La régulation libérale de la société

Quand un libéral veut déréglementer une activité économique, c’est qu’il veut en réalité restaurer l’ordre.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
dereglementation-liberalisme

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La régulation libérale de la société

Publié le 3 septembre 2012
- A +

Quand un libéral veut déréglementer une activité économique, c’est qu’il veut en réalité restaurer l’ordre et au contraire mettre un terme à la dérégulation comme l’entendent les étatistes.

Par l’auteur du site Bobo libéral.

Le mot déréglementation (dérégulation en anglais) est un de ceux les plus employés pour qualifier une politique libérale. Ces détracteurs ne se privent pas de le reprendre, et cela d’une manière clairement péjorative,en dénonçant l’inanité du libéralisme, qui prétend qu’abroger certaines règles dites contraignantes (dans le domaine économique principalement) les hommes d’eux-mêmes, par je-ne-sais-quelle-grâce (celle de la liberté ?) se réguleraient aux mieux.

Et si les adversaires du libéralisme, que je qualifierai d’étatistes, gagnent un certain succès dans leurs attaques, c’est qu’ils jouent avec un sentiment  partagé par une majorité de la population et qui est légitime : l’envie de vivre dans une société pacifique régie par des règles.

En effet les gens, et ce qui est bien normal après tout, ne peuvent imaginer une société sans règles. Ce serait à leurs yeux la loi du plus fort et de la jungle. Le loup serait dans la bergerie ! Cela va de soi.

Et démontrer que mettre un terme à ces règles, par la déréglementation que prônent des libéraux, améliorerait l’organisation de la société, aurait de quoi, dans ces conditions, non pas uniquement susciter le scepticisme de certains, mais à juste titre l’hostilité de beaucoup. Les libéraux apparaissent alors aux mieux pour de doux rêveurs, au pire pour de dangereux utopistes, mais qui dans tous les cas se distinguent par leur méconnaissance de la nature humaine.

Alors que faire pour réhabiliter le libéralisme aux yeux des masses ?

Simplement en bannissant des discours le mot déréglementation. Peut-être que ce terme, en son temps avait un sens, comme celui de la main invisible ou de laisser-faire à l’époque mercantiliste. Il résonnait dans le cœur de ceux qui aimaient par dessus tout la liberté, et en saisissaient le véritable sens.

Mais aujourd’hui ce terme a une connotation péjorative, à l’encontre de ce que les gens pensent être bien. Il provoque immédiatement une résistance de l’auditoire, imprégné de propagande étatiste, trop ancrée dans les esprits pour être surmontée, et que trop peu arrive à briser par les démonstrations moderne qu’offre la théorie de l’ordre spontanée et de la catallaxie. Trop long, trop complexe. Tenter de le combattre, c’est aller à contre-courant de notre époque.

Tant que les gens imagineront que l’État c’est le droit et les règles, et le libéralisme son anti-thése, jamais ils ne se laisseront convaincre. Et c’est bien naturel, puisque personne ne veut vivre dans une société de chaos.

À mon avis,  il en va ainsi de l’avenir du libéralisme, et c’est même un devoir pour les libéraux de s’adapter à son époque et aux mentalités de celle-ci. Ironiquement, n’est-ce pas ce que nous enseigne la théorie du marché, répondre à la demande du plus grand nombre ? Ne faut-il pas parler la langue de notre époque, comme le proclamait François René-Rideau dans un de ces articles ?

Et de plus employer les armes de l’adversaire contre lui-même serait redoutable et le prendrait à contre-pied.

Démontrons aux étatistes que ce qu’ils prônent dérégulent l’économie, et que les libéraux veulent au contraire la réguler.

Dans un article, Ron Paul, le candidat libertarien du GOP, a employé cette méthode en se défendant qu’il ne voulait pas déréguler l’économie, mais la réguler par le marché en lieu et place de l’État. Il a, à juste titre, employé le mot réguler qui fait l’adhésion de beaucoup. L’erreur, à mon avis et que même cet exemple peut prêter à confusion et laisser du champ aux adversaires du libéralisme. Par l’usage du mot marché, il renvoie toujours à cette idée d’une auto-organisation qui par magie fonctionnerait, et cela indépendamment de toutes règles clairement établies. Elles se mettraient en place par cette fameuse main invisible. Trop de grains à moudre pour les étatistes.

