Jésus, ce libéral

Jésus, premier libéral ? Voilà une affirmation qui mérite quelques explications.

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Jésus, ce libéral

Publié le 24 décembre 2012
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Jésus, premier libéral ? Voilà une affirmation qui mérite quelques explications.

Par Didier Maréchal.

Jésus est le premier libéral ! Cette affirmation m’aurait outré en 2005, comme tous les chrétiens de gauche. Ce très cher Charles Gave, dans son ouvrage Un libéral nommé Jésus m’a alors bouleversé. Je reprends ici certains de ses arguments et en développe d’autres.

Comme lui, Jésus nous veut libres. Jésus montre le chemin, à nous qui sommes créés à l’image de Dieu, mais ne nous impose rien. Dans notre vie terrestre, nous sommes libres de faire le bien ou le mal. Par exemple, il nous demande de partager volontairement avec nos frères, de bon cœur, mais jamais d’instituer des organismes collecteurs (URSSAF, fisc…) chargés de redistribuer ce qu’ils ont prélevé par la contrainte (« Tu ne voleras point. »). D’une manière générale, Jésus n’édicte aucun précepte ou aucune règle, écrite ou orale, hormis le respect des dix Commandements et le fameux « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Il nous demande de nous efforcer à suivre son exemple, même si cette perfection est pour la plupart d’entre nous inaccessible. Et nous ne pouvons jamais nous dire que nous remplissons toutes les conditions pour être considérés comme de « bons chrétiens ». (Mais ce n’est pas grave, car la miséricorde de Dieu est posée comme infinie.) Au total, le véritable amour de Dieu ou de son prochain n’existe que s’il est librement consenti.

Jésus considère chacun d’entre nous, pris individuellement et non collectivement. Plusieurs paraboles font référence au contrat individuel et à son respect : le maître et les ouvriers de sa vigne, le propriétaire et les fermiers de sa vigne… Les dix Commandements sont aussi une sorte de contrat avec chaque homme, lequel, s’il le respecte, aura droit à la vie éternelle. L’Amour est un sentiment qui relie deux êtres, pas un individu avec l’Humanité. Dieu, paraît-il, ne sait compter que jusqu’à deux.

Dieu nous a fait tous différents, avec plus ou moins de talents, donc inégaux. C’est un scandale pour les envieux et les jaloux, mais pas pour Dieu. En effet, à ceux qui auront beaucoup reçu, il leur sera beaucoup demandé. En conséquence, c’est une chance pour les moins pourvus de talents « négociables » que de bénéficier du produit de la créativité et du goût d’entreprendre des « génies » (les Léonard de Vinci, Einstein, Bill Gates…). Cette « tension créatrice » a notamment conduit à produire le progrès scientifique, artistique et technologique observé en Occident depuis des siècles. Par contre, le serviteur paresseux, qui a enfoui son talent dans la terre, sans même le faire fructifier à la banque, est jeté dans les ténèbres.

Comme lui, Jésus nous veut responsable individuellement. La responsabilité individuelle est à la fois consubstantielle à la liberté individuelle et nécessaire à sa pratique harmonieuse dans le respect du prochain (qui est non seulement l’autre, mais aussi le suivant). Nous sommes libres d’agir à notre guise, mais dans ce Monde ou au plus tard dans l’Autre, nous serons jugés selon nos actes.

En nous confiant sa Création (alliance avec Noé), Dieu nous témoigne son Amour et sa confiance. Le propriétaire qui transmet à ses enfants ses biens et son entreprise agit selon les mêmes ressorts. À l’inverse, l’irresponsable, qui doit son poste « à vie » dans un monopole étatique à un concours ou à une faveur, ne risque rien (ou si peu), et en tout cas, pas la sanction (ou la récompense) du client (seulement celles souvent limitées du chef ou du syndicat). Mais la reconnaissance qu’il reçoit des « usagers » (la plus gratifiante) est d’un niveau tel que sa motivation et son assiduité en souffrent le plus souvent.

