Les sévices publics de madame Filippetti

Selon la ministre de la Culture, France Télévisions doit arrêter la course à l’audimat et se réorienter vers une « vraie mission de services publics ».

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Les sévices publics de madame Filippetti

Publié le 3 octobre 2012
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Selon la ministre de la Culture, France Télévisions doit arrêter la course à l’audimat et se réorienter vers une « vraie mission de services publics ».

Par Georges Kaplan.

Madame Filippetti, qui est entre autres ministre de la télévision d’État, estime que la course à l’audimat à la manière des chaînes commerciales n’est pas une bonne stratégie pour le groupe France Télévisions et souhaite que ce dernier se réoriente vers « une vraie mission de service public. »

La ministre établit donc une distinction entre deux stratégies orthogonales :

  • La stratégie commerciale qui consiste à diffuser des programmes conçus pour nous plaire et dont le financement dépend du public qu’ils intéressent (abonnements, publicité) ;
  • La stratégie du service public qui consiste à nous forcer à financer des programmes indépendamment de notre intérêt pour ces derniers (redevance).

Madame Filippetti nous rappelle donc fort opportunément la différence fondamentale qui existe entre un service commercial et un service public en général. Un service commercial n’existe que dans la mesure où un nombre suffisant de consommateurs acceptent d’en payer le coût. Au contraire et par définition, un service public nous est rendu par l’État parce que le nombre de consommateurs qui accepteraient de payer pour en bénéficier serait insuffisant pour en assurer le financement. Les services publics naissent et prospèrent parce que nos dirigeants estiment que nous ne consommons pas les bons services ; parce qu’ils estiment savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous ; parce qu’ils considèrent qu’il est légitime, qu’il est de leur devoir, de nous imposer leurs vues plutôt que de nous laisser choisir pour nous-mêmes.

Un service public peut donc survivre et se développer indéfiniment en rendant des  « services » qui n’intéressent qu’une infime minorité tout en représentant un coût prohibitif pour l’ensemble de la collectivité. S’ils sont institués en monopoles d’État, c’est que n’importe quel concurrent privé rendrait de meilleurs services à un moindre coût ; s’ils sont rendus obligatoires, c’est que si elle avait le choix, l’immense majorité des citoyens préfèreraient s’en passer.

Plus le financement de ces « services » augmente, plus il pèse sur le budget des contribuables : ils sont contraints de payer pour des services dont ils ne veulent pas – du moins, pas à ce prix – et le budget qu’ils peuvent allouer à des services dont ils veulent réellement s’en trouve réduit d’autant. Lorsque la « contribution à l’audiovisuel public » de Madame Filippetti passera à 129 euros en 2013, ce seront 2 euros de plus qui viendront financer des programmes pour lesquels nos concitoyens ne souhaitent pas payer et 2 euros de moins qu’ils pourront utiliser pour s’offrir les programmes qui les intéressent.

Mais au-delà des programmes de divertissement, c’est aussi – et surtout – d’information qu’il s’agit. Le monde de madame Filippetti est non seulement un monde dans lequel l’État décide à la place des citoyens comment doit être dépensé le fruit de leur travail mais aussi un monde dans lequel la presse, lorsqu’elle n’est pas directement la propriété de l’État ou de groupes industriels qui travaillent pour l’État, est subventionnée – pour ne pas dire achetée – par ce dernier. C’est un monde dans lequel les quelques euros que vous auriez pu dépenser pour obtenir une information indépendante du pouvoir politique sont irrémédiablement captés par des médias aux ordres. C’est un monde dans lequel il n’existe plus aucun contrepouvoir, plus aucune liberté d’information si ce n’est sur internet en attendant sa mise en coupe réglée.

Est-ce vraiment le monde dans lequel vous souhaitez vivre ? Est-ce vraiment le monde que vous voulez léguer à vos enfants ?

—-
Sur le web.

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  • tout est dit.

    en fait l’état déteste le marché, où les consommateurs peuvent choisir librement ce qui est bon pour eux.

    d’où le modèle « social » français entre autres.

  • Position classique et très courante chez les gens de gauche et autres cultivés, il y a une bonne culture (la leur) et une mauvaise culture (celle du peuple). On veut formater l’esprit des gens avec des spectacles chiants subventionnés pour les protéger de leur « inculture » et permettre à certains Artistes avec un grand A de vivre grassement de leurs créations intimistes et non rentables. Le statut des intermittents du spectacle n’en ait qu’une autre illustration. Il serait temps de laisser les gens choisir ce qu’ils veulent regarder sans tenter de les formater.

    • Certes, ça fait vivre les Zartistes avec un grand Z, mais aussi et surtout tout ce qui gravite autour : maisons de production, fournisseurs d’accessoires, bref, le copinage habituel, quoi…

  • Ce qui plait à la masse est très « bas de gamme » et n’empêche pas de vendre aux gens de la propagande. Je comprends la réaction des commentateurs mais la trouve superficielle. On accède pas à des auteurs (Racine, Bossuet etc…) qui ont formé les générations de nos parents à travers les séries télé.

    • Si c’était avec la télé publique qu’on s’instruit, ça se saurait…
      Non, celui ou celle qui veut s’instruire va acheter des livres, consulter certains sites sur internet, etc… S’agirait de pas tout amalgamer, hein ?

    • Il y a déjà l’école pour çà, enfin il me semble. De plus, j’ai également le droit de me complaire dans la culture bas de gamme et de n’éprouver aucun intérêt pour les grands auteurs. Personne ne doit m’imposer ce que je dois lire, regarder ou apprécier.

    • De quel droit veux-tu me dicter ce que je dois regarder, même si je regarde de la m***?

      Et en l’occurrence, les chaînes publiques c’est vraiment de la m***

    • -1 AnneR
      les séries télés, c’est comme les livres, les films, les pièces de théâtre, les peintures et le reste : il y en a de tous niveaux, des nulles et des bonnes, des rigolotes et des tristes, des vite fait sur le gaz sans prétentions et des méga-budget, des simplettes et des alambiquées, des qui progresse et d’autres qui se casse la gueule.
      Si vous pensez que le peuple est trop nul pour apprécier la qualité, il faut aller au terme de cette logique et reconnaitre que la démocratie n’est pas souhaitable. C’est un avis que vous aurez du mal à soutenir de nos jours, même si des grands esprit incontesté l’ont soutenu avant vous.

    • « (Racine, Bossuet etc…) qui ont formé les générations de nos parents »

      Racine et Bossuet ne sont pas l’alpha et l’oméga de tout ce qui à une valeur dans l’humanité et la culture ne ce résume pas à quelques écrits d’un autre âge (Dont la valeurs historique est nulle en passant cf Britannicus et). On peut connaitre la science, la nature, la biologie, la mécanique, l’histoire et des milliers d’autre sujets passionnant ou bien plus utiles sans ouvrir un seul de leur bouquin. Quand à avoir « formé » nos ainés, vous parlez des paysans pre-19eme dont une bonne partie ne parlait même pas le français, des ouvriers post révolution industrielle ? Vous vous référez à quel fantasme d’un monde qui serait perdu exactement ?

      Ce que veulent nous infliger vos élitistes de salon c’est cette fausse culture prétentieuse et pédante et pas la vrai culture, celle des connaissances étendues tout azimut.

  • En fait il ne faut pas oublier que par définition ce qui est populaire est « vulgaire ». La culture est principalement un instrument de reconnaissance entre-soi et d’exclusion des autres, les élites (« culture ») et les gangsters (« argot ») fonctionnant exactement sur le même principe. La nouveauté et la création permanente permettent aux élites de toujours mener le jeu, de garder l’ascendant tout en prétendant diffuser la culture : il faut non seulement faire allégeance à leur culture (donc à eux), mais en plus courir toujours pour être « à la page », « in », branché », « chébran », « câblé » etc. (la course dans le vocabulaire étant ici très représentatif).

    Certes la culture peut avoir un rôle utile : décrire le monde d’une façon juste et vraie. Dans les faits, la culture officielle est à la culture ce que l’histoire officielle est à l’histoire : une parodie mensongère. Donc l’inverse d’une réelle culture.

    Bref : si vous tenez à une vraie culture, il faut débrancher les services publics de la culture. La vraie culture est assez valable pour trouver toujours des sous (même si il y aura toujours des sous pour, aussi, de la merde en barre)

  • « si [les services publics] sont rendus obligatoires, c’est que si elle avait le choix, l’immense majorité des citoyens préfèreraient s’en passer. »
    La volonté du peuple s’exprime autrement mieux à travers les choix quotidiens des consommateurs que par la sélection quinquennale du meilleur menteur, ou du moins incompétent. Quand bien même la volonté collective serait nécessairement légitime, ce gouvernement la bafoue autant que les précédents. Ils défendent la démocratie la plus populiste quand elle les arrange mais en font ouvertement fi quand elle contredit leurs plans ou qu’elle prend une forme plus juste et plus objective : le marché, fondé sur le consentement de chacun et l’égalité en droits. L’abolition des privilèges, c’est le premier pas vers la liberté pour chacun. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’est pas un texte interprétable à l’infini, adaptable à n’importe quel régime ou une utopie à réaliser par n’importe quel moyen. Elle est au contraire un cadre strict à toute législation, basé sur des principes clairs, des droits reconnus comme naturels, donc innés et universels. Il n’existe aucune cause supérieure au respect de ces droits, ou qui pourrait justifier qu’on les viole, ce qu’on ne cesse pourtant de faire depuis la révolution. Non, l’audimat n’est pas une fin en soi. Mais le respect des volontés du peuple et des droits des individus qui le composent, si. Qu’une corporation vive sur le dos des citoyens n’est pas plus admissible du fait que celle-ci soit cultivée ou intelligente, ce qui du reste était le cas de notre si ruineuse aristocratie avant l’abolition des privilèges qui a propulsé l’intelligence et la culture plus haut que n’importe laquelle de ces politiques de protection corporatistes, élitistes, inégalitaires, couteuses et contre-productives.

  • Mme Filipetti veut une télé publique qui soit encore davantage au service du secteur public, le gouvernement en tête, au lieu de servir ceux qui la regardent.

  • Très bonne idée de Filippetti !

    Il faudrait trouver un nom qui sonne bien: « Service de la culture redressée et de l’information équitable gratuite » ou Pravda pourquoi pas ? C’est court, ça sonne bien.

  • On aime tellement les productions du service public qu’il nous les sert pendant 50 ans. C’est sympa d’ailleurs car pendant les repas de famille on peut comparer les chiffres et des lettres avec son arrière-papy. Celle de télé-bouseux, questions pour un champion est beaucoup trop récente pour faire des comparatifs.

  • Les commentaires sont fermés.

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