Chômage : jérémiades sur jérémiades

Les lamentos publics sur le chômage ne sont pas près de cesser à mesure que les mauvaises nouvelles déferlent. Ce billet attire principalement l’attention sur l’aspect fiscal évident du chômage avec l’adjonction dramatique de l’incertitude.

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Chômage : jérémiades sur jérémiades

Publié le 12 juin 2012
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Les lamentos publics sur le chômage ne sont pas près de cesser à mesure que les mauvaises nouvelles déferlent. Ce billet attire principalement l’attention sur l’aspect fiscal évident du chômage avec l’adjonction dramatique de l’incertitude.

Par Michel de Poncins.

Le prophète Jérémie pleurait sur le malheur des temps mais ne le créait pas lui-même. Les lamentos publics sur le chômage ne cessent pas et ne sont pas près de cesser à mesure que les mauvaises nouvelles déferlent. Ces lamentations sont d’autant plus fortes qu’elles proviennent de ceux-là mêmes qui créent le drame, tout en veillant avec soin à y échapper personnellement.

Les chiffres sont mauvais dans toute la zone euro. Fin avril, 17,4 millions de personnes se trouvaient sans emploi soit 11% de la population active et 110 000 personnes de plus qu’en mars. La France, comme souvent, est en pointe si l’on peut dire. Avril est le douzième mois de hausse consécutive aboutissant à un total de 2,75 millions de chômeurs ; toutes les catégories de la population sont touchées mais surtout les jeunes et les séniors.

Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis longtemps et quelle que soit la couleur apparente ou réelle du gouvernement le problème s’aggrave. Or, ce n’est pas du tout une fatalité comme nous allons le voir.

En novembre 2011, il y eut trente mille demandeurs d’emploi supplémentaires les jeunes étaient particulièrement touchés. Le taux de chômage « officiel » était de 10%. En fait ce pourcentage est faux, car les 10% se rapportent à la population active laquelle comprend les fonctionnaires ou assimilés qui ne risquent pas le chômage ; rapporté aux salariés du privé, le pourcentage réel deviendrait de 20%. L’Allemagne de son côté affichait alors un taux officiel de 6,4 % et connaissait une pénurie de main d’œuvre.

Antérieurement, en avril 2009, le Président Sarkozy présentait un plan d’urgence destiné prétendument à atténuer le taux de chômage. Il visait à faciliter le recrutement de jeunes dans les entreprises par le biais de l’apprentissage et de contrats aidés. Il était promis 320 000 contrats d’apprentissage en un an, grâce à une exonération de charges et à une prime spéciale. De l’argent fut déversé dans une campagne d’information sur l’apprentissage. Personne ne peut savoir si des contrats d’apprentissage supplémentaires ont été conclus. Des sortes de nouveaux fonctionnaires, sous le nom de « référents », devaient faire la promotion de l’alternance.

En remontant le temps, le 4 juillet 1977, Raymond Barre avait lancé le premier « pacte national pour l’emploi des jeunes ». Ses successeurs à Matignon ont inventé une kyrielle de dispositifs : contrats de qualification, stages d’insertion dans la vie professionnelle, travaux d’utilité collective, contrats emploi-solidarité, emplois-jeunes, contrats jeunes en entreprise, contrats d’insertion dans la vie sociale, contrat de professionnalisation. Dominique de Villepin plus tard mit en œuvre un « plan d’urgence pour l’emploi des jeunes ».

Pourquoi le chômage ?

Arrêtons ce désolant historique et voyons les causes. Cela conduira aux remèdes lesquels existent malgré la propagande officielle contraire.

Les explications les plus souvent citées sont nombreuses : désindustrialisation, atonie de l’investissement, chute des exportations, coût du travail excessif, nombre excédentaire des fonctionnaires, les 35 heures, smic en accroissement constant, code du travail et son incroyable complexité, grèves permanentes chassant les investisseurs hors de France, nuée d’organismes publics souvent immortels et prétendant s’occuper de la calamité .

En fait cette énumération mélange les causes et les effets. Dans le cadre restreint de ce billet, il n’est pas possible de tout traiter et nous allons parler uniquement de la fiscalité. Nous allons voir ainsi que François Hollande en héritant d’une catastrophe nationale s’est empressé de l’aggraver.