En réalité, le libéralisme est éminemment régulateur. Il est l’application de règles strictes et clairement énoncées à tous les hommes. Ces règles n’apparaissent pas par magie ou de nulle part. Elles ne s’auto-édifient pas d’elles-même. Elles furent découvertes progressivement, et validées par le raisonnement logique et la preuve philosophique. Elles sont bien présentes et entendable par tous et se résument, grossièrement, au principe de non-agression où la violence est proscrite en dehors des cas de légitime défense.

Et tout groupe, y compris l’État, qui les viole, est coupable de déréglementer la société et de provoquer l’anarchie et la loi de la jungle. Et la chose est pire avec l’État, car ses attaques, ne sont même pas vécues par ses agents comme illégitimes ! Ils pensent bien faire et au contraire instaurer l’ordre et réglementer la société.

Ainsi le libéralisme a pour but ultime de rétablir un ordre qui a été violé par des interventions d’État. Il doit démontrer que les contraintes mises en place par l’État, ne sont pas des règles, mais des actes de violence qui entravent ces règles de vie en société. Si ces contraintes étatiques, apparaissent comme des règles, c’est qu’elles en revêtent la forme, en ayant leur constance, une soi-disant légitimité, celle du peuple ou du droit naturel, et qu’elles prétendent assurer l’ordre de la société en réglementant. En réalité elles seraient réprouvées par la majorité, si elles étaient pratiquées par un individu lambda et non pas par l’État.

Les étatistes, au moyen de leur soi-disant réglementation, ont ôté toutes les contraintes qui s’appliquent aux hommes de l’État. Ils se retrouvent, eux et leurs alliés (les grands groupes par exemple) libérés de tous les carcans sociaux qui permettent une vie en société. Pour le coup, ce sont les étatistes qui ont déréglementé et ont provoqué ce qu’ils craignent par dessus-tout d’une politique libérale : le désordre.

Ainsi quand un libéral veut déréglementer une activité économique, selon son vocable, c’est qu’il veut en réalité restaurer l’ordre et au contraire mettre un terme à des actions qui, elles, relèvent de la dérégulation, comme l’entendent les étatistes.

Il est temps que le libéralisme reprenne à l’État ce qui lui a toujours appartenu légitimement ; c’est-à-dire d’être la seule véritable norme de régulation sociale.

—-
Sur le web.

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Finalement le libéralisme n’est qu’une forme d’anarchie économique qui ne respecte aucune règles, on le voit dans le résultat de sa propre crise.
    Le libéralisme n’est pas là pour satisfaire les besoins de l’homme, mais pour assouvir ses vices.

    • le libéralisme n’est pas là … du tout ; lui imputer la crise ou la mort du petit cheval est simplement stupide.
      L’homme n’a pas besoin du libéralisme pour assouvir ses vices, manifestement. Il semble même que l’état fait tout pour favoriser les vicieux, même voire surtout quand il prétend lutter contre les vices (qu’il s’agisse de drogue, de finance, ou de n’importe quoi, l’état n’emmerde vraiment que les vertueux : c’est plus facile, ça rapporte plus, et ça compense par une apparence d’action l’absence de résultat concret)

    • Et qui va empécher l’homme d’assouvir ses vices? Un autre homme?
      Votre raisonnement se mord la queue! Dit autrement, il est paradoxal et le demeurera tant que vous ne sortirez pas de l’idée que les hommes sont fondamentalement mauvais. Votre constat doit nécessairement aboutir à un certain fatalisme (i.e on ne peut rien y faire!). Car ce ne sont pas des hommes qui peuvent corriger les vices des hommes, n’est-ce pas!

      • Les hommes sont fondamentalement mauvais…

        Alors expliquez moi comment la civilisation de Nazca a existé durant mille ans sans la moindre guerre et pour seul arme sa capacité marchande avec les peuples voisins !!!

        L’homme n’est pas fondamentalement mauvais, mais certains hommes veulent le pouvoir pour eux seuls. Ces hommes là sont des étatistes dans l’âme. Et c’est leur volonté de pouvoir qui nuit aux autres hommes, et à l’économie tout entière. Puisqu’ils veulent tout contrôler.

