Échange Fiat argentine contre toiture cubaine ou la faillite du socialisme cubain

Elle lui avait été autorisée compte tenu de ses mérites et il l’avait payée à un prix subventionné en 1975, l’année du premier Congrès du Parti Communiste. Il avait eu la possibilité d’acheter cette Fiat flambant neuve, fabriquée en Argentine, parce qu’il était un docteur d’avant-garde et un révolutionnaire accompli.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Une Fiat à Cuba (Yoani Sanchez)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Échange Fiat argentine contre toiture cubaine ou la faillite du socialisme cubain

Publié le 26 mai 2012
- A +

Elle lui avait été autorisée compte tenu de ses mérites et il l’avait payée à un prix subventionné en 1975, l’année du premier Congrès du Parti Communiste. Il avait eu la possibilité d’acheter cette Fiat flambant neuve, fabriquée en Argentine, parce qu’il était un docteur d’avant-garde et un révolutionnaire accompli.

Par Yoani Sanchez, depuis  La Havane, Cuba.

Une Fiat à Cuba (Yoani Sanchez)

Elle lui avait été autorisée compte tenu de ses mérites et il l’avait payée à un prix subventionné en 1975, l’année du premier Congrès du Parti Communiste. Il avait eu la possibilité d’acheter cette FIAT 125 flambant neuve, fabriquée en Argentine, parce qu’il était un docteur d’avant-garde et un révolutionnaire accompli. La première fois qu’il l’avait  garée dans sa rue en province, les voisins l’avaient regardée avec envie et respect. Au volant il avait eu l’impression de faire les premiers pas sur le chemin de la prospérité. Mais le temps a passé, sur son corps et aussi sur la carrosserie dont la teinte bleutée a commencé à s’écailler et à se bosseler. Aujourd’hui la voiture a le même âge que sa plus jeune fille et s’apprête à célébrer 37 décembres de bonheurs et de revers.

Pendant des décennies, il avait renoncé à faire des réparations importantes car son salaire de pédiatre n’aurait même pas couvert le changement du pare-brise. Au milieu des années quatre vingt dix, n’en pouvant plus, il avait loué la FIAT à un voisin qui traficotait sur le marché noir. Entre la laisser rouiller au garage ou la louer pour quelque revenu, il avait choisi cette dernière solution. Ainsi l’auto reçue en prime de fidélité idéologique servit à quelqu’un que les institutions n’auraient jamais choisi pour bénéficier d’un tel privilège. La monnaie de la loyauté politique avait terminé vaincue aux pieds d’une autre plus réelle, sonnante et convertible.

Lorsque la vente d’automobiles a été autorisée, ils ont décidé de rentrer dans la légalité. Le voisin solvable – qui avait investi dans de nouvelles jantes, l’air conditionné et même des sièges doublés en cuir – lui versa quelques mille CUC (900 USD) pour boucler l’affaire. Il ne voulut pas donner un centime de plus, ayant déjà payé une rente mensuelle depuis plusieurs années. Finalement, devant notaire, la Fiat est venue allonger la liste des 8390 voitures vendues au premier trimestre 2012. Avec l’argent perçu le médecin a acheté les matériaux pour réparer le toit de sa maison et se débarrasser des tuiles endommagées de presque cent ans. Il a ainsi troqué l’objet qui avait fait un temps sa plus grande fierté, pour la dalle de béton qu’il n’avait jamais pu construire avec son salaire.


Sur le web. Traduit par Jean-Claude Marouby.

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Fidel Castro
1
Sauvegarder cet article

L’époque soviétique est le couteau suisse de Vladimir Poutine. D’un coté, elle lui permet d’idolâtrer l’impérialisme russe à travers la victoire sur le nazisme ; de l’autre, l’idéologie communiste lui sert de repoussoir : il se présente comme l’homme qui ne la laissera jamais reprendre le pouvoir au Kremlin. Enfin, elle lui lègue en sous-main toutes sortes de techniques de gouvernement, de manipulation, de corruption, dont il a besoin pour structurer sa tyrannie. Si bien que selon les moments il utilise le passé soviétique soit comme un totem... Poursuivre la lecture

Nous pensons souvent que le consensus est gage de certitude. On évoque le consensus des experts sur tel ou tel sujet pour avancer avec confiance dans une direction donnée. C’est oublier les leçons de l’histoire qui a régulièrement démenti, parfois brutalement, cette croyance un peu naïve. Un bon exemple est celui de la crise des missiles de Cuba. C’était il y a soixante ans, mais les mêmes mécanismes jouent encore aujourd’hui.

Le 16 octobre 1962, l’Amérique découvrait stupéfaite que les Soviétiques étaient en train d’installer secrètem... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles