Quand les poissons d’avril deviennent réalité en France…

Dans la France contemporaine, les poissons d’avril libéraux deviennent réalité quelques années plus tard. Un nouvel exemple, avec la lutte (hautement prioritaire) contre le « sexisme des contes de fées ».

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Quand les poissons d’avril deviennent réalité en France…

Publié le 4 avril 2012
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Dans la France contemporaine, les poissons d’avril libéraux deviennent réalité quelques années plus tard. Un nouvel exemple, avec la lutte (hautement prioritaire) contre le « sexisme des contes de fées ».

Par Vincent Bénard.

Cendrillon essayant son soulier (illustration de Gustave Doré)

Mes lecteurs les plus perspicaces ont facilement remarqué que mon billet du premier avril, comme chaque année depuis 2008, était une gentille galéjade. Il y avait un indice, d’ailleurs : les sénateurs s’appelaient « Yvon Quarrément et Jacques Huley », ce qui devait éveiller quelques soupçon chez le lecteur ouvert à la grivoiserie. Oui, je sais, c’est léger et raffiné.

Yvon Quarrément, un dangereux récidiviste

Mais le lecteur très attentif aura noté que Yvon Quarrément, parlementaire fictif du pas de Calais objet de mon ironie, était déjà le héros du poisson d’Avril de 2009 de ce blog. Dans celui-là, je lui faisais dénoncer « le machisme des contes pour enfants ». Yvon Quarrément, symbole de tous les travers les plus ridicules ou scandaleux de la vie politique franchouillarde, demandait que dans les histoires où la femme est assignée à des stéréotypes sexistes (exemple : Blanche Neige qui fait la cuisine aux sept nains…), « un message d’avertissement figure de façon visible sur la couverture du livre ou la pochette du disque, ou qu’un message d’avertissement soit affiché en amont de la diffusion télévisée de l’œuvre, à l’instar de ce qui est fait aujourd’hui pour le tabac ».

J’aurais mieux fait de fermer ma gueule, tiens.  

Car depuis ce moment d’amusement, la réalité a hélas dépassé la fiction, ou plutôt l’affliction, puisque la presse déchainée nous apprend, par exemple, que dans les bibliothèques de Suresnes (hauts de Seine), la mairie UMP, tenez vous bien, « vient de lancer une formation pilote visant à prévenir le sexisme à travers la littérature pour les jeunes. « Stop aux stéréotypes à la bibliothèque !’, scande la bannière de cette première croisée. »

Je précise que ce billet est publié le 4 avril, et que le lien date du 30 janvier 2012. Donc pas de doute, ce n’est pas une plaisanterie, nous sommes bien en présence d’une poussée de ridiculite aiguë de la part des élus de cette commune sans autre charme que celui de m’avoir vu naître, un jour ancien de 1968. Je sais, je ne les fais pas.

Encore plus fort, Nestor. Le 17 Août 2011 (date au dessus de tout soupçon, donc), Rue 89 nous apprenait que deux dames fonctionnaires, avec sans doute pas mal de temps à perdre, avaient fondé deux associations, qui fleurent bon la subvention arrachée à la force du politiquement correct à quelques collectivités en mal de clientélisme, visant à « lutter contre les stéréotypes sexistes qui sont véhiculés par les livres pour enfants ». Eh oui, montrer aux petites filles des femmes qui font la vaisselle, cela les enferme dans des attitudes de soumission aux mâles infects qui prétendent les asservir.

Mieux encore, le projet de rééducation anti-sexiste de ces deux péronnelles est… subventionné par l’Union Européenne ! Le sexisme véhiculé par les contes enfantins, voilà l’ennemi. Cet article de rue 89 est une perle de culture à marquer dans vos favoris : ainsi, une responsable de halte garderie affirme que pour éviter de reproduire les biais anti féminins de notre société, elle évite de… mettre un bavoir rose aux petites filles ! Ah, la vraie combattante de l’égalité homme/femme que voilà.

Et une simple recherche Google rapide vous ramènera une dizaine d’histoires du même genre, des « initiatives citoyennes » ou des réflexions péri-philosophiques laxatives sur l’influence de Peau d’Âne sur les inégalités homme/femme dans la société moderne.

Yvon Quarrément n’est pas un farceur, c’est un précurseur !

Vincent Bénard, annonceur de mauvaises nouvelles ?

J’espère que mon poisson de 2011 sur la nationalisation du secteur bancaire européen aura moins de succès. Quoique… En fait, le mouvement semble avoir déjà commencé, dans notre hexagone tout du moins.

Si toutes mes facéties d’avril avaient une valeur prédictive, alors la « Caisse Nationale de Financement de la Démocratie » anticipée dans mon billet de dimanche pourrait bien voir le jour entre 2015 et 2020… Mais Al Gore n’est toujours pas en prison, et Google n’a toujours pas créé sa plateforme bancaire. Seuls les poissons d’avril annonçant des évolutions indésirables de la société semblent connaître un début de réalisation…

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Les poissons d’avril de Vincent Bénard :

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  • En quoi mettre en garde contre les travers sexistes des contes serait-il une mauvaise chose? Les contes refletent la realite et en l’occurence une realite passee et passeiste. D’ailleurs ils s’adaptent et leurs interpretations les plus contemporaines (Tangled) sont bien moins sexistes que celles des annees 40 (Blanche neige). Il n’en demeure pas moins que beaucoup de femmes se sont plaintes du modele que ces contes leur fournissent, un modele qui leur dicte la passivite dans l’attente du prince charmant. On ne peut pas dire que le stereotype ne soit pas rependu et on ne peut pas dire qu’il soit tres positif!
    ALors dans une societe ou les contes changent et s’adaptent, pourquoi les livres pour enfant ne le font-ils pas, ou pas suffisement? Pourquoi des enfants de sixieme apprennent-ils dans leur livre d’anglais « Dad is driving the car »/ « mum is washing the dishes » (c’est du vecu). Et ne pas mettre de bavoir roses aux petites filles ne va peut-etre pas regler la crise economique mondiale mais ca ne risque pas de l’empirer alors pourquoi defendre la diferenciation des enfants des le plus jeune age? Si on habille constamment une petite fille en rose elle s’associera a cette couleur et lachez la dans un magasin de jouets elle se dirigera vers le rayon rose, celui ou l’on peut acheter des poupees pour apprendre a devenir maman, celui ou l’on peut acheter de faux aspirateurs miniature pour faire comme maman. (A moins qu’il ne soit dans les genes de la femme d’aimer passer l’aspirateur, c’est surement le vrombissement lent de la machine qui leur vend du reve…).Le combat pour l’egalite homme/ femme ne passe pas seulement par des mesures phares genre egalite des salaires, mais aussi par des changements a la marge, des evolutions lentes qui oeuvrent pour une refonte de la societe et de ses modes de pensee. Ca vous troublerait que des fonctionnaires oisifs oeuvrent pour la supression de stereotypes racistes ou antisemites dans la litterature de jeunesse (Mamadou egorge un mouton/ Jonathan a un nez crochu). Si la reponse est oui alors la discussion n’a pas lieu d’etre mais dans le cas contraire je pense que votre billet tourne en derision des intitiatives interessantes et qui, si elles n’ameliorent selon vous pas le monde dans lequel on vit, ont au moins le merite de ne pas l’empirer. Vous semblez trouver la chose ridicule, inutile peut-etre (c’est discutable) mais au moins elle a le merite de provoquer le debat. C’est bien pour ca que prenez la plume d’ailleurs…

    • Le problème est principalement l’immixtion de l’état dans cette histoire. C’est sur les deniers publics que se financent les initiatives telles que celle de la bibliothèque. On est alors en droit de mettre en évidence la relative inutilité de ces actions.

      Dans l’absolu, un libéral peut tout à fait se réjouir de la diminution de la pression sociale en matière se stéréotypes sexistes, à condition que cette diminution ne soit pas prétexte à l’augmentation par l’état de la gabegie habituelle.

    • Tout à fait d’accord.
      Cendrillon et toute la panoplie des Walt Disney sont des armes culturelles de destruction massive. Quiconque y ayant réfléchit s’en rend bien compte. Plus généralement, toute la production audiovisuelle destinée à la jeunesse est bonne à mettre à la poubelle.

      Cf TV lobotomie, de Michel Desmurget. http://www.dailymotion.com/video/xjgtrd_tv-lobotomie-michel-desmurget-lyon-8-juin-2011-conference-de-poche_news

      Quand il est scientifiquement prouvé que quelque chose est nocif pour les enfants, doit on laisser la liberté aux acteurs de le mettre en oeuvre ?

    • Mais cette associetion peut provoquer autant de debat qu’elle veut. le problee c’est pas ca. Le probleme c’est qu’elle est SUBVENTIONNEE avec MES impots. Mes impots preleves sur MON travail, lui meme effectue sur MON temps de vie.
      C’est plus clair comme ca? Pourquoi devrais je de frce passer du temps a bosser des femmes dont je ne respecte ni le travail ni les valeurs, ni le comportement ni la cause?
      Qu’elles la fassent leur revolution! Mais qu’elles ne m’imposent pas de faire le sale boulot (financer leurs aneries) pour que ces medames en recoltent les leuriers. Si elles sont si intelligentes que ca, qu’elles se debrouillent toutes seules. je leur dois rien a ces megeres mal degrossies. C’est donc pas normal qu’on me force a leur donner du fric, sous le menace d’une intervention policiere.

    • « Le combat pour l’égalité homme/ femme ne passe pas seulement par des mesures phares genre égalité des salaires, mais aussi par des changements a la marge, des évolutions lentes qui œuvrent pour une refonte de la société et de ses modes de pensée. »
      Personnellement, je ne suis pas favorable à ce qu’on fonde ou refonde mon mode de pensée. Si des individus ou groupes d’individus décident de mener des ateliers de travail sur le sexisme des contes pour enfants, ou sur les symptômes de la myopie chez le lapin angora et leurs répercussions sur le climat, libre à eux. Avec leur argent, pas avec celui de l’Etat (donc, avec le mien). Tout simplement parce que l’Etat n’a pas à s’immiscer dans les modes de pensée, qui, jusqu’à nouvel ordre, sont libres, ainsi que leur expression ; ni à soutenir des idéologies ou particularismes que l’on souhaiterait ériger en modèles collectifs.

      « […] votre billet tourne en derision des intitiatives interessantes et qui, si elles n’ameliorent selon vous pas le monde dans lequel on vit, ont au moins le merite de ne pas l’empirer. »
      A défaut d’être intéressantes, elles sont comiques. Mais quitte à subventionner des initiatives – au-delà du caractère néfaste de la subvention dans mon mode de pensée – qui ont le mérite de ne pas empirer le monde, pourquoi ne pas tout simplement brûler l’argent ? Ca ne profite à personne, et ne nuit à personne. Sauf à ceux qui fournissent l’argent, c’est-à-dire les contribuables et les entreprises.

      « beaucoup de femmes se sont plaintes du modele que ces contes leur fournissent, un modele qui leur dicte la passivite dans l’attente du prince charmant »
      Vilain modèle ! Il dicte aux femmes la passivité dans l’attente du prince charmant ! Bannissons également Picsou, qui dicte au monde un modèle capitaliste fondé sur la recherche du profit et véhicule en parallèle des préjugés sur les entrepreneurs. Bannissons également Tintin, qui véhicule des idéaux racistes et des stéréotypes dégradants sur les marins barbus, ainsi qu’Astérix, mascotte xénophobe et passéiste. Et imposons à la place un nouveau modèle, sans préjugés, sans accrocs, un modèle multiculturel, un modèle juste, un modèle égalitaire et fraternel, un modèle qui sent bon.

      Votre société idéale, où garçons et filles sont non pas égaux mais identiques, n’est pas la mienne. Pourriez-vous vous contenter de choisir la couleur de votre bavoir et cesser d’importuner les enfants ?

      • Supposons 3s que blanche neige soit vraiment une arme de d’abrutissement massive, et que les parents qui veulent « faire plaisir » à leur gamin en les collant devant la téloche ne soient pas au courant des potentiels effets néfastes dudit programme.

        Est-ce vraiment faire honneur à la liberté individuelle que de laisser un parent dans l’ignorance ?

        Parce que ce que font ces associations n’est ni plus ni moins que de la sensibilisation.

        Inscrire « fumer tue » sur un paquet de cigarettes n’empêche pas de le vendre … mais au moins c’est fait en toute conscience. Inscrire « cette bd véhicule des préjugés raciaux et doit être interprétée dans son contexte historique » non plus. On peut imaginer la même chose pour les disney.

        Qui n’est pas d’accord pour dire que ces machins véhiculent des préjugés sexuels complètement affligeants ?

        • Quelle histoire ne véhicule pas de préjugés, sexuels ou autres, exactement ?

          « Attention : faire fonctionner son cerveau peut entraîner des migraines graves »

        • Préjugés raciaux? tous les contes qui ont émergés de l’histoire humaine avec suffisamment de succès ont des versions très anciennes dans à peu près toutes les civilisations et avec des variations culturelles relativement minimes (cendrillon, …). Les enfants les adorent et au fil des siècles les ont plébiscité. Cela doit correspondre à la mise en place des codes sociaux et doit globalement les rassurer même les plus terribles (tous ceux qui ont des enfants et qui s’en occupent savent qu’ils adorent souvent la même histoire, même affreuse pendant une période et qu’ils vous la demande soir après soir, ce qui doit correspondre à une phase de leur imaginaire). Quant au sexisme, je ne suis pas sur que les contes agissent plus que les codes sociaux alentours ou la télé. L’expérience de laisser des petits singes marmousets dans un salle de jeux est abominable, pensez-donc, les petits mâles jouent avec les petites voitures et les petites femelles avec les poupées. Nous sommes donc dans un phénomène d’une grande complexité

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Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

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