Cliché du socialisme : un salarié devrait être rémunéré selon sa productivité

Contrairement à ce qu’en pensent les socialistes, la rémunération d’un salarié ne peut pas être liée à la productivité de son travail ou à la profitabilité de l’entreprise pour laquelle il est employé

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Cliché du socialisme : un salarié devrait être rémunéré selon sa productivité

Publié le 6 juin 2012
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Contrairement à ce qu’en pensent les socialistes, la rémunération d’un salarié ne peut pas être liée à la productivité de son travail ou à la profitabilité de l’entreprise pour laquelle il est employé.

Par W. M. Curtiss (FEE), depuis les États-Unis.

Dans les débats sur les niveaux de rémunération, que ce soit pour les individus, les entreprises, ou pour l’économie dans son ensemble, on entend pas mal de choses sur l’augmentation de la productivité des travailleurs et le fait que les salaires devraient augmenter en proportion de cette hausse. Une grande entreprise qui produit de l’acier a négocié un contrat avec ses salariés qui stipule « si votre productivité augmente, vos salaires refléteront cette augmentation ». Est-ce la façon dont les salaires doivent ou devraient être déterminés dans une société ouverte ? Quelles seraient les implications si tous les salaires étaient établis de cette manière ?

Comment se fait-il qu’un jeune homme obtient aujourd’hui 3 ou 4 euros pour tondre une pelouse alors que vous perceviez 25 ou 50 centimes étant jeune pour réaliser la même chose ? Est-ce la productivité du jeune homme qui a tant augmenté ? Il est vrai qu’il peut effectuer le travail plus rapidement avec une tondeuse plus puissante ; mais quand il a terminé, ce qu’il a accompli n’est pas radicalement mieux que ce que faisait la génération précédente. En réalité, le travail était réalisé avec davantage d’application auparavant, si vous considérez uniquement la qualité de la coupe, ce que ceux qui emploient des tondeuses plus puissantes tendent à négliger.

Prenons l’exemple d’une coupe de cheveux – disons  qu’elle coûte 20 euros aujourd’hui en comparaison des 25 centimes que vous aviez déboursés lors de votre première coupe ! Cela s’explique certainement par l’utilisation de rasoirs électriques, c’est sûr ; mais observons de plus près : votre intérêt, c’est le résultat plutôt que la vitesse d’exécution du coiffeur.

Et on peut passer les services un à un de la même manière – une femme de ménage, un nettoyeur de vitres, un laveur de voitures, un peintre en bâtiment – quel que soit le service, vous vous rendrez compte que tous coûtent plus chers que lorsque vous étiez jeune.

Si vous réfléchissez un peu, vous réalisez que l’inflation est l’un des facteurs à prendre en compte – un euro d’aujourd’hui ne vous donne plus ce que vous auriez eu il y a peu. Cela peut expliquer le doublement du prix, mais qu’en est-il du reste de l’augmentation ?

Dans un marché libre, les salaires résultent des forces concurrentielles de l’offre et de la demande. Après avoir procédé à de méticuleuses prévisions, un fabricant peut conclure qu’il sera en mesure de produire et de vendre un bien particulier à un prix donné. Il doit organiser ses ressources, ce qui inclut son usine, ses équipements, son talent de manager, et ses ouvriers, dans l’espoir de couvrir le coût des biens qu’il produit grâce au prix que les acheteurs sont prêts à payer pour le produit fini.

Ainsi, le fabricant s’en remet au marché du travail pour embaucher les personnes qui vont travailler pour lui. Si son offre de salaire n’est pas assez élevée pour recruter les ouvriers dont il a besoin, il devra alors soit abandonner son projet soit trouver la façon d’associer ses ressources de telle sorte qu’il puisse verser des salaires plus élevés tout en étant encore compétitif. Il peut faire cela en simplifiant son processus de production, en introduisant plus ou de meilleures machines, ou en créant tout type d’innovations.

De son côté, le travailleur est à la recherche de son intérêt, lui aussi, et il acceptera de prendre un nouvel emploi si celui-ci lui semble plus attractif selon qu’il obtient un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail, des journées de travail plus courtes, plus de vacances etc.

Mais supposons qu’un fabricant arrive sur le marché avec un bien qu’il produit lui-même et qu’il peut vendre à profit. Et cela arrive car il détient un brevet ou possède un savoir-faire particulier dont il est le seul détenteur. Il est alors en mesure de pouvoir verser des salaires plus élevés de 50 % que celui en cours dans le secteur d’activité tout en restant encore dans la course. N’est-ce pas ce qu’il devrait faire ?

Dans un marché libre, il est libre de verser un salaire plus élevé s’il le souhaite. Mais s’il a de l’expérience dans le domaine de la fabrication, il sait que la concurrence est derrière chaque arbre. Quelqu’un va trouver une manière de mettre sur le marché un produit plus compétitif encore, ce qui va finir par supplanter le sien. Et avec des coûts de main-d’œuvre élevés, il se retrouvera sans les acheteurs sur lesquels il comptait. Ainsi, il va probablement décider de payer ses salariés sur la base du salaire courant ou juste un peu plus pour couvrir ses besoins, et utiliser le maximum de ses avantages technologiques pour réduire les prix, conserver des clients et construire une niche dans le marché. Si, dans les premières étapes, il est capable de générer un important profit pour lui-même et les parties concernées dans ses affaires, il se sera confectionné un coussin sur lequel il pourra compter pour affronter la concurrence qui viendra certainement.

Tout cela n’a rien à voir avec le fait qu’un businessman particulier puisse offrir à ses salariés une motivation à produire davantage. Il peut penser que ses salariés produiront davantage pour lui s’il leur donne le mercredi après-midi, ou en leur donnant une partie des bénéfices de l’entreprise. Il peut aussi les payer sur la base du travail à la pièce. Tout cela est du ressort de la décision de chaque employeur ; mais la plupart vont offrir un salaire de base qui ne sera pas très diffèrent des salaires en cours dans la branche d’activité en question.

Mais qu’est-ce que tout cela à voir avec le coût de la tonte de ma pelouse, ou le prix d’une coupe de cheveux, ou l’emploi d’une femme de ménage ? Pourquoi, année après année, les salaires dans les activités de services ont-ils augmenté dans la même proportion que les salaires dans les industries hautement automatisées ? Dans le premier cas, l’efficacité pour effectuer le travail n’a peut-être pas augmenté du tout, et dans l’autre cas, elle peut avoir augmenté 10 fois.

La réponse qui explique cette différence, c’est la concurrence. Si vous voulez une coupe des cheveux, vous devez la payer assez pour que le coiffeur n’aille pas travailler dans une usine ou pour d’autres métiers disponibles. Résultat, vous obtenez ce que l’on peut appeler le niveau de salaire pour l’économie dans son ensemble. C’est certainement un « montant théorique » qui n’a pas beaucoup de sens en raison de la variabilité des savoir-faire individuels. Par exemple, les consommateurs vont payer bien plus cher pour les services d’un chirurgien spécialisé dans les maladies du cerveau que pour les services d’un coursier.

Le calcul du niveau de salaire pour un pays est le résultat d’une procédure très complexe, qui ne s’avère pas très satisfaisante. Néanmoins, il est utile à défaut d’être précis pour réaliser des comparaisons entre les économies de différents pays. Nous savons par exemple que le niveau général des salaires est bien plus élevé aux États-Unis qu’en Inde, ce qui nous amène à certaines conclusions sur la façon dont les salaires peuvent améliorer l’économie dans son ensemble.

Avec un marché libre, dans une économie avancée, la plupart des rentrées dues à la production vont aux travailleurs – en gros de 85 à 90 %. C’est la concurrence qui force cela. Si on fournit aux salariés de bons outils et autres équipements, ils seront plus productifs et leur salaires seront plus élevés qu’ils le seraient autrement. C’est une généralisation qui touche tous les salariés. Le niveau général des salaires est plus élevé dans un pays où il y a un taux d’investissement relativement plus élevé en outils et en équipements par travailleur. C’est aussi simple que ça ! Aux États-Unis, les investissements par salarié en outillage peuvent se chiffrer à 20 000 dollars et il n’est pas impossible de trouver une branche d’activité spécialisée avec un niveau d’investissement de l’ordre de 100 000 dollars en outillage et en équipement par salarié (chiffres de 2009).

La route vers de plus hauts niveaux de salaires est tracée par les investissements dans les outils de production. Il n’y en a pas d’autres.

Un investissement élevé dans les outils et les équipements rapporte au coiffeur, à la femme de ménage, et à tous les employés de services, même si l’investissement n’est pas directement utilisé dans leur travail. La concurrence prend cela en compte.

Bien que cela semble raisonnable en surface, le salaire d’un travailleur individuel ou d’un groupe de salariés ne peut pas être lié à la productivité de leur travail ou à la profitabilité de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Si c’était le cas, un salarié hautement qualifié pourrait se trouver à travailler pour « un bonus négatif » dans le cas d’une entreprise qui fonctionnerait à perte.

On peut dire la même chose lorsque l’on essaye de lier les salaires au niveau du coût de la vie. Un salaire équitable, aussi bien pour le salarié que pour l’employeur, ne peut être établi qu’à partir d’une négociation entre les deux parties intéressées – le travailleur prend ce qu’il pense être le mieux et l’employeur, toute chose égale par ailleurs, obtient le meilleur compromis de son point de vue.

