Le malaise enseignant

Beaucoup d’enseignants ressentent un certain malaise, écartelés qu’ils sont entre leur passion égalitariste et leur envie de bien faire leur métier.

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Le malaise enseignant

Publié le 13 février 2012
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Si l’on veut une École juste, il faut faire en sorte qu’elle puisse détecter tous les talents, notamment ceux venus de milieux humbles, et non qu’elle veuille corriger certaines inégalités sociales en créant de l’injustice. C’est ce que beaucoup d’enseignants ont perdu de vue, leur égalitarisme irrationnel les ayant aveuglés.

Par Fabrice Descamps

L’École française va objectivement mal. Année après année, les indicateurs du programme PISA de l’OCDE montrent que notre système scolaire dégringole dans les comparaisons internationales.

Contrairement à ce que prétend le SNES, principal syndicat du secondaire et fief gauchiste, ce n’est pas d’abord une question de moyens puisque le collège finlandais, un exemple désormais connu de tous, coûte moins cher que le français pour de meilleurs résultats.

Contrairement à ce que prétend la droite conservatrice, ce n’est pas non plus la faute au fameux « collège unique » puisque certains pays, comme le Canada, ont de bien meilleurs résultats que la France et ont pourtant non seulement un collège unique mais même un « lycée unique » car l’orientation vers les formations professionnelles s’y fait après le bac et non dès la fin de la troisième comme en France.

Ce n’est pas plus la faute aux immigrés ni aux pauvres qui feraient baisser le niveau dans les établissements où ils sont trop nombreux car le Canada, toujours lui, a un nombre écrasant d’immigrés et des niveaux d’inégalités des revenus supérieurs à ceux constatés en France.

Toutes ces explications ne tiennent tout bonnement pas la route.

Serait-ce alors une question d’organisation des systèmes scolaires ? À première vue, cela semble peu plausible tant sont criantes les différences de structures et de doctrines scolaires entre les meilleures écoles du monde, en Finlande, en Corée du Sud, au Japon, à Shanghai et au Canada. Quoi de commun entre le cocon accueillant d’une école finlandaise et la discipline quasi militaire qui règne dans son homologue sud-coréenne ?

Cependant, à y regarder de plus près, tous les systèmes scolaires performants ont un point commun les séparant nettement de tous ceux, comme le français, qui font mal leur travail : le taux de maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul à l’entrée en sixième. Nous tenons là le vrai secret des réussites et des échecs des systèmes scolaires, à savoir la capacité ou l’incapacité de leurs écoles primaires à apprendre à lire, écrire et compter correctement. Les Finlandais, les Canadiens, les Coréens et les Japonais mettent le paquet sur leurs écoles primaires afin que tout enfant en difficulté dans un des trois compartiments fondamentaux du savoir y soit aidé efficacement. Si nous voulons remonter la pente le long de laquelle l’École française dégringole actuellement, point n’est donc besoin de supprimer ce pauvre collège unique – le remède serait pire que le mal [1] –, on peut plus simplement s’inspirer des pratiques observées dans les écoles primaires des champions scolaires mondiaux. Or tout cela ne coûte pas plus cher car les budgets qu’on alloue pour le soutien aux élèves des écoles primaires sont autant d’argent en moins pour les redoublants et les décrocheurs du secondaire.

Je suis atterré de voir que personne, parmi les candidats aux prochaines élections présidentielles, n’a fait le même diagnostic que moi. Or il suffit de lire attentivement les brochures de l’OCDE (notamment l’indispensable Education At A Glance qui devrait être offert tous les ans à tous les enseignants du SNES !). À défaut de finir jamais La Princesse de Clèves, peut-être M. Sarkozy serait-il bien inspiré de jeter un coup d’œil aux remarquables travaux de l’OCDE, ce cul de basse fosse de l’ultra-libéralisme débridé, prédateur, inhumain, sans visage, mondialisé, financiarisé, apatride, cosmopolite et… heu… dégueulasse.

Une autre question m’assaille alors : comment se fait-il que tous nos collègues du SNES, qui ont au moins BAC+5, ne parviennent pas à des conclusions similaires aux miennes ? Certains d’entre eux, bien sûr, se fichent pas mal de l’état de notre système scolaire du moment qu’ils continuent de contrôler les fameuses « mutations » qui leur assurent, bon an mal an, le vote et la cotisation de professeurs apeurés à l’idée d’atterrir à Garges-lès-Gonesse. On rencontre de ces personnages cyniques chez les hiérarques du syndicat, mais ce n’est pas le cas du brave militant de base. Alors pourquoi ce dernier ne fait-il pas les mêmes constats que moi ?

Eh bien, je pense que l’aveuglement idéologique est entièrement responsable de son manque de lucidité. Je vous entends déjà d’ici me dire : « Mais comment ? Vous accusez l’enseignant de gauche d’aveuglement idéologique alors que vous-même ne vous apercevez pas de vos œillères libérales ! » Oui, je l’avoue, j’ai sûrement des œillères libérales en sus d’une poutre dans mon œil qui m’interdit de voir la paille dans le vôtre, mais je sais pourquoi je suis enseignant : pour transmettre des savoirs à mes élèves et à mes étudiants. Or interrogez le militant de base du SNES à ce même sujet et vous le verrez immédiatement saisi d’une hésitation qui trahira son trouble intérieur : il vous bafouillera que certes, il est là pour enseigner des connaissances mais, tout de même, ah, comment dire, il est aussi là un peu pour essayer de corriger les inégalités sociales entre ses élèves.

STOP ! La question est essentielle et si essentielle qu’en n’y répondant pas correctement, le militant du SNES perd de vue la fonction première de l’École, en conséquence de quoi il n’est pas révolté par le fait que 40% de nos élèves, oui, j’ai bien dit, 40% de nos élèves ne maîtrisent pas correctement la lecture, l’écriture et le calcul à leur arrivée en sixième. Ce qui serait un scandale national dans tout autre pays ne l’est pas en France car les profs de base, dont une majorité émarge au SNES ou à sa maison-mère, la FSU, ne savent plus vraiment pourquoi ils sont là. L’institutrice d’un de mes fils nous a même avoué l’autre jour, dans un grand élan de sincérité : « Oh, vous savez, j’ai des collègues qui considèrent que maintenant, avec les correcteurs des traitements de texte, l’orthographe n’est plus une priorité. » J’en suis encore pantois.

En effet, la plupart des enseignants, obnubilés par l’égalitarisme commun à tous les gens de gauche, prétendent que l’École serait injuste parce que les enfants des groupes sociaux les plus privilégiés y ont en moyenne accès aux diplômes les plus prestigieux.

Sans surprise, une certaine partie du monde enseignant recommande donc l’établissement d’une politique de discrimination positive pour augmenter de façon volontariste le pourcentage d’enfants issus des milieux les moins favorisés qui obtiennent les diplômes les plus réputés. Or une telle politique est injuste pour deux raisons.

La première est que si le nombre total d’admis à ces diplômes ne change pas après la mise en place de telles politiques, elles priveront de l’accès aux diplômes les plus recherchés certains élèves qui les auraient sinon obtenus avant le début de ces mêmes politiques car elles donneront à des jeunes d’origine modeste la place qu’occupaient auparavant d’autres jeunes issus d’autres milieux.

La deuxième raison tient au fait qu’on n’attend pas d’un diplômé qu’il ait telle ou telle origine sociale, mais telle ou telle compétence sanctionnée par son diplôme. Je préfère ainsi un médecin efficace même s’il est fils de médecin à un médecin inefficace même s’il est fils d’ouvrier.

Si l’on veut une École juste, il faut donc faire en sorte qu’elle puisse détecter tous les talents, notamment ceux venus de milieux humbles, et non qu’elle veuille corriger certaines inégalités sociales en créant de l’injustice. Le rôle de l’École n’est pas de corriger les inégalités, mais de transmettre des savoirs et récompenser par des diplômes les élèves qui les méritent.

C’est ce que beaucoup d’enseignants ont perdu de vue depuis 1968. Leur égalitarisme irrationnel [2] les a aveuglés. Or comme beaucoup d’entre eux ont gardé une indéniable conscience professionnelle, ils savent bien que leurs établissements ne font plus correctement leur travail, en conséquence de quoi ils ressentent ce qu’il est convenu d’appeler le « malaise enseignant », écartelés qu’ils sont entre leur passion égalitariste et leur envie de bien faire leur métier.

Mais l’École ne pourra justement pas faire éclore les talents d’origine modeste si elle rabote ses exigences et ses objectifs car elle ne pourrait alors plus apporter à de tels talents les savoirs que leur milieu social ne peut leur transmettre faute de les avoir jamais possédés lui-même. L’École française va donc mal car trop d’enseignants ont oublié quelle fonction elle avait, en conséquence de quoi ils ne s’indignent pas qu’elle ne joue plus son véritable rôle mais se résignent au contraire à travailler dans un système médiocre.

—-
Sur le web

Notes :
[note][1] L’enjeu de l’École aujourd’hui est en effet, dans une économie mondialisée, d’augmenter le niveau de qualification de tous et notamment des ouvriers afin de ne pas enfermer ces derniers dans des créneