Le changement, c’est pour dans plus tard, promis

Hollande arrive finalement à l’Élysée. Le Changement, lui, a pris un autre train qui s’est arrêté en rase campagne.

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Le changement, c’est pour dans plus tard, promis

Publié le 7 mai 2012
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Et voilà, l’agonie d’un suspense colossal est à présent terminée. Dans un bel élan presque unanime (puisque une petite moitié n’est pas d’accord) le peuple s’est décidé ; il y a une belle victoire avec un candidat qui saura montrer sa belle tête de vainqueur. Mais pour le changement, ce sera pour plus tard.

Youpi, donc, exit Sarkozy, bonjour Hollande.

Si, en 2007, nous échappâmes à la bravitude, nous aurons eu droit en 2012 à la palpitance terrible d’une attente insoutenable de bout en bout puisque finalement, le candidat désigné par les sondages et propulsé par les médias sera arrivé à bon port en passant chacune des étapes exactement comme prévu. Et comme prévu, cette élection fut discrètement marquée par l’absence totale et compacte de tout candidat libéral, ainsi que de toute proposition libérale dans les programmes plus ou moins farfelus qui nous furent proposés.

bye bye sarkozy

Et finalement, heureusement ! Comme l’a fait remarquer Tartine Aubry, la République du Bisounoursland a déjà eu tant de bobos avec toutes les méchancetés que Nicolas Sarkozy lui a fait subir qu’il était plus que temps qu’un vent nouveau de changement profond souffle sur ce pays, avec de la douceur et des petits poutous câlins.

Cependant, il est bon de préciser que cette République ne s’est pas construite dans la précipitation ; le bisou citoyen et la manifestation festive ont eu besoin de temps pour se développer. Certes, le changement, c’est maintenant, mais pas dans la précipitation.

Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland

En effet, dans un premier temps, et sauf à diriger par décrets, le président et son futur gouvernement vont se retrouver, au moins jusqu’à mi-juin, avec une assemblée officiellement de droite. Courte cohabitation d’un mois, il est vrai, mais c’est sans doute une trentaine de jours pendant lesquels le changement, ce sera pianissimo, et se fera par petites touches modestes et furtives, et, en tout cas, pas par la loi. Autrement dit, la période de grâce, traditionnellement calibrée sur une centaine de jours, se trouve déjà écornée d’un bon mois pendant lequel on va surtout compter les pâquerettes et refaire la déco intérieure de l’Élysée. Eh oui : si Hollande arrive à l’Élysée, le Changement, lui, a pris un petit train qui s’est arrêté en rase campagne…

En outre, Hollande ne pourra, après les législatives, compter sur un groupe socialiste monolithique parlant d’une seule voix comme un seul homme. Il y a fort à parier que l’assemblée sera bigarrée : un peu du Front de la gauche, du Front de la droite peut-être, un ou deux Modémistes égarés, quelques Verts qui auront eu la présence d’esprit de ne pas trop se déchirer pendant la présidentielle et auront fourbi leurs armes pour cette phase décisive… Bref : il n’y aura pas cohabitation, mais il y aura certainement de petits moments de flottements mous qui augurent d’un changement forcément feutré et obligatoirement calibré au micromètre pour ne froisser aucune tendance. En fait de bouleversement, ce sera plutôt des petites variations sur thème.

Les flottements promettent d’ailleurs d’apparaître dans les prochains jours lorsqu’il s’agira de pondre un gouvernement. Là encore, si changement il y a, il ne sera très probablement pas du goût de tous les joyeux électeurs du président puisque pour arriver à son poste, il aura fallu composer avec une foule hétéroclite de communistes, d’arrivistes républicains énervés, d’écologistes plus ou moins subtils, d’anti-sarkozystes bornés ou monomaniaques, en plus des traditionnels socialistes déjà pas réputés, à la base, pour leur grand esprit confraternel aux embrassades onctueuses.

Il ne serait ainsi pas surprenant d’avoir un gouvernement qui s’ouvre au centre, comme un autre jadis s’ouvrit à gauche. En fait de changement, il pourrait surtout s’agir de surprises, pas toutes agréables sur le plan strictement politique. En somme, le changement, c’est comme d’habitude.

Et au-delà de tous ces aspects purement politiciens, force est de constater que la situation française n’a pas évolué d’un pouce.

Nous sommes lundi 7 mai 2012 et nous avons toujours une dette de plus de 1600 milliards d’euros. Et si Hollande n’applique ne serait-ce qu’une partie de son programme (ce qui est improbable, de toute façon), le changement ne sera pas pour maintenant sur ce front-là.

Nous sommes lundi 7 mai 2012 et il y a toujours plusieurs millions de chômeurs. Dans les jours qui viennent, l’euphorie du changement de tête à l’exécutif retombera, et l’absence de modification dans cette situation laissera planer un gros doute : et si le changement, c’était pas tout à fait pour maintenant, mais pour un peu plus tard, quand la croissance reviendra grâce aux efforts magnifiques que la fine équipe socialiste s’emploiera à nous faire gober ? Parce que c’est évident, avec toute la douceur et les câlins qu’on nous promet, la croissance va forcément revenir, voyez-vous !

Hollande : la grosse gamelle, c'est maintenant

Comme je l’ai déjà écrit hier, les cinq années qui viennent seront décisives. Les socialistes, cette fois-ci officiels et assumés, disposeront peu ou prou de tous les leviers de pouvoir, de la majorité des régions, des départements, des grandes villes. Le plantage, catastrophique, complet, total, est absolument inévitable et nos fiers collectivistes seront aux premières loges. Au moins, ils ne pourront pas dire qu’on ne les a pas prévenus. Et comme l’État vient de recevoir un véritable chèque en blanc du peuple, et un chèque en bois des politiciens, il va donc continuer à grossir, sans en avoir les moyens.

Or, on sait maintenant tous comment terminent les pays dont les dettes sont devenues trop grosses : la Grèce nous pave le chemin. Et il ne sera pas très Bisounoursland.

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