Pulp libéralisme : interview de Daniel Tourre

Dans Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants, Daniel Tourre présente de façon humoristique les bases philosophiques du libéralisme classique. Interview de l’auteur.

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Pulp libéralisme

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Pulp libéralisme : interview de Daniel Tourre

Publié le 3 juillet 2012
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Dans Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants, Daniel Tourre présente de façon humoristique les bases philosophiques du libéralisme classique. Interview de l’auteur.

Contrepoints : Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire un tel livre ?

Daniel Tourre : C’est un projet qui me tient à cœur depuis longtemps. J’ai commencé depuis plusieurs années à enrichir un site (www.dantou.fr) dont sont tirés une partie des textes du livre mais j’avais envie de repartir de cette base pour écrire une sorte de manuel distrayant. Le livre que j’aurais aimé avoir il y a 20 ans lorsque j’ai commencé à m’intéresser au libéralisme.

À l’époque, j’avais des intuitions libérales, des agacements sur ce que j’observais dans mon pays, mais  j’ignorais tout du libéralisme lui-même, et je ne savais même pas par quel bout commencer. J’ai beaucoup tâtonné, je suis tombé sur des mauvaises synthèses écrites parfois par des adversaires du libéralisme et j’aurais aimé avoir un livre me permettant de balayer les grandes notions avant d’en approfondir certaines ailleurs dans d’autres livres.

Aujourd’hui avec Internet, le besoin est moins criant qu’à l’époque, mais je pense tout de même qu’entre les livres plus savants et les essais de qualité – que nous avons désormais – il manquait un ouvrage plus grand public qui puisse servir de porte d’entrée au libéralisme pour un curieux comme pour un libéral intuitif. Un livre qu’on puisse prêter à un ami, sans crainte de l’ennuyer, pour qu’il découvre les grandes lignes du libéralisme classique. J’ai voulu partir de 36 clichés régulièrement entendus dans la sphère publique pour capter l’attention d’un néophyte plus facilement.

J’espère aussi que le livre va assez dans le détail de chaque sujet pour permettre à un libéral plus aguerri de découvrir ou redécouvrir des notions ou des auteurs.

Le livre a un format assez atypique pour un livre politique.

Oui, il a un grand format (A4), avec beaucoup d’illustrations. L’objectif était qu’on ait envie de le feuilleter, même un peu fatigué ou même si l’on n’est pas passionné par la politique. Un livre qui puisse se lire par petit bout, qui fasse sourire et qu’on referme en ayant appris une chose ou deux. Il est donc divisé en sections puis en sous-sections souvent autonomes et sur chaque page, il y a un texte explicatif, une illustration humoristique et une courte citation.

Est-ce que ce livre couvre toutes les écoles du libéralisme ?

Non. Le livre fait très clairement la part belle d’une part au libéralisme classique basé sur le Droit naturel moderne et d’autre part à l’École Autrichienne. Il consacre d’ailleurs plusieurs chapitres au Droit naturel. C’est d’abord parce qu’il s’agit de la vision du libéralisme dont je me sens le plus proche. C’est de surcroit parce qu’à mon avis, c’est à la fois la vision la plus prometteuse pour défendre le libéralisme en France et la vision la moins connue dans le grand public.

Quant à l’École autrichienne et sa théorie des cycles, elle occupe aussi une partie importante de l’ouvrage. Il me parait important de diffuser le plus possible ses fondements et sa vision, en particulier en temps de crise. Beaucoup de gens sont actuellement convaincus que les crises sont une défaillance structurelle du capitalisme libéral. L’École Autrichienne montre de manière convaincante qu’il n’en est rien. Sans cet apport, la défense du capitalisme libéral hier comme aujourd’hui est beaucoup plus difficile.

Pourquoi pulp libéralisme ?

Pulp, cela fait référence à toute une culture populaire américaine des années 1930, 1940, 1950.  Il s’agit de petits fascicules vendus pour 10 cents dans les épiceries ou les magasins ambulants.

