Le sujet des devoirs à la maison pose la question du rôle de l’école

L’école a-t-elle pour but premier d’instruire ou bien de réduire les inégalités sociales ?

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Le sujet des devoirs à la maison pose la question du rôle de l’école

Publié le 15 octobre 2012
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Un sondage IFOP vient de donner une précieuse information : plus de deux tiers des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison. Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre de l’Éducation nationale d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ?

Par Anne Coffinier, directrice de la Fondation pour l’école.

Alors que Vincent Peillon s’est exprimé la semaine passée sur la modification des rythmes scolaires et sur l’organisation du temps scolaire hebdomadaire, un sondage Ifop pour Radio Alouette publié le 9 octobre indique que 68% des Français sont opposés à la suppression des devoirs scolaires à la maison pour les élèves du primaire. Ils sont 78% parmi les professions libérales et cadres supérieurs et 63% chez les employés et ouvriers.

Pourtant, faire faire leurs devoirs aux enfants n’est une sinécure pour personne, surtout quand les deux parents exercent une profession, comme c’est le cas la plupart du temps aujourd’hui. Si les Français sont si massivement favorables aux devoirs à la maison, c’est qu’ils sont vivement attachés à une certaine conception de l’école qui justifie pleinement le travail personnel à domicile : la conception qui veut que l’école ait pour finalité première de transmettre les connaissances, c’est-à-dire d’instruire, ce qui suppose de répéter chez soi ce que l’on a vu en classe, de faire un effort de mémorisation et d’effectuer des exercices d’entrainement pour parfaire la maîtrise de ces nouvelles connaissances et les ancrer durablement dans la mémoire.

Pourtant la FCPE, principale association de parents d’élèves, a demandé officiellement au ministre la suppression des devoirs à la maison au primaire. On peut lire sur son site « La FCPE et l’ICEM-Pédagogie Freinet dénoncent la persistance des devoirs à la maison. Personne n’en a jamais prouvé l’utilité ». Constat qui ne manque pas de sel au regard des résultats du sondage IFOP. Pourquoi cette position de la FCPE à rebours de celle des parents ? Parce que la FCPE est historiquement acquise à l’idée que le but premier de l’école est un but social et politique : transformer la société par l’école, en faisant de cette dernière un moyen d’annihiler les différences sociales. En clair, l’école nouvelle manière doit être telle que le fils de notaire ne soit pas avantagé à l’école par rapport au fils d’ouvrier. LA FCPE le reconnaît sans s’en cacher sur son site internet : « [Les devoirs à la maison] ne font qu’accentuer les inégalités entre les enfants selon qu’ils peuvent ou non bénéficier d’aide à la maison. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont proscrits en primaire par une circulaire de 1956. »

Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire (transmettre les connaissances) ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ? C’est une question qui mériterait d’être posée au peuple dans le cadre d’un référendum. Rester dans le flou sur cette question, c’est prendre la responsabilité de refonder l’école sur les sables mouvants d’un malentendu majeur. C’est travailler sur les moyens pédagogiques sans avoir précisé préalablement au service de quelles finalités on en devait juger l’efficacité. Il est clair que cette ambiguïté n’est pas étrangère à la baisse de niveau de l’école française, depuis que cette dernière a fait passer les objectifs politiques (changer la société par l’école) au détriment d’objectifs scientifiques (transmettre les savoirs).

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Sur le web.
Une tribune publiée initialement sur Le Cercle Les Échos, reproduit avec l’aimable autorisation du Blog de la liberté scolaire.

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  • « Ce sondage doit donc donner l’occasion au Ministre d’oser poser publiquement la finalité de l’école : a-t-elle pour but premier d’instruire (transmettre les connaissances) ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ? »
    ———————————————————————-
    Ne provoquez pas le ministre, il risque d’accepter le défi. La question qui sera posée au référendum est, roulement de tambour… :
    « Est ce que vous êtes pour que l’école réduise les inégalités socio-économiques criantes causées par l’ultra-libéralisme ».

    Les français vont à coup sûr répondre OUI, c’est à rien y comprendre…

  • Les devoirs à la maison qui accentuent les inégalités, ça signifie surtout que l’enseignement n’est pas efficace… Si des parents qui « surveillent » les devoirs apportent un plus à leurs enfants (en créant de l’inégalité d’après les socialistes), c’est que l’enseignement n’a pas été suffisant à l’école. C’est d’une logique imparable !

    On doit arrêter le politiquement correct et juger l’enseignement comme il se doit. Se contorsionner devant le corps enseignant n’est qu’une pratique politique, et rien d’autre.
    L’excellence ne fait pas partie de l’enseignement, car l’enseignement refuse l’exception(nel), car l’enseignement est une administration. Et aucune administration n’est excellente en rien.

    • @Chris

      « C’est d’une logique imparable ! »

      Einstein, qui s’y connaissait en excellence, disait que par la raison on pouvait démontrer la nécessité de détruire le monde (notre planète) plutôt que de s’entailler le petit doigt.

      D’autre part, le même niveau d’excellence existe dans l’enseignement en France que dans les entreprises, puisque celles-ci, Françaises mais pas seulement, s’arrachent les diplômés de nos Grandes Écoles.
      Donc les circuits d’excellence fonctionnent plutôt bien, c’est plutôt pour les autres qu’il faut chercher l’amélioration.

    • Oui, bon, faut être honnête aussi : Il est impossible à un enseignant de faire aussi bien avec 20-30 elèves par classe qu’un parent instruit et motivé en tête-à-tête avec ses rejetons.
      Donc, oui, les devoirs accentuent les inégalités, et c’est inévitable.

      Quitte à vouloir les réduire, je préfère du soutien scolaire ciblé…

  • La FCPE, n’est pas association de parents d’élèves. C’est une association d’enseignants, diverticule historique d’un syndicat d’enseignants, dirigée par des enseignants. Alors certes les enseignants sont aussi, souvent, des parents, mais … ils restent enseignants syndicalistes avant tout.
    Une fois que ceci est clair, tout le reste le devient.

    • La FCPE est effectivement une maniere pour les profs de noyeauter le systeme par un sybdicat de plus, en s’appropriant la parole des parents d’eleves. Ecoutez la PEEP et le discours sera radicalement different.

  • Devoirs, pas devoirs. Il y a pourtant une solution alternative. Les heures d’études en fin de journée préserve aussi bien l’enseignement que la justice sociale. Par contre, cela demande des moyens, en période de restriction budgétaire c’est peut être pas le moment…

    • Bof… Les heures d’études, si elles sont obligatoires, enlèvent, de force, des heures aux parents responsables pour aider leurs enfants. Et, si elles ne sont pas obligatoires, pertuent le problèmes dont se plaignent ces gens.
      Sans parler de la qualité des heures d’études en question. Ma fille, à 8 ans, faisait ou ne faisait pas ses devoirs, avec ou sans erreurs, durant l’étude payée en sus.
      Nous nous sommes organisés autrement.

  • et pourquoi donc l’école n’aurait donc pas finalité d’instruire et de réduire les inégalités ? ce n’est pas l’un ou l’autre mais l’un et l’autre !
    votre post est bien étrange et semble ignorer les travaux de Bourdieu ?

    • Vous voulez parler de ce marxiste ? Sur un site libéral ? Celui-là même qui a pourri la tête de milliers d’enseignants avec des fumisteries et aura provoqué la déchéance lamentable de tout le système éducatif sous les coups de boutoirs ridicules de son idéologie ?

      Ah oui, effectivement, on se doit d’ignorer Bourdieu.

  • C’est à chaque famille puis à chaque élève quand il est en age de le faire de décider quelle pédagogie il souhaite.Ce n’est pas à l’état de décider des objectifs suivis.Donc la solution passe obligatoirement par le chèque éducation tout au long de la vie.C’est ca oul’endoctrinement massif de gauche ou de droite au choix!

  • Ce sondage démontre encore une fois que la démocratie directe est la seule solution pour neutraliser les khmers rouges à la tête de l’EN.

    La démocratie directe n’a qu’un inconvénient: Il faut passer sur le corps de toute les féodalités en place pour l’instaurer (ou le fait dès la création du pays, comme la Suisse).
    Ce qui n’est possible qu’en cas de crise systémique.
    Or en voici venir une, et de belle taille.

    Passons le mot: Que le désastre qui vient devienne l’occasion historique de libérer le peuple du joug corporatiste.

    Tout deviendra possible dans la France libérée, même l’école vraiment libre !

    • Fucius et notre Ségolaine nationale, même combat pour la démocratie directe !

      Malgrés son coté Jeanne d’Arc, n’en déplaise à Fucius, non merci.

