Peut-on parler de « moralisation » du marché ?

Vous trouverez la (les) réponse(s) à cette question (et à bien d’autres sur le même thème) dans Éthique et économie de marché, Actes du 18e colloque d’éthique économique organisé à Aix-en-Provence.

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Ethique et économie de marché

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Peut-on parler de « moralisation » du marché ?

Publié le 6 octobre 2012
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Vous trouverez la (les) réponse(s) à cette question (et à bien d’autres sur le même thème) dans Éthique et économie de marché, Actes du 18e colloque d’éthique économique organisé à Aix-en-Provence.

Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec  l’aleps.

L’ouvrage regroupe les interventions du colloque d’éthique économique qui s’est tenu à Aix en juin 2011. Publié sous la direction du Professeur Jean-Yves Naudet, c’est le 22ème livre dans cette collection du Centre de Recherches en Éthique Économique et des Affaires et déontologie professionnelle. Philosophes, économistes, juristes, politologues répondent à des questions certes anciennes mais plus actuelles que jamais.

Parmi ces questions : Peut-on dire qu’une rémunération soit « immorale » ? La richesse est-elle la conséquence de l’égoïsme ? Le marché suffit-il pour assurer des comportements moraux ? En quoi les règles de droit « corrigeraient » les défaillances de l’économie ?

Le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver des réponses politiquement correctes de la part des auteurs (Jean-François Matteï, Pierre Coulange, Serge Schweitzer, Jean-Marc Chouraqui, Isabelle Chapellière, Alain Wolfsperger, Thierry Granier, Didier Poracchia, Marc Pouzet, Jean-Pierre Centi…). Il puisera dans ces textes des arguments scientifiques et profonds à des questions d’actualité, qui sont plutôt à contre-courant. Dans presque tous les médias, les journalistes (et leurs invités) posent régulièrement la question de la « moralisation du capitalisme ». On peut leur rétorquer en demandant d’abord la « moralisation de l’État et des pouvoirs publics ». Est-il « moral » de la part de l’État français d’augmenter la fiscalité jusqu’à des niveaux confiscatoires ? Il est quand même incroyable de constater que ceux qui demandent cette moralisation du système capitaliste, ne sont pas vraiment des exemples de probité morale et font partie de ceux qui ont justement dévoyé le marché. De plus, et Jean-Yves Naudet a raison de le souligner, peut-on « moraliser un système ou une institution (l’entreprise) » ? Il y a le risque de tomber dans l’approche marxiste qui rend l’individu dépendant des structures sociales et économiques. On peut, par contre, parler de moralisation des chefs d’entreprise, des entrepreneurs et des autres « acteurs » économiques.

Il existe, bien sûr, des rémunérations « immorales » de certains dirigeants d’entreprise ou des traders. Mais, là aussi, il y a un contrat qui leur a promis d’être rémunéré en fonction de leurs résultats. Peut-on dire qu’un contrat n’est pas « moral » ? Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, les traders ne sont pas les plus nombreux parmi les classements des plus riches. Dans le Forbes, ils ne représentent que 14% des 500 Américains les plus riches.

Certains auteurs rappellent la « vertu d’égoïsme » (Mandeville et Adam Smith l’avaient fait dans leur temps) et le fait que l’envie de s’enrichir et de faire du profit ne saurait être condamnable. La création des richesses dans une économie de marché est la résultante de deux facteurs principaux : la prise de risque et l’envie de réussir (et/ou de s’enrichir). Ces facteurs, sont-ils « immoraux » ?

Par ces temps d’idéologie gauchisante et de pensée unique, cet ouvrage apporte une bouffée d’oxygène et fournit des armes pour convaincre ceux qui doutent encore des bienfaits moraux et des exigences morales de l’économie de marché.

Jean-Yves Naudet (dir.), Éthique et économie de marché, Presse Universitaire d’Aix-Marseille, 2012.

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  • Certains auteurs rappellent la « vertu d’égoïsme » (Mandeville et Adam Smith l’avaient fait dans leur temps) et le fait que l’envie de s’enrichir et de faire du profit ne saurait être condamnable. La création des richesses dans une économie de marché est la résultante de deux facteurs principaux : la prise de risque et l’envie de réussir (et/ou de s’enrichir). Ces facteurs, sont-ils « immoraux » ?

    Tout ça, ça ne tient que si l’on s’abstient de faire la différence entre répondre à un besoin et exploiter une pulsion. Quand l’agro alimentaire fait de la pub entre 2 dessins animés pour de la malbouffe, elle ne répond pas à un besoin des jeunes enfants. Cette manière de procéder est immorale. Et ce n’est qu’un exemple parmi une multitude.

    Les domaines des activités lucratives et des activités créatrices de richesses sont disjoints.

    Donc oui, « On peut, par contre, parler de moralisation des chefs d’entreprise, des entrepreneurs et des autres « acteurs » économiques. » Et parlons en beaucoup plus.

    • L’état n’a pas à s’occuper de morale mais doit s’occuper de justice.
      Lorsque l’état s’occupe de morale, le juge devient inquisiteur et le délit devient péché.
      Condamner l’immoral aboutira à l’obscurantisme.

      « Donc oui, « On peut, par contre, parler de moralisation des chefs d’entreprise, des entrepreneurs et des autres « acteurs » économiques. » Et parlons en beaucoup plus. »

      Je rappelle que l’entreprise est un contrepouvoir. Lorsque le pouvoir régule et donc, contrôle les contrepouvoirs, cela est une violation du principe de séparation des pouvoirs.

      En socialie, le profit sera toujours un tabou, une impureté quasi-religieuse et la faillite sera le juste châtiment pour avoir vécu dans la luxure et l’égoïsme. La crise étant une sorte de rédemption collective…

    • « Les domaines des activités lucratives et des activités créatrices de richesses sont disjoints. » Ah bon ? Expliquez nous cela.

  • Ignorent-ils donc le terme « amoral » dans cette élite française ?

    En tant que science humaine, l’économie est par nature, amorale !
    L’immoralité relève d’un autre monde : celui des mafieux (dont on en trouve effectivement certains dans nos mécanismes économiques). « D’une exception il ne faut faire une loi » diraient des gens de sagesse.
    Sinon, devrions-nous p.ex. déclarer que « tous nos syndicalistes sont des êtres immoraux », « tous les politiciens sont des immoraux » ? Certes, beaucoup d’entre ces derniers le sont, roués et hypocrites, prompts à se servir en premier avant de servir les autres (ceux qui les élisent).
    En contraste, dans les entreprises, il est un terme découvert tard par les précédents : celui de stakeholders (terme venu des USA ! ). Et le management de ces entreprises force à cette forme de partage, sur des règles de sens commun : la compétence, le mérite, l’initiative, le win-win, le contrat non-léonin. Les hypocrites invoqueront eux « le contrat social(iste) », Bref, toutes ces pratiques que nos premiers cités n’ont pas en attention spontanée (sauf bien sûr dans leurs discours lénifiants, intéressés et nécessairement fielleux à l’égard des gens d’entreprises …)

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