Pauvreté et comparaisons grossières : le cas France/États-Unis

La comparaison des taux de pauvreté entre nations ne rime à rien, vu que le seuil de pauvreté varie d’un pays à l’autre.

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Pauvreté et comparaisons grossières : le cas France/États-Unis

Publié le 4 décembre 2012
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En temps de crise, la pauvreté est un sujet omniprésent, en particulier lorsque les inégalités de revenu s’accroissent. Les opportunités de citer les statistiques de la pauvreté, et en particulier le taux de pauvreté, ne manquent pas.

Hélas, le taux de pauvreté est souvent utilisé à tort et à travers, notamment par le biais de comparaisons entre deux années, ou entre deux pays. Or comparer le taux de pauvreté de deux pays, ou de deux années éloignées, ne tient plus de l’art des statistiques mais plutôt de la manipulation du débat publique ou bien de l’incompétence.

Je ne suis pas un amateur de la théorie du complot qui prétend que les statistiques sont truquées, mais simplement que les commentateurs qui les utilisent le font en méprisant leur définition, ce qui leur permet de faire croire aux gens l’inverse de ce que disent effectivement les données.

Prenons un exemple, le premier graphique compare le « taux de pauvreté national » en France et aux États-Unis, d’après les données de l’OCDE. Pour une quantité innombrable d’articles de presse, ce graphique montre clairement qu’il y a beaucoup plus de pauvres aux États-Unis qu’en France. Pratiquement le double.

Source : OCDE.

Mais laissez-moi maintenant vous présenter un autre graphique qui représente les revenus disponibles (après impôts et redistribution) par quintile, c’est-à-dire la distribution des revenus par tranche de population, des 20% les plus pauvres aux 20% les plus riches. Un regard aux 20% les plus pauvres semble indiquer qu’ils disposent d’un meilleur niveau de vie aux États-Unis qu’en France. Une contradiction, semble-t-il, avec le premier graphique.

 

Sources :
Répartition des revenus aux Etats-Unis (Banque Mondial – WDI)
Répartition des revenus en France (INSEE)
Revenu moyen par tête (Banque Mondiale)

Pour comprendre cette différence, il faut se référer à la définition du taux de pauvreté. L’OCDE fournit l’explication suivante :

Les individus sont considérés comme pauvres lorsque le revenu équivalent de leur ménage est inférieur à 50% du revenu médian dans chaque pays. Il découle de l’utilisation d’un seuil de revenu relatif que le seuil de pauvreté augmente avec le revenu du pays. Cette variation du seuil de pauvreté en fonction de la richesse nationale traduit l’idée que la « non-pauvreté » correspond à la possibilité d’avoir accès aux biens et services jugés « normaux » dans un pays donné. Le taux de pauvreté désigne le nombre d’individus qui se situent en deçà du seuil de pauvreté.

On comprend immédiatement que les comparaisons entre pays ou entre périodes ont peu de sens, vu que la définition de la pauvreté est différente d’un pays à l’autre, ainsi que d’une époque à l’autre. Il est curieux de comparer la pauvreté en France selon le critère français, et la pauvreté aux États-Unis selon le critère américain. C’est un peu comparer les températures françaises en Celsius et les températures américaines en Fahrenheit, et en déduire qu’il fait plus chaud outre-Atlantique. Clairement, une comparaison juste devrait se baser sur une définition homogène de ce qu’est la pauvreté.

Le taux de pauvreté relative est défini comme la part de la population ayant un revenu disponible inférieur à 50% (parfois 60%) du revenu médian. Un pareil indicateur peut mener à n’importe quoi. En effet, si vous réduisez le revenu médian, vous réduisez aussi le seuil en dessous duquel les gens sont comptabilisés dans les pauvres. Ainsi, pour pousser la logique à l’absurde, si vous prenez l’argent des classes moyennes pour le distribuer aux plus riches, vous réduisez la pauvreté, telle que mesurée par cet indicateur !

