Selon Paul Jorion, Pascal Salin serait mal informé

Sur un ton polémique et catégorique, le journaliste Paul Jorion explique que le Professeur Salin a tout faux dans son analyse de la crise. Rétablissons quelques vérités.

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Salin Jorion

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Selon Paul Jorion, Pascal Salin serait mal informé

Publié le 14 juin 2012
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Sur un ton polémique et catégorique, le journaliste Paul Jorion explique que le Professeur Salin a tout faux dans son analyse de la crise. Rétablissons quelques vérités.

Par l’auteur du site Libéralisme expliqué.

Un certain Paul Jorion, journaliste et « diplômé en sociologie et en anthropologie sociale » a écrit un article dont le but est ouvertement de nuire à l’image de Pascal Salin, Professeur émérite de l’Université de Paris Dauphine en critiquant un article qu’il a publié dans Le Monde intitulé « Revenir au Capitalisme ».

Sur un ton polémique et catégorique, il explique que le Professeur Salin a tout faux dans son analyse de la crise pour deux raisons :

1. De 2004 à 2006, il y a eu un peu plus de titres adossés à des crédits hypothécaires émis par des banques privées que par les agences d’État Fannie Mae et Freddie Mac, graphique non sourcé à l’appui.

2. Les prêts immobiliers risqués du gouvernement viennent du fait que Bush voulait une société de propriétaires, ce qui était un argument du Cato Institute où Pascal Salin a des « amis et admirateurs ». Un peu plus et Jorion nous expliquerait que Pascal Salin est de ce fait responsable de la crise !

On pourrait dire qu’il n’y a pas lieu d’apporter une réponse à ces deux arguments. Pourtant, cet article arrive en troisième position quand on tape « Pascal Salin » dans Google sous le titre « Pascal Salin est très mal informé ».

Il semble donc utile de rétablir quelques vérités concernant chacun de ces deux fabuleux arguments :

1. Pascal Salin ne dit pas que la crise n’était due qu’aux Government–Sponsored Entities (GSEs) Fannie Mae et Freddie Mac. C’est d’ailleurs un argument qu’il ne sort qu’en complément (et dont il ne parle même pas dans le fameux article du Monde). Son premier argument est que la crise est principalement due aux politiques monétaires de la Federal Reserve, comme il le dit dans l’article :

En effet, la cause de la crise réside dans la politique d’expansion monétaire pratiquée au cours de la première moitié des années 2000, en particulier aux États-Unis. Il en est résulté une abondance de liquidités qui a conduit à financer trop de projets, en particulier des projets risqués, d’autant plus qu’elle était accompagnée d’une politique de bas taux d’intérêt qui faussait les calculs économiques. Cette abondance de liquidités et ces manipulations des taux d’intérêt ont entraîné d’importantes distorsions structurelles en orientant les facteurs de production vers les secteurs les plus dépendants du crédit.

Les taux artificiellement bas de la Fed au début des années 2000 ont entrainé une bulle immobilière dans laquelle les investisseurs ont été conduits à prendre des risques excessifs. D’où le nombre important de Residential Mortgage–Backed Securities (RMBs) provenant des banques privées que pointe Jorion. Le graphique qu’il présente est au final une illustration parfaite de la thèse centrale du Pr Salin. Si Jorion avait seulement lu l’article de Salin qu’il prétend critiquer, il aurait lu : « les banques ont ainsi été incitées ou même contraintes d’accorder des crédits à des emprunteurs peu solvables », ce que l’on observe très bien sur le graphique que Jorion nous donne.

2. L’argument sur le Cato Institute est au ras des pâquerettes puisqu’il consiste à dire que les politiques gouvernementales de crédits ont été influencées par le Cato Institute qui plaidait pour une société de propriétaires. C’est typique des socialistes qui pensent que la fin justifie les moyens. Le Cato Institute n’a jamais dit qu’il voulait une société de propriétaires par tous les moyens possibles, y compris des interventions gouvernementales de toutes sortes.

Dans un article publié sur le site du Cato, on peut lire des précisions sur ce qu’ils entendent par là :

Une société de propriétaires valorise la responsabilité, la liberté et la propriété. Les individus sont renforcés lorsqu’on les libère de la dépendance aux largesses de l’État.

Jorion ne fera croire à personne qu’il fallait entendre par là : « l’État doit financer ou favoriser du crédit facile et devenir créancier d’individus artificiellement propriétaires. »

Les politiques monétaires et les politiques de logements des années 2000 n’avaient rien à voir avec les préconisations du Cato et de Pascal Salin

Enfin, Jorion part dans un délire où il fait une pseudo-psychanalyse méprisante de ses adversaires : « Il s’agit une fois encore de prendre Keynes comme punching-ball : sa mort prématurée en 1946 a frustré les hayékiens de leur adversaire de prédilection et, pareils au pauvre Hamlet, ils n’en finissent pas de se disputer avec le spectre du père-héros mais haï. »

Passons sur l’étalage cuistre d’une référence littéraire mal employée (Keynes n’avait rien d’un père-héros pour Hayek) et notons que, dans son article, Salin ne parle ni de Hayek, ni de Keynes et on ne voit pas bien où Jorion voit des combats contre des spectres.