C’étaient des textes mais aussi des comics, des BD, sur toutes les thématiques (roman, science fiction, horreur, policier, action, guerre, roman à l’eau de rose…) d’une trentaine de pages qui contenaient deux ou trois histoires avec quelques héros récurrents et un courrier de lecteurs pointilleux. Cette forme de publications existe d’ailleurs toujours. Une large partie de ces BD jusqu’aux années 1950 sont tombés dans le domaine public. Elles sont aujourd’hui scannées et rassemblées par des collectionneurs puis mises en ligne sur des sites aux USA.

J’aime bien cet univers kitsch fait de robots, de fusées jaunes ou vertes, de demoiselles en détresse et de monstres ridicules. Je cherchais un moyen décalé d’illustrer le livre tout en ayant une certaine homogénéité, un fil conducteur. J’ai donc passé des heures et des heures à survoler ces centaines de pages afin de trouver des scènes me permettant d’illustrer une idée… J’ai d’ailleurs beaucoup travaillé à la bibliothèque pendant cette période, et je sentais ces étudiants observant ce vieux qui passait des journées et des journées, à la même place, à lire à la vitesse de la lumière sur écran de portable des vieilles BD avant de s’arrêter sur une page, avec un air de chercheur d’or ayant trouvé un pépite. Ensuite, il s’agissait de réécrire les dialogues à la sauce libérale.

Pourquoi avoir créé votre propre maison d’édition pour sortir ce livre ?

Ça, ce n’était pas du tout prévu au départ. Des éditeurs étaient intéressés par le texte explicatif lui-même mais le format ne les intéressait pas pour des raisons économiques. A4 avec illustrations, cela coûte beaucoup plus cher à imprimer, stocker ou expédier qu’un livre normal. Et dans le domaine politique, cela ne se fait tout simplement pas. Bref, après pas mal d’hésitations, j’ai trouvé que je perdais une large partie de l’originalité du livre en acceptant les conditions des éditeurs – par ailleurs parfaitement compréhensibles. J’ai donc préféré lancer une maison d’édition pour avoir exactement le livre auquel je pensais. Puis je me suis pris au jeu de l’édition. Ça m’a permis de découvrir le milieu de l’édition/librairie en France comme de l’import/export puisque j’ai fait imprimé le livre en Turquie.

Le livre reste cher…

Oui hélas, mais il faut savoir qu’entre une impression noir et blanc sur un format habituel (grosso modo A5) et une impression couleur sur un format A4, le coût de fabrication va du simple au quintuple. La couleur est chère. Une BD couleur de 50 pages coûte d’ailleurs environ 10 €. « Pulp Libéralisme » fait 234 pages en format A4. Il y a une version Noir et blanc pour 22 € qui devrait être aussi largement disponible. J’aimerais aussi faire une version ipad/kindle, mais c’est un gros travail surtout avec la mise en page de ce livre et elle ne sortira pas avant plusieurs trimestres.

Êtes-vous optimiste sur la diffusion des idées libérales dans les prochaines années ?

Oui, très. D’une part parce que le modèle dominant en place est en train de s’effondrer doucement. Beaucoup de gens cherchent une autre vision et restent très curieux lorsqu’un discours sort des sentiers battus.

Dans le même temps Internet favorise de manière incroyable la diffusion des idées nouvelles ou oubliées.

Enfin en dehors de mon livre (très bien donc), beaucoup d’autres livres sortent ou vont sortir, dans des créneaux complémentaires, à commencer par le dictionnaire de Mathieu Laine de très bonne qualité ou dans un autre registre Libres, 100 auteurs pour la liberté. Avec un peu de chances, d’ici quelques années, sur les rayons des bibliothèques, les livres parlant du libéralisme ne seront plus (uniquement) des longues rangées de livres hostiles au libéralisme mais des livres écrit par des libéraux…

La diffusion des idées libérales est de toute manière un préalable indispensable à toute réduction significative de la place de l’État dans nos vies et dans la société. Notre grand défi dans les prochaines années sera de s’adresser au grand public, mais contrairement aux décennies précédentes nous avons vraiment une fenêtre qui s’ouvre.

—-
Daniel Tourre, Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants, Éditions Tulys, 1er avril 2012, 236 pages, Broché couleur.

Achat sur amazon ou directement aux Éditions Tulys.

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  • Je vous félicite pour ce livre, le contenu est de qualité et très bien illustré. Je tiens également à souligner que le délai de livraison a été très court pour ma part.

