L’UMP à la croisée des chemins

L’UMP a-t-elle su tirer les leçons de son échec lors des dernières élections. Non si l’on se fie à la dernière déclaration en date de l’ex-Premier ministre François Fillon.

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L’UMP à la croisée des chemins

Publié le 23 août 2012
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L’UMP a-t-elle su tirer les leçons de son échec lors des dernières élections ? Non,  si l’on se fie à la dernière déclaration en date de l’ex-Premier ministre François Fillon.

Par Philippe Robert.

La prise de pouvoir des socialistes au printemps 2012, dont le premier architecte fut sans conteste l’ex-président Sarkozy lui-même, représente le coup le plus rude qui ait jamais été porté à la France, et au plus mauvais moment, depuis François Mitterrand en 1981.

Le plus grave de cette triste affaire réside dans le fait que l’état de notre pays, depuis un peu plus de trente années, n’a cessé d’empirer tant ceux qui ont été portés au pouvoir auront tout fait pour créer les conditions, en 2012, d’un folle régression socialiste.

Rappelons qu’en 2007, n’en croyant pas leurs oreilles, les Français les plus lucides avaient cru voir enfin le bout du tunnel en entendant la profession de foi incroyablement novatrice d’un certain candidat nommé Nicolas Sarkozy :

Mes chers compatriotes,

Je veux être le Président de la République qui réformera la France. S’il veut rester lui-même, notre pays a besoin de changements profonds.
Je veux être le Président de la République qui tiendra ses engagements. C’est pourquoi je veux vous dire aujourd’hui tout ce que, demain, nous ferons ensemble.
La France traverse une crise morale : celle du travail. La réhabilitation du travail est au cœur de notre projet présidentiel.
Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas. Je ne me déroberai pas. Je vous demande votre confiance pour qu’ensemble tout devienne possible.

Mais patatras !! Sans s’appesantir inutilement sur la terrible désillusion infligée aux Français par cette énième trahison de la (fausse) droite, essayons tout au contraire d’imaginer, munis des outils du présent en notre possession, ce que, désormais, nous réserve l’avenir.

La dernière déclaration en date émane de l’ex-Premier ministre François Fillon : pour avoir une chance de retourner la situation en faveur de l’actuelle opposition, il s’agirait, selon lui, de mettre en place un programme de “réformes radicales” tournant… radicalement le dos à un passé exécrable. Dont acte.

Les 35 heures : “Depuis dix ans, nous avons essayé toutes les formules d’assouplissement. Il faut maintenant poser la question sans tabou etc. etc.” Mais aussi, depuis dix ans, que n’a-t-elle déjà été posée sans tabou, cette question, et les 35 heures purement et simplement abrogées au bénéfice de tous en France !!

La fonction publique : “L’augmentation du temps de travail dans les fonctions publiques a été un élément-clé du plan de redressement en Allemagne. Cela doit évidemment s’accompagner d’un geste sur les salaires”. Sauf qu’en France nous consommons 163 milliards d’euros de plus de dépenses publiques par an que l’Allemagne !!

En matière de chômage : “L’indemnisation doit être liée à la formation, et non au chômage. Il s’agit de positiver, que les périodes d’interruption de travail ne soient pas vécues comme un déclassement, mais comme un temps mis à profit pour se former”. Et si on commençait plutôt par faire la peau au chômage lui-même ?

La citoyenneté : “Je voudrais remettre en place l’idée de Charles Pasqua de demander aux jeunes nés en France de parents étrangers de choisir formellement la nationalité française à 18 ans, et ce, lors d’une cérémonie”. Rien de tel que de faire les fonds de tiroir de la République d’hier pour se faire une idée exacte de ce que devra être demain…

Et toujours aussi radicalement : “La zone euro doit se doter d’un vrai gouvernement économique, capable de définir une politique budgétaire et de la faire respecter etc. etc.” Une vision politique orpheline consistant à faire du neuf avec du vieux dans l’espoir de faire croire qu’en Europe tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Allons, c’est un peu court, jeune homme, car dans tout cela où se trouvent donc les réformes radicales annoncées ? Quelle nouvelle donne les vieux routiers blanchis sous le harnais de la (fausse) droite nous proposent-ils après s’être fait sèchement remercier par les socialistes, ne serait-ce, d’ailleurs, qu’en fonction de leur propre avenir ? Mais passons à quelque chose de plus sérieux.

