Un haut fonctionnaire de Bercy dénonce la rage taxatoire de ses pairs

Un haut fonctionnaire de Bercy qui, bien entendu, préfère garder l’anonymat a souhaité décrire l’état d’esprit de ceux qui font la politique économique et fiscale de la France

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Un haut fonctionnaire de Bercy dénonce la rage taxatoire de ses pairs

Publié le 21 février 2012
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Un haut fonctionnaire de Bercy qui, bien entendu, préfère garder l’anonymat a souhaité décrire l’état d’esprit de ceux qui font la politique économique et fiscale de la France. Des propos recueillis par l’IREF (Institut de recherches économiques et fiscales). Un témoignage édifiant.

« Je suis haut fonctionnaire à Bercy et peux confirmer qu’il existe, tant chez mes collègues cadres supérieurs que chez nos élus gouvernants un acharnement diabolique à taxer jusqu’à la mort toute source de revenu, peu importe les conséquences. Outre une idéologie nocive qui se résume à une haine viscérale du secteur privé jugé comme un pandémonium du lucre et de la fraude (en fait, une profonde jalousie), doublée d’une croyance d’être justicier (qui ne dupe qu’eux-mêmes), c’est un écran de fumée destiné à masquer une incompétence totale à diriger les affaires et à gérer les ressources comme leur emploi. Tout en se préservant contre les idées de réforme et de diminution du train de vie de l’État, car il s’agit in fine de conserver pouvoir et privilèges.

Pour avoir bien connu le système soviétique, j’ose faire le parallèle. L’URSS s’effondra pour cause de manque d’argent face à des dépenses gigantesques et ubuesques d’une administration délirante, et face à l’acharnement pathologique d’une classe dirigeante, confite dans ses privilèges, à refuser toute réforme structurelle qui eût pu sauver le régime et éviter le chaos qu’on a constaté.

Aujourd’hui Bercy s’enferre dans l’erreur, à l’instar de toute la classe politique. Quelques personnages très dangereux mais terriblement influents diffusent le message subliminal consistant à faire croire que tout Français travaillant dans le privé et non bénéficiaire des minima sociaux, et toute entreprise sise en France dort sur un magot, et que ce magot a été constitué par des malversations au préjudice de l’État et des plus pauvres, par la fraude ou le travail dissimulé. L’épargne est suspecte, elle constitue une réserve à disposition du secteur public et il importe qu’elle ne puisse pas échapper au contrôle de l’État, qui pourra un jour en prendre le contrôle pour désintéresser ses créanciers les plus pressants. De nombreuses mesures de contrainte étant contournées par les individus (exilés fiscaux) ou les entreprises (délocalisations) en réponse à la prédation croissante de la puissance publique, il y a tentation d’escalade dans la restriction de liberté et le contrôle d’État.

Il importe de réduire significativement les dépenses publiques (État et collectivités), pour desserrer la contrainte sur ceux qui produisent les richesses, et éviter la tentation totalitaire qui se profile. »

—-
Source : IREF.

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  • Une fois n’est pas coutume de citer Marx dans le texte (dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte) il dit:

    « On se rend compte immédiatement que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’Etat enserre, contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience, une capacité de mouvement et un ressort accru, qui n’a d’analogue que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’Etat, ne réduisait pas le plus possible l’armée de fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental. Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et com plète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires. D’autre part, son intérêt politique l’obligeait à aggraver de jour en jour la répression, et, par conséquent, à augmenter les moyens et le personnel du pouvoir gouvernemental, tandis qu’en même temps il lui fallait mener une guerre ininterrompue contre l’opinion publique, mutiler et paralyser jalousement les organes moteurs indépendants de la société, là où elle ne réussissait pas à les amputer complètement. »

    Quand je vous dit qu’on est dirigé par des arriérés (ici, c’est un texte de 1885). On est toujours en 2012, non? Ou je me trompe de siécle?

  • Entièrement d’accord avec ce qui est dit, mais quel est l’intérêt de cet article ? Exprimant une simple opinion anonyme, il n’offre aucun argument nouveau ni ne relate le moindre fait concret et ne peut donc parler qu’à ceux qui sont déjà convaincus.

    • @Camille, tu es trop relativiste á mon goût. Si on peut croire Contrepoints sur cette info (on devrait avoir au moins, sinon un nom du moins la position administrative de cette personne), le message est plutôt déconcertant. Autrement dit, dans ce type d’info, c’est pas l’opinion qui compte, c’est QUI la donne. Si un résponsable de Bercy dit que la France est en faillite et que tout le monde se sert, en justifiant leur activité non pas auprés du parlement mais en invoquant des grosses conneries anti-capitalistes gauchisantes, on est proche de pratique mafieuse d’une clique de clowns au sommet de l’état.

      • @Philippe Bien sûr, mais ce qu’il me semblait justement c’est que dans ce type d’info où, comme tu le dis, l’importance vient de l’identité de celui qui donne l’opinion, l’anonymat (même s’il est compréhensible, je ne donne pas de leçon) rend la chose un peu stérile.

      • Sans même savoir qui est ce haut fonctionnaire, est-ce que ce qu’on observe, actuellement, est en contradiction avec ce qu’il dit, à savoir « France en faillite » et « tout le monde se sert » ? A mon avis, non.

        • Sur le fond, c’est inquiétant et je n’ai pas besoin de savoir qui est la personne en question parce que j’en suis convaincu par une longue observation de la vie politique en France. De plus, ce qui est interessant, c’est de voir que la gauche n’a jamais attaqué ce systeme vereux et est donc complice de cette pratique (je les attends sur Marx). Les pratiques des syndicats et autres est la pour le confirmer tout le temps. Tout le monde veut taper dans la mangeoir commune de nos taxes. C’est pour cela que les francais devraient, au lieu de crier des « oh » et des « ah », considérer l´approche du probléme par les liberaux qui sont les seuls crédibles sur l’echiquier francais (justement parce qu’ils ont pas mangé de ce pain lá puisqu’ils le dénoncent principalement). Ce qui est complétement sain dans une « démocratie » « moderne ».

  • @ haut fonctionnaire originaire de l’article. Dans la mesure ou il/elle garde l’anonymat, ce que tout le monde peut comprendre, pourrait-on demander qui sont ces « Quelques personnages très dangereux mais terriblement influents ». J’ai envie de me marrer un peu au moins!

  • Texte absolument terrifiant. Je ne vois qu\’une seule solution: FUIR!

    • Courage fuyons! Un beau film d’Yves Robert. Sur la note que j’ai faite avant sur les « personnages trés dangereux », je voudrais dire qu’ils ne m’empêcheront pas de faire caca en pensant á eux. De plus Christine Lagarde avait bien confirmé que quel que soit les décisions prises au ministére de l’économie, la clique de Bercy faisait en gros ce qu’il voulait, cad comme d’habitude.

  • Les livret A et CODEVI sont des mécanismes allant dans le sens de cet article. L’épargne privée est frappée de taxations vexatoires. Les livrets publics sont des mécanismes pour l’Etat de récupérer cet épargne dans son giron, de manière à le placer comme elle le désire suivant le désir du Prince. Cela part donc vers les PME ayant les réseaux nécessaires, le logement social népotique (cf logement JF Kahn et Chevènement de grands nécessiteux) et bien évidemment tout plein de dette souveraine française.

  • En attendant, les rageux taxeurs de Bercy qui sont prêts à bouffer de l’exilé fiscal (au fait, @ Contrepoints: j’ai lancé l’idée dans un de mes articles d’exiger la reconnaissance du statut de « réfugié fiscal », ça s’rait y pas marrant de se lancer là dedans?), ils n’ont toujours pas lancer de contrôle, et encore mois de redressement, à l’encontre de la femme de leur ministre qui s’était domiciliée à Las Vegas (zéro IRPP) et qui ne s’en était souvenue que lorsque le Canard Enchaîné en avait publié l’info dans ses colonnes. C’est pas que je voudrais être mauvaise langue, mais si elle passait six mois de l’année à Vegas, elle aurait du s’en souvenir et son joyeux concubin aussi… Bon, ceci étant, je ne vais pas taper sur ceux qui se protègent comme ils peuvent de la folie de leurs compatriotes. C’est quand ils s’érigent en donneurs de leçons et qu’ils tapent sur les gens au nom de leurs propres turpitudes que ça devient agaçant. D’ailleurs, à ce sujet, je me permettrais de rappeler un de mes articles: http://maviemonargent.info/2011/imposture-de-la-posture-la-france-ne-signera-pas-les-accords-rubik/ (il a été publié sur Contrepoints, je crois) dans lequel j’explique pourquoi je suis convaincu de la mauvaise foi du gouvernement français et que si les accords rubik n’ont pas été signés par la France, c’est en fait pour NE PAS taxer certains comptes détenus en Suisse et concentrer les actions répressives sur certaines cibles identifiées.

  • Des propos stupéfiants de mauvaise foi et d’idéologie droitière. On comprend l’anonymat ! Jusqu’à réécrire à son idée délirante la fin de l’URSS, il faut le faire. L’Union Soviétique est tombée, contrairement à ce que croit l’anonyme éclairé, non par faute de réformes mais par la faute de ses réformes. Le discours ultralibéral dans toute sa brutalité et son absolutisme, appuyé sur des a priori psychologies bidon (la jalousie !) et des références historiques imaginaires pour soutenir à tout crin que seul valent sur cette planète les tenants du capital privé. On peut débattre de l’utilité finale du libéralisme, mais pas sur ce ton.

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