PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible

Il faut se rendre à l’évidence : Montebourg n’est plus qu’un petit fusible, ou, disons charitablement, un magnifique bouclier pour Moscovici

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PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible

Publié le 13 juillet 2012
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La situation s’éclaircit. Pas pour tout le monde, soyons clairs, et certainement pas pour les ouvriers de PSA qui vont subir à la fois une tempête médiatique, politique, et surtout sociale. Mais pour certains membres du gouvernement, en revanche, la situation s’éclaircit franchement. C’est notamment le cas d’Arnaud Montebourg Du Dressement Très Progressif : de la position enviée d’homme à tout redresser, il passe à celle de bouffon coloré et impuissant. Mais surtout …

… Mais surtout, suite à l’annonce par PSA d’un plan de restructuration conduisant à la suppression de 8000 emplois et la fermeture du site d’Aulnay-Sous-Bois, on peut mesurer de façon très précise l’ampleur du pouvoir réel dont dispose le vaporeux ministre.

Pour cela, on pourra regarder tout le déroulement de l’affaire, du point de vue politique et médiatique.

Tout commence, comme il se doit, par l’annonce de la direction de PSA à ses salariés. C’est, comme prévu et largement fuité dans la presse les heures précédant l’officialisation de la nouvelle, une véritable bombe puisqu’il s’agit de fermer purement et simplement le site d’Aulnay, avec en conséquence la suppression de 8000 emplois. On ne peut s’empêcher de penser à la fermeture, 20 ans avant, du site de Renault à Boulogne-Billancourt, et on sait donc déjà à peu près ce qui fera l’actualité sociale, économique et syndicale dans le domaine automobile pour les prochains mois…

On pourrait noter que, comme pour Billancourt jadis, des signes avant-coureurs d’une santé de plus en plus hésitante de l’automobile française laissaient pourtant percevoir que ceci devait arriver un jour. La multiplication récente des primes à la casse et autres bidouilles gouvernementales pour soutenir à bout de bras cette industrie n’ont, en définitive, que repoussé au frais de contribuables déjà saignés à blanc une issue inéluctable. Par comparaison, les fabricants automobiles étrangers qui ne furent pas aidés subirent, au déclenchement de la crise en 2008, une violente chute de leur chiffre d’affaire et de leurs ventes, qu’ils ont maintenant au moins en partie rattrapés. L’industrie française, faussement protégée par les mesures gouvernementales dispendieuses, savait déjà que le retour de bâton serait douloureux. Pas étonnant, dès lors, que les rumeurs de fermetures allaient bon train depuis plusieurs années.

La suite immédiate de l’annonce n’étonnera guère que les plus jeunes d’entre nous. Comme prévu, le gouvernement, déjà au courant depuis des mois si ce n’est des années, s’est immédiatement et hypocritement placé sur ses ergots et, d’un petit cri strident et unanime, a clairement fait savoir sa totale désapprobation.

Plusieurs modes sont de mise : « Gasp ! L’entreprise a massivement reçu des subventions », « C’est un scandale car l’industrie automobile a un avenir en France », pour une Martine Aubry remontée comme un coucou suisse. En effet, pour elle, une entreprise qui reçoit des subventions massives de l’État est une entreprise qui va — forcément — bien et dont l’avenir est — obligatoirement — florissant. C’est même un signe clair, vérifié pour toutes les industries et toutes les entreprises : plus elles sont subventionnées, moins elles font faillite. Et puis Martine, qui, on l’oublie trop souvent, a elle-même conçu huit modèles différents de voitures vendues à plusieurs millions d’exemplaires, sait que cette industrie a un avenir en France. En patronne de trois grands groupes (automobiles, fusées techno-spatiales et débouteillage industriel), elle a une idée précise et pertinente de ce qu’il faut faire pour remettre toute la situation d’équerre, pif, paf, et elle ne se gênera pas pour l’exprimer.