Mais la responsabilité, sous un angle différent, a un autre aspect positif. Elle donne la crédibilité, la valeur et la noblesse à nos actes. Et si nous avons failli, même involontairement, nous devons reconnaître notre erreur et réparer le tort que nous avons causé. Ce processus nous permet d’une part de nous réconcilier et d’autre part de progresser (dans le domaine professionnel par exemple) vers la perfection chère à Jésus (même et surtout si on est licencié ou si on perd son client).

Plus précisément, Jésus nous jugera en fonction du résultat de nos actes, et pas au regard de nos intentions ou de nos paroles (« Chaque arbre se reconnaît à ses fruits. »). Les intentions partageuses et égalitaristes des dirigeants socialistes du bloc de l’Est et des tenants à l’Ouest de l’État-providence pouvaient paraître (à première vue) louables. Les effondrements vécus (à l’Est) et à venir (à l’Ouest) de ces deux systèmes, tant au plan économique que moral, les condamnent au vu de leurs résultats.

Jésus et son commandement de l’amour de l’autre est en contradiction totale avec la théorie marxiste de la lutte des classes, qui oppose et divise les Hommes et les pousse à se spolier haineusement par la coercition légitimée.

L’État, même s’il est représenté par un « clergé » tout puissant, n’est pas Dieu, mais ressemble plutôt au Malin. Ses règles (lois, décrets, règlements) n’ont pas été révélées au sommet de l’homologue étatique du Mont Sinaï. Au contraire, elles sont élaborées, jour après jour, dans une frénésie textuelle dévastatrice, par une oligarchie (exécutif, élus, hauts fonctionnaires, lobbies, syndicalistes…) de quelques milliers d’individus. Et elle ne défend (bien qu’elle se drape dans le beau manteau de l’intérêt général) que ses seuls intérêts. Ce qui est somme toute normal, chacun de ses membres n’étant a priori ni meilleur, ni pire que chacun d’entre nous.

Jésus nous dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » Le Malin pourrait dire : « Je suis l’Impasse, le Mensonge et la Mort. » Les systèmes communistes ont amplement démontré (et démontrent encore à Cuba et en Corée du Nord) qu’ils correspondent parfaitement aux caractéristiques du Malin. La social-démocratie, d’inspiration keynésienne, et l’État-providence en sont des rejetons dont le poison est plus lent, mais tout aussi mortel.

« Demandez et l’on vous donnera » : bien qu’égoïste, l’Homme est souvent généreux, et sur le long terme, on obtient plus en demandant, gentiment, qu’en dérobant son prochain.

Lire aussi : Jésus-le-libéral ! par Philippe Bouchat.


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  • Bel article en cette veille de Noël !

  • Mouais… C’est assez pertinent mais fallait chercher loin quand même

  • Et il aurait encouragé l’auto-défense avec des armes d’assauts…

    • Jésus a dit aux disciples de s’équiper et de s’armer, à la veille de son arrestation (auparavant il les avait envoyés prêcher sans autre équipement que de bonne sandales).
      Ils étaient donc armés lorsque Jésus fut arrêté, mais il s’opposa à ce qu’ils le défendent (Pierre eut le temps de blesser un homme à l’oreille, que Jésus soigna).

      On peut être en désaccord mais honnête: Les groupes armés ne justifient pas les armes d’assaut par la nécessité de se défendre contre le vol, mais contre la dictature.
      Ce principe est solidement ancré depuis leur fondation chez les deux peuples qui, à ma connaissance, ont fondé librement leur pays: La Suisse et les États-Unis.

      Combien de massacres de masse auraient été évités si tous les peuples avaient été dans ce cas ?

  • « Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations »
    Nietzsche ?

    On dit souvent que les premiers instants sont révélateurs, qu’en est-il de ceux de Jésus ?

    Joseph et Marie n’ayant pas trouvé d’hébergement dans Bethléem ils se sont installés dans une étable/grotte.

    Mais cette grotte, aménagée en étable, était-elle privé ou pas ?

    Oui, alors Jésus, Joseph et Marie sont les squatters les plus célèbres de l’humanité !

    Non, alors cette grotte aménagée et utilisée était collectivisée, une sorte de coopérative de bergers, et ils en auraient bénéficié ?

    Dans les deux cas le libéralisme est peu présent.

    • Mon cher Citoyen, vous êtes décidément fort prévisible.

      Si l’étable appartient à quelqu’un, l’installation du célèbre couple à cet endroit a sans doute été acceptée avec bienveillance et compassion par le propriétaire des lieux. Et les coopératives sont une forme d’organisation très acceptable, tant que ses membres ne réclament pas d’avantages ou de subsides sur le reste de la société.

      Dire que vous venez pourrir l’esprit de Noël avec votre fiel… Et dire que je ne suis même pas chrétien pour vous répondre, la naissance de Jésus ne signifie pas grand chose à mes yeux.

      Je ne vous félicite pas.

      • « tant que ses membres ne réclament pas d’avantages ou de subsides sur le reste de la société »

        Telle est la société civile.
        Le socialisme ne veut pas de cette autonomie et la combat par des services publics gratuits (mais coûteux) surabondants et des impôts confiscatoires.
        Par des associations asservies, subventionnées, qui traînent les déviants en justice au titre de lois établies par le gouvernement socialiste et votées par le parlement socialiste.

        Il n’y a de société civile que dans un pays chrétien, car alors le détenteur de l’autorité régalienne n’a pas le magistère moral.
        La laïcité est un terme chrétien et n’est possible que dans un contexte chrétien.

        L’espace libéré entre les deux domaines d’autorité est celui de la société civile.
        Le socialisme est totalitaire: Il revendique toute autorité, donc ne tolère pas de société civile.

    • « Jésus, Joseph et Marie sont les squatters les plus célèbres de l’humanité ! »

      Mais il n’y aucune raison de penser qu’ils aient squatté !
      L’hypothèse de l’étable accrédite au contraire l’idée d’un hébergement banalement proposé gratuitement.
      Qui le refuserait à une femme sur le point d’accoucher ?
      Du reste, squatter suppose une discrétion (sauf de nos jours où l’État protège non plus la propriété mais la spoliation), difficile à respecter dans un tel moment …

      Précisons que les Évangiles mentionnent seulement une mangeoire (crèche) en guise berceau pour Jésus, et pas dans la pièce où on logeait normalement. Il est donc tout aussi conforme au texte, et plus probable, que Joseph et Marie aient logé chez des parents, et que l’accouchement ait eu lieu au cours du séjour, bien après leur arrivée.

  • Libéral oui, mais pas individualiste, attention.

  • On peut même dire que le christianisme a fondé l’individualisme moderne en fait. Mais que je Jésus était libéral …muai comme Judas…cela demande une exégète plus complète.

    • La convoitise est condamnée parmi les 10 commandements.

      Quelle meilleure affirmation de la propriété qu’inviter à donner, sans jamais y forcer ?
      On ne peut donner que ce qu’on possède, et on ne peut le faire que de son propre chef.

      La charité est fondée sur la reconnaissance de la propriété; elle équilibre la dépendance matérielle du pauvre envers le riche par la dépendance spirituelle du riche envers le pauvre.
      Le contraire de la lutte des classes.

      Le socialisme, au contraire, nie la propriété en affirmant que la richesse est une injustice dont la victime est le pauvre.
      Le riche est donc spolié (même s’il est d’accord, le fait est qu’il n’a pas le choix) et le pauvre ne lui porte aucune reconnaissance, mais au contraire le méprise pour sa cupidité.

      L’histoire montre que non seulement le christianisme été le berceau du libéralisme, mais, plus récemment, que la déchristianisation marque la déroute du libéralisme et permet l’étatisation généralisée – d’ailleurs elle imposée précisément pour cela.

      Il est curieux que les ennemis du libéralisme et du christianisme, qui sont les mêmes, d’Edgar Quinet à Vincent Peillon, soient plus conscient de ce lien que bien des chrétiens et bien des libéraux !

      Certes la foi chrétienne n’est pas nécessaire pour être libéral, mais une religion est toujours porteuse d’une anthropologie, et une anthropologie toujours fondée sur une religion; et le libéralisme est assis sur celle du christianisme.

      La question est ouverte de savoir si, à grande échelle, l’anthropologie chrétienne peut-elle vivre sans la foi.
      Mais à titre individuel, je ne vois pas pourquoi il faudrait avoir la foi pour considérer que le christianisme est nécessaire.

      Voyez aussi ce qu’en dit Charles Gave.

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