La leçon que l’on peut en tirer, c’est que tandis que la productivité des travailleurs est très importante quand on considère le niveau général des salaires, la productivité ne détermine pas ce que doit être le niveau de salaire pour chaque entreprise ou pour une industrie au sein de l’économie. L’effet de la productivité générale sur les salaires est automatique dans un marché libre où il y a concurrence. Et tous les salariés profitent du bénéfice que crée la mise à disposition d’outils et de capital pour certains d’entre eux.

Note : l’économie des salaires, bien que relativement simple en général, devient plus complexe quand on traite des détails. La description ci-dessus est une présentation simplifiée d’une étape du problème des salaires. L’étudiant qui souhaite en savoir plus concernant l’étude des salaires peut consulter F. A. Harper, Why Wages Rise, The Foundation for Economic Education, 124 pages.

—-
Un article de la série « Clichés du socialisme » de la Fondation pour l’Éducation Économique (FEE) qui cherche à aider ceux qui dénoncent ces erreurs intellectuelles et mettent l’accent sur les mérites de la liberté.

Traduction : JATW pour Contrepoints. Texte original.

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  • Cet article aurait pu être intéressant, mais il m’a plutôt fait rire tant il est caricatural et déréalisé.

    Sa vision est très, très statique. Ses exemples de prix d’une coupe de cheveux ou autres mériteraient d’être étayés par des vrais chiffres (correction de l’inflation, des coûts des charges, et poids effectif dudit service dans un budget d’une personne payée au salaire médian par exemple). Là on reste dans le théorique pur et le non prouvé. Il y a une idée derrière, et intéressante (l’investissement productif par salarié) mais elle est vraiment mal argumentée.

    L’économie des salaires n’a rien à voir avec cette fable quand elle est étudiée en réel, et dans un contexte de crise. Des phrases comme « un salarié hautement qualifié pourrait se trouver à travailler pour « un bonus négatif » dans le cas d’une entreprise qui fonctionnerait à perte. » me font rire. Le « bonus négatif » dans une entreprise qui fonctionne à perte, existe : il s’appelle le licenciement.

    J’aurais aimé qu’il traite davantage aussi du fait que la productivité, personne ne sait exactement ce que c’est ni comment la mesurer. C’est pour moi la principale raison pour laquelle rémunérer en fonction de la productivité est une gageure.

    • C’est votre propos qui est caricatural et qui me fait bien rire.

      La théorie économique, la vraie, naît de l’observation du réel, elle se fonde sur des éléments logiques, qui sont les même que vous employez quand vous faîtes vos courses. Par contre se gargariser de termes techniques et d’indices spécieux s’est se dérealiser.

      Quand à la productivité, c’est en effet un concept un peu difficile à manier.

      On est productif quand on produit plus que ce que l’on consomme. Dans le cadre d’une économie fondée sur le libre-échange et la division du travail, c’est quand et uniquement quand le prix de vente est supérieur au coût de production.

      Le prix de vente est établi sur le marché, c’est-à-dire par la loi de l’offre et la demande, qui est le reflet de l’utilité sociale qu’apporte le bien ou le service produit, c’est un ensemble d’évaluation subjective et individuelle ; ce n’est pas une grandeur physique, comme la température, il en est de même des coûts de production qui sont aussi issus de l’offre et de la demande.

      En somme , on est productif quand la valeur d’un bien que la société lui attribue est supérieure à la valeur du travail, que cette même société lui attribue, pour le produire.

    • Armand Losserant : « J’aurais aimé qu’il traite davantage aussi du fait que la productivité, personne ne sait exactement ce que c’est ni comment la mesurer. »
      —————————-
      Euh si, on sait ce qu’est la productivité et on sait comment la mesurer et la comparer: http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/productivite.htm . Il suffit de regarder les données d’Eurostats ou la Banque mondiale. C’est même un des premiers indicateurs pour n’importe quel plan d’investissement. Faut pas confondre « je ne sais pas » et « personne ne sait ».

  • Que doit-on penser de la mesure entendue pendant la campagne présidentielle qui consistait à imposer aux chomeurs d’accepter une offre d’emploi dans certaines conditions ?

  • « Que doit-on penser de la mesure entendue pendant la campagne présidentielle qui consistait à imposer aux chomeurs d’accepter une offre d’emploi dans certaines conditions ? »
    —————————
    Ca revient à dire : je vous prends votre fric qui me sert à vous apprendre comment en gagner.

  • Les commentaires sont fermés.

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