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Sur le web.

Voir les commentaires (26)

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  • Encore un sociologue qui croit avoir tout compris… Jorion fait egalement l’impasse sur le community reinvestment act. qui a effectivement OBLIGE les banques a preter a des gens insolvables. Pour etre plus precis, l’immobilier et la tendance, alors haussiere, du marche laissait penser que ces gens etaient plus solvables qu’ils ne l’etaient. Mais de toute facon la question ne se posait pas puisque de toute facon la loi obligeait les banques a preter a ces gens…

  • Sous des dehors de gentil papy cultivé, Paul Jorion est en réalité un vrai stalinien totalitaire. Dans ses bouquins et articles, ses références (même économiques) sont Robespierre et Saint Just. Il tient Hayek pour un Nazi (verifié par moi en dialogue direct avec lui sur son blog !!!!). C’est l’économiste d’extreme gauche le plus structuré mais lorsqu’il sent qu’il est contré efficacement, il recourt aux basses insultes, procédé éminemment bolchévique. Il espère encore que la crise actuelle lui évitera les poubelles de l’histoire. C’est tout un courant qui pense que la crise grecque peut leur permettre de jouer les prolongations avec le succès de Syrisa dimanche.

  • Jorion nous sort donc la théorie autrichienne pour contredire un autrichien… Intéressant…

    Quant à l’argument sur le CATO, on me l’avait déjà sorti sur un forum où j’avais répondu tout simplement par intuition qu’il confondait la fin et les moyens. Je vois que j’ai eu raison.

    • Je ne suis pas contre un recadrage de Jorion mais s’en prendre à un de ces articles datant d’il y a 2 ans n’est ce pas un peu désuet ?

  • Jorion est un serial catastrophiste à tendance totalitaire qui comme tout bon gauchiste, s’en fiche comme d’une guigne des faits et des chiffres, sauf quand ça arrange sa propagande.

    Il suffit de reprendre la liste interminable de ses prédictions foireuses pour montrer que sa crédibilité est nulle hors du cercle d’abrutis qui le tiennent encore pour gourou.

  • Prendre Jorion au sérieux quand il parle d’économie, c’est comme prendre au sérieux Homer Simpson quand il parle d’énergie nucléaire… Je me souviens de l’époque où, sur son blog, il n’avait aucune idée de ce qu’était la création monétaire ni les réserves bancaires fractionnaires…

  • Jorion, toujours dans son déni de réalité apparemment : comme le fait de ne pas admettre la création monétaire par les banques commerciales…

  • correction :
    « comme le fait de ne pas admettre [l’existence de] la création monétaire par les banques commerciales… »

  • C’est faire trop d’honneur, et surtout trop de publicité, à Jorion que de lui répondre. Jorion n’est rien ; le système gauchiste a besoin d’un con quelconque pour soutenir ces thèses débiles, c’est lui qui s’y colle.

  • « Rétablissons quelques vérités ». Bof, la vérité dans ce genre de débat…
    « Un certain Paul Jorion, journaliste et diplômé en sociologie et en anthropologie sociale ». Autrement dit d’emblée,il n’y connait rien!
    Voilà un article qui commence bien mal! Ces deux phrases déforcent vos propos, même si votre avis est intéressant…

    • On peut avoir une critique sur les vingt (sans compter les citations et si je ne me suis pas gouré) autres phrases, steuplaît ? Dans un article, y’a pas que le chapeau !

  • Jorion illustre à merveille une certaine « pensée » de gauche essentiellement complotiste: on nous cache tout, on nous dit rien, y’a des méchants derrière tout ça, nous on est les bons, y’a qu’à, faut qu’on…

  • En attendant le vrai fond du problème, c’est le mème écolo qui prévaut depuis quarante ans.

    Dans une société technologique, la croissance provient d’une plus grande quantité d’énergie disponible et de la technologie permettant d’utiliser cette énergie.

    énergie x technologie x travail = production, c’est aussi simple que cela.

    mais depuis quarante ans, sous la pression des écolos soutenus par des groupes comme le club de Rome, tous les prétextes sont bons pour freiner le développement énergétique.

    le résultat: la stagnation économique.

    bien camouflée d’ailleurs par des statistiques d’inflation scandaleusement manipulées à la baisse.

    Je suis persuadé que depuis au moins dix ans, l’inflation en France est sous-estimée d’au moins 3%.

    Si l’on ajoute 3% à l’indice des prix de l’INSEE et que l’on recalcule la croissance sur cette base, l’économie française a stagné entre 2002 et 2006, et nous sommes en récession continue depuis 2007, à tel point que le PIB 2011 n’est que 70% de ce qu’il était en 2002.

    surprise, c’est depuis 2007 que les déficits publics explosent: on continue à dépenser comme si l’argent était toujours là.

  • Sociologue : nom pompeux pour guignol. Idem pour journaliste.

    • Tiens, j’en ai une autre dans le genre : économiste, nom pompeux pour élever au rang de « scientifique » les demi-matheux et physiciens ratés vaguement intéressés par l’individu dans ses relations avec les autres.

      Et le comble de l’ironie, c’est que « ça » croit pouvoir se comprendre dans une autre catégorie que celle dans laquelle « ça » insère Jorion.

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