Ils sont onze, dix jeunes secrétaires nationaux de l’UMP et un délégué de La Nouvelle Donne (www.lanouvelledonne.org) à essayer de faire connaître, dans une lettre ouverte adressée à Jean-François, François, Nathalie, Bruno et Xavier, leur propre conception d’une véritable renaissance de l’UMP :

Nous ne pouvons miser sur le seul échec de la gauche. Aussi, nous souhaitons vous proposer dès maintenant une conception de la gouvernance de l’UMP (…) à travers cinq propositions sur lesquelles nous souhaitons obtenir votre engagement : 1. l’organisation d’un débat public entre les candidats à la présidence du parti; 2. la tenue de primaires ouvertes pour 2017; 3. la mise en place d’une université des talents pérennes dotée de moyens conséquents; 4. l’ouverture de toutes les instances du parti à la nouvelle génération et aux femmes; 5. la création d’un shadow cabinet capable de pointer les incohérences de la majorité actuelle et de préparer les orientations politiques de la majorité de demain.

Car, écrivent-ils en conclusion, “la donne a changé. Nous voulons incarner cette Nouvelle Donne.” Pour ma part, je trouve l’initiative de ces jeunes gens extrêmement sympathique et utile. Mais aussi, quelles sont leurs chances de parvenir à briser le carcan de plus de trente ans de politique politicienne pervertie au plus haut degré ?

“Nous devons reconstruire un patrimoine intellectuel cohérent, novateur et rassembleur. Nous travaillerons à vos côtés sur tous ces chantiers sans tabou et sans délai : l’exigence de vérité et de résultat est un devoir”. Bravo ! Mais je ne suis guère optimiste quand, du sein même de l’UMP, montent des appels indécents à un retour de Nicolas Sarkozy !

Mais bon, I have a dream :

La France est le seul pays civilisé dans lequel il n’existe ni mouvement libéral, ni parti de gouvernement au sein duquel les libéraux pèsent. Aussi la création d’un authentique courant libéral, qui doit se comprendre comme le relai des partisans de la liberté dans la société civile, est-elle une nécessité au sein de l’UMP si celle-ci entend non seulement reconquérir le pouvoir, mais encore l’exercer à bon escient.

Ce constat nous est délivré par Jean-Philippe Feldman dans un article récent intitulé “L’UMP osera-t-elle enfin le libéralisme ?” (www.atlantico.fr) qui, m’apparaît-il, tombe à point nommé et sans se concerter, j’imagine, avec le démarche des 10+1 de La Nouvelle Donne. À bon entendeur…

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  • Il ne me semble pas correct de parler de fausse droite, même avec des parenthèse. La droite se caractérise par une centralisation des moyens de production, si le 20è siècle a été marqué par le clivage entre centralisation privée et une tentative de collectivisation par la centralisation administrative, ce n’est plus trop d’actualité. Nous pouvons remarquer avec la crise présente que l’origine du capital, perception de l’impôt ou d’intérêts de crédits, ne change pas grand chose au mode de gouvernance, et que les dettes sont de toutes façons complètement intriquées.
    L’UMP se positionne dans un capitalisme de copinage propre à la droite, qu’on retrouve à gauche à mesure que la centralisation administrative qu’elle met en œuvre engendre des dysfonctionnements généraux.

    Pour ce qui est des discours… Celui sur la « valorisation » morale du travail est exemplaire, et il faut toujours remarquer que les discours sur la morale interviennent toujours quand le politique n’a aucune action à proposer. Ainsi il fallait comprendre dans cette valeur morale du travail l’idée de perte de valeur tout court, une valorisation du non-travail en général qui a convaincu les deux extrêmes de la société, rentiers du socialisme ou du copinage.
    De même il n’a jamais été question de supprimer la mesure du travail par le temps de travail, mais bien au contraire de renforcer cette mesure en déplaçant le curseur. Il n’est plus temps de « réformer » le temps de travail, mais bien de libérer le travail, ce dont le statut d’auto-entrepreneur aurait pu représenter le premier pas alors qu’il a été transformé petit à petit (et ça devrait se confirmer avec le gouvernement actuel) en cul-de-sac. Il y a une totale cohérence dans cette manière de considérer le travail, le chômage et la fonction publique.
    De même pour la citoyenneté et l’Europe, on se retrouve avec une conception centralisatrice et administrative de l’organisation sociale… quelque part UMP et PS se retrouvent dans le reproche fait à l’Europe de ne pas être suffisamment jacobine.
    Il ne serait pas juste de dire que la gauche et la droite se sont confondus petit à petit, mais bien de constater que c’est la ligne de clivage elle-même, la réalité et les problématiques de gestion du matériel qui ont changé de forme. Il n’y a aucune émergence d’un mouvement libéral à attendre de l’UMPS.

    • Je ne peux qu’approuvrer votre jugement concernant l’impossibilité d’émergence du liberalisme au sein de l’UMPS. Espérer réformer l’irréformable de l’intérieur est totalement illusoire.

    • Je plussoie également: c’est ça la droite française, la VRAIE: dirigiste, protectionniste voire nationaliste, paternaliste, collectiviste, autoritariste, liberticide, constructiviste, bref foncièrement anti-libérale!

      Il n’y a rien à entendre de la droite en France pour les libéraux. Il n’y a qu’à voir ce que pensent les membres de l’UMP / FN et consorts du libéralisme et des libéraux! La même haine envers le libéralisme que chez les gauchos.

      Je ne comprends vraiment pas comment certains libéraux puissent continuer à vouloir nouer des alliances avec la droite ou autres foutaises. Combien de fois faudra-t-il qu’ils se fassent cocufier pour comprendre?

  • Faut-il le dire encore plus fort ?
    La « droite » UMP est, dans les faits, une ennemie acharnée des libertés, économiques et encore plus civiles.
    Et s’interesser à ces gens-là, sauf pour rigoler de leurs palinodies, est une perte de temps.

  • Comme d’habitude, dès qu’ils sont dans l’opposition, les H/F politiques de la soi-disant « droite » clament la nécessité de réformes profondes, vigoureuses, claires, nettes, sans à priori, le démantèlement de ceci ou de cela devenu subitement totalement insupportable, la réhabilitation urgente de la valeur machin, la nécessaire réduction des dépenses publiques, la baisse des impôts, l’amélioration du niveau de vie et j’en oublie volontairement parce que je pourrai remplir trois ou quatre pages sur ce seul thème…

    Que ne l’ont’il fait à partir de 2007 ?

    Sous le duodécennat de Chirac, on n’avait pas été débordé par les réformes autres que cosmétiques et il y avait donc douze ans d’incurie à rattraper pour ne pas insister sur le prédécesseur…

    Nicolas 1er est arrivé en 2007, tout vibrionnant et débordant de promesses de changement(s) radical(aux), convenablement élu et avec belles majorités dans les deux chambres…

    La suite est connue, toute faite de ratés au décollage, coups de frein intempestifs, dévoiements en tous genres, rétropédalage, déni de la confiance des électeurs outre les gouzi-gouzi à la gôôche pour que ses bobos n’aient pas trop bobo des violentes réformes à l’eau de rose tiédasse…

    Si les mêmes de 2007-2012-reviennent en 2017, pourquoi irait-on imaginer qu’ils feront ce qu’ils n’ont pas osé faire ces 5 dernières années dès le premier froncement de sourcils de Méremptoire pour ne citer qu’elle….

  • Juste une remarque qui peut être traduite en conseil.

    Comment un parti politique actuel pourrait intégrer des libéraux qui font du « négationnisme » sur des sujets majeurs que plus personne ne remet en cause pour EVIDENCES !

    Je vous laisse les retrouver.

  • La « vraie » droite est monarchiste, traditionaliste et catholique.

    La droite mongaullienne est anti-libérale, anti-américaine et procommuniste. On se souviendra de De Villepin debout devant les Américains à l’ONU et se couchant devant les communistes pour le CPE.

  • Historiquement, la « droite » française est l’héritière des radicaux et républicains modérés du XIXème siècle qui étaient…. à gauche.

    Plus concrètement, si nos politiques ne jurent que par la « république », c’est parce qu’ils l’ont mise en coupe réglée à leur seul bénéfice (salaires délirants, retraites scandaleuses, frais de représentation, gabegie électoraliste etc).

    La classe politique française est semblable à l’aristocratie pré-révolutionnaire : inutile et parasitaire.

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