  • Ce livre est génial, je l’ai dévoré en 2 jours et je le garde tjrs à portée de main au cas où 🙂

    Merci bcp !!

    Juste une petite critique, Milton Friedman est étrangement absent de cette oeuvre (alors pourtant que vous citez les bons d’éducation, dotn il a été le plus fervent promoteur) et de même, il y a une petite erreur sur le cliché des taux d’intérêt, où l’auteur dit que les monétaristes sont des manipulateurs des taux d’intérêt, alors que c’est parfaitement faux et sans rapport avec ce qu’est le monétarisme.

    Mais sinon, quel livre !!!

  • J’ai reçu mon exemplaire hier, et j’ai été très agréablement surpris de la qualité de l’ouvrage. Reliure souple mais ferme, impression parfaite sur du papier de qualité, il est parfaitement à sa place entre mes anthologies de « Mad Magazine » et autres livres/BDs du même format.

    Le but est bien atteint: on peut feuilleter au hasard et toujours tomber sur une illustration amusante mais qui apporte bien une réflexion ou un éclairage libéral sur le monde, ou trouver une citation intéressante d’un auteur important, ou si on a plus de temps lire le court chapitre en entier et apprendre chaque fois quelque chose de nouveau.

    Félicitations !

  • Merci Daniel, grand respect pour tous vos efforts. Je m’empresse de le commander

  • Le livre est très bien en effet. Je suis en cours de lecture, les BDs sont bien faites.

    Cependant, j’ai été extrêmement déçu par le passage sur Kant, à la page 59. Faire de Kant un précurseur du postmodernisme est une erreur monumentale, et je crains que l’auteur n’ait pas bien compris l’objet de la critique de la raison pure, ni l’enjeu de la distinction entre noumènes et phénomènes, et de même pour les problèmes épistémologiques qu’il a cherché à résoudre. Attribuer à Kant une forme de relativisme alors qu’il est l’auteur de l’impératif catégorique, c’est tomber complètement à côté. La crédibilité pourrait malheureusement en prendre un coup.

    Bon, je dis ça, mais je ne boude pas mon plaisir avec ce livre, loin de là !

    • Kant est bel et bien relativiste, puisque son impératif catégorique est universel non point par son fond mais par sa forme; quelque soit le contenu d’une proposition catégorique, si cette proposition est catégorique par sa forme, son propos DOIT être considéré comme universel, indépendamment de sa nature. Alors, bien-sûr, Kant présuppose qu’il n’y a qu’un impératif catégorique possible, le sien! Comme si je ne pouvais pas donner forme universelle à tout et n’importe quoi, genre « baise des mannequins blondes aux gros seins, pas des brunes plates de poitrines ».

      Ce relativisme formaliste de Kant lui permet de présenter comme une vérité qu’on n’a pas besoin de justifier, son altruisme sacrificiel. Il proclame la non-validité de toute démonstration logique qui viserait à démystifier ses vues; précisément, parce qu’il hait la logique, n’en fait pas usage et cherche à en empêcher et à en discréditer la logique.

      • Vous faites bien de parler de logique, parce que vous n’en faites pas preuve en disant de l’impératif catégorique qu’il est un relativisme. L’impératif catégorique est transcendantal chez Kant, il tient de la raison pure, c’est justement contre ça que lutte le relativisme et c’est en partie contre Kant que le postmodernisme s’est bâti. Que le principe de l’impératif catégorique soit stupide, à la manière de toute morale qui se voudrait fondée exclusivement sur des axiomes, soit, que Kant ait fait des erreurs, soit, là n’est pas la question. Mais de fait, considérer des principes moraux comme étant universels, c’est l’opposé du relativisme.

        Mais le point que je soulevais tenait davantage des positions épistémologiques de Kant sur la capacité de la raison à connaître. La critique de la raison pure n’est pas une critique négative de la raison qui lui nierait tout possibilité de connaître la vérité, bien au contraire, c’est un examen des capacités de la raison afin d’en trouver les limites et d’ôter toute illusion métaphysique (et c’est son erreur que de ne pas l’avoir appliqué dans le champ de la morale, certes), tout en la réhabilitant contre certaines formes de scepticismes en lui reconnaissant une logique transcendantale. Dire qu’il « hait » la logique, c’est du n’importe quoi en barre.

        Bref, j’ai l’impression que vous avez lu Kant à travers Ayn Rand, qui n’a pas compris grand chose au subjectivisme kantien et ce que sont les noumènes et les phénomènes (comme beaucoup de gens d’ailleurs). Ca en devient drôle, parce que critiquer un auteur selon ses motivations intérieures (la haine) et non pas sur la stricte logique de ses écrits, c’est précisément le petit jeu auquel ont joués tous les relativistes, qu’on parle de Marx ou autres « intellectuels » de notre bon vieux XXè siècle. L’examen critique reconnaît des erreurs, pas des intentions fantasmées.

        • « L’impératif catégorique est transcendantal chez Kant, il tient de la raison pure » Il est censé tenir de la raison pure!

          Le drame kantien, c’est de refuser de dériver ses positions éthiques de la nature humaine; il ne dit pas « voilà la nature humaine, voilà ce qu’on peut déduire de la nature humaine ». Kant n’analyse pas ce qu’est l’homme, pour en déduire ce qui convient à l’homme.

          Voilà ce que fait Kant :

          1. Il pose comme axiome arbitraire qu’un impératif catégorique doit se juger à l’aune de sa forme catégorique, et non point de son fond; si un impératif est de forme catégorique, alors son contenu DOIT être universel; la forme engendre la validité du fond.

          2. Il pose de façon arbitraire également qu’il ne peut y avoir qu’un impératif catégorique possible, celui qui énonce que je suis un animal rationnel et qui formule une morale sacrificielle en la prétendant déduite de ma nature rationnelle.

          cette morale sacrificielle: sacrifie tes intérêts au profit d’autrui, sans cesse.

          3. Il ne fait pas l’effort de voir si cette morale peut en effet se déduire logiquement de ma nature rationnelle. car ma nature rationnelle fait partie du noumène, je ne puis donc en déduire quoique ce soit.

          En gros, le kantisme en morale se réduit à : « tu vois, cette proposition éthique qui proclame le sacrifice de soi au nom de la nature rationnelle de l’homme, eh bien obéis-y sans faire chier, car tu n’as pas d’autre façon que de savoir ce qui est bien ou mal ».

          Je ne vous répondrai pas sur le plan épistémologique; j’ai voulu éclaircir ma position, c’est tout. Juste un mot: la morale et l’épistémologie de Marx découlent de Kant.

          • Bon d’abord, je ne remets pas en cause le fait que l’impératif catégorique soit faux. Je sais très bien ses points faibles. Mais vous voyez, ça ne suffit pas à faire de la personne de Kant un relativiste alors même qu’il était convaincu qu’il existait une morale universelle.

            Et entre nous, il y a un fond à l’impératif catégorique kantien : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ». Si vous voyez là la revendication du sacrifice, grand bien vous fasse, mais j’ai peur qu’un prisme randien déforme votre compréhension.

            « eh bien obéis-y sans faire chier » : vous n’en avez pas marre de proférer des bêtises ? Kant fait une distinction capitale entre devoir moral et droit : puisque l’accomplissement du devoir moral implique la liberté (l’impératif catégorique tient du sujet), le droit garantit cette liberté. On est dans le libéralisme pur jus.

            Bon et vous professez n’importe quoi sur les noumènes et la volonté de Kant de prétendre ne pas connaître la nature rationnelle de l’homme. Pourtant le fait qu’il ait écrit un bouquin « Critique de la raison pure », ça devrait vous mettre la puce à l’oreille. « Noumène », ça désigne juste les choses telles qu’elles sont hors de la structure cognitive qui nous permet de percevoir et connaître. Si vous connaissez quelqu’un qui connaît des choses en dehors de sa structure cognitive, il faudra me le montrer et m’expliquer comment il est sorti de lui-même et de son appareil cognitif.

            Et à dire que l’épistémologie marxienne vient de Kant, on nage dans le délire total. Marx est un hégélien pure souche, et je n’ai pas souvenir que Hegel fut un grand kantien, bien au contraire. Marx a « inversé » l’idéalisme d’Hegel en un matérialisme, et son polylogisme (selon les classes sociales) ainsi que sa définition de l’idéologie (où l’idée résulte de la condition matérielle et historique de la classe sociale et non pas de l’esprit qui pense) sont tout l’opposé de la raison pure, de la logique transcendantale, et de la reconnaissance de l’individu en une fin en soi.

