Pigeons : de l’oppression fiscale naîtra la liberté !

L’oppression fiscale actuelle est peut-être, paradoxalement, une chance pour notre pays. A cause d’elle, les entrepreneurs prenaient la fuite. Désormais, ils se révoltent. La liberté est en marche.

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Pigeons : de l’oppression fiscale naîtra la liberté !

Publié le 8 octobre 2012
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L’oppression fiscale actuelle est peut-être, paradoxalement, une chance pour notre pays. À cause d’elle, les entrepreneurs prenaient la fuite. Désormais, ils se révoltent. La liberté est en marche.

Par Mathieu Laine et Erwan Le Noan.

Décidément, il ne fait pas bon être « patron » en France. Il y a quelques semaines, après avoir stigmatisé la famille Peugeot, c’était Bernard Arnault qu’on insultait. Avec le PLF 2013, ce sont tous les entrepreneurs, les innovateurs et les créateurs que l’on sacrifie fiscalement sur l’autel de l’égalitarisme-roi. Les « pigeons », cependant, commencent à se rebeller. Ces oiseaux à qui l’on promet d’arracher jusqu’aux ailes pour remplumer un nid percé refusent de se cacher pour mourir. Ces volatiles, apparus spontanément sur les réseaux sociaux et traditionnellement de bon augure, annoncent à juste titre le pire à ce pays qui tourne délibérément le dos aux véritables producteurs de croissance et d’emplois, aux vrais financeurs d’un « modèle social » à bout de souffle.

La grande idée du moment en matière de fiscalité, c’est que le capital devrait être taxé autant que le travail. C’est pourtant une horreur économique, comme vient de le rappeler Matt Yglesias dans le débat américain. La rémunération du capital, pour un entrepreneur, c’est la récompense de sa prise de risque. Un risque non fantasmé et bien réel, comme Marc Simoncini et Capucine Graby le montrent brillamment dans leur dernier livre : « Grandeur et misère des stars du net » (Grasset, 2012). Alors que le mot clé en économie est « incitation », la surtaxation du capital est fondamentalement désincitative tant elle décourage la prise d’initiative et ponctionne exagérément la récompense de l’innovation, ce qui reste après avoir tout payé (les salaires, les locaux, l’impôt sur les sociétés, les charges, etc.). Tout entrepreneur sait d’ailleurs que le capital est taxé plus que le travail, puisqu’il subit la double peine de l’impôt sur les sociétés suivi de l’impôt sur les dividendes ou la plus-value. Une telle ambition, dramatiquement française dans l’âme, s’inscrit dans la volonté de privilégier une France de rentiers, d’héritiers non actifs, dans un conservatisme bridant ceux qui inventent, travaillent sans compter et sont les moteurs d’un avenir meilleur.

Le PLF 2013 prévoit ainsi que les cessions de valeurs mobilières passeront d’un taux de 34,5% (19% + 15,5% de prélèvements sociaux) à une taxation pouvant atteindre plus de 60%, par application du barème de l’IRPP ! Quant aux dividendes, on ne compte plus les impôts qu’ils subissent : le bénéfice sera taxé à 33,33% (auquel peut s’ajouter une contribution exceptionnelle de 5% adoptée par le Gouvernement Fillon), puis le montant distribué sera imposé à 3% (loi de finances de cet été). Ensuite, le dividende bénéficiera d’un abattement de 40% (mais plus de l’abattement forfaitaire) et d’une déduction de CSG, mais subira aussi les prélèvements sociaux et l’application du barème de l’IRPP (avec une tranche à 45%). Ajoutez, pour les plus riches, la taxe à 75%, l’« ISF » nouvelle formule ou cette année la contribution exceptionnelle… On se demande ce qu’il pourra bien rester comme rémunération à celui qui ose tout et prend le risque de tout perdre, sans le moindre filet de sécurité. Certes, Bercy prévoit des mesures pour atténuer l’impact de la hausse de la taxation des plus-values pour tenir compte de la durée de détention. Mais le signal donné par le gouvernement actuel à la nouvelle génération est tragique : en France, il vaut mieux devenir fonctionnaire dans l’éducation nationale (un métier noble mais déjà exercé par trop de monde) que créateur d’entreprise.

A-t-on oublié que l’investissement participe d’un cercle vertueux : création d’entreprise, nouveaux produits, baisse des prix, création d’emplois, réinvestissement des bénéfices, etc. ? Rendre la fiscalité du capital confiscatoire revient à briser cette chaîne et à casser le moteur du pays. À trop tirer sur la corde fiscale, la France va se vider de ses entrepreneurs et faire fuir ses talents. Elle va, inévitablement, réduire ses recettes fiscales quand elle pensait les augmenter, et accroître la récession. Elle va, ainsi, démontrer « en vrai » à qui n’y croyait pas encore qu’Arthur Laffer avait raison d’affirmer que « trop d’impôt tue l’impôt ».

Plus grave encore, cette stigmatisation maladive des entrepreneurs, l’idée que, tous bords confondus, la richesse serait une injustice et que le succès serait nécessairement suspect ternit l’ambiance et plombe les énergies créatrices. La fiscalité est devenue une arme punitive : dès lors qu’un innovateur a assez pour vivre, le reste peut, sur le fondement d’une morale bien immorale (car violant dramatiquement les droits de propriété), lui être pris. Si les réformes du statut d’auto-entrepreneur et les projets fiscaux sont, au-delà de leurs effets économiques néfastes, très préoccupants, c’est parce qu’elles assassinent la culture de l’initiative et de la responsabilité individuelle qui sont le ciment de lendemains meilleurs.

