Ta légende personnelle

Tu trépignes, tu protestes et tu t’indignes ; tu te perds en pétitions, en appels à la raison et en arguments. Mais à quoi bon ? Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener, celui-là en est un.

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Ta légende personnelle

Publié le 30 octobre 2012
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Tu trépignes, tu protestes et tu t’indignes ; tu te perds en pétitions, en appels à la raison et en arguments. Mais à quoi bon ? Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener, celui-là en est un.

Par Georges Kaplan.

J’entends ta colère et tes lamentations. Je les entends d’autant mieux que ta colère est la mienne et que tes lamentations sont les miennes aussi. Nous sommes frères toi et moi. Nous sommes faits du même bois.

Depuis le jour de notre naissance, nous avons eu conscience, au plus profond de nous-mêmes, que tout ceci prendrait fin. Un jour ou l’autre, aussi sûr que nous sommes nés, nous mourrons. Ce court laps de temps qui nous est imparti – notre vie – nous avons toujours su, toi et moi, que nous devions le vivre pleinement. Il n’y aura pas de deuxième essai, pas d’autre chance. Cette vie, la nôtre, sans aucun doute possible, a un but ; un but unique, sacré et dont personne ne pourra nous détourner.

Nous devons créer notre destin, bâtir notre légende personnelle.

Tu es seulement un instrument de la lumière. Tu n’as aucune raison de t’enorgueillir, ni de te sentir coupable ; il n’y a de motif que d’accomplir ton destin. [1]

Rien de ce que tu as fait ou feras à l’avenir ne tend pas vers ce but. Tu aimes avec passion parce que tu ne sais et tu ne veux pas aimer autrement. L’élue de ton cœur, ces enfants qu’elle t’a donnés, portent sa marque. Tu rêves, tu crées et tu construis parce que tu ne sais et tu ne veux pas vivre autrement. Chacune de tes entreprises porte sa marque. Tu es un ami fidèle, un fils affectueux et un ennemi terrible parce que c’est dans la mémoire des autres que ta légende se construit. Ta légende personnelle ; ta vie ; ce qu’il restera de toi quand tu ne seras plus là.

Et aujourd’hui, tu es en colère et tu te lamentes. Ils détruisent tes rêves, ils t’enferment dans leur étroit réseau de règles compliquées et minutieuses, ils t’accusent de crimes sans victimes et te punissent sans autre forme de procès. Tu sais bien que ces nobles motifs dans lesquels ils se drapent ne sont que de piètres faux-nez qui cachent si mal leurs misérables intentions. Ont-ils jamais procédé autrement ? Alors tu trépignes, tu protestes et tu t’indignes ; tu te perds en pétitions, en appels à la raison et en arguments. Mais à quoi bon ?

Également instruit de ce que tu pourras et de ce que tu ne pourras pas, tu ne formeras aucune entreprise qui ne puisse être menée à bonne fin. [2]

Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener. Ce n’est pas de la lâcheté, ce n’est pas une reddition. Ils sont supérieurs en nombre, tu le sais bien, et mieux armés que nous. Ces gens-là n’ont pas la moindre trace d’amour dans leur cœur, ils n’ont pas la moindre trace de fierté ni d’humanité. Ils vivent au jour le jour, sans autre objectif que de vivre – ou plutôt de survivre – encore quelques jours à tes dépens. Ils n’aiment pas, ne créent pas et ne construisent pas, ils n’ont pas de vie propre, pas de légende personnelle à bâtir. Ils ne sont que les atomes anonymes d’un groupe chimérique, des bestiaux sacrificiels qui réclament qu’on immole ta vie à leurs besoins immédiats en attendant d’être sacrifiés eux-mêmes aux besoins d’un autre.

Pourquoi mènerais-tu ce combat ? Quelle gloire pourrais-tu bien en tirer ? Tu sais que tu ne gagneras pas. C’est écrit. Pourquoi sacrifierais-tu tout ce que tu aimes, tout ce que tu as construit et pourrais construire ? Pourquoi abandonnerais-tu ton plus noble combat, notre combat, le seul qui puisse être noble ; celui qui consiste à poursuivre nos rêves ? Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener, celui-là en est un.

Je sais bien qu’ils nous appellerons « traitres » ; ils l’ont déjà fait tant de fois. Ils voudront trainer nos noms dans la boue et ce, d’autant plus que l’heure de leur jugement approchera. C’est ce qu’ils ont toujours fait et, invariablement, le juge, le plus impitoyable de tous, est venu. C’est leur destin, celui qu’ils ont choisi ; pas le tien. Le temps joue pour toi. Laisse-le donc faire : c’est un allié puissant.

Souviens-toi de ta mission, de ta promesse, de cette étoile sur ton berceau. Souviens-toi de tes enfants, de cette femme qui t’aime, de tes parents, tes amis, tes projets et tes rêves. Ne pense qu’à eux, poursuis ta vie, construis ta légende personnelle.


Sur le web.

Notes :

  1. Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière (1997).
  2. Sun Tzu, L’art de la guerre (c. VIè siècle avant J.C.).
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  • Très beau texte M. Kaplan ! J’aimerai savoir si je ne suis pas loin du compte en disant que le message de fond est : ami ne fais pas de politique mais essaies de bâtir ta vie ?

  • Et si batailler contre tous ses étatistes totalitaire, à la manière d’un Don Quichotte, n’était pas une activité inutile, mais un aspect de sa vie, une composante de son équilibre mental ? Un témoignage pour ses enfants.

    Je suis cependant d’accord qu’un certain nombre de gens ne mérite ni la franchise, ni la vérité, ni de perdre du temps avec eux.

    Cependant on ne peut pas dire que le combat des idées est inutile. Nous lisons encore Bastiat, Hayek,etc..
    Quel bonheur pour une jeune esprit, s’ignorant libéral, de découvrir un lointain frère d’arme qui lui dessile les yeux.
    Mon cher Kaplan, poursuivez votre oeuvre de salubrité publique !

  • Quel lyrisme pour un message politique !
    Depuis victor Hugo c’est un style qui disparaît…

  • très beau texte, le sous-titre pourrait être « misère et grandeur des libéraux »
    une coquille à corriger: « c’est un allié puissant ».

  • « Le temps joue pour toi. Laisse-le donc faire : c’est un allié puissant. »
    C’est vrai mais pas pour la raison que vous pensez.
    Avec le temps, en mûrissant, vous commencerez à comprendre que le monde n’est pas peuplé de gens qui vous en veulent, juste de gens qui ne pensent pas comme vous. Vous vous rendrez compte que vous dépendez d’eux bien plus qu’ils ne dépendent de vous.

  • A 38 ans vous parlez comme si vous en aviez 13.C’est beau la jeunesse.

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