Le graphique suivant expose la différence de définition de la pauvreté, selon le seuil de 50% du revenu médian, en France et aux États-Unis. Il est mesuré en dollars et à parité de pouvoir d’achat. Donc aux États-Unis, une personne sera comptabilisée comme pauvre si son pouvoir d’achat est inférieur à $15 500, tandis qu’en France elle ne sera comptabilisée qu’en deçà de $10 000.

Sources : OCDE.

D’où cette différence vient-elle ? Si vous vous référez à la distribution des revenus par quintile, vous constaterez que la différence de niveau de vie entre le quintile le plus pauvre et le quintile du milieu est assez faible en France, alors que la différence est nettement plus marquée aux États-Unis. Selon votre couleur politique, vous y verrez que la France est un pays plus égalitaire ou bien que nous pratiquons le nivellement par le bas, ce qui a un effet commode sur le taux de pauvreté.

Le prochain graphique présente la répartition de la population américaine par revenu, grâce aux données extraordinairement détaillées du recensement américain. Si on manquait de rigueur, on pourrait s’amuser à comptabiliser la part de la population en dessous de $10 000 dollars, pour voir le taux de pauvreté selon la norme française. Je ne vous invite pas à faire ce calcul, les données ne sont pas retraitées pour cela et ce serait immensément grossier (par exemple, le périmètre de l’action publique n’est pas du tout le même).

Remarquez juste que selon qu’on prenne un seuil à $15 000 ou à $10 000, le taux de pauvreté passe de 13,6% à 7,7%, donc une différence de $5 000 divise le nombre de pauvres par presque deux. Donc la différence entre les taux de pauvreté des deux pays s’explique en premier lieu par le niveau de vie inférieur des classes moyennes en France, ce qui n’a aucun rapport avec le niveau de vie des véritables pauvres.

Source : US Census Bureau.

Peut-être votre œil s’est-il déjà attardé sur les immenses différences raciales : l’essentiel de la population noire et latino se concentre dans les plus basses tranches de revenus (à gauche). J’espère que vous trouvez ce niveau de détail intéressant. Sachez qu’en France, la production d’une telle étude ou d’un tel graphique vous conduirait devant les tribunaux, une loi de 1978 interdisant « de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques. »

Dans le cas présent, l’existence de ces données est à l’évidence intéressante. En effet, quel que soit le domaine, un indicateur peut refléter quelque chose de totalement différent de ce qu’il est censé mesurer. Par exemple, certains lycées ont des meilleurs résultats au baccalauréat car ils empêchent certains élèves aux résultats incertains d’accéder à la classe de terminale, et donc de peut-être échouer au baccalauréat. Dans ce cas, le bon taux de réussite ne reflète pas des qualités pédagogiques mais une sélection de la population considérée (les élèves de terminale). J’y reviendrai.

Si nous revenons à notre graphique, nous voyons que les pauvres américains sont en grande partie noirs et latinos.

Pour une grande partie des noirs, ceux dont la population est établie depuis maintenant des siècles, cela reflète un vrai problème racial aux États-Unis. Ce problème n’est pour le moins pas nouveau. La défense acharnée de l’esclavage par le parti Démocrate a coûté 700 000 vies américaines au milieu du XIXème siècle, ce qui n’a pas découragé ce parti de soutenir plus tard l’apartheid jusqu’aux années 1960.

Pour la partie hispanique et la population noire récente, se pose la question des différentiels d’immigration entre la France et les États-Unis. En effet, il s’agit d’une population largement arrivée dans les dernières décennies. Donc pour comparer la France aux États-Unis, il serait juste de prendre en compte le phénomène trompeur que j’évoquais plus haut pour les lycées, qui est la sélection à l’entrée.

Le dernier graphique représente le pourcentage de la population née respectivement hors des États-Unis et hors de l’Union Européenne. La population étrangère, venant principalement de l’Amérique Latine, est deux fois et demie plus importante aux États-Unis qu’en France.  Les autres principales origines de l’immigration américaine sont dans l’ordre la Chine, l’Inde, les Philippines et le Vietnam.

Sources :
États-Unis : « Immigration to the United States », Wikipedia
France : INSEE – Population immigrée

Il est évident que si on laisse entrer plus d’immigrés venant de pays pauvres sur son territoire, on se retrouve mécaniquement avec davantage de pauvres. Pour autant, cela ne signifie pas que la société est créatrice de pauvreté, simplement qu’elle ne la laisse pas à sa porte. Donc le fait même qu’un pays ait plus de pauvres qu’un autre ne suffit pas à déduire mécaniquement qu’il lutte moins efficacement contre la pauvreté.

J’espère que mon analyse vous a convaincu que ces taux devaient être manipulés avec d’extrêmes précautions, et qu’en vérité ils étaient soumis à tant d’interprétations et de différence que leur utilité dans des comparaisons internationales est plus hasardeuse qu’intéressante. Mais même au plan philosophique cet indicateur pose souci. La pauvreté est un problème absolu, la gravité de la pauvreté ne se mesure pas à la relative richesse du voisin. La galère des classes moyennes ne permet pas de réduire la pauvreté, contrairement à ce que dit le taux de pauvreté !

Au début des années 1990, un député travailliste avait interpellé Margaret Thatcher à ce sujet. Le pauvre avait eu l’honnêteté intellectuelle d’utiliser les mots corrects, de ne pas parler de « la pauvreté » mais de la « pauvreté relative » et du fossé entre riches et pauvres. La dame de fer avait eu la présence d’esprit de lui expliquer que seul le niveau de revenu des pauvres importait, et non l’écart avec les plus riches : « dès lors que cela réduirait l’écart, ils préféraient que les plus pauvres soient encore plus pauvres ! »

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  • Bon article, mais j’irais plus loin. Les indicateurs monétaires permettent d’agglomérer des réalités très diverses, mais sont très instables.
    Il faudrait aussi pouvoir comparer concrètement ce que l’on peut obtenir avec telle ou telle somme. Or les calculs de parité de pouvoir d’achat ne sont que des pis-aller lorsque les structure des dépenses sont très différentes. Le coût de la nourriture est très faible dans les pays pauvres mais le moindre équipement électronique importé est à un prix prohibitif.
    Un petit regard du côté des taux d’équipement serait sans doute très instructif.

    Comment expliquer à un Africain, candidat à l’émigration, que l’on peut être pauvre en France et avoir la télévision, le frigo etc?

    • J’ajouterais aussi que la structure de la pauvreté est différente : une famille pauvre aux USA n’est pas forcément composée de chomeurs, mais le plus souvent de travailleurs non-qualifiés.
      Or, en travaillant, on se qualifie, donc on se permet de s’extraire de sa situation actuelle, moyennant des efforts. En France, on nait (et « on est », d’ailleurs) riche ou pauvre, et on le reste. Le chômage en France est souvent le début de la fin. Aux états-unis, ce n’est qu’un mauvais passage

    • Monsieur est servi: http://www.objectifliberte.fr/2004/08/le-libralisme-2.html

      Dans cet article qui date un peu (2004, mais il ne doit pas y avoir d’énormes différences aujourd’hui), Vincent Bénard évoque justement les biens qu’un « pauvre » français et un « pauvre » américain peuvent avoir.

      D’ailleurs le Census Bureau américain ne calcule pas le taux de pauvreté par rapport au revenu médian, ce qui est assez idiot et à plutôt tendance à mesurer les inégalités qu’autre chose, mais par rapport au pouvoir d’achat d’un panier de biens de consommation « de base ».

      Bonne lecture!

      PS: j’ai posté le même message avec l’app iPad Contrepoints, et il a disparu. Z’êtes sûrs qu’elle est au point cette app?

      • Ah ben voilà, mon message est apparu (avec un petit retard). Du coup, ça fait doublon. M’sieurs les modos, pourriez supprimer celui du bas siouplait?

      • « Première surprise, le logement: 46% des ménages pauvres américains possèdent leur logement » Quand je mets ce commentaire en perspective avec la crise des subprimes cela me fait bien sourire. Blague à part, il serait intéressant de supprimer la composante « endettement » de ce genre d’étude.
        Merci pour l’article quoiqu’il en soit.

    • « Il faudrait aussi pouvoir comparer concrètement ce que l’on peut obtenir avec telle ou telle somme »

      un petit exemple: le carburant (essence) aux USA est moitié moins cher qu’en France

  • J’adore la caricature 😉

  • Mais, dans les faits, qu’est-ce donc être pauvre aux États-Unis ? En se fondant sur diverses statistiques publiques, Robert Rector nous rappellait en 2007, dans un article publié par The Heritage Foundation, que parmi ceux que l’on désigne officiellement « pauvres » dans ce pays, 43% possèdaient leur propre maison, 80% l’air conditionné, près des trois quarts au moins une voiture, et 31% deux ou plus, 97% un téléviseur couleur et plus de la moitié deux ou plus, 78% un lecteur vidéo ou DVD, 89% un four à micro-ondes, plus de 50% un équipement stéréo, plus d’un tiers un lave-vaisselle et 62% étaient connectés au câble de télédistribution ou avaient une antenne parabolique. Le « pauvre » des États-Unis moyen dispose également de plus d’espace – 134 m² – pour vivre qu’une famille normale de Paris, Londres, Vienne, Athènes ou d’autres villes européennes (120 m² en moyenne en Europe) : seuls 4% des foyers pauvres américains sont surpeuplés et plus des deux tiers offrent plus de deux pièces par personne.
    http://s3.amazonaws.com/thf_media/2007/pdf/bg2064.pdf

  • @ pecqror

    C’est plus ou moins ce que dit l’article de Vincent Bénard que j’ai mis en lien. 😉

    • Enfin surtout de l’enfumage : si le ratio interdécile brut S80/S20 est 6,88 contre 4 en France, il a naturellement, et fort heureusement besoin d’être moins réduit après redistribution (au final, on est quand même à un taux de 3,99 aux US [soit le taux brut français] contre 2,55 en France – donc avec des niveaux de rémunération beaucoup plus équilibrés chez nous).

      Selon l’iFRAP, pour être plus égalitaire, il faudrait donc soit taxer encore plus les riches en France, soit augmenter les plus faibles rémunérations, avec l’impact que l’on peut prévoir sur la compétitivité, je ne suis pas certain que ce soit véritablement le sens de leur analyse 😉

      • VinsK: « ne suis pas certain que ce soit véritablement le sens de leur analyse »

        Effectivement, l’analyse étant qu’il faut chercher l’enrichissement qui fini par profiter à tous et pas l’égalitarisme qui fini par appauvrir tout le monde.

  • Attention erreur de traduction dans la vidéo, ce n’est pas de démocratie censitaire dont parle Thatcher !

  • On peut ajouter autre chose à ce nouvel excellent article d’acritène et aux commentaires précédents.

    En plus de la distinction entre pauvreté relative et pauvreté absolue, il convient de faire remarquer la mobilité des individus face à la pauvreté et le caractère arbitraire d’une périodisation sur une année.

    Aux Etats-unis comme en France, les gens ne sont pas figés dans la pauvreté et changent de catégorie d’année en année. Aussi, si les statistiques étaient établies sur une période plus longue ( 5 ou 10 ans par exemple), les inégalités de revenus diminueraient fortement dans les deux pays mais elles diminueraient plus fortement dans le pays où les inégalités annuelles sont les plus fortes.

    Par conséquent, l’avantage des pauvres américains sur les pauvres français serait plus substantiel encore si une période plus longue était prise en compte.

    Cela explique probablement pourquoi la taille du logement des pauvres américains est comparable à celui de la moyenne des français (voir l’article de Vincent Benard cité par Matéo) .

    • Oui, il suffit de regarder la part du chômage de longue durée dans le chômage total pour avoir un aperçu de cela.

      On est beaucoup plus souvent au chômage aux Etats-Unis dans une vie, mais on l’est aussi beaucoup moins longtemps qu’en France !

      Bon cela dit, je ne crois pas que l’effet soit si majeur. Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, la propension à être « coincé » en bas est assez forte.

  • vous semblez ignorer les autres mesures de la pauvreté (cf l’onpes)

    pauvreté en conditions de vie, stigmatisante, intensité de la pauvreté, intégrante etc etc

  • @ Acrithene

    Analyse intéressante mais pas complètement pertinente, car aux USA le taux de pauvreté est en fait calculé de façon absolu par la gouvernement (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pauvret%C3%A9_aux_%C3%89tats-Unis ou la version anglaise de préférence). Or, d’une part, le montant absolu estimé par le gouvernement est encore plus haut que celui de l’OCDE, et d’autre part, en France, il peut être encore largement plus haut sans briser le ratio global défavorable aux US. En effet, pour un foyer de 4 personnes le seuil absolu est a $22541 pour le gouvernement US en 2010, contre 24288€ soit $31771 en France, d’après l’Insee 2010 pour un taux relatif à 60%, le tout pour un pourcentage de la population à 15,1% aux USA contre 14,1% en France.

    Donc finalement, pour des taux de pauvreté comparables, on est bien à des revenus disponibles 40% supérieur en France qu’aux US. Si on ajoute que le seuil absolu US inclue, par exemple, les dépenses de santé très peu prises en charge aux USA mais très chères (d’où un besoin encore significativement plus grand de revenu disponible aux US que chez nous où des contributions sociales importantes sont déjà prélevées), on peut aisément aboutir à une conclusion d’exact opposé à la votre.

    Finalement, il n’y a sans doute pas grand choses de vraiment objectif, à tirer de ces chiffres, sauf ce que ce les analystes veulent prouver en les présentant à leur façon (ce dont je ne vous accuse pas particulièrement de faire, puisque je le fais moi-même pour appuyer un point de vue différent).

    Mais néanmoins, au contraire de vous, je pense qu’il n’est pas possible de parler des pauvreté de façon absolu, si l’on veut s’inscrire dans la lutte contre cette pauvreté, tant les besoins de chacun sont dépendants de la société dans laquelle il vit. Si l’on ne peut écarter l’existence de l’extrême pauvreté, pour laquelle nous ne faisons finalement pas grand chose à l’échelle du monde, la pauvreté qui doit nous faire agir, c’est a minima celle de ceux qui vivent près de nous, du moins dans une démocratie. Alors, que les règles du marketing essaient depuis longtemps de fournir des techniques pour cibler la majorité des consommateurs d’un pays, définissant un consommateur type (qui n’a rien à voir entre les différents pays du monde, faute d’un pouvoir d’achat similaire), comment vouloir nous faire croire que la pauvreté, qui nous parle vraiment, possède un caractère absolu ? Nous vivons ensemble, à proximité de nos voisins, les besoins essentiels auxquels nous aspirons sont globalement les mêmes que les leurs.

    • @VinsK

      Les Etats-Unis calculent le taux de pauvreté absolu. Mais les comparaisons internationales que vous trouvez dans les journaux sont sur des taux de pauvreté relatifs, même pour les Etats-Unis.

      Vous faîtes comme si je comparais le taux absolu US officiel calculé par le gouvernement US et le taux français relatif calculé par l’INSEE.

      Non je compare deux taux relatifs calculés par l’OCDE ! C’est ceux là que vous voyez dans les journaux, pas le taux absolu dont vous parlez.

      Personne ne compare le taux absolu au taux relatif.

      • D’accord avec vous, mais justement, là où je veux en venir c’est que quel que soit l’outil de mesure, on tombe toujours sur le même type de résultat : la pauvreté aux US semble supérieure à celle de la France. Ce qui est valable pour le relatif, l’est aussi pour le taux absolu US. Donc les biais du taux relatif n’ont finalement que peu d’importance.

        Pour le reste ce que je tiens à souligner c’est vraiment la nécessaire relativité de la notion de pauvreté : les pauvres ne sont pas les mêmes à Calcutta qu’à Marseille, mais tous les cas, des sociétés évoluées doivent s’avoir s’organiser pour s’en occuper et donner la chance aux pauvres de sortir de leur précarité…

        • Excusez moi je vous avais mal lu. Je comprends mieux votre remarque.

          Refaisons les comptes. Dans la statistique de l’INSEE, il y a trois types de ménages à deux parents et deux enfants, selon l’âge de l’enfant. Vous avez retenu celui de 2008€ par mois, soit 24 000€ par an
          (http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=NATnon04410)

          Je vous propose de prendre plutôt le cas moyen, 1847€ par mois, soit 22160€ par an.

          Ensuite, vous avez appliquer le taux de change du marché, et non le taux à parité de pouvoir d’achat. Donc moi j’applique le taux de 2010 à ppa (http://stats.oecd.org/Index.aspx?DatasetCode=SNA_TABLE4)

          Soit 1$=0.872€

          Donc on obtient 24000€/0.872=25400$

          Votre différence n’est plus que de 13%, et non de 40%. Certes il laisse un écart favorable aux Etats-Unis, mais convenez qu’il n’est pas massif.

          Je ne dis pas dans l’article qu’il n’y a aucune différence, mais que 1) l’écart énorme des taux de pauvreté est trompeur. Nous sommes d’accord car selon les calculs que je viens de vous présenter selon votre exemple, l’écart de revenu est de seulement 13%. Ensuite 2) que cet écart, finalement restreint, peut entièrement s’expliquer par le différentiel migratoire.

          D’ailleurs, le cas de la famille à 2 enfants jeunes ressemble assez de l’immigré récent.

          Qu’en pensez-vous ?

          • Tout à fait d’accord avec votre calcul. Après on peut convenir, bien évidement que selon l’endroit où l’on habite, le prix du logement, le distance à parcourir pour aller à son travail, etc. la précarité n’est pas la même à 2000€/mois dans toute la France. Ce qui rejoint encore une fois ma dernière remarque, la pauvreté est quelque chose de relatif… Ces indicateurs globaux doivent être manipulés avec précaution, et c’est sans doute plus leur évolution temporelle, qui peut être un indicateur intéressant.

  • La méthode de calcul du taux de pauvreté de l’OCDE, décrite dans l’article, et véritablement scandaleuse! Si on pousse le raisonnement à l’extrème, on obtient les résultats suivants:

    1. Un pays totalitaire, dans lequel l’immense majorité de la population se fait voler l’immense majorité de ses revenus par le pouvoir politique, pourrait avoir un taux de pauvreté très bas, tant que les revenus de la population sont homogènes.

    2. Si toute la population du pays gagne très exactement 1$ par jour, le taux de pauvreté est de 0%.

  • Autant le reste de la demonstration est intéressante autant la fin me semble un peu faussée. Est-ce que les étrangers sont tous pauvres? Les Etats-Unis attirent aussi des « cerveaux » qui certes n’ont pas forcément au début beaucoup de richesses mais qui par leur formation seront riches.
    En France vous donnez le taux d’étranger hors UE. J’imagine que c’est plus dur de calculer à cause de l’espace Schengen mais on peut quand meme dire que les étrangers de l’UE sont probablement aussi en partie des cerveaux.
    D’ailleurs on n’accueille pas « toute la misére du monde » puisque pour émigrer il faut une certaine richesse économique (pour payer les passeurs ou en cas légal le billet d’avion, le visa peut etre) et sociale (les autres personnes qui payent on confiance en l’émigrant, il pense qu’il pourra faire quelque chose ou en cas légal avoir déjà un travail là-bas ou des contacts)
    Mais bon justement toutes ces objections montrent en effet justement que ce n’est pas comparable.

    • Cela impliquerait une forte proportion de cerveaux dans la population mexicaine…

      • Oui mais il n’y a pas que des mexicains qui émigrent. Et meme si ce que je dis est faux (ce ne sont que des hypothèses) montrer juste un graphique comparant les personnes nées à l’étranger hors UE en France et aux US n’est pas suffisant comme démonstration.

  • La video de thatcher est extraordinaire, quelle sacré bout de femme quand même, j’adore la fin … Sur l’Euro, quelle lucidité !!! Comme elle avait raison !

    • Et oui, elle voyait juste l’euro (et l’UE qui devient de + en + un Etat Europe Fédéral), là où la plupart des liberaux français d’aujourd’hui ne comprennent tjr pas. Le jour où on aura une Thatcher française et notre Nigel Farage, on sera sauvé.

  • manipulation du débat publique –> public

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