Le modèle français est mort, vive le modèle français

Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault appelle à un « nouveau modèle français » dont l’axiome de départ envisage plus d’État comme solution au trop d’État. Français, est-ce votre modèle ?

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Le modèle français est mort, vive le modèle français

Publié le 5 janvier 2013
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Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault appelle à un « nouveau modèle français » dont l’axiome de départ envisage plus d’État comme solution au trop d’État. Français, est-ce votre modèle ?

Par Baptiste Créteur.

Jean-Marc Ayrault s’exprime pour un nouveau modèle français dans Le Monde :

La France est à la croisée des chemins. Au cours de deux siècles d’histoire républicaine, nous avons progressivement édifié un modèle politique, social et économique fondé sur quelques principes simples mais d’immense portée : la liberté, l’égalité, la fraternité. Or ce modèle est aujourd’hui fragilisé : les inégalités économiques se creusent, le chômage et la dette publique s’envolent, nos entreprises peinent à exporter comme à satisfaire la demande intérieure ; nos concitoyens dénoncent le caractère peu démocratique et opaque des décisions publiques, se détournent des urnes ou sont tentés par les extrêmes ; la défiance paralyse nos relations sociales et politiques. Le monde traverse une période de mutation, où les peuples doivent relever trois grands défis : le défi du développement, le défi écologique, et le défi démographique.

Face à de tels défis, on comprend que l’émergence d’un nouveau modèle est nécessaire : la dette, aussi colossale qu’abyssale, menace de plonger les Français dans un abîme sans fonds d’où on voit mal comment ils pourraient sortir, puisque la croissance et l’emploi ne seront pas de retour avant un bon moment. Les prières quotidiennes de François Hollande et les vœux d’un autre temps d’Arnaud Montebourg n’y feront rien, pas plus que les parlementaires qui ont besoin d’un peu de temps et beaucoup d’argent.

La démocratie actuelle est d’autant moins légitime qu’elle soumet les droits individuels à la volonté du plus grand nombre. Le modèle français actuel, fondé sur une morale nauséabonde, ne peut qu’être remis en question par un gouvernement assez lucide pour faire ce constat.

Certains, à droite, appellent à la « rupture » : nous n’aurions d’autre choix pour survivre que de renier notre histoire et nos principes. D’autres réclament le statu quo ou le retour en arrière : comme si la France pouvait rester inerte dans un monde qui change, comme si l’âge d’or était hier et qu’aucun progrès ne s’offrait pour demain. C’est sur une autre voie que le Président de la République veut engager notre pays : renouveler en profondeur le modèle français pour l’adapter au temps présent, et donner une nouvelle réalité à ses valeurs républicaines fondatrices. Il y faut de la lucidité et du courage.

Le nouveau modèle français n’est ni une rupture, ni un retour en arrière, ni un statu quo. Il donnera une nouvelle réalité aux valeurs fondatrices, sans renier ses principes. Le nécessaire changement de paradigme ne doit pas remettre en cause un modèle qui a fait la preuve de son inefficacité, fondé sur des principes mal compris. Appliquer ses principes fondateurs, liberté, égalité et fraternité, n’est possible que si l’égalité recherchée est une égalité des droits ; toute autre acception de l’égalité est incompatible avec la liberté et, de fait, avec la fraternité.

La crise que nous traversons est d’abord économique et sociale. La tentation est grande d’en reporter la responsabilité sur autrui, d’accuser la libéralisation des échanges commerciaux et financiers, la concurrence des pays à bas coûts et les politiques conduites en Europe.

Voilà de quoi faire renaître l’espoir pour des millions de Français : il ne s’agit pas de trouver des boucs émissaires. La crise est une crise économique et sociale, c’est-à-dire une crise des fondements de notre système économique et social – une crise des valeurs.

Il n’est pas question de nier les dangers du néolibéralisme et du capitalisme financier : oui, il faut renforcer la gouvernance internationale de l’économie, réguler la finance, promouvoir le juste échange. Oui, les États européens doivent s’entendre sur des règles sociales et fiscales communes, et mener une politique de croissance à l’échelle du continent : le président de la République et le gouvernement s’y emploient. Mais n’oublions pas que la mondialisation est aussi l’occasion d’élargir la diffusion de nos produits, d’attirer des entreprises et des emplois et de bénéficier d’innovations venues d’ailleurs.

Voilà de quoi faire s’évanouir cet espoir de quelques secondes. Il y a bien un ennemi, le néolibéralisme, avec son inséparable compagnon, le grand capital apatride. Il faut gouverner, réguler, décider pour les autres, faire en sorte que les règles soient identiques partout pour qu’aucun échappatoire au nouveau modèle ne soit possible. Il faut se protéger des autres, mais compter sur eux pour acheter nos produits. Il faut martyriser nos entrepreneurs, les empêcher de sortir et poursuivre les fugitifs, et espérer que d’autres les rejoignent dans le joli terrain de jeux clôturé qu’on s’évertue à mettre en place.

La France, avec ses 120 000 entreprises exportatrices et sa créativité intacte, n’a aucun intérêt à se replier sur elle-même. N’oublions pas non plus que d’autres pays s’en sortent mieux que nous : les pays scandinaves et l’Allemagne ont su rendre leur appareil économique plus performant. À nous d’y parvenir sans renoncer à notre système social protecteur. Cela exige avant toute chose de remédier à nos propres faiblesses, et de mieux tirer parti de nos innombrables atouts. Soyons clairvoyants pour identifier les causes de nos difficultés et de nos succès, et soyons audacieux pour procéder aux réformes nécessaires : c’est ainsi que nous rendrons notre modèle économique et social plus compétitif et plus solidaire, et que nous assurerons l’avenir de notre jeunesse.

Non, la France ne se replie par sur elle-même ; elle s’évertue simplement à empêcher le départ des Français et des entreprises françaises et protège coûte que coûte un modèle social abject unique au monde. Il faut avant tout préparer un bel avenir à notre jeunesse en cherchant à atteindre simultanément des objectifs contradictoires, en ne menant pas les réformes qui pourraient améliorer la situation mais qui ne correspondent pas à la morale collectiviste qui fait glisser tout un pays et ses citoyens de plus en plus rapidement vers des lendemains qui chantent que d’autres ont connu, ces mêmes autres vers qui les Français se tournent aujourd’hui en quête d’une liberté moins bafouée.

Nous n’y réussirons qu’en rassemblant nos forces, et c’est pourquoi le gouvernement a fait le choix d’une méthode : le dialogue et la coopération entre l’État, la société civile – partenaires sociaux, associations et citoyens – et les collectivités territoriales. La concertation et la négociation peuvent susciter des impatiences, elles sont moins médiatiques qu’une série d’annonces précipitées et sans lendemain ; mais cette méthode est la condition de réformes intelligentes et durables. Car de grands chantiers s’ouvrent devant nous.

Les annonces précipitées et sans lendemain sont heureusement depuis longtemps derrière nous, et on voit bien dans ce « Nouveau modèle français » un ensemble de propositions concrètes qui font des déclarations du chef du gouvernement bien plus qu’un simple événement médiatique. C’est en rassemblant les forces qu’il pense être les siennes, celles de l’État et de la société civile, qu’il parviendra à un consensus entre les deux France : celle qui crée de la richesse et celle qui veut s’octroyer – et s’octroie plutôt bien jusque-là – la richesse des autres.

Il nous faut d’abord repenser le rôle des pouvoirs publics. Les moyens mis à la disposition de l’État et des collectivités territoriales doivent être adaptés aux objectifs politiques définis par la délibération collective […] L’État a délaissé sa fonction stratégique. C’est la raison pour laquelle la dépense publique a perdu de son efficacité : elle est passée en cinq ans de 52 à plus de 56% de la richesse nationale, sans que notre niveau de vie ait progressé. L’endettement affaiblit notre souveraineté en nous soumettant aux exigences des marchés financiers, il reporte une charge insupportable sur les générations futures, et il nous prive de moyens, puisqu’une part croissante de nos impôts sert à payer nos créanciers. Le gouvernement a donc entrepris immédiatement un effort de redressement budgétaire et de rénovation de l’action publique. Il ne s’agit pas de tailler indistinctement dans les dépenses et les effectifs de la fonction publique, comme faisait la majorité précédente, mais de supprimer les doublons et les dépenses inutiles, et de répondre plus efficacement aux besoins d’aujourd’hui. […] D’une manière générale, nous entendons moderniser l’action publique pour mieux servir les Français, grâce à la coopération de tous, élus, fonctionnaires et usagers. La nouvelle étape de la décentralisation répondra au même souci d’efficacité, grâce à une meilleure répartition des tâches entre l’État et les différents niveaux de collectivités.

La dette est effectivement un fardeau, et les Français sont inquiets de n’avoir pas vu les dépenses effectivement réduites ni par la majorité précédente, ni par l’actuelle. On peut mentir aux Français et à soi-même, on peut rester dans le déni, on peut s’abstenir d’admettre la réalité, mais on ne peut échapper aux conséquences de cette abstention.