    • non le libéralisme n’est pas l’anarchie. il faut arrêter de confondre le libéralisme avec la loi de la jungle. http://www.wikiberal.org/wiki/Renard_libre_dans_le_poulailler_libre http://www.contrepoints.org/2011/10/10/49921-le-liberalisme-cest-la-loi-du-plus-fort http://www.contrepoints.org/2011/05/07/24205-10-idees-recues-10-refutations
      http://www.contrepoints.org/2012/05/14/83078-idee-recue-le-liberalisme-un-anarchisme-sauvage
      la crise de 2008 est clairement une crise de la regelementation financiere: Community Reinvestment Act, Freddie Mac et Fannie Mae qui garantissait les pret aux pauvres, Clinton qui voulait se faire reelire, puis Greenspan qui maintient les taux tres bas sur recommendation entre autre de Krugman (l’un des plus grand économiste keynésien), tout cela cree une bulle immobiliere qui debouche sur la crise des subprime. Ensuite, les Etats refusent de laisser les banques faire faillite, ce qui engendre une crise de la dette des Etats (deja bien trop grosses avant 2008). la finance est le secteur le plus réglementé au monde après le nucléaire

  • Non, l’anarchie est un sous-produit de l’activité de l’Etat : l’anarchie, ça n’a jamais été l’absence de règles mais au contraire l’excès de règles. Entre autres conséquences, l’excès de lois empêche la régulation spontanée des marchés. L’exemple récent des subprimes, pure invention de l’Etat US, est à ce titre édifiante. Voir également le code du travail en France. Les exemples foisonnent.

  • Très bel article, et très profonde analyse.
    Oui, réduire les libertés par la contrainte de la force publique est bien la cause profonde du chaos qui ronge nos sociétés.

  • Je ne suis pas tout à fait d’accord.

    Certes, il y a des principes de régulations naturelles des marchés libres, mais on ne peut pas dire que ceux-ci soient parfaits.

    Je ne suis pas d’accord de refuser le terme de régulation de la part de l’état, car il y a une volonté à agir dans ce sens. Je ferais la différence entre règlementation étatique, qui est la volonté de mettre des règles dans le marché et la régulation, qui cherche à altérer le cours des choses, ce qui risque de fausser le marché et de le dérégler.

    Cependant, il est ,avant toutes choses, impossible de démontrer que l’intervention de l’état puisse faire mieux que les processus naturels, que les gains, les couts et les risques soient bien estimés.
    De plus, la régulation étatique aboutit aussi à l’arbitraire, ce qui est en soi dangereux et source de corruption.
    Et dernièrement, cela aboutit à la centralisation des mécanismes du marché, ce qui crée un risque systémique.

    Ma posture dans les débats est plutôt celle de celui qui exige de l’adversaire étatiste la preuve que les interventions puissent être efficaces plutôt que celle où j’ai à prouver qu’elles puissent être contreproductives. Car, finalement, le fait de chercher à réfuter les arguments de l’adversaire signifie inverser la charge de la preuve, ce qui peut nous mettre dans une position difficile, car on admet implicitement un certain caractère scientifique de l’adversaire étatiste alors que ce n’est pas le cas, car la plupart du temps fondé sur une pure construction intuitive et l’idéologique, et donc se sent encouragé dans ses théories utopiques par les attaques qu’il subit, menant à des débats qui se termineront lorsque le premier craquera ou commettra une faute.

    On n’expérimente pas la politique, on la vit.

    • Ah oui est qui détermine « la perfection » ? qui peut dans une stupéfiante lucidité ou son écrasante sagesse déclarer sans rire que : le marché n’est pas parfait. sérieusement la perfection est une chimère, plus encore un concept abscons sans but et sans intérêt. Le marché est la résultante de la coopération pacifique et sans contrainte des êtres humains. la nature même du marché est lié au limitations des ses acteurs mais les bénéfices pour ceux qui y participe sont incalculables y comprit pour ceux qui y perdent car cette perte est toute relative.

  • L’objectif de l’article étant de mieux vendre le libéralisme, il faudrait commencer par mieux cerner les réticences à celui-ci.

    Il y a les objections dites et les non dites et là je pense que vous sous-estimez le fait que la notion de marché libre et d’auto-régulation implique que plus personne ne contrôle le marché, le pouvoir devient donc dépersonnalisé ce qui implique que les plus faibles ou plutôt les non acteurs ou non décideurs n’ont plus le bulletin de vote pour manifester leur opinion sur celui-ci.
    C’est donc, pour eux, une perte de liberté d’expression et de liberté tout court alors que les décideurs ont une liberté élargie.

    Je pense que cette réticence est très forte, et la dépersonnalisation du pouvoir saurait certainement inspirer les psychologues.

