Compétitivité en Europe : la France décroche

L’OCDE a publié une nouvelle étude sur les coûts salariaux unitaires de la zone euro qui montre une détérioration de la compétitivité de la France.

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Compétitivité en Europe : la France décroche

Publié le 27 décembre 2012
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L’OCDE a publié une nouvelle étude sur les coûts salariaux unitaires de la zone euro qui montre une détérioration de la compétitivité de la France.

Un article d’Open Europe.

Voici un court billet sur un sujet que nous avons déjà abordé dans notre papier sur la dévaluation interne et que nous serons amenés à étudier plus en détail au cours de la nouvelle année : la compétitivité au sein de la zone euro.

Il y a quelques jours, l’OCDE a publié une nouvelle étude sur les coûts salariaux unitaires (CSU) [1] de la zone euro qui montre une détérioration pour l’Italie et la France et une légère amélioration pour l’Espagne.

Coûts salariaux unitaires, base 100 en 2000. Grèce = rouge clair, Espagne = vert, Allemagne = rouge foncé, Italie = bleu et France = turquoise.

Le CSU est souvent considéré comme une appréciation de la compétitivité d’un pays : même s’il est loin d’en constituer la seule mesure, c’est un indicateur utile pour analyser la situation. Comme le montre le graphique ci-dessus les CSU de l’Italie augmentent plus vite à la fin de cette année que ceux de l’Espagne, de la Grèce et, évidemment, de l’Allemagne. Cette tendance ne fera que s’aggraver et la France pourrait bien se retrouver dans une situation similaire en 2013/2014 si les choses continuent sur leur trajectoire actuelle.

Cela met en évidence un point que nous avons déjà relevé précédemment : en dépit de toute son action sur le plan budgétaire, le Premier ministre italien Mario Monti n’a pas su produire les mêmes efforts pour engager les réformes nécessaires du marché du travail, développer la productivité et améliorer le climat des affaires – d’autres domaines qui favoriseraient également la compétitivité du pays. En raison des élections qui auront lieu en Italie au début de l’année 2013, il faut s’attendre à peu de réforme au cours du premier trimestre. Ce n’est peut-être pas pertinent compte tenu de la forme que pourra prendre le nouveau gouvernement : il n’y a aucune garantie d’une coalition stable favorable à la réforme en Italie.

Les résultats sont également préoccupants pour la France, qui ne peut se permettre de prendre du retard par rapport aux autres pays de la zone euro, notamment parce que beaucoup de ces pays s’efforcent aussi d’améliorer leurs déficits budgétaires et leurs comptes publics, tout en engageant d’importantes réformes des marchés et un certain nombre de déréglementations – que le gouvernement français a montré peu d’empressement à produire.

Quant à l’Espagne et à la Grèce, les chiffres sont un peu plus positifs avec leurs politiques d’ajustements qui ont clairement eu un effet – même si, comme le note l’OCDE, une grande partie de ceci s’est fait par une destruction de l’emploi et une baisse de la demande domestique et non par des mesures de rigueur réussies. Il est également clair qu’il y a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre les niveaux de l’Allemagne (ou d’entrer dans une zone d’écarts de coûts acceptables, comme nous l’avons souligné précédemment). Avec un niveau de chômage déjà très élevé dans ces deux pays, les ajustements restant à produire sont susceptibles d’être douloureux.

Beaucoup de gouvernements de la zone euro devraient mettre à profit la période des fêtes pour réfléchir.


Sur le web.
Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

Note :

  1. Le coût salarial unitaire est le rapport entre le coût du travail et la productivité du travail.
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  • Intéressant. Pourtant, Frederic Charbonnier et Emmanuel Thibault de la Toulouse School of economics ont publié un article dans les Echos du 20/12/12 (page 11) qui dit que les coûts salariaux en France sont légèrement inférieurs à ceux de l’Allemagne. Ils écrivent notamment : « C’est en effet une erreur, commise mais reconnue très rapidement par le cabinet COE Rexecode dans son rapport pour Bercy en 2011, qui a fait croire que les coûts salariaux étaient comparativement bien plus faibles dansl’industrie allemande.
    L’Insee va,début 2012, confirmer que ces coûts sont en fait légèrement inférieurs en France. »

    Qu’en penser? ces auteurs se trompent-ils? Nous trompent-ils?

    • vous voulez quoi? baisser les salaires?

      même madelin est pour de bons salaires

      • Allons, le salaire net fiscal ne représente que 1/3 du coût du travail. Ce sont les deux autres tiers qu’il faut sabrer avec les parasites qui en vivent.

      • Ce qui compte pour l’employeur c’est le « salaire chargé ». Ce qui compte pour le salarié c’est le salaire net.
        Cas d’école : comment augmenter l’emploi, l’investissement et la consommation simplement ?
        Réponse : baisser les charges et concomitamment les dépenses publiques injustifiées.

      • @wageopen : Moi, perso, je souhaite quand lorsque je travaille pour 100€, mon employeur n’ai pas à payer 200€ à l’état pour avoir droit à ce privilège …

    • @Lio : le CSU est un rapport entre le coût du travail et la valeur ajoutée.

      Les CSU français et allemands dans l’industrie sont relativement similaires mais il faut considérer que les coûts du travail ont divergé au cours des années 2000 : alors que l’Allemagne faisait les efforts nécessaires, le coût du travail français a fortement augmenté. En France, toute la valeur ajoutée supplémentaire produite ces dernières années a été consacrée aux 35h ou à l’Etat providence mais pas à l’investissement. Pendant ce temps, les Allemands ont investi…

      Ainsi, le CSU ne dit pas ce qu’on fait de la valeur ajoutée : investissement, rémunération des facteurs de production, remboursement des dettes, financement de l’Etat-providence. Si on doit financer des cohortes de fonctionnaires et d’assistés, on obtient mécaniquement un excellent CSU industriel (moins de producteurs, plus de fonctionnaires, plus de chômeurs) mais l’industrie périclite quand même.

      Enfin, le CSU dont on parle ne concerne généralement que l’industrie manufacturière, c’est-à-dire une faible part de la valeur ajoutée française. Ces statistiques ignorent l’essentiel de l’économie française, les services.

      Le CSU est une statistique intéressante mais elle n’est pas la plus pertinente pour analyser les problèmes de la France. Et puis, comme les statisticiens le savent bien, les ratios sont des outils très pratiques pour défendre n’importe quelle idée comme son contraire.

  • Merci au libéralisme internationaliste, qui a ruiné la France !

  • Quel pitre ce Pfff: il pense que la France est un pays où on a appliqué une politique économique « libérale ». Il est tellement ignare (et fier de l’être) qu’il ne s’est même rendu compte que ça fait des décennies que l’État intervient massivement sur l’économie avec tous les dégats que l’on constate.
    Certainement un de ceux qui se goinfrent avec l’argent public soutiré aux producteurs de richesses étranglés par ceux qui nous gouvernent: un fonctionnaire ou un « associatif », ou encore un syndicaliste. Pfffuit…

  • Les commentaires sont fermés.

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