Le gouvernement Ayrault n’aime pas la liberté

Jean-Marc Ayrault nous rappelle qu’il n’aime pas la liberté, au cas où le message n’était pas encore passé.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
imgscan contrepoints 2238 Ayrault

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le gouvernement Ayrault n’aime pas la liberté

Publié le 14 décembre 2012
- A +

Jean-Marc Ayrault nous rappelle qu’il n’aime pas la liberté, au cas où le message n’était pas encore passé.

Par Baptiste Créteur.

Ayrault l’affirme : « Nous ne menons pas une politique sociale-libérale« . Pour ce qui est de la politique sociale, je le laisse en juger, mais une chose est certaine : le gouvernement ne mène pas de politique libérale. Le libéralisme se fonde sur le libre consentement des individus comme principe des interactions humaines ; on ne peut pas mener de politique libérale-machin ou truc-libérale : le consentement est libre ou ne l’est pas, et, malgré leurs divergences, les courants libéraux ont ce principe en commun.

S’il se trouve quelqu’un pour être fier de pouvoir affirmer ce genre de choses, c’est sans doute notre cher premier ministre :

« Nous menons une politique sociale républicaine, sans doute la plus à gauche dans le cadre de l’Europe, avec l’euro » a ajouté le premier ministre pour répondre aux critiques sur la politique économique menée par son gouvernement. Des critiques se sont notamment faites entendre à gauche sur les mesures visant à améliorer la compétitivité du pays, annoncées par M. Ayrault, le 6 novembre.

Parce que la compétitivité, ce n’est pas un combat de gauche, il est toujours bon de rassurer son électorat sur le fait qu’on ne fera pas grand chose pour l’améliorer. Le rassurer également sur la croissance continue de notre dette :

Le chef du gouvernement s’est également défendu de mener une politique d’austérité, engendrant de lourdes conséquences sociales. « Pratiquement tous les autres pays ont diminué les salaires, les pensions, les prestations sociales, ce n’est pas ce que nous faisons. (…) La politique menée [en Allemagne] a augmenté la compétitivité mais aussi la pauvreté », a-t-il estimé. Et de lancer : « Je l’ai dit, je ne veux pas être le premier ministre du tournant de l’austérité. »

Sa formulation révèle une lucidité qui n’a d’égale que sa lâcheté : il faudra qu’un premier ministre prenne le tournant de l’austérité, mais ça ne sera pas lui. Il a autre chose à faire, comme insulter ceux qui fuient sa politique.

Le chef du gouvernement est également revenu sur  la proposition de son ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait évoqué une nationalisation temporaire. « Il ne faut pas exclure, dans des circonstances exceptionnelles, l’intervention de l’État dans les entreprises, a estimé M. Ayrault. »

Dans des circonstances exceptionnelles, comme une crise sans précédent par exemple, bientôt derrière nous, pardon, déjà terminée, l’État interviendra dans les entreprises. Ce qu’il fait également en temps normal depuis des décennies en France, mais c’est un détail, l’essentiel est de rassurer. De se rassurer également, en se rappelant que même les Américains que tout le monde croit libéraux font preuve d’un collectivisme féroce :

Citant l’exemple de General Motors aux États-Unis, groupe que le gouvernement américain a décidé de sauver avec un apport financier, M. Ayrault a lancé : « En France, si c’est une industrie stratégique [en difficulté], je préconiserai une intervention de l’État. Ça ne me fait absolument pas peur. Mais si cela devait se faire, pour un groupe industriel stratégique, ça ne voudrait pas dire que nous garderions tous les sites et tous les emplois. »

Mais attention. La nationalisation, ce n’est pas, ça ne doit pas être et ça ne sera pas… une expropriation. Donnons-lui quelques idées de formulations alternatives : c’est un « investissement dans des actifs stratégiques« , une « sécurisation de l’accès aux ressources et aux savoir-faire prioritaires » ou encore la « préservation de compétences d’avenir dans des secteurs porteurs ». Pas d’expropriations en vue donc, seulement des nationalisations :

Cela étant dit, le premier ministre a expliqué pourquoi il n’avait pas retenu ce scénario pour le site de Florange. « Dans le cas de Mittal, ce n’était pas la même chose, c’était une expropriation. C’était une solution technique très lourde qui ne garantissait pas l’emploi. »

De la même façon, il ne faut surtout pas aider les Français à s’enrichir – d’autant plus que cela requiert souvent leur départ – mais les inciter à sortir de la pauvreté. On ne va pas mettre en péril un système monétaire que le Zimbabwe ne renierait pas, mais faire un grand bon en avant de l’union bancaire. On sent bien, dans ce dernier exemple, que le choix des formulations est restreint par un nombre important de précédents : un mur antifasciste à Berlin, une république populaire démocratique en Corée du Nord…

Oui, mais voilà. La France est endettée, l’État-providence ne fonctionne pas, l’intervention de l’État dans l’économie a des effets délétères qu’il faut être irresponsable pour ne pas reconnaître. Que vous ne soyez pas libéral, nous l’avons tous compris. Vous n’accordez aucune importance à la liberté individuelle, ne donnez aucun crédit au consentement libre, et priver les individus des fruits de leur travail ne vous fait pas peur. Ce qui vous fait peur, c’est que le marché gagne toujours. La liberté gagne toujours. Quand les individus ne sont pas d’accord avec vous et que vous ne leur laissez pas le choix, ils s’en vont. Quand les actionnaires et potentiels investisseurs ne voient pas d’avenir en France ou craignent que vous les expropriez, ils s’en vont.

Vous considérez que l’État a un rôle prépondérant à jouer dans l’économie, plus que l’individu. Vous considérez que la coercition a un impact bénéfique, plus que la liberté. Vous considérez qu’il est important de protéger l’emploi, plus que d’en créer. Je ne partage pas vos idées, mais soit. Il y a toutefois une chose que vous ne nierez pas, que vous semblez même revendiquer par le rôle que vous voulez jouer dans l’économie et la société françaises : votre responsabilité. Alors allez-y, monsieur Ayrault : créez de la richesse en France, des emplois, rendez les Français heureux. Comme des millions de Français, je vous regarde. Mais de loin, parce que je ne crois pas que vous y parviendrez.

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Nan… C’est impossible, Ayrault ne peut pas créer de la richesse, voyons, c’est pas beau, qu’il vous dit !

    Quand Ayrault fait appel au coeur des français, là, je le crois : c’est du côté du coeur en effet que se situe le portefeuille…

  • Message limpide, et j’adore votre style « catch-no-prisoner » (pas vraiment d’équivalent en français).

  • Excellente interpellation !

  • Et surtout, ne rien faire, ou laisser faire, qui pourrait engendrer une réussite dont le mérite ne serait attribuable au chef du gouvernement.
    Eventuellement la réussite, éventuellement, mais pas une réussite qui donnerait tort à ma pensée.

  • Depuis quand un Politicard ou un fonctionnaire est-il « responsable », ils connaissent ce mot pour le prononcer basta.
    Ils n’ont aucune responsabilité, si ce que ce gouvernement est en train de faire conduit la France au désastre, iront-ils devant un juge ?, bien sûr que non, ils continueront à recevoir de très confortables revenus venant de nos impôts et des dettes, et continueront même à pavoiser.

  • Toujours aussi brillant et aussi mignon Baptiste

  • « Oui, mais voilà. La France est endettée, l’État-providence ne fonctionne pas, l’intervention de l’État dans l’économie a des effets délétères qu’il faut être irresponsable pour ne pas reconnaître »

    mais que c’est bete et faux et surtout stupide

    je vous plains d’être aussi peu nuancé

    c’est une honte à l’intelligence

    • Cher ouvrier auriez vous:

      – des exemples d’intervention vertueuse de l’etat dans l’industrie et les services
      – la preuve que l’etat providence n’est pas au bord de l’effondrement en France et dans une bonne partie de l’Europe
      -des signes que la France n’est pas (sur)endettee

    • « mais que c’est bete et faux et surtout stupide », « c’est une honte à l’intelligence » : « je vous plains d’être aussi peu nuancé ».
      Vos arguments, exemples, idées sont les bienvenus… Pour vous simplifier la tâche, Dr Stefool a déjà explicité le sujet.

    • @ouvrier : quandil n’y a plus rien à dire, il ne reste que l’insulte, c’est bien ça ? Votre propos n’est pas révélateur d’un grand niveau d’intelligence…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture

Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a annoncé deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes, financées par la solidarité nationale.

En langage courant, cela signifie payé par les riches. Les classes moyennes ne devraient pas se réjouir trop tôt : François Hollande avait déjà opéré ce type de transfert fiscal au début de son quinquennat et pour lui, être riche commençait à 4000 euros par mois. Le jeune Gabriel Attal était à cette époque membre du cabinet de Marisol Touraine. Le fruit ne tombe... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles