2012, le retour du tiers-état

Le tiers-état, après avoir donné sa sueur, a autrefois donné son sang ; demain, il se contentera de donner son congé.

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2012, le retour du tiers-état

Publié le 12 décembre 2012
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Le tiers-état, après avoir donné sa sueur, a autrefois donné son sang ; demain, il se contentera de donner son congé.

Par Baptiste Créteur.

Dans la France de l’Ancien Régime, le tiers-état finançait par l’impôt et le travail forcé la noblesse et le clergé. La noblesse par sa naissance, le clergé par sa vocation au service du salut de tous. Heureusement, cette France a disparu ; les privilèges ne sont plus, sauf ceux accordés à deux castes, récompensant la condition pour les uns et la vocation au service de l’intérêt général pour les autres ; et le tiers-état, une nouvelle fois composé des producteurs et créateurs de valeur, est heureux de contribuer au confort de ces deux castes, bien qu’on ne lui en laisse pas le choix.

La morale altruiste, inlassablement déclinée par un clergé dévoué corps et âme à l’intérêt général avec l’argent des autres, fait financer par les impôts toujours plus élevés du tiers-état le logement, la santé, l’éducation, l’improductivité, l’emploi d’une caste évidemment noble et irréprochable à laquelle sa naissance n’a accordé aucun avantage ou à laquelle des accidents de la vie ont permis de s’élever au rang d’improductifs chroniques. Il serait honteux que cette noblesse défavorisée n’en vienne à travailler, car gagner de l’argent par son propre effort ne lui rendra pas sa dignité.

À l’inverse des possibles succès du tiers-état pour lesquels il ne tirera aucun crédit, les privilèges consentis à la noblesse de condition par le clergé d’État sont à attribuer à sa bienveillance, bien qu’ils seront financés par le tiers-état. Ces intermédiaires entre le commun des mortels et l’intérêt général sont nécessaires au fonctionnement harmonieux de la société ; sans eux, point de salut, ni pour la noblesse de condition qui n’aurait aucun moyen d’imposer ses revendications de faire financer un confort toujours croissant par les autres, ni pour le tiers-état qui n’aurait alors aucun moyen d’atténuer un peu la culpabilité que sa compétence lui impose.

Le clergé peut accorder à l’envi les titres qui siéent à l’intérêt général de ses membres et surtout à ceux de la noblesse de condition : précaire, mère célibataire, chômeur, travailleur pauvre, famille nombreuse, serviteur de l’État, autant de titres donnant droit à des avantages sans contrepartie. Il fera financer les droits accordés par ces titres par le tiers-état qui, compte tenu de l’accroissement du nombre de titres, verra la pression fiscale augmenter progressivement, tirant les moins productifs vers la noblesse de condition, poussant les plus productifs à l’exil et laissant les autres à la merci des prochaines exigences de l’intérêt général.

Il se trouve même des membres du tiers-état pour chercher la proximité du clergé, ses faveurs et son appui, sacrifiant une partie de leur liberté pour bénéficier d’avantages que les autres membres du tiers-état paieront. Ces bourgeois, comme les membres du clergé, cherchent à pérenniser l’avantage qu’ils ont, ce qui suppose d’empêcher les autres d’accéder par leur effort à la même situation ; les barrières à l’entrée qui seront érigées contre les uns seront pour les autres une confortable forteresse.

Cet ensemble d’avantages, de droits acquis par la condition et de devoirs acquis par l’effort composent la société française d’aujourd’hui. On sait pourquoi l’Ancien Régime s’est achevé : le tiers-état n’en pouvait plus de financer les privilèges des autres castes. On se demande pourquoi celui-ci s’achèvera : le tiers-état en aura-t-il une nouvelle fois assez, ou les privilégiés se révolteront-ils contre ceux qui financent leurs avantages et ne parviendront plus à répondre à leur appétit toujours croissant ?

Quoi qu’il en soit, le tiers-état, après avoir donné sa sueur, a autrefois donné son sang ; demain, il se contentera de donner son congé.

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  • Manifestement vous ne connaissez de la révolution que la version de nos historiens contemporains, républicains, c’est à dire les commissaires du passé vrai.

  • L’Ancien Régime était réformable, ce qu’avaient tenté de faire Louis XV et Fleury avec la réforme de l’impôt. Et c’étaient les Parlements que les en avaient empêché. Ces Parlements étaient le prototype de la « noblesse » actuelle.
    Cette dernière a fait en sorte que le Nouveau Régime soit irréformable.

  • Le raisonnement de l’auteur reste valable à condition de remplacer « Ancien Régime » par « Régime post-révolutionnaire ».

    La catastrophe de1789 a été fabriqué par les loges de l’époque afin que une poignée d’arrogants, vaniteux et opportunistes prennent le pouvoir, ce qui a été fait ! La France a raté la révolution industrielle, a perdu sa place privilégiée dans le commerce international, a mis le feu à l’Europe pour exporter sa révolution dont personne n’en voulait, a massacré sa population (Vendée, Toulon, etc).
    Je conseillerais à Baptiste Créteur de lire, entre autres, « Le livre noir de la révolution française », plus réaliste que tous les manuels scolaires à l’eau de rose républicaine…

  • Je fais la même analyse : la noblesse n’est plus acquise par la naissance (encore que …) mais par l’élection et la cooptation, et le clergé n’est plus l’Eglise catholique, mais le tout fonctionne de la même façon que le pire de l’ancien régime (le bon ayant été effacé de l’histoire officielle, comme Homo-Orcus l’évoque) : la noblesse et le clergé
    * sont exonérés d’impôts
    * perçoivent des impôts spécifiques dont ils vivent
    * ne sont pas soumis à la loi commune, mais à une loi spécifique à leur usage, des privilèges, donc.
    * s’appuient et se justifient l’un-l’autre

    • Article marqué par une totale méconnaissance de l’Histoire , dont l’auteur devrait lire Les origines de la France contemporaine, de Taine, ou n’importe quellle histoire de la fiscalité de l’Ancien régime, où il découvrira que noblesse et clergé payaient es impôts…

  • Dans le nouveau régime la fonction du clergé est assurée par les média qui défendent le dogme du nouveau Dieu: l’Etat, ils peuvent aller jusqu’ à prononcer l’excommunication en traitant les irrespectueux d’ultra-libéraux et de profiteurs;ils sont les serviteurs de la nouvelle noblesse ( les politiques qui ne payent pas l’ ISF , ne sont pas imposables , agissent par népotisme ,donnent leur avis sur tout ,entre autres privilèges , et les argentiers, agissant par connivence.),mais comme dans l’ancien régime il existe des passerelles entre ces dévots et le pouvoir pour mieux assurer leur soumission.La solution unique:une deuxième révolution.

    • Sur la presse contemporaine… Je vous ai retrouvé la lettre de Grandville, un Joffrin de l’époque.
      Lettre du 18 juin 1793 de Grandville, vil adulateur du tyran sanguinaire, rédacteur en chef du Moniteur. Lettre qu’il adresse tout tremblant au tout puissant démagogue, Robespierre. Passages les plus saillants (verbatim) démontrant la dernière limite de la lâcheté humaine. Pour situer, cette lettre a été rédigée après la proscription des Girondins.
      Ce document a l’avantage d’éviter la lecture des trente et quelques volumes de Buchez-Roux et de se concentrer sur les deux autres journaux officiels, le Logographe et le Journal des Débats et Décrets.
      « Citoyen,
      Je vous prie de me communiquer fraternellement les reproches que vous pourriez avoir à nous faire. Souvent on attribue à l’intention ce qui n’appartient qu’à l’erreur ; l’écrivain le plus dévoué à la cause du patriotisme est sujet à être accusé. Souvent on le soupçonne pour la plus légère omission.
      … Il n’y a que deux mois qu’on avait l’opinion qu’un journal devait également publier tout ce qui se dit pour ou contre ; en sorte que nous étions forcés, sous peine d’être dénoncés, sous peine de perdre la confiance de nos abonnés, de publier les diatribes les plus absurdes des imbéciles ou des intriguants du côté droit. Cependant vous devez avoir remarqué que toujours le Moniteur a rapporté avec beaucoup plus d’étendue les discours de la Montagne que les autres. Je n’ai donné qu’un court extrait de la première accusation qui fut faite contre vous par Louvet, et j’ai inséré en entier votre réponse. J’ai rapporté presque en entier tous les discours qui ont été prononcés pour la mort du roi, et je ne citais quelques extraits des autres qu’autant que j’y étais indispensablement obligé pour conserver quelque caractère d’impartialité. Je puis dire avec assurance que la publicité que j’ai donnée à vos deux discours et à celui de Barrère en entier n’a pas peu contribué à déterminer l’opinion de l’Assemblée et celle des départements.
      Personne ne contestera non plus que le Moniteur n’ait rendu les plus grands services à la révolution du 10 août. Au reste, il suffit de jeter un coup d’œil sur nos feuilles depuis un mois pour voir qu’il n’est aucun journal qui ait plus contribué à culbuter dans l’opinion publique les intrigants dont le peuple va faire justice. D’après cela nous croyons avoir quelque droit à l’indulgence et même à la protection des patriotes… »

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