Et pour en venir au frétillant gentleman farmer du Dressement Reproductif, il a déclaré sans ambages :

« Nous n’acceptons pas en l’état le plan présenté par PSA, sabre de bois ! »

(L’option « scrogneugneu » a été écartée par un habile conseiller qui jugeait cela trop passéiste.) Et bien sûr, aucune précision n’a été fournie sur les terribles moyens de pression que le gouvernement pourrait faire jouer sur le groupe privé.

montebourg et sa rose

En tout cas, le premier ministre, un certain Jean-Michel Ero Ayro Ayrault … pardon on me dit qu’il se prénomme Jean-Marc, bref, peu importe, le premier ministre a précisé que le ministre du Frétillement Productif aurait pour mission de présenter dans les heures qui suivent (maximum 300, plus ou moins 5%, disons le 25 juillet et n’en parlons plus) un véritable « plan de soutien » à la filière automobile. Vite vite.

kit a bullesLe même Jean-Paul Héraut en a d’ailleurs profité pour lancer un petit coucou sympathique à la direction de PSA, en lui demandant, si c’était possible, sauf vot’respect, d’engager une concertation bien bisou-compatible avec les partenaires sociaux, afin que toutes les options soient bien discutées, tout ça, afin de pas trop faire de casse, enfin, voilà. Évidemment, on saisit sans trop de mal que derrière sa langue de bois, Jean-Jacques Haireau est à sec pour son pistolet à eau et que sa seule arme encore capable de produire quelque chose est son petit kit à bulles Dora l’Exploratrice. C’est mignon, un petit premier ministre qui fait de jolies bulles irisées dans la tempête de Juillet…

Quant à Arnaud, lui, il a déjà rempli sa tâche. Il attendra calmement le 25 juillet pour remettre sa copie au Conseil des Ministres (une feuille petit format, petits carreaux, margée, écrit gros) dans laquelle on trouvera peut-être un malhabile dessin de voiture, un touchant poème aux rimes incertaines, ou un coloriage bigarré qui déborde un peu.

Ne nous leurrons pas : le pauvret n’a, en réalité, aucun pouvoir.

hollande humideSi on peut reprocher pas mal de choses à François Hollande (à commencer par le temps pourri qui le poursuit), on ne peut pas lui retirer un certain entregent politique et un talent de calculateur certain. Or, cette affaire PSA illustre parfaitement ce calcul qui fut mené dès le départ par le nouveau président, encombré qu’il était par ce cuistre frémissant.

Ainsi, regardez la réaction de Moscovici dans cette affaire : bien qu’en charge de toute l’économie et des finances, il fut pour le moins en retrait (il est intervenu après tout le monde) et lorsqu’il s’exprime enfin, souhaite « que personne ne soit laissé sur le carreau, qu’une solution soit trouvée à chacun », ce qui est renversant comme action, on en conviendra. En clair : le malin a laissé la presse se jeter sur Montebourg comme la misère sur le bas clergé.

De plus, comme le faisait judicieusement remarquer Authueil dans un billet daté du 30 juin, dans les textes, le pauvre ministre du Redressement Inductif n’a quasiment aucun pouvoir si ce n’est celui d’occuper la place, sous les sunlights. Sur le long terme, c’est assez malin pour Hollande puisque tout le monde sait déjà que les plans sociaux à la PSA vont très probablement se succéder ; à chaque fois, Arnaud devra se cogner les petites grimaces télévisuelles et les emportées lyriques sur ce que le gouvernement s’engagera à faire pour sauver tout le monde. À chaque fois, le plan social ne sera modifié qu’à la marge, histoire de lui faire vaguement conserver la face. À chaque fois, il perdra un peu plus de sa superbe, déjà passablement amoindrie après même pas deux mois de gouvernement.

Il faut se rendre à l’évidence : Montebourg n’est plus qu’un petit fusible, ou, disons charitablement, un magnifique bouclier pour Moscovici, qui pourra l’envoyer au feu à chaque nouvelle désagréable. Ce con suffisant sera, au moins au début, ravi de faire de la présence dans les productions folliculaires. Mais au rythme que la crise promet d’atteindre, il n’est pas impossible que le jouet de Hollande se lasse et tire sa révérence froufroutante.

Pendant ce temps, bien sûr, incompétence aidant, l’industrie française continuera d’agoniser.
—-
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  • Il y a en France 63 millions d’habitants.
    Il y a environ 2.500.000 chômeurs.
    Après fermeture Aulnay,et toutes choses égales etc., il y aura 2.508.000 chômeurs. En 2014.
    C’est donc une affaire d’Etat.
    Rions.
    Cela dit, l’édito d’h16 est excellent.

    • Il y a un petit peu plus que 2,5 millions de chômeurs en France, au moins quelque chose comme le double de ce nombre.

    • 8000 chômeurs, et combien de fournisseurs, de sous-traitants, de livreurs, de gardiens..?

      Pensez-vous qu’une usine de 8’000 employés vit coupée du monde?

      Les petits ruisseaux font les grandes rivières – hélas, dans le cas du chômage.

      Mais si vous pensez, puisqu’il y a en France 63 millions d’habitants et environ 2.500.000 chômeurs, que toute variation de 80000 personnes est négligeable, tant mieux pour vous: nous sommes entrés dans une phase où plus rien ne vous fera réagir.

      A la limite, tout effort pour résorber le chômage est tout aussi dérisoire: 10, 100, 1000 chômeurs de moins, c’est quoi en fin de compte?

      • 8000 personnes qui perdent leur emploie c’est un tragédie. Mais le gouvernement ne peut rien faire pour eux. Le remède serait pire que le mal. Il ne sauveront pas ces emplois sans creuser (encore) la dette, ou sans augmenter (encore) les impôts. C’est à dire sans plomber (encore un peu plus) l’économie, et donc mettre plus d’emplois en danger.

        J’ajoute que le fait que vos sous-entendus à peine voilés comme quoi nous serions des sans cœurs et des monstres inhumains sont insultants et ne vous font vraiment pas honneur.

  • Montebourre est au chaud, peinard, la soupe est bonne. Il a des chaussons en daim estampillés RF, une jolie carte de visite bleu-blanc-rouge (la dernière primant sur les deux autres) et il attend sagement de se positionner pour un quelconque tremplin pour 2022. Il sortira du gouvernement bien avant les 5 ans pour pas etre trop éclaboussé de caramel et etre le mieux placé dans l’après-Flamby. Une fois repassé dans l’opposition sombre et lugubre mais tellement pratique pour pouvoir taper sur un gouvernement en place sous tutelle de l’Allemagne (au mieux) ou du FMI (au pire), il reviendra nous pousser le couplet soviétique international. Avec des bisous.

    • Je pense quand même qu’il va rapidement craqué. Des qu’il y aura une fermeture d’une entreprise, son téléphone va sonner et les journalistes l’attendront à la sortie. Et en plus il ne pourra rien faire.

  • « PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible »
    Que pourrait-il prétendre être de plus qu’un parlementaire sectaire, polisson et dissipé, digne représentant d’une gauche française, PS compris, qui n’a jamais été autre chose qu’une opposition fondée sur la démagogie.

  • Comme si les hommes politiques s’intéressaient au sort de l’industrie française ! Quant aux ouvriers, petits blancs réactionnaires -dixit Terra nova, le think tank socialiste-, leur sort est la liquidation économique, culturelle et ethnique au profit de nos chers -très chers- z-immigrés et « chances pour la France » que les politiciens ont fait venir par millions.

  • Pourquoi ne pas obliger les Français à acheter une Peugeot et d’interdire les voitures allemandes ?
    Je suis surpris que Monsieur Montebourg n’en ait pas eu l’idée !

    • Un souvenir de ce qu’il s’est passé la dernière fois que l’armée allemande à décider de traverser le Rhin, peut-être… ^^

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