            Franchement, votre haine déraisonnée de Kant vous pousse aux propos les plus farfelus. Ca ne m’amuse plus.

  • @ Aurélien

    A propos du noumène: c’est ce que je ne peux connaître. Kant tente de démontrer que notre appareil cognitif ne peut accéder aux choses telles qu’elles sont; ah bon? Quand je vois une table, ben je vois une table mec. Ah mais oui, l’entendement impose ses catégories au donné empirique… et c’est là que le drame arrive, la causalité est une catégorie de l’entendement, quelque chose qui n’existe que pour moi, qui forme mon donné empirique mais n’en fait pas partie.

    Sauf que Kant présuppose que je ne puis par l’induction confectionner le concept de causalité: le concept de causalité fait que je vois la batte de billard enclencher le mouvement de la boule, mais ce n’est pas la répétition observée du mouvement de la boule après le coup de la batte de billard qui me permet de confectionner le concept de causalité ad hoc. En clair, je ne puis selon Kant connaître les médiations réelles entre les choses, mon concept de causalité ne renvoie à rien de réel. c’est donc du relativisme.

    Au sujet du « obéis sans faire chier » : Kant certes estime qu’on ne peut m’obliger à obéir à sa morale sacrificielle; mais il estime surtout que je dois obéir aveuglément à cette morale, que je ne puis par l’exercice de la raison déduire une morale depuis ma nature humaine. Lisez le texte, enfin! L’impératif catégorique est premier sur la connaissance de ma nature; je connais l’impératif catégorique, d’abord, puis ma nature rationnelle ensuite, dont il me parle. Mais je ne puis connaître d’abord ma nature rationnelle.

    Voilà ce que fait Kant :
    1. Il pose comme axiome arbitraire qu’un impératif catégorique doit se juger à l’aune de sa forme catégorique, et non point de son fond; si un impératif est de forme catégorique, alors son contenu DOIT être universel; la forme engendre la validité du fond.
    2. Il pose de façon arbitraire également qu’il ne peut y avoir qu’un impératif catégorique possible, celui qui énonce que je suis un animal rationnel et qui formule une morale sacrificielle en la prétendant déduite de ma nature rationnelle.
    cette morale sacrificielle: sacrifie tes intérêts au profit d’autrui, sans cesse.
    3. Il ne fait pas l’effort de voir si cette morale peut en effet se déduire logiquement de ma nature rationnelle. car ma nature rationnelle fait partie du noumène, je ne puis donc en déduire quoique ce soit.

    « Et entre nous, il y a un fond à l’impératif catégorique kantien : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ». Si vous voyez là la revendication du sacrifice, grand bien vous fasse, mais j’ai peur qu’un prisme randien déforme votre compréhension. »

    Alors là, vous délirez complètement. Kant écrit noir sur blanc qu’agir comme un tout chacun agirait à ma place, c’est servir en toutes circonstances les intérêts d’autrui et jamais exclusivement les miens, quitte à sacrifier mes intérêts propres quand nécessaire. ce qui condamne la logique-même du capitalisme et constitue le fond de la morale marxienne : « de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

    Lire Von Mises à ce sujet. http://www.librairal.org/wiki/Ludwig_von_Mises:Le_Socialisme_-_chapitre_30

    Merci pour le lien, sinon.

    Un dernier mot: je crains que vous ne soyez aveuglé par la pensée unique des universités, classes prépa et grandes écoles françaises; certes, ce n’est pas facile de sortir du troupeau, la liberté fait peur parfois, mais la réalité est ce qu’elle est, elle se contrefiche des faussetés énoncées auprès du troupeau, elle leur rit au nez.

    • @ Tony et Aurélien :

      perso, merci pour vos échanges sur Kant, j’ai tjrs eu du mal à le comprendre tellement sa pensée et sa façon de l’exprimer me semble complexe.
      Merci encore, j’ai approfondi mes connaissances sur l’impératif catégorique et ses faiblesses.

      • Dans sa formulation, l’impératif kantien est randien; mais dans son interprétation par Kant, il est anti randien. C’est ce qui rend confus l’exégèse.

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