La répartition des tâches n’est envisagée qu’entre État et collectivités, jamais avec la société civile, composée des « usagers » qu’on peut aussi appeler « citoyens » ou « clients » – si tant est qu’on puisse appeler un consommateur qui n’a pas le choix de ce qu’il consomme ni auprès de qui un client – qui sont aussi ceux qui financent les différents niveaux redondants de ceux qui servent l’État et non les Français. La question de l’efficacité occulte l’unique question pertinente sur l’État et son intervention, celle de la légitimité habilement posée par Nozick, comme si la réponse était évidente et que l’intervention de l’État était toujours et partout fondée, utile et juste ; c’est l’axiome de départ du Premier Ministre, qui envisage plus d’État comme solution au trop d’État.

Pour lutter contre le chômage, qui ne cesse de progresser depuis dix-neuf mois, nous avons également l’obligation de revoir les règles qui gouvernent le monde du travail. Il faut nous accorder sur un diagnostic et sur des remèdes : aussi le gouvernement a-t-il choisi de donner toute sa place au dialogue social et de renforcer la démocratie dans l’entreprise. D’ores et déjà, les organisations syndicales et patronales ont soutenu la création des emplois d’avenir et défini les modalités du contrat de génération, afin de donner toutes leurs chances aux jeunes et aux seniors dans notre appareil productif dès 2013. […] Mais j’insiste : il est urgent de renouer avec une culture de la responsabilité partagée au service de l’emploi et de l’intérêt général.

La solution au chômage, c’est de créer des emplois artificiellement, ni compétitifs ni rentables, en faisant financer par tous l’emploi de quelques-uns : embaucher des fonctionnaires à tour de bras pour lutter contre la crise paraîtrait suspect, mais la méthode et le résultat sont les mêmes, une diminution de la compétitivité du pays. Il serait de la responsabilité de tous de poursuivre l’intérêt général, c’est-à-dire celui de tous sauf de soi-même : la morale altruiste est toujours un pilier dans le « nouveau modèle français ».

Nous ne saurions nous dispenser d’une politique industrielle ambitieuse, afin de recréer des emplois et des richesses à partager. Pour redonner des marges à nos entreprises, notamment petites et moyennes, il est certes nécessaire de diminuer leurs coûts de production. Mais la compétitivité repose sur bien d’autres facteurs : des infrastructures publiques efficaces, une formation professionnelle et un travail de qualité, une recherche publique et privée performante, une politique commerciale réactive. C’est une stratégie de montée en gamme que poursuit le gouvernement au travers du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi : au lieu de vendre nos produits moins cher en abaissant notre niveau de vie, il s’agit d’offrir de meilleurs produits, en choisissant l’innovation, la spécialisation, l’investissement dans les secteurs d’avenir.

Dans cette morale altruiste toujours plus patente, créer des richesses n’est bon que si la finalité est de les partager. Et dans la vision étatiste dont nous ne souffrons apparemment pas encore assez pour nous en lasser, la compétitivité repose sur l’infrastructure publique, la recherche publique et l’organisation stratégique par l’État de l’économie, qui a d’ailleurs décidé du positionnement qu’adopteraient les entreprises : le haut-de-gamme. C’est d’ailleurs lui qui orientera l’économie, toutes les expériences précédentes de planification ayant été couronnées de succès.

Nous défendons ainsi le travail, par des réformes concrètes : notre objectif est que tous les Français puissent trouver un emploi stable, valorisant et justement rémunéré. Pour ceux qui peinent à trouver leur place dans notre économie, chômeurs de longue durée, travailleurs pauvres ou jeunes sans formation ni emploi, l’État doit renforcer ses politiques de solidarité, en s’appuyant là encore sur la mobilisation des collectivités, des associations et des entreprises. L’État consentira les efforts budgétaires nécessaires pour améliorer l’accompagnement des personnes confrontées à la pauvreté ou à la précarité, et leur permettre de retrouver un emploi durable, un logement décent, une offre de soins satisfaisante. Quant aux personnes âgées ou souffrant de handicaps, elles doivent recevoir les moyens de leur autonomie : il est indispensable de mieux prendre en charge la dépendance, tout comme d’assurer l’équilibre à long terme de notre système de retraites.

Voilà qui est dit : tout le monde a droit à un emploi, un toit, une bonne santé offerts par l’État, c’est-à-dire par ceux qui le financent. On sait déjà que le gouvernement ne lésinera pas sur les moyens, même la délation, si c’est pour la bonne cause qu’il a choisie. Tout cela n’a aucun sens sans une bonne alimentation et des loisirs, et permettre à tous d’y accéder sera impossible sans contrôle des prix et mise en commun des moyens de production. La pente est de plus en plus glissante, mais quand on fait partie des apparatchiks, on est bien au-dessus de ce genre de considérations.

La compétitivité et la solidarité ne sont nullement antinomiques : une société se renforce en accordant à chacun de ses membres les moyens de s’accomplir, et les richesses ainsi créées servent à leur tour à financer des politiques sociales ambitieuses. La France, grâce à son dynamisme démographique, pourrait être dans une trentaine d’années le pays le plus peuplé d’Europe, avec une jeunesse pleine d’élan, une population active nombreuse et des seniors riches d’expériences à transmettre. Mesurons cette chance exceptionnelle, et saisissons-la !

Les individus s’accomplissent pour eux-mêmes, et ne s’efforcent pas de créer de la richesse pour qu’elle soit offerte à ceux qui n’en créent pas sans qu’on leur demande leur avis. Fait rassurant, le dynamisme démographique va dans les deux sens : les Français qui s’en vont échapperont au marasme qui s’annonce.

Notre nouveau modèle de développement doit apporter une réponse raisonnée aux défis écologiques. Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles imposent de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de promouvoir les énergies renouvelables ; l’équité sociale l’exige aussi, car les ménages les plus modestes souffrent le plus du renchérissement de l’énergie.

Une illustration parfaite de l’impossibilité de poursuivre simultanément des objectifs contradictoires : les énergies renouvelables, inefficaces et couteuses, ont un coût élevé, qui pèse sur tous ; on ne peut pas faire des choix couteux pour les Français et leur promettre un pouvoir d’achat en hausse de façon crédible.

Réinventer le modèle français, c’est enfin accomplir dans tous les domaines la promesse républicaine de l’égalité, car une société ne peut s’édifier sans une égale considération pour chacun. C’est donner à tous nos enfants les mêmes chances de réussir : aussi faisons-nous de la refondation de l’école une priorité, en prêtant une attention toute particulière à l’école primaire, car les inégalités se jouent dès le plus jeune âge. C’est lutter sans relâche, trente ans après la marche des Beurs, contre les discriminations liées à l’origine sociale ou ethnique, à l’identité ou à l’orientation sexuelle : voilà le sens du combat quotidien de mon gouvernement pour l’égalité entre les femmes et les hommes, contre les discriminations à l’embauche et les contrôles abusifs, ou encore du projet de mariage pour tous.

La refondation de l’école et la volonté d’y dispenser un enseignement sur la morale, illustration d’un constructivisme croissant qui va jusqu’à apprendre le sexe aux écoliers, relève de la logique qui alimente les discriminations que le ministre dit vouloir éviter. Les discriminations relèvent d’une forme de collectivisme ; considérer l’individu comme un individu et non comme une partie d’un ensemble quelconque empêche toute discrimination, c’est la meilleure garantie que tous auront les mêmes droits. Une fois de plus, le gouvernement apporte de mauvaises réponses à un problème mal posé dont l’État est la cause.

La France n’a pas besoin de renier son âme pour sortir de la crise et regagner sa force et son rayonnement. Au cours de son histoire, notre peuple a montré qu’il était capable de surmonter les épreuves et de renouer avec le progrès. Ne sous-estimons pas notre influence dans le monde : nombreux sont ceux qui regardent vers la France, qui aiment son histoire, les valeurs universelles qu’elle incarne, sa créativité culturelle, son art de vivre. Ils attendent beaucoup de nous. Pour reprendre les termes de François Hollande lors de son discours fondateur du Bourget, « la France n’est pas un problème, la France est la solution ! » La tâche qui nous incombe, c’est de renouveler notre organisation politique, sociale et économique, nos relations réciproques et notre rapport à l’environnement, pour rester fidèles à nos principes fondamentaux et retrouver fierté, cohésion et confiance en nous-mêmes. La France doit être plus accueillante à la prise de risque, à l’innovation économique et sociale, à la création d’entreprises comme à la création artistique. L’État doit demeurer le garant de l’intérêt général et de la solidarité nationale, assumer son rôle de stratège, tout en réinventant ses modes d’intervention et en s’appuyant résolument sur les forces vives du pays. Tel est le sens du nouveau modèle français qui inspire l’action de mon gouvernement.

Ceux qui regardent vers la France, le Premier Ministre ne les voit pas. Pas plus qu’il ne voit les Français qui partent ou n’entend leurs motivations. Il voit en revanche ceux qui regardent avec admiration ce formidable pays, et que personne d’autre ne semble voir en dehors de l’appareil étatique. Il fait donc de l’État le garant de l’intérêt général et de la solidarité nationale, au mépris du seul rôle que l’État peut légitimement avoir : être le garant des droits des individus que sont la liberté, la propriété privée et la sûreté.

 —-

Français, ce nouveau modèle n’est pas l’unique voie possible, ni pour vous, ni pour la France. Ni pour vous, parce que rien ne vous oblige à rester en France. Ni pour la France, parce que rien ne vous oblige à subir ce totalitarisme qui ne dit pas son nom.

N’écoutez pas ceux qui vous diront que vous avez des devoirs envers la Nation, envers le pays, envers les autres Français. Ils vous méprisent parce qu’ils ont besoin de vous et le savent : ils ont besoin de la richesse que vous produisez pour la redistribuer comme bon leur semble, ils ont besoin de ce que vous créez pour alimenter leur folie collectiviste, ils ont besoin de votre sacrifice. « Là où il y a sacrifice, il y a quelqu’un collectant les offrandes. Là où il y a service, il y a quelqu’un que l’on sert. Celui qui vous parle de sacrifice vous parle de maîtres et d’esclaves, et il entend bien être le maître. » (Ayn Rand) Vos seuls buts légitimes sont ceux que vous vous fixez pour vous-mêmes ; si poursuivre vos buts requiert votre départ, partez, et ne vous retournez pas.

La voie du collectivisme, choisie par le gouvernement de plus en plus explicitement, n’est pas la voie unique pour notre pays. Il y a plusieurs moyens d’éviter que nous reproduisions l’une ou l’autre des plus grandes folies de l’histoire. La social-démocratie est à bout de souffle ; c’est à vous, Français, de décider quelle direction vous voulez prendre. Nous sommes effectivement à la croisée des chemins : nous avons le choix entre collectivisme et liberté. N’ayez pas peur de la liberté. Cela fait certes longtemps que vous ne l’avez pas connue, mais la seule certitude que vous puissiez avoir aujourd’hui, c’est que le collectivisme est promis à l’échec. Vous pouvez choisir, ou refuser de choisir, mais vous ne pourrez pas éviter les conséquences du choix, explicite ou implicite, que vous ferez. La liberté n’a rien d’effrayant. Demandez-vous ce que la liberté peut faire pour vous, et demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la liberté.

Ce que la liberté peut faire pour vous, vous pouvez le découvrir en de multiples endroits. De nombreux auteurs ont réfléchi aussi bien aux fondements de la liberté qu’à ses déclinaisons pratiques, et les moyens de les découvrir ne manquent pas. Nombreux sont également ceux qui portent les idées de liberté et les font vivre, en France et ailleurs.

Ce que vous pouvez faire pour la liberté, c’est avant tout un choix. Vous pouvez choisir de vivre dans la société nouvelle dont le chef du gouvernement a récemment exposé le modèle, et je ne peux alors que vous promettre une agonie à durée indéterminée que d’autres avant moi ont prédit. Vous pouvez choisir de vivre selon d’autres règles, selon d’autres principes, ceux que vous aurez choisi et qui vous permettront de vous épanouir. Pour que la liberté ne soit pas qu’un mot dans notre devise ni un idéal lointain, vous pouvez œuvrer pour la liberté.

« Les idées nauséabondes ne sont dangereuses qu’en l’absence d’hommes pour en défendre de meilleures. » (Ayn Rand) Vous pouvez faire partie de ces hommes. Vous pouvez défendre la liberté. Vous pouvez diffuser les idéaux de liberté, sur Contrepoints ou ailleurs. Vous pouvez refuser de contribuer au brasier collectiviste qui s’alimente de toujours plus de sacrifices. Vous pouvez poursuivre ailleurs votre propre bonheur. Vous pouvez embrasser des valeurs qui vous correspondent et vivre selon vos principes. Vous pouvez poursuivre des buts autres que ceux que d’autres voudraient vous fixer, mais pour cela, vous devez choisir.

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  • En fait de changer de modèle français, Ayrault ne veut que renforcer l’existant. Le rendre encore plus contraignant et encore plus liberticide.
    Comme Flamby, il manipule les mots pour tenter de manipuler les esprits. Bref, il ment.

  • Ayrault est non seulement minable mais s’affiche également comme nuisible. Il compile les méthodes et idées du passé, qu’elles soient socialistes, keynésiennes, malthusiennes, mercantilistes, banalement collectivistes, qui ont invariablement échoué, de tout temps et en tout lieu :

    – un hypothétique sens de l’histoire : « au cours de deux siècles d’histoire républicaine, nous avons progressivement édifié un modèle »

    – la glorification du chef et des technocrates : « de la lucidité et du courage » ; « soyons clairvoyants » ; « soyons audacieux »

    – les prémisses fausses, typiquement socialistes : « le défi du développement, le défi écologique, et le défi démographique » ; « la crise que nous traversons est d’abord économique »

    – le recours aux boucs émissaires : « les dangers du néolibéralisme et du capitalisme financier »

    – l’illusion du dialogue (car l’Etat n’accepte de discuter qu’avec lui-même) : « le dialogue et la coopération entre l’État, la société civile – partenaires sociaux [subventionnés, l’Etat encore], associations [subventionnées, l’Etat toujours] – et les collectivités territoriales [l’Etat jusque chez vous] »

    – comme le gaz, le collectivisme à tous les étages (parfois, ça explose) : « la culture de la responsabilité partagée » ; « des richesses à partager » ; « politiques de solidarité » ; « politiques sociales ambitieuses »

    – le delirium tremens écolo-malthusien : « le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles »

    – la machine étatique à produire de l’anarchie sociale : « la promesse républicaine de l’égalité » ; « la refondation de l’école » ; « le mariage pour tous »

    – la mise en esclavage accélérée des Français : « l’Etat stratège [va s’appuyer] résolument sur les forces vives du pays »

  • J’éprouve une réelle admiration pour tous ces politiques et notamment Ayrault capables de débiter un tel bla-bla-bla à répétition. Car bien sûr ils ne disent rien…sauf peut-être la confirmation qu’ils recherchent la construction d’une république populaire avec Cuba et la Crée du Nord (même la Birmanie y a renoncé).

  • « La démocratie actuelle est d’autant moins légitime qu’elle soumet les droits individuels à la volonté du plus grand nombre »

    D’accord avec l’article sauf sur cette phrase ci-dessus:

    La démocratie Française n’est ni une vraie démocratie ni « la volonté du plus grand nombre ».

    Avec une démocratie semi-directe comme en suisse et dans les pays du nord les décisions politiques et économiques prises par les urnes auraient été complètement différentes et ce malgré l’intense lobbyisme hémiplégique des médias.

    Et ceci en vertu d’une évidence: les payeurs silencieux en ont rapidement marre et ne manquent pas de s’exprimer par les urnes.

    La démocratie Française est morte depuis un bon moment, pour autant qu’elle aie existé un jour, laissant la place a une oligarchie étatique qui ne roule que pour elle.

  • Il veut nous vendre du John Rawls. Ce discours, c’est cela et rien d’autre, une recherche de la mise en place de la politique du « MaxMin », c’est à dire de maximiser l’état de ceux qui ont le moins sans que soit dit d’où vient les ressources nécessaires sinon de l’augmentation des taxes et autres joyeusetés. On y retrouve aussi la philosophie du « Care » que je résume par tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
    Personnellement, je crois beaucoup plus à l’action des entrepreneurs pour redresser le pays. Un entrepreneur qui réussit et dépense son argent dans le pays où il réside est 10 fois plus efficace, qu’en pensent les Suisses?

  • M. Créteur, je lis vos articles depuis plusieurs mois maintenant et je dois dire que je vous admire de plus en plus car, malgré votre jeunesse (ou grâce à elle), vous avez une vision lucide mais quand même constructive de la situation de notre pays. Votre indépendance par rapport à d’autres « penseurs » de l’époque vient certainement de votre caractère (libre) et aussi de votre intérêt pour Ayn Rand. Elle m’a séduite par The Fountanhead (j’étais une fan de cinéma et de Gary Cooper) : un des plus romancé de livres mais qui démontre quand même parfaitement le pouvoir de l’identité et de la volonté propre sur la masse. J’adhère parfaitement à ses idées et à vos réflexions.
    L’autre jour, on me demandait qui je verrais pour essayer de contrer cette mort annoncée de notre Etat, et j’avais répondu : un homme neuf, jeune, charismatique et positif. Ce matin,, je me demande si vous ne seriez pas cet homme. ?????????

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