La création d’emplois

Seules les entreprises peuvent créer des emplois. Nous excluons les entreprises du Cac40 ; celles-ci ont tout compris et gagnent leur argent à l’étranger. En plus, structurellement, les très grandes entreprises ne sont guère créatrices d’emplois.

L’immense tissu des autres entreprises est prêt à créer des emplois en grand nombre si on ne les en empêche pas par les lois fiscales et sociales. Cela peut concerner aussi bien des firmes de milliers de personnes que des PME ou des TPE.

Comment se prend la décision d’embaucher ou pas ? Le processus est le même qu’il y ait un décideur, le patron, ou un groupe de décideurs. Il faut légitimement que l’embauche maximise les profits. Chaque décision d’embauche répond à un challenge : produit nouveau, marché à l’extérieur, concurrent agressif, acquisition d’une licence, opportunité à saisir…

Le risque est toujours important. Il est très grand pour l’entreprise personnelle ou familiale, car souvent le patrimoine du patron est dans la balance.

En clair et pour résumer, il faut que les risques et le coût de l’embauche soient largement inférieurs aux profits espérés, ceci si possible d’une façon pérenne. C’est là que la fiscalité intervient dans le cadre de la centaine d’impôts que paient les entreprises. Elle intervient aussi avec bien d’autres impôts : un impôt sur les super riches les chassent hors de France et crée du chômage en conséquence.

Si le décideur sait que le fisc le privera de la totalité ou de l’essentiel de ses efforts, il restera l’arme au pied en rongeant son frein. C’est ce qui s’est passé tant de fois avec les Chirac, Sarko et compagnie ; le résultat est connu avec la croissance désolante du chômage engendrant à son tour d’autres calamités.

L’incertitude du châtiment

Avec François Hollande un facteur nouveau apparaît, à savoir une incertitude maximum sur la punition réservée aux entrepreneurs. Cette longue incertitude dure depuis les primaires socialistes mais elle s’est durcie pendant la campagne officielle. Depuis l’élection, elle s’envole dans le nuées. Tous les jours les médias parlent de la menace fiscale détaillant le menu des réjouissances avec toutes les variantes possibles. Dans ce menu, les entreprises sont particulièrement visées !

Tout récemment Martine Aubry vient de lâcher une véritable bombe en disant que les impôts déjà prévus ne suffiront pas et elle a fait allusion à d’énormes marges de manœuvre fiscales (sic). C’est si grave qu’il est permis de s’interroger : la « Kamarade » ne fait-elle pas payer au président son ingratitude en lui savonnant par avance la planche ? Tout ce micmac se déroule sous l’œil goguenard de l’UE, elle-même source connue du chômage dans le continent.

Dans ce tintamarre aucune mesure d’économie réelle et immédiate n’est prévue alors que cela permettrait aux entreprises d’éviter le déluge fiscal. Le résultat immédiat est le freinage ou l’arrêt des embauches, avec le chômage en folie.

Il n’est pas possible que les politiques au pouvoir ignorent le lien cruel entre la courbe du chômage et la chasse fiscale ouverte contre les entrepreneurs. Certes, manipulant l’opinion par médias interposés, ils répandent le gros mensonge d’une prétendue fatalité et finissent peut-être par y croire. À l’abri de ce mensonge, se trouve un problème de culture : la chasse aux entrepreneurs fait partie de la chasse aux riches, tous étant suspects par nature.

D’étranges souvenirs resurgissent en cette occurrence. Lors de la révolution dite française, Robespierre dut sa chute à l’incertitude qu’il laissa planer sur ses futures victimes qui se révoltèrent à temps ! D’âge en âge, l’idéologie révolutionnaire se transmet.

Ce billet attire principalement l’attention sur l’aspect fiscal évident du chômage avec l’adjonction dramatique de l’incertitude. Simultanément il montre que la voie pour l’atténuer, voire l’éradiquer, est largement ouverte surtout si on s’attaque aussi aux autre causes citées ci-dessus.

Un peu d’optimisme peut cependant apparaître. L’évidence est telle que les victimes peuvent se réveiller malgré la propagande.

Encore faut-il que leurs cris ne tombent pas dans l’oreille de sourds !

 

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