ») c’était un scandale : le communisme, le vrai dans son esprit, étant anarchiste, décentralisé, non étatique. La phrase « Peut-on réellement parler de propagande anticommuniste en France tant sont répandues […] l’ignorance, la caricature et la condamnation du communisme ? » s’appliquait à cette version du communisme.

        Le parallélisme est évident si tu t’amuse à faire l’opération inverse : prendre la prose anticommunisme, ou même le prologue du Manifeste (« un spectre hante l’Europe etc. ») et à y remplacer le mot communisme par le mot libéralisme. On s’y croirait.

  • Voici en lien un site profondement anti liberal qui connait un peu mieux son sujet que le « Deconomicon » moyen. Je pense qu’il faut rendre a cesar ce qui est a cesar. Ce type a beau etre malhonnete intellectuellement, il est au moins assez renseigne. Si ses references tendent a montrer quÄil s’arrete aux fiches wiki, lui au moins ne se contente pas de jugements de valeurs premptoirs. il essaye (maladroitement certes ) D#argumenter et ne se contente pas de sarcasmes puerils.

    http://liberalismepourlesnuls.over-blog.com/10-index.html

    • Je connais… L’auteur hante d’ailleurs sans doute certains forums de Contrepoints.

    • J’ai parcouru rapidement ce blog… il a les mêmes travers que nous !
      Le problème des libéraux est de s’attaquer, tête dans le guidon, aux constructivismes alors qu’il me semble, à la manière de Hayek, qu’il faudrait s’interroger sur la philosophie politique.
      Les droits de l’homme, l’égalité, la liberté, que de la foutaise !
      Tout petit on vous explique que le vote est un devoir civique (à partir de quel argument ?) et que nos ancêtres se sont battus pour obtenir ce droit, mensonge !
      En fait vous voyez bien ce que devient votre vote, il donne le droit à Yann Galut de taper dans la caisse. Vous avez donc un devoir qui ne vous donne aucun droit. (Enfin qu’un seul, la fermer !)
      Vous êtes enfumés sinon plus par l’ambiguïté des termes. Je prends l’exemple de la « liberté ».
      Il est évident que l’on préfère être libre plutôt que prisonnier, bien que si la peste pouvait amener une sinécure, certains aimeraient la peste.
      Ils vous proposent une fausse liberté, la liberté politique à condition que vous fassiez une croix sur votre liberté civile. Et là, je dis non !
      Certains vont penser que je suis un anarchiste, pas du tout et bien au contraire, je suis pour une absence totale de liberté politique. Ceux qui m’ont entraîné sur cette voie ; Louis XIV et ses dragonnades et Napoléon et ses frasques. Vous remarquerez au passage que Louis XIV ne connaissait pas la conscription du peuple contrairement à Napoléon grâce à la Convention ; le peuple a perdu une liberté majeure. Ces deux despotes, parmi d’autres qui ont jalonné l’histoire, me paraissent intéressants. Pourquoi cette fureur de Louis XIV sur les bretons ? Même des courtisans se sont permis de s’indigner. Le message était clair, je suis le chef et je ne souffre aucune insurrection, commercer, échanger, créer, mais ne remettez pas en cause mon pouvoir. Napoléon agissait de même et il ne se gênait pas pour écrire aux journalistes et leur expliquer qu’il ne tolérait que les « bons » journaux. 300.000 prisonniers pour 27 millions d’habitants dont une grande majorité sur les champs de bataille ou à la campagne. Nous sommes bien en présence d’un pouvoir autoritaire. Prenons les extrêmes, les pouvoirs faibles, Charles 1er, décalotté sur le billot et le peuple soumis à la terreur de Cromwell. Louis XVI, coupé court derrière les oreilles et le peuple soumis à la terreur de Robespierre. Un faible fait accourir les opportunistes et j’ai actuellement de bons espoirs.

      •  » je suis pour une absence totale de liberté politique. »

        … Raymond Aron, qui a fait de la liberté politique le centre de sa doctrine, était il un communiste pour Homo Orcus ?

  • Extrait de l’article « Premier indice de la Liberté… »

    « Parmi les leçons intéressantes de cet indice, une vérification empirique du lien positif entre libertés individuelles et performance économique. Plus les individus sont libres, plus l’économie est prospère pour le bien de tous »

    La chine ne serait pas le contre exemple au cube par rapport à la nlle Zélande ?

    • Bon retour parmi nous, Citoyen,
      meilleurs voeux pour 2013!

    • De quoi parlez-vous ? La performance de la chine, c’est effectivement que partant de 0, un minimum de libéralisme économique a bel et bien propulsé 200 millions de leurs habitants dans un domaine auquel il ne rêvait même pas il y a 20 ans. Et le fait est que les performances économiques de la Chine socialiste souffrent des mêmes maux que les autres paradis socialistes : népotisme, corruption, capitalisme de connivence, banques pourries, balance commerciale sabotée, monnaie manipulée.

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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