  • Bof…les Don Quichote du gouvernement n’ont toujours rien comprit ou font semblant de ne pas comprendre. les parents qui veulent donner la meilleure éducation à leur enfants y parviendront quelques soit les bâtons qu’ont leur mettra dans les roues. pas de devoirs à la maison? pas de soucis faisons appels au cours particuliers, à une école privé, à des cours sur internet (en plein développement)… les méthodes ne manquent pas…Donc tout cela n’aura comme toujours que pour conséquence de pénaliser les plus « modestes » et de renouveler la population d’assistés. ça tombe bien puisque c’est exactement le coeur de cible de l’UMPS…

  • C’est assez grotesque. Car les parents qui souhaitent que leurs enfants réussissent continueront à leur donner des exercices à faire à la maison…Et comme en général se sont les CSP + qui sont adeptes de ce genre de choses….

  • a-t-elle pour but premier d’instruire (transmettre les connaissances) ou bien de réduire les inégalités sociales au moyen de l’enseignement ? »
    Tout le monde aura lu: « inculquer les idées socialistes au moyen de l’enseignement »

  • J’ai entendu parler (sans jamais l’avoir vécu) d’un système d’heures d’études autrefois appliqué après les cours, afin de permettre aux élèves en général et tout particulièrement à ceux dont l’environnement familial ne permettait pas d’étudier efficacement chez eux, de le faire dans l’enceinte de l’école sous la responsabilité d’un surveillant (que je présume être un étudiant) , cette formule intermédiaire entre le régime actuel et l’internat me semble pertinente dans l’absolu pour combiner les deux objectifs véritablement républicains hors démagogie « 80% d’une classe d’âge au bac » (à savoir instruire ET garantir l’égalité des chances) , et plus encore en tenant compte des rythmes de travail parentaux : cela permettrait de calmer un peu le rush de la sortie des bureaux ET des classes.

  • Au delà du débat certes intéressant de savoir quel est le rôle de l’école, nous voyons à travers cette proposition stupide toute l’idéologie qui prédomine la politique scolaire depuis 40 ans, « le nivellement par le bas ». En quoi le fait de ne pas donner de devoirs à faire à la maison va permettre aux enfants faibles de devenir meilleurs? En rien. Ce que nous risquons de voir, ce sont des enfants qui ont besoin de reprendre le soir le travail de la journée, qui ont besoin d’exercices pratiques dans le calme ou à haute voix pour assimiler devenir mauvais. Cette proposition n’a d’autre but, même dans la logique égalitariste, que d’abaisser les bons en les privant de moyens d’exprimer leurs qualités sans permettre aux autres de s’améliorer. L’égalisation se fera donc par le bas et non par le haut.
    C’est la raison pour laquelle cette proposition a toutes les chances d’être retenue par les socialistes. Parti de la classe bourgeoise dominante, ils n’ont de cesse que de maintenir la plèbe dans son état inférieur. En la coupant du savoir qu’ils prennent soin de transmettre à leurs rejetons dans des établissements protégés, en la coupant de la culture qu’ils ont pervertie et transformée en soupe idéologique dont ils l’arrosent, en lui coupant l’accès à la richesse dont ils se réservent et répartissent les sources et enfin, en la maintenant économiquement dépendante, donc redevable, tels les seigneurs hobereaux d’autrefois des caricatures révolutionnaires. Nous avons la pire bourgeoisie de notre histoire. La plus méprisante à l’égard de la plèbe. Regardez le Peillon, puisque nous parlons d’école, et sa proposition de libéraliser la drogue. Ne vous rappelle-t-elle pas ces « méchants blancs » qui déversaient des chariots d’alcool dans les tribunes indiennes? Pousser le bas peuple toujours plus loin dans le vice, à la fois pour l’asservir et pour le dominer et justifier la différence qui assoit les privilèges.
    Ces bobos sont détestables et dénoncer leurs manigances est un devoir. Voilà, bon, je sors de mon domaine de compétence habituel, mais, à titre privé, ayant activement participé à la création d’une école privée hors contrat, exerçant de modestes responsabilités locales dans une association de parents d’élèves, j’avais envie d’exprimer mon regard sur les causes fondamentale du flingage en règle du système éducatif français.

  • « « [Les devoirs à la maison] ne font qu’accentuer les inégalités entre les enfants selon qu’ils peuvent ou non bénéficier d’aide à la maison. »
    Bref, on veut que tous les élèves donc les futurs citoyens soient des ignares !!!!
    Interdire les devoirs à la maison n’empêchera pas les familles qui veulent bien éduquer leurs enfants de leur faire faire des exercices.
    Par contre celles qui n’en ont rien à faire seront contente de ne plus avoir cette corvée.
    Au final on obtiendra l’effet inverse à celui escompté : on aura augmenté les inégalités en laissant les fainéants ou les élèves en difficulté sur le bords du chemin, tandis que les autres pourrons se payer des Acadomia et autres profs privés !!!

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