Baisser les dépenses fait gagner les élections

Augmenter les impôts fait perdre les élections, mais baisser les dépenses publiques fait gagner selon les études scientifiques. Une leçon dont les candidats à la présidentielle devraient s’inspirer.

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Manifestations France (Crédits : Sabine Nourrit/Aleps, tous droits réservés)

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Baisser les dépenses fait gagner les élections

Publié le 27 mars 2012
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Augmenter les impôts fait perdre les élections, mais baisser les dépenses publiques fait gagner selon les études scientifiques. Une leçon dont les candidats à la présidentielle devraient s’inspirer.

Par Jacques Garello.
Article publié en collaboration avec l’Aleps.

C’est une statistique établie avec toute la rigueur possible par une équipe d’économistes d’Harvard en octobre 2010 : 56% des gouvernements qui ont augmenté les impôts ont perdu les élections.

Cet argument devrait à mon sens convaincre les candidats de changer de registre, et de passer à autre chose, car la même étude conclut que 80% des gouvernements qui ont coupé les dépenses ont été réélus. Menée par Alesina, Carloni et Lecce, cette étude a porté sur l’observation de quelque deux cents consultations électorales dans le monde entier.

Au moment où la campagne prend enfin un tour nouveau, puisque les communistes, comme en 1978, peuvent sauver la droite, il serait bon que Nicolas Sarkozy, voire même François Hollande, se présente devant les Français comme les candidats de la réforme. Pour le candidat socialiste, il est difficile de se lancer dans la promesse de réformes tendant à diminuer et l’État, et les impôts, et la réglementation, mais sait-on jamais ? Schröder n’a-t-il pas été le grand réformateur allemand ? Pour le président candidat, la difficulté vient de la lancinante objection : comment promettre pour les cinq ans à venir des réformes qui n’ont pas été réalisées dans les cinq ans passés ? Mais à tout prendre il vaudrait mieux qu’il annonce une rupture avec ses mauvaises habitudes plutôt que de donner l’impression de persévérer en annonçant des mesures d’impôts encore plus progressifs et de protectionnisme renforcé. Pour l’instant, le vent libéral ne souffle pas dans les bronches de l’UMP.

Ce changement de cap s’impose non seulement pour des raisons électorales, mais aussi pour faire face à la récession qui s’annonce inéluctablement. L’analyse de conjoncture de Jean-Yves Naudet (NdC: à lire demain sur Contrepoints) est d’une précision et d’une rigueur exemplaires : la récession est inévitable, reste à savoir comment on en limitera les dégâts ; elle serait même une bonne chose si elle pouvait donner l’occasion de réduire la dimension de l’État et de libérer la créativité des Français.

La France n’a pas besoin de rigueur, mais de libération. Il est déplacé d’annoncer de la sueur et des larmes, et d’insister sur la rigueur ou l’austérité. Ce n’est pas d’austérité que nous avons besoin mais de liberté, et la liberté ouvre la porte à l’espoir et au redémarrage d’une société et d’une économie bloquées.

Le gouvernement actuel s’est illustré en voulant réduire le déficit et la dette en trouvant des ressources nouvelles bien plus qu’en diminuant les dépenses. Par exemple, la chasse aux niches fiscales a été menée pour tenter de récupérer des impôts dont certains contribuables ou certaines activités étaient exemptés. Récupérer des impôts perdus, cela s’appelle augmenter les impôts, et non pas diminuer les dépenses publiques. Diminuer les dépenses publiques, c’est transférer au secteur privé et marchand un certain nombre de domaines et d’entreprises qui relèvent aujourd’hui de la logique du service public – sans être le moins du monde au service du public, et par priorité la protection sociale, assurée à un coût prohibitif pour des prestations évanescentes. Ce sont les niches publiques qu’il faut supprimer, et pas ou pas seulement les niches fiscales.

Comme certains autres, notre gouvernement a donc cédé tantôt au conservatisme qui veut ne pas toucher à un secteur public pléthorique et ruineux, tantôt au keynésianisme qui veut relancer l’économie en « soutenant » l’activité par des dépenses publiques nouvelles. L’ensemble sur un fond de musique sociale, avec les notes aiguës de la redistribution, de la remise en cause de la richesse et de la propriété, et de l’assistanat délétère.

Toutes ces méthodes, toutes ces idées, sont éculées. Si l’on persévère dans cette voie, l’année 2013 verra l’effondrement complet de notre économie, avec les tragédies sociales et politiques qui l’accompagneront. Mais, dès maintenant, l’année 2012 marquera la défaite des non-réformateurs, et la victoire des ultra-conservateurs.

Il reste encore quelques maigres chances aux non-réformateurs de retourner leur discours et leur programme. Cette semaine, Nicolas Sarkozy a présenté un document qui n’a pas encore intégré la moindre nuance de réforme significative : des ajustements marginaux, et en général dans la mauvaise direction. Mais si les écrits sont figés, la parole est libre. Il y a encore quelques électeurs qui pourraient faire confiance aux non-réformateurs s’ils entendaient une musique nouvelle. Pour l’instant, nous sommes dans la dissonance et parfois même dans la cacophonie.

Ceux qui veulent avoir 80% de chances d’être réélus doivent réformer, si l’on en croit les économistes de Harvard, qui ont également trouvé une forte corrélation statistique entre les coupures budgétaires et la réduction du rôle de l’État d’une part et l’expansion économique d’autre part.

Une France réformée éviterait une récession mortelle, et retrouverait l’espoir et la croissance. C’est ce que beaucoup d’électeurs voudraient s’entendre dire et (peut-être) vivre assez longtemps pour le voir se réaliser.

Dites-le.


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Lire aussi : les plans de rigueur bons pour l’économie

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  • « Si l’on persévère dans cette voie, l’année 2013 verra l’effondrement complet de notre économie, avec les tragédies sociales et politiques qui l’accompagneront. »
    Vous pouvez enlever les « si »: l’Etat ne se réformera pas, quel que soit le candidat.
    Seul espoir: que les réformes de Monti soient appliquées, et qu’elles portent leurs fruits ont permettant à l’Italie de renouer avec le dynamisme économique.

  • Cela peut paraître étonnant, mais réduire les dépenses revient à empirer la situation à ce stade de l’évolution catastrophique de l’économie.

    Réduire les dépense provoque une réduction de la création monétaire ; réduction des liquidités et hausse de la valeur des dettes des entreprises privées. Face à ces difficultés, les marchés réagissent vis-à-vis des risques de non-paiement liées à des probables faillites ou des difficultés quant au remboursement des dettes ; les taux d’intérêt grimpent et tout s’accélère. Le chômage de masse devient alors une triste réalité et il devient politiquement impossible de réduire les dépenses à ce moment là.

    Bref, la situation est grave et il ne reste que très peu d’alternatives pour se sortir de cette terrible crise de la dette.

    • « Cela peut paraître étonnant, mais réduire les dépenses revient à empirer la situation à ce stade de l’évolution catastrophique de l’économie. »
      C’est plus qu’étonnant, c’est complètement con!

      « Réduire les dépense provoque une réduction de la création monétaire »
      Dans cette optique, j’ai une super idée, on augmente le RSA à 2350 euros net, et vous verrez, la croissance va repartir, youpi…
      Ha bein non! on me dit que des gens qui ne foutent rien et qui ont ce salaire existe déjà, cela s’appelle des fonctionnaires, et ils sont 6 millions.

      • « C’est plus qu’étonnant, c’est complètement con! »

        J’admire la qualité de votre argumentation et votre ouverture d’esprit.

        Bref, vous ne comprenez pas que la monnaie est malheureusement étatique et que la réduction de dépenses limite la création monétaire (monopolisée par l’Etat !) dont dépend une économie (ou tous les acteurs sont endettés !). Lorsqu’on a dopé l’économie à la dépense, limiter les dépenses revient à faire subir un sevrage à un héroïnomane.

        Vous comprendrez dès lors que je ne fais pas l’éloge de la dépense publique, loin de là, mais je suis malheureusement réaliste. Nous avons atteint un tel niveau d’endettement – au niveau mondial – que la réduction des dépenses – et ce pour les raisons expliquées en amont – ne ferait qu’accélérer le processus nous menant à la faillite inéluctable.

        La solution réside donc dans une dévaluation massive et une annexion à l’or, dans un premier temps, avant d’entreprendre un démantèlement des institutions étatiques ou para-étatiques.

        Réduire les dépenses, donc, en maintenant l’Etat tel qu’il est et en conservant un système monétaire étatique (Banque Centrale et monnaie étatique), est tout bonnement suicidaire.

        • Ouch. Contresens total.
          le secteur privé peut créer autant de monnaie qu’il en a besoin, et en fait il le fait déjà : faire un chèque ou émettre une lettre de crédit à 90 jours c’est déjà émettre de la monnaie.
          la dépense ne fait que consommer, détruire ; elle ne soutient pas l’économie, la production, elle la contrarie. C’est un poison, pas un « dopant ». L’idéal capitaliste c’est l’ermite calviniste qui ne dépense quasiment rien, bosse comme un fou, et accumule et réinvestit sans fin tout ce qu’il gagne.
          Dévaluer c’est réduire les revenus des travailleurs ; ça casse le pouvoir d’achat donc la consommation et ça réduit les prix à l’export donc stimule la production ; mais au prix d’un abus de confiance, une escroquerie, un vol en fait : vous avez signé pour vendre votre travail pour 1000 et voilà qu’unilatéralement le gouvernement décide que 1000 ça ne vaut plus que 800 !
          Réduire les dépenses n’est pas suicidaire, c’est la martingale gagnante : moins de consommation, plus de produits disponible pour échanger contre des production futures, plus de capital, plus de progrès et finalement plus de biens ; mais ce n’est pas agréable.

          • Cher P,

            En tant qu’adhérent aux thèses libertariennes, vous pouvez être sûr que j’ai en horreur l’Etat et ses folies dépensières. Mais je suis malheureusement réaliste et sait pertinemment que mes propos ne sont pas un « contresens total ».

            Comme vous l’avez si bien dit, la dévaluation réduit la valeur des avoirs. Or vous oubliez qu’elle réduit également la valeur des dettes. Inversement, donc, évaluer la monnaie par un arrêt des dépenses publiques (donc de création monétaire, N.B. la monnaie est étatique), c’est certes évaluer la valeur des avoir, mais c’est surtout augmenter la valeur des dettes !

            Dès lors, les entreprises endettées voient la valeur de leurs dettes prendre l’ascenseur et sans la garantie de percevoir des avoirs suffisants. Elles vont donc subir la pression de leurs créanciers ainsi qu’une hausse des taux d’intérêts qui augmenteront les dépenses de ces entreprises. En somme, les marges sont réduites et les risques de faillites deviennent plus grands ; les licenciements deviennent une nécessité et le chômage de masse devient une réalité.

            A ce moment là, donc, il est politiquement impossible de réduire d’avantage les dépenses publiques. De plus, la dette publique ne cesse de croître et a pris de la valeur de par l’évaluation monétaire.

            C’est pour cette raison que j’appelle avant tout au règlement de la dette publique via une dévaluation massive (au niveau mondial) et une annexion à l’or, dans un premier temps. Une fois la dette remboursée, la Révolution est en marche ; démantèlement de l’Etat et des ses organes (Banques Centrales, etc.).

            ***
            Je vous laisse lire ces deux articles très intéressants et qui ouvrent, à mon sens, une nouvelle vision de l’économie.

            http://debitisme.blogspot.com/p/god-bless-you.html

            http://debitisme.blogspot.com/p/le-ba-ba-de-leconomie.html

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