Boîte à outils de lutte contre la corruption à Cuba

La lutte contre la corruption n’est pas seulement le rôle de l’État ou du Contrôleur Général de la République

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
imgscan contrepoints 810 Corruption Cuba

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Boîte à outils de lutte contre la corruption à Cuba

Publié le 3 mars 2012
- A +

La lutte contre la corruption n’est pas seulement le rôle de l’État ou du Contrôleur Général de la République. Tous les citoyens doivent s’impliquer avec l’assurance que quiconque a mis la main dans les caisses de l’État doit être signalé.

Par Yoani Sánchez, de La Havane, Cuba.

Il y a déjà quelques mois un ami m’a offert ce magnifique manuel intitulé « Boîte à outils pour le contrôle citoyen de la corruption ». Accompagné d’un CD et avec beaucoup d’exemples pratiques, je l’ai lu à la recherche de réponses, face à un fléau qui nous frappe chaque jour davantage. En ce moment même, nous sommes submergés d’appels à éliminer les détournements de ressources et les vols dans les entreprises d’État. Je me suis donc plongée dans les pages de ce livre pour apprendre ce que nous, individus, devons faire, face à de pareils actes. Sans surprise, j’ai découvert un mot qui revient sans cesse tout au long des chapitres : transparence. Une campagne anti-corruption efficace doit aller de pair avec l’exposition et la dénonciation dans les media nationaux. Chaque malversation justifie une information détaillée, chaque détournement  mérite la plus intense des critiques publiques.

Pourtant les appels à éliminer le secret lancés par le Général Président lors de la dernière conférence du PCC ne semblent pas suivis d’effet pour mettre toute la lumière sur les actes de cette nature. Il y a une sélection évidente entre ce que l’on peut dire et ce dont on ne peut pas parler, une délimitation claire entre ce qu’il est permis de publier et ce qui ne l’est pas. Par exemple, jusqu’à aujourd’hui la presse nationale n’a pas donné de détails sur la corruption à l’Institut d’Aéronautique Civile qui a conduit à la destitution de son Président Rogelio Acevedo. Pas un mot non plus du dernier scandale du système bancaire qui a conduit à la mise en examen de plusieurs de ses employés, alors qu’aucun de ses hauts dirigeants n’a été « inquiété ». Et que dire de la liaison de fibre optique entre Cuba et le Venezuela qui, au lieu d’Internet, ne nous a apporté que des rumeurs sur des fonctionnaires licenciés pour avoir détourné une partie du budget ? Il ne s’agit pas que de ragots : il suffit de passer par le tunnel de la rue Linéa, récemment réparé pour s’apercevoir qu’une bonne partie des matériaux destinés à sa restauration n’ont pas servi à cet usage. Pourquoi la télévision ne parle-t-elle pas de TOUT cela ?

On retombe dans la même erreur : la verticalité. La lutte contre la corruption n’est pas seulement le rôle de l’État ou du Contrôleur Général de la République. Tous les citoyens doivent s’impliquer avec l’assurance que quiconque a mis la main dans les caisses de l’État doit être signalé. Si on continue à donner l’impression qu’il existe des « intouchables », des voleurs qui ne peuvent pas être jugés à cause de leur passé politique ou de leur tendance idéologique, alors nous ne pourrons pas avancer. Le jour où je verrai un de ces insubmersibles critiqué à la télévision pour détournement de marchandises, manipulation des prix ou mensonge sur des chiffres de production, alors je commencerai à croire que nous sommes en bonne voie d’élimination d’un si large problème. Entretemps je regarde le manuel que j’ai maintenant entre les mains et qui me paraît n’être qu’une liste d’actions improbables, un réservoir d’illusions impraticables ici.

—-
Sur le web

Traduction : Jean-Claude Marouby.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Ukraine mène une deuxième guerre, intérieure celle-ci, contre la corruption.

En janvier 2023, le gouvernement ukrainien a été éclaboussé par des scandales de corruption impliquant le vice-ministre de la Défense et le vice-ministre des Infrastructures. Il se trouve que juste avant la guerre, le président Zelensky avait poussé à un tournant anti-corruption. L’Ukraine elle-même était déjà l’un des pays les plus corrompus du continent. Selon Transparency International, son indice de perception de la corruption pour 2022 était encore de 3... Poursuivre la lecture

Par Bertrand Venard.

L’ONG Transparency International vient de publier son palmarès des pays du monde selon le niveau de corruption perçue en 2022.

L’étude de ce document confirme une fois de plus les liens étroits qui existent entre le degré de corruption d’un pays et le risque que ce pays soit engagé dans une guerre, extérieure ou civile. Dans un cercle vicieux inextricable, un pays plongé dans un conflit voit aussi son niveau de corruption croître.

 

Comment est évaluée la corruption dans un pays ?

Depuis s... Poursuivre la lecture

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles