Impôt : les hauts taux tuent les totaux

En pratique, trop d’impôt tue le travail et fait fuir les riches

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Impôt : les hauts taux tuent les totaux

Publié le 2 mars 2012
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Pour beaucoup, il suffit de faire payer les riches pour financer le train de vie de l’État. Le problème avec cette idée de génie, c’est qu’elle ne fonctionne pas. En pratique, trop d’impôt tue le travail et fait fuir les riches.

Par Nathalie Elgrably-Lévy, depuis Montréal, Québec.

On entend dire régulièrement qu’il suffit de taxer les riches pour financer les projets de l’État. Pauline Marois, par exemple, tentait récemment de nous convaincre qu’une hausse du taux d’imposition des plus fortunés contribuerait au financement de la santé.

Le problème avec cette idée de génie, c’est qu’elle ne fonctionne pas. L’expérience récente du Royaume-Uni, laquelle s’ajoute à une longue liste d’expériences similaires, le confirme.

L’an dernier, le Trésor britannique a relevé de 40 à 50% le taux d’imposition des contribuables touchant un revenu annuel de 150 000 £ ou plus (environ 235 000 $ CA). À la suite de cette initiative, qui devait rapporter 2,5 milliards £ à l’État, on a plutôt observé une chute des recettes fiscales de 500 millions £.

Ces chiffres ont semé la consternation. Pourtant, voilà près de cinq siècles que les économistes ont compris qu’il existe une relation inverse entre les taux d’imposition élevés et les entrées fiscales.

Au XVIe siècle, l’économiste français et conseiller de Henri IV, Barthélémy de Laffemas, avait déjà constaté que plus on taxe les riches, moins ils paient d’impôts. C’est d’ailleurs lui qui serait l’auteur de la formule « les hauts taux tuent les totaux ». Puis, en 1844, ce fut au tour de Jules Dupuit, ingénieur et économiste français, d’observer le même phénomène. Plus récemment, pendant les années Reagan, l’économiste américain Arthur Laffer s’est fait connaître pour sa formule « trop d’impôt tue l’impôt ».

Quand la classe politique préconise une hausse du fardeau fiscal, elle part de l’hypothèse que pareille mesure sera sans effet sur le comportement des contribuables. Or, si on peut soumettre les gens à un taux d’imposition plus élevé, on ne peut les forcer ni à travailler ni à investir. On ne peut non plus empêcher les riches de placer leur argent ailleurs dans le monde. En pratique, trop d’impôt tue le travail et fait fuir les riches.

À cet égard, l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), en vigueur en France, est instructif. Depuis les années 1990, plusieurs dizaines de milliers de fortunes françaises ont été expatriées, privant ainsi le Trésor public de 12 à 15 milliards d’euros de recettes par an. En revanche, quand les taux ont été allégés et que 300 000 contribuables ont été exonérés, les recettes de l’ISF ont moins diminué que prévu. Simple coïncidence ?

Nos dirigeants tirent-ils des leçons des enseignements de l’Histoire ? Évitent-ils de reproduire les erreurs du passé ? Pas du tout ! Ils continuent de nous servir de vieux clichés sans fondements économiques et de nier une réalité connue depuis fort longtemps. Pourquoi ? Tout simplement parce que faire la chasse aux riches est politiquement très vendeur.

Comprenons-nous bien. S’il faut maintenir le taux d’imposition maximal à un niveau raisonnable, ce n’est pas pour accorder un privilège aux riches. C’est pour encourager le travail et maximiser les entrées fiscales, et ainsi épargner la classe moyenne. Pensez-y bien, si les riches se sauvent pour éviter un impôt confiscatoire, dans les poches de qui l’État pigera-t-il sinon dans celles de la classe moyenne ?

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  • …pigera-t-il ? sûrement pas. …piquera-t-il, oui. Merci de corriger.

    • Nathalie Elgrably vit à Montréal…

      « Au Québec, on utilise couramment le verbe piger au sens de voler, comme dans l’expression piger dans la caisse ou au sens de choisir au hasard. En fait, il s’agit du sens ancien du mot piger. Dans le reste de la francophonie, ce mot n’a conservé que son sens figuré, celui de «saisir, comprendre». »

  • @Nathalie
    Laffer a tenté de démontrer mathématiquement la corrélation entre le taux d’imposition et le taux d’efficacité. Vous pourriez lire Bastiat, son pamphlet « l’impôt » (de mémoire) qui traite le sujet avec beaucoup de talent comme d’habitude. Cordialement.

  • Il y a probablement deux limites à votre raisonnement.
    La première est que la France, bien connue pour sa pression fiscale est dans les faits un des pays d’Europe qui accueille le plus de riches. Nous accueillons près de 9% des millionnaires de la planète, cela ne fait pas grand bruit, mais c’est le cas. Qu’il y ait des mouvements et donc des évolutions négatives en valeurs relatives, n’empêche pas semble-t-il l’attractivité pour les riches.
    Le second point, mais non le moindre sur la nécessité de plus taxer les riches, est sur la question sociétale. Une société ne peut pas avancer sans qu’il y ait un sentiment de justice partagé. Quand bien même cela devrait couter, comme vous le dite (ce que je ne remets pas en cause d’ailleurs), si un collectif doit faire un effort, ce sont aux plus forts de commencer et de donner l’exemple. Quand on parle d’impôt et d’argent, c’est évidemment par les riches qu’il faut commencer.
    En France, l’impôt est progressif … sauf pour les 1% les plus riches ou il devient d’un seul coup, dégressif. Il faut se poser la question du sens, parce que c’est cela le moteur d’une société … et pas seulement l’argent.

  • Hello, je comprend bien la logique des hauts taux…. Il y aurait en plus de nombreux exemples par exemple aux USA et au Royaume unis. Mais qu’en est il des pays scandinaves qui taxent fortement le revenu ? N’est ce pas un contre exemple ? Ou n’atteignent ils pas encore le seuil d’imposition qui « renverserait la balance ». De plus en France le gouvernement Sarkozy a mis en place des baisses d’impôts pour les plus riche (le bouclier fiscale) et honnêtement je ne crois que cela a augmenté les recettes fiscales ou même que ça a eu un quelconque effet positif sur l’économie. Qu’en pensez vous ?

  • Les commentaires sont fermés.

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