60 millions de pigeons

Les entrepreneurs, avec raison, se rebiffent devant la pluie d’impôts et de taxes. Les autres Français, eux, ne font rien.

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60 millions de pigeons

Publié le 2 octobre 2012
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La grogne des entrepreneurs, indépendants et patrons de start-ups prend de l’ampleur et, petit à petit, les langues se délient : décidément, la multiplication de coups bas d’une gauche en roue libre depuis l’euphorie des élections était trop rapide pour que les plus autonomes des Français encaissent sans broncher. Et rapidement, le mouvement né sur Facebook à la suite d’une conversation désabusée rassemble plusieurs milliers de personnes qui participent maintenant au groupe. Une manifestation, prévue dimanche 7 octobre vers 15h à Paris, permettra de compter vraiment ceux qui sont prêts à se mobiliser pour défendre une certaine idée de l’entreprise en France. En attendant, la presse s’empare timidement du sujet.

Et lorsqu’on voit les quelques articles produits, on ne peut que noter l’habituelle tendance des journalistes à raconter un peu n’importe quoi.

Le Monde, organe jadis de référence, a par exemple pondu quelques lignes dès le lundi soir, alors que la page Facebook comptait moins de 10.000 adhérents. Le résultat, peut-être écrit par un stagiaire pressé, laisse songeur : pour le fin analyste — qui a semble-t-il oublié le fact-checking de base et colle sans vergogne Édouard Fillias ou Daniel Tourre dans le mouvement « Alliance Libérale » (inconnu au bataillon en France, au contraire d’Alternative Libérale) — le mouvement, bien qu’apolitique, n’est pas exempt de toute idéologie.

Oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, ces gens étranges qui refusent de se faire tondre ont une idéologie. Peut-être celle qui consiste à comprendre que l’entreprise permet de créer de la richesse, et que, partant, il faudrait la choyer plutôt que l’assommer ? Allez savoir. En tout cas, dit comme ça, cela semble un peu nauséabond, limite droitard.

Et puis, ce groupe semble bel et bien piloté par l’UMP : comme certains des premiers adhérents de la page facebook sont des adhérents UMP, le lien semble évident. Et comme le mouvement serait « soutenu par l’opposition » (parce que « qui ne dit mot consent », je suppose), et, pire ! par des libéraux qui écument la toile avec leur puissance de frappe incomparable, tout ceci ne peut évidemment que prêter à suspicion.

Les Pigeons Entrepreneurs

On ne peut s’empêcher aussi de noter que cette même presse se penche avec insistance sur le fait qu’après tout, cette grogne est dirigée vers un projet de loi de finance pour 2013 : comme ce n’est pas certain, est-il bien utile de ronchonner tout de suite ? On aimerait le même recul et les mêmes remarques lorsque les cheminots font des grèves préventives, lorsque les syndicats dégainent les débrayages pour des projets et des rumeurs de couloirs. Du reste, que vaut-il mieux : exprimer sa désapprobation avant ou après le vote des députés ? Avant que le texte fasse force de loi, lorsqu’il est encore amendable, ou après ?

La presse a en outre beau jeu de noter que les motifs précis de grogne des indépendants, des petits entrepreneurs et des auto-entrepreneurs sont parfois exagérés par rapport au texte tel qu’il existe : patati dans ce cas-ci, vos cotisations n’augmenteront pas, patata dans ce cas-là, le patron qui revend sa boîte n’aura pas 60% d’impôts à payer. Mais là encore, les fins analystes qui se bousculent au comptoir du bistrot pour expliquer que tout ceci ne vaut pas un fromage loupent la forêt pour la branche d’arbre : si, spontanément, autant de personnes sont prêtes à s’impliquer dans un mouvement qui n’existaient pas il y a encore trois jours, c’est que, très manifestement, on a touché un point sensible, très sensible. Si, aussi soudainement, autant d’individus se sentent à ce point menacés, c’est que, très clairement, un problème fondamental se fait jour entre le gouvernement et les gouvernés, et qu’il ne s’agit pas que d’un bête problème de communication d’un gouvernement aphone et déconnecté d’un peuple de plus en plus éloigné de ses préoccupations, l’éloignement des prochaines élections jouant ici à fond.

Et, plus fondamentalement encore, si la réaction est à ce point épidermique, c’est bel et bien parce que les individus qui ont réagi l’ont fait parce qu’ils comprennent, de façon viscérale, que le chemin pris n’est non seulement pas le bon, mais mène à la ruine, de leurs entreprises, de leurs vies, et, plus largement, du pays tout entier dont l’élite dirigeante, devenue totalement parasite, n’a toujours pas compris qu’elle dépend pour vivre.

La réaction microscopique des ministres concernés ne laisse aucun doute : l’entreprise, en France, est effectivement considérée comme une belle grosse vache à lait, dodue et indolente, qu’on va pouvoir traire, tondre et découper pour en tirer le maximum, cuir compris.

Mais au-delà de ce que la presse peut en dire, avec toutes les pincettes nécessaires à l’exercice pour éviter de laisser libre-cours au poujadisme turbo-libéral qui suinte évidemment de toute l’initiative (et tomber, de fait, dans les zeures les plus sombres de notre histoire, bien sûr), on ne peut que constater le décalage entre le mouvement de grogne observé, sa rapidité à fédérer des individus qui n’ont en commun, finalement, que de vouloir simplement poursuivre leur activité, et la passivité complète de tout le reste du pays.

Parce que la pluie d’impôts et de taxes, elle, continue de tomber dru.

Certes, pour faire bonne mesure, Hollande, dans sa Grande Normalité, a bien proposé de faire faire 5,4 millions d’euros d’économie au Palais Présidentiel et à son équipe. Plus que 34995 millions d’économies de la même sorte, et la France n’enregistrera pas un trop gros déficit l’année prochaine !

Et pour le reste, nada, ou presque. En fait d’économies, et malgré des démentis gouvernementaux confus que les Français ne gobent décidément pas, l’État tente d’équilibrer son budget par une hausse d’impôts et de taxes sans précédent. Quant au nombre de fonctionnaires, il augmente. Tout comme les entrepreneurs, les retraités sont à leur tour mis à l’index.

Une différence de taille, cependant : aucun mouvement ne semble gagner. Bien qu’une partie du pays ait cru, naïvement, que l’arrivée d’une gauche omniprésente au pouvoir allait enfin transformer la France en pays du miel et du lait, bien que l’État français ponctionne et redistribue comme jamais auparavant, bien que le chômage, la pauvreté et les inégalités n’aient jamais été aussi fortes dans le pays, pas le moindre ressentiment ne fait jour.

Les pigeons, ils sont finalement 60 millions.

—-
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  • C’est une honte de partager cet Hoax créé par une agence de publicité !

    http://www.visions-csfa.org/site/un-pigeon-peut-en-deplumer-un-autre/

    Vraiment pigeons, même les médias.

    • La vraie honte, c’est de relayer cet article d’alter-comprenant puant la pensée unique bien fraônçaise (avec de vrais morceaux de « vigileance citoyenne » et de « relents politiques nauséabonds » dedans), manifestement mensonger.

    • Les agences de pub et les médias roulent exclusivement pour l’ultralibéralisme c’est évident.

      C’est bizarre parce qu’on se vautre dans l’ultralibéralisme à longueur de temps, et pourtant personne ne se réclame du libéralisme dans aucune émission politique, dans aucun journal télé, nulle part.

      Alors soit effectivement c’est un complot style V pour vendetta, soit on revient sur terre, on rejette un oeil au ratio dépenses publiques sur PIB et on se dit : ah oui + de 56%, on est bien dans un pays socialiste.

  • Les médias et les politiques français me dégoutent depuis fort longtemps et encore plus depuis leur compte rendu des Subprimes. Le niveau est extêmement bas et je crains que cela ne s’arrange pas. « Les Echos » par exemple, seul quotidien économique français, ne fait que véhiculer, ou presque, des idées keynésiennes ou socialo-communistes.

  • Avec une dépense publique qui augmente en passant de 370 à 371 Milliards, on peut quand même se demander où est le tiers d’effort de l’état.

    Les cadres de ce pays sont juges et parti dans cette affaire, ils tirent des bénéfices personnels de la dépense de l’Etat. Hors cette dépense menace jusqu’à l’existence de cet état et la cohésion de la nation. S’ils étaient des hommes et des femmes de bonne volonté, ils renonceraient à leurs avantages. Si j’étais un fonctionnaire de catégorie A j’accepterais d’aligner mon régime de retraite sur celui du privé. Si j’étais un homme politique j’accepterais de renoncer à mon statut de fonctionnaire. Ce symbole seul pourra redonner de la confiance tant au peuple qu’aux marché car il montrerait qu’à défaut de vision, la France est gouvernée par des gens qui ont son intérêt chevillé au corps.

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