Les « Pigeons » qui entrent en résistance ne sont pas des avares égoïstes mais les premiers rebelles d’un mouvement plus profond qui ne manquera pas de se déployer sous des formes diverses. Une France décourageant les entrepreneurs et, osons le mot, les capitalistes, sera une France morte. Dans son roman visionnaire, paru en 1957, Atlas Shrugged, (« La Grève« , Les Belles Lettres, 2012), Ayn Rand a magnifiquement décrit le délabrement d’un pays préservant les rentes – y compris des grands monopoles – et hostile aux inventeurs et aux innovateurs. John Galt, son célèbre héros, entraine les entrepreneurs dans une vaste grève et prépare la révolution de la liberté.

L’oppression fiscale actuelle est peut-être, paradoxalement, une chance pour notre pays. À cause d’elle, les entrepreneurs prenaient la fuite. Désormais, ils se révoltent. La liberté est en marche.


Article publié initialement par La Tribune.

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  • Remettre les pendules à l’heure, pour savoir de quoi on parle : si on parle souvent d’ « évasion » fiscale, c’est bien qu’il y a prison, et si on parle souvent de « paradis » fiscaux, c’est bien qu’il y a enfer.

    • Reconnaissez simplement que vous avez l’intention de rabaisser l’ouvrier français au niveau du suisse ou du luxembourgeois !

      • J’imagine que c’était une bonne dose d’ironie.
        Effectivement l’ouvrier suisse qualifié peut vraiment très bien gagné sa vie, par exemple un décolleteur peut facilement touché plus de 6000 CHF par mois. La Suisse n’est pas un pays dans lequel le salaire est fonction d’un diplôme, loin s’en faut.

      • Pour info, l’ouvrier suisse se porte bien, avec son salaire à 5000 francs suisses (4000 euros, si mon ami). Il se marre bien en t’écoutant!

        • « l’ouvrier suisse se porte bien, avec son salaire à 5000 francs suisses (4000 euros, si mon ami). Il se marre bien en t’écoutant! »

          Berk ! Toute cette richesse pour l’ouvrier, c’est dégoutant et ça n’incite pas à défiler vertueusement avec des pancartes ni à faire la révolution de l’homme nouveau dans le bonheur immanent de l’égalitude infinie.

          Pour le salaire c’est tout à fait vrai, je vais pas étaler ma vie mais je gagnais 5 fois ce qu’un Français gagne à qualification égale à la sortie d’apprentissage. (Maintenant je suis à mon compte depuis 10 ans)

  • @Sansintérêt
    Vous ne pouviez choisir meilleur pseudo

  • Il serait temps que les pigeons de tous les pays se révoltent! Si seulement c’était vrai….

  • Qu’ils se mettent en grève tous ensemble pendant une semaine, ça fera réfléchir tout ce monde qui vit sur leur dos.

  • Très bon article, en effet le grand drame c’est vraiment de décourager la culture d’initiative et la responsabilité individuelle. Qui va oser se lancer dans l’aventure entrepreneuriale avec des mesures aussi confiscatoires ? Et s’il n’y a plus d’entrepreneurs dans notre pays, alors que restera-t-il ?

  • « La liberté est en marche. »

    Sûrement pas en France, qui ne sera pas libérale, même un tout petit peu ni en rêve, dans 5 ans, ni dans 10, ni dans 20 ans. Ca fait 70 ans qu’on est en régime communiste : sortir du communisme, c’est très facile, sortir de ses conséquences sera une autre paire de manches, tout simplement parce qu’une grande partie de la population croit dur comme fer à ses faux droits créances qu’on lui a accordés depuis trois générations. Sans parler de la propagande qui raconte à longueur de journée que les misères de la France sont dues au libéralisme et non à la crise des Etats-providences.

    • Entièrement d’accord.
      Et il suffit de poser à son entourage une seule question pour comprendre à quel point les gens ont le cerveau lessivé par le mensonge ambiant:
      « Qu’est-ce qui a occasionnée la crise actuelle et nous a mis 1750 milliards de dettes »
      « C’est à cause des banquiers, de la spéculation, de la déréglementation et des ultra-libéraux »

  • excellent article. Si nous voulons sauver nos libertés soutenons les pigeons. la grève retrace parfaitement que trop de taxation et d’imposition tuent une société

  • On se prend à rêver quand on sait que les USA sont nés d’une révolte fiscale

  • « À cause d’elle, les entrepreneurs prenaient la fuite. Désormais, ils se révoltent. La liberté est en marche »

    Je dirais pareil que Théo31, c’est pas prêt d’arriver ni demain ni après demain. Y a des peuples comme ça qui ne sont pas taillés pour la liberté. La Corée c’est relevée rapidement après la guerre pour ce hisser au niveau des plus grands, l’URSS c’est toujours la merde et ils ont toujours besoin d’un messie.

    La France va étouffer doucement pendant des années entre oppression et vague relâchement pour donner de l’air avec des élites de plus en plus barrées, voir éventuellement le choix des extrêmes « qui rasent encore plus gratis ».

    L’économie parallèle va ce développer comme la corruption et on aura un état typique du sud.

    • j’ai bien peur que vous n’ayez raison.
      C’est terrible de crever à petit feu d’une part (hausse des prélèvements , freins legislatifs et radaristes à l’activité) et d’etre contraint pour vivre, à de petites magouilles (frais de déplacements , arrangements,pressions…) .

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Matthew Yglesias, éditorialiste de slate.com nous fournit encore un exemple de gauchisme vulgaire, sur Frédéric Bastiat cette fois.

Par Sheldon Richman, depuis les États-Unis.

Il est toujours bon de voir Frédéric Bastiat débattu hors des milieux libéraux, parce que même quand ses vues sont mal retranscrites, la simple mention de son nom peut amener des lecteurs curieux à aller voir d’eux-mêmes de quoi il retourne. Ça ne peut pas faire de mal !

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