    • « Il y a les objections dites et les non dites et là je pense que vous sous-estimez le fait que la notion de marché libre et d’auto-régulation implique que plus personne ne contrôle le marché, le pouvoir devient donc dépersonnalisé ce qui implique que les plus faibles ou plutôt les non acteurs ou non décideurs n’ont plus le bulletin de vote pour manifester leur opinion sur celui-ci. »

      Justement, c’est l’inverse: dans le système politique, la majorité, ou plutôt la plus grande minorité, impose son choix à tout le monde.

      Dans le « marché » (et le « marché », ce ne sont pas des traders dans une salle de bourse qui spéculent sur la misère, le marché ce n’est rien d’autres que moi, vous, ils, qui nous échangeons des biens ou des services) au contraire, chacun peut faire SON choix, même si ce n’est pas le choix de la majorité.
      C’est donc un GAIN de liberté et moins de pouvoir coercitif aux élus que l’on n’a pas forcément choisis.

    • Je pense qu’une clef est dans cet excellent article :
      http://www.contrepoints.org/2012/08/09/93140-lillusion-de-la-securite-feux-rouges-ruches-dabeilles-et-reglementation-defaillante

      La régulation, ça rassure, ça donne une illusion de sécurité auquel les gens accordent une valeur plus grande qu’à la sécurité réelle. Les gens aiment qu’on s’occupe d’eux ; même si le résultat leur est défavorable. D’autant que la régulation est présentée comme une manifestation de LEUR pouvoir (aux gens), puisque « nous sommes en démocratie » (sic), et ça aussi c’est valorisant.

      • @P
        Effectivement excellent article sur le fond.

        Et en aparté, j’ai bien aimé l’exemple de la ruche et du changement de comportement des abeilles devenant un risque écologique réel pour l’homme.
        C’est juste un 🙂 au mépris habituel des libéraux avec oeillères pour les cause environnementales !

        • Je ne pense pas qu’il existe vraiment un « mépris habituel des libéraux avec oeillères pour les cause environnementales ». Mais je comprend qu’on puisse avoir cette impression, du fait du grand mépris des libéraux pour les étatistes qui utilisent les causes environnementales comme prétexte pour régenter la société et imposer leurs vues. Notamment avec cette horreur anti-libérale qu’est le « principe de précaution », qui réussit le tour de force de violer tous les principes des droits de l’Homme (y compris la sureté, comme l’affaire du DDT l’a démontré ).

        • Cette impression que vous avez est simplement fausse. En fait, pour prendre un exemple parmi d’autre, il n’y a pas que des raisons économiques pour lesquelles nous combattons, par exemple, les éoliennes, mais aussi parce qu’elle sont un réel désastre pour l’environnement. En plus de l’industrialisation de l’aspect de paysages à perte de vue, on ferme les yeux sur le massacre de 500.000 oiseaux par an, dont 1.000 aigles pas an (!) et ce pour un seul pays, selon les sources officielles :

          http://www.masterresource.org/2012/07/windpower-versus-wildlife/

          Quant aux causes humaines du réchauffement climatique, ce n’est quand même pas de la faute des libéraux si elles n’existent pas.

          • Ce qui est important en politique c’est pas seulement ce que vous pensez c’est aussi l’impression et l’image que vous donnez.

            En tout cas vos deux réponses me surprennent positivement.

  • Il y a initialement une vrai différence entre la volonté de puissance et la volonté de pouvoir jouïr paisiblement de la vie. Je pense que ces deux volontés antagonistes vont rentrer de plus en plus en conflit dans les années à venir.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture
Un article de Pierre Garello

Les inflations législative et réglementaire se payent cher. Combien au juste ? Il est difficile de le dire mais toute politique publique qui se veut raisonnable devrait a minima tenter d’anticiper et d’évaluer ces coûts assimilables par leur nature et leurs effets à un impôt. Le Competitive Enterprise Institute basé à Washington D.C. a évalué à 1939 milliards de dollars le coût de la réglementation fédérale américaine pour 2022, et identifie les mécanismes qui permettraient de juguler cette inflation.

L... Poursuivre la lecture

6
Sauvegarder cet article
La dérive de Disney, commencée il y a plusieurs années, est illustrée par Samuel Fitoussi, dans Woke fiction, son ouvrage sur les fictions. Il compare l’évolution du caractère de Mulan entre la version de 1998 et celle de 2020.

Il écrit :

« Dans la version de 1998, le personnage éponyme, jeune femme courageuse, se déguise en homme et s’engage dans l’armée pour défendre son pays. Plus frêle et plus faible que toutes les autres recrues, elle est d’abord une piètre combattante […]. Déterminée, elle progresse, compense ses lacunes phys... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles