Les profits de General Motors ne vont pas tirer d’affaire les contribuables américains

Comme Barack Obama est en campagne pour garder son poste, il prétendra que le sauvetage de ces entreprises a été une réussite

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Les profits de General Motors ne vont pas tirer d’affaire les contribuables américains

Publié le 7 mars 2012
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Comme Barack Obama est en campagne pour garder son poste, il prétendra que le sauvetage de ces entreprises a été une réussite mais les contribuables devraient garder en mémoire que la ponction dans leurs portefeuilles a été conséquente et va probablement continuer de grandir.

Par Shikha Dalmia (*), depuis les États-Unis.

Trois ans après son renflouement par les contribuables, General Motors vient d’annoncer des objectifs de bénéfices assez ambitieux pour 2012. Mais, même si ces objectifs sont atteints – avec un grand si – les contribuables ne devraient pas s’attendre à récupérer le reste de leurs ‘investissements’ dans la compagnie.

Aucun doute : GM est bien sorti du gouffre. 8 milliards de dollars de bénéfice : un record historique. De plus, GM a regagné suffisamment de parts de marché pour redevenir le plus grand constructeur automobile mondial, un titre qu’il avait perdu en faveur de Toyota. Le plus impressionnant, il a prévu de catapulter ses marges de 6% l’an passé à 10% cette année, à égalité avec ses meilleurs rivaux comme Hyundai et BMW. Grace à cela, GM espère afficher 10 milliards de dollars de profits cette année, quelque chose que seules 17 compagnies publiques ont réussi à faire en 2010.

Comment les investisseurs ont-ils réagi à tous ses espoirs et déclarations ? Par un grand bâillement : le prix des actions GM, qui varie autour de 25$ depuis des mois, a à peine bougé. C’est 8$ en dessous du prix d’introduction en Bourse. Et c’est surtout 30$ en dessous de la somme nécessaire aux contribuables pour récupérer les 30 milliards de dollars qui sont encore bloqués dans la compagnie.

Si les investisseurs n’achètent pas les scénarios roses pastel de GM, c’est pour de bonnes raisons. Peter de Lorenzo, éditorialiste chez « Auto Extremist », relève que GM fait face au marché le plus concurrentiel de son histoire. Les investisseurs sont dubitatifs sur le fait que GM réussisse. Les 8 milliards de bénéfice de l’an passé proviennent partiellement du tsunami au Japon qui a coupé la chaine d’approvisionnement de Toyota et Honda.

Les deux sont de retour cette année et plus forts que jamais. Pendant que GM annonce une baisse de 6% des ventes en janvier en Amérique du Nord par rapport à l’an passé, ses concurrents étrangers ont affiché des gains impressionnants. GM va peiner à atteindre les prouesses de l’an passé, surtout si la contre-performance du mois de janvier se reproduit dans l’année, a expliqué De Lorenzo.

La concurrence plus rude en Amérique du Nord n’est pas la seule source d’inquiétude de GM. Ses ventes ralentissent en Chine. L’Europe restera probablement une zone de turbulence. GM a accusé 2 milliards de dollars de pertes en Europe l’an passé, à cause d’Opel, sa marque allemande sous perfusion. Mais GM n’a pas été autorisé par le gouvernement allemand à restructurer ses usines. Dans le même temps, les ventes d’Opel baissent et la crise économique s’amplifie sur le Vieux Continent.

Toyota et Honda ne sont pas exposés de la même manière à l’Europe et ont ainsi nettement moins à s’inquiéter. De plus, le système de retraite de GM n’est pas financé à hauteur de 22 milliards de dollars, dont environ 10 milliards uniquement pour les USA.

Si GM résout tous ses problèmes, dit Sean McAlinden du centre sur la recherche automobile, son action pourra monter jusqu’à 40-45$, laissant aux contribuables une ardoise de 5 à 8 milliards de dollars. Mais, ce serait dans le meilleur des cas. Si le cours de l’action reste aux environs de 25$, les pertes s’élèveraient à 15 milliards de dollars. Sans compter les 15 milliards de dollars d’impôts supprimés que GM a obtenu lors de sa faillite. En tout et pour tout, les contribuables seront floués de 20 à 30 milliards de dollars.

Ce n’est pas le seul risque pour les contribuables. La faillite de GM a faussé le marché si fortement que ses concurrents exigent de recevoir le même traitement.

Par exemple, McAlinden explique que l’administration a donné 10 milliards de dollars de plus que ceux strictement nécessaires pour financer la faillite. Cet argent a permis d’alimenter le matelas confortable de 33 milliards de dollars de « cash ». GM pourrait utiliser cet  argent pour racheter ses actions afin d’en augmenter le cours, atténuant ainsi les pertes des contribuables – ou payer des dividendes. Mais McAlinden ne croit pas que GM va le faire. Il pourrait utiliser ces sommes pour rembourser ses obligations envers les syndicats (assurances santé et fonds de pension), faisant ainsi un transfert direct d’argent des contribuables vers les syndicats.

Ou bien il va utiliser cet argent pour le développement de nouveaux produits, mettant ses concurrents dans l’embarras. De plus, puisque ces 10 milliards de dollars de subventions sont une prise de participation au capital, GM n’a pas d’intérêts à payer. Ford, par exemple, paie toujours les intérêts sur les 23 milliards de dollars de dettes contractés par l’entreprise pour éviter de faire faillite.

C’est injuste. Et l’administration Obama le sait. C’est peut-être la raison pour laquelle le prêt de 5,6 milliards de dollars destiné à rénover les outillages de Ford a été aussi vite approuvé. Du coup, cela provoque les hurlements de Sergio Marchionne de Chrysler. L’administration a donné à la compagnie mère de Sergio Marchionne, FIAT, la majorité dans le capital de Chrysler, sans demander un seul euro à FIAT.

Pourtant, Marchionne se plaint que l’administration n’a pas été assez généreuse. Contrairement à GM, l’administration oblige Chrysler à payer des intérêts sur le prêt du sauvetage financier. Maintenant, l’administration traîne des pieds pour approuver les prêts de rééquipements de Chrysler, prétend-il.

Les sympathisants des subventions continuent d’affirmer que c’était fait en une seule fois pour soutenir des compagnies dans des périodes économiquement difficiles. En réalité, la course au butin des subventions a produit des effets secondaires qui vont hanter l’économie pendant encore longtemps.

Comme Barack Obama est en campagne pour garder son travail, il prétendra que le sauvetage de ces entreprises a été une réussite permettant de conserver des millions d’emplois américains. Mais les contribuables devraient garder en mémoire que la ponction dans leurs portefeuilles a été conséquente et va probablement continuer de grandir au fur et à mesure des années.

Traduction Nicolas B/Contrepoints. Article original

(*) Shikha Dalmia est senior analyste à la Foundation Reason et éditorialiste au Daily. Cet éditorial est paru la première fois dans Bloomberg News.

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