Arroser les déserts médicaux d’argent du contribuable

Marisol Touraine propose un plan de lutte contre la liberté des médecins et les déserts médicaux. Un plan efficace ?

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Arroser les déserts médicaux d’argent du contribuable

Publié le 14 décembre 2012
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Marisol Touraine propose un plan de lutte contre la liberté des médecins et les déserts médicaux. Un plan efficace ?

Par Baptiste Créteur.

Les dépassements d’honoraires permettraient de lutter contre les déserts médicaux mais, la marge de manœuvre des médecins ayant été réduite, un arsenal de mesures collectivistes sera déployé pour lutter contre les déserts médicaux.

L’UFC Que Choisir publie une étude intéressante, relayée par Libération, dans laquelle on apprend que les déserts médicaux concernent avant tout les spécialistes, et que, dans certaines régions, il est difficile de trouver un médecin ne pratiquant pas les dépassements d’honoraires :

« si l’on tient compte des dépassements d’honoraires, l’inégalité face à l’accès aux soins prend la forme d’une véritable fracture sanitaire. Ce sont des pans entiers de la population qui ont des difficultés d’accès au système de soins: «Au-delà des déserts géographiques, si l’on ne tient compte que des médecins qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires, la pénurie de médecins se démultiplie. Ainsi, le pourcentage de la population vivant dans un désert médical gynécologique passe de 14 à 54 % si l’on ne peut financièrement accéder qu’à un gynécologue aux tarifs de la sécurité sociale.» Pour les ophtalmos, on passe de 13 à 45 %, et pour les pédiatres de 19 à 28 %. S’agissant du délai d’attente, «pour un rendez-vous chez l’ophtalmo, si dans un cas sur deux on l’obtient en moins de 79 jours en acceptant les dépassements, on passe à 131 jours au tarif de la Sécurité sociale, un mois et demi de plus» »

Ce constat pouvait être largement anticipé. Les « déserts médicaux » révèlent la préférence des médecins pour certaines localisations, pour des raisons qui les regardent. Pour s’installer dans des régions moins attractives, ils cherchent à compenser les désavantages qu’ils perçoivent à la région par une rémunération plus élevée et pratiquent donc des dépassements d’honoraires. Au delà de l’attractivité intrinsèque de la région, les médecins anticipent sans doute dans certaines localités une patientèle plus rare ou requérant un temps plus important qu’ailleurs pour un acte donné ; les dépassements d’honoraires leur permettraient donc de compenser des actes moins nombreux, plus chronophages ou une localisation moins attractive.

On peut donc logiquement en déduire que laisser les médecins pratiquer les tarifs qu’ils souhaitent permettrait de lutter contre les déserts médicaux. L’accès aux soins serait plus homogène sur le territoire national, mais pour un coût variable en fonction de la localisation. Mais il serait inacceptable, aux yeux de la ministre de la santé, que les Français ne paient pas le même prix quel que soit l’endroit où ils vivent. Elle propose – ou plutôt impose – d’autres solutions, qui, une fois de plus, sont teintées du collectivisme le plus féroce.

Afin que le prix soit le même pour tous alors que le coût est variable d’une localité à l’autre, Marisol Touraine souhaite faire payer à l’ensemble des contribuables – et leurs enfants, n’oublions pas que l’État est endetté – le différentiel de coût pour les habitants de localités peu attractives pour les médecins :

« le plan prévoit «d’investir dans les territoires isolés». «Toute personne doit pouvoir accéder à un service de soins d’urgence en moins de trente minutes», a promis la ministre, sans que l’on comprenne bien comment elle compte s’y prendre. Pour le financement, sept millions seront débloqués en 2013. Ce sera ensuite 50 millions en année pleine. »

50 millions, une bagatelle, il aurait d’ailleurs été surprenant qu’une ministre accepte de dépenser si peu :

« La ministre propose donc d’encourager le «travail en équipe» avec des «financements innovants» qui pourraient prendre la forme, par exemple, d’une rémunération forfaitaire versée par l’Assurance maladie pour payer les frais de secrétariat ou de matériel du cabinet. »

La rhétorique ministérielle entre alors en jeu pour éluder l’aspect coercitif de l’impôt. Plutôt que d’insister sur l’identité de ceux qui financeront – ce qui était pourtant possible en les présentant comme « des Français qui ont la chance de vivre à un endroit tellement chouette qu’il est attractif aux yeux des médecins et qu’ils se battent pour s’y installer quitte à vivre dans la misère », ou de ceux qui seront financés, « des Français qui, en plus d’habiter un endroit tellement pourri qu’aucun médecin ne veut s’y installer à moins de gagner une fortune » – c’est en faisant entrer en scène une plus grande coercition, qui aurait consisté à imposer aux médecins leur lieu d’installation, que la ministre détourne notre attention :

« Pour assurer les soins de proximité sans remettre en cause la liberté d’installation chère aux médecins libéraux, le gouvernement opte pour la voie de l’incitation plutôt que la coercition »

Résumer le cheminement de la pensée de notre chère ministre, et donc de la loi, est assez simple. Laisser les médecins libres de pratiquer les tarifs qu’ils souhaitent, et les patients de choisir leur médecin en connaissance de cause, ne lui convenant pas, elle a d’abord réduit la marge de manœuvre tarifaire (déjà limitée)  des médecins à sa portion congrue. Consciente que les médecins s’installeront encore moins dans les « déserts médicaux » sans rémunération attractive, elle leur propose une rémunération attractive, aux frais du contribuable.

La France fait un pas de plus vers le collectivisme. Si les Français ne veulent pas emprunter cette voie, ils sont invités à se rendre au plus vite au comptoir d’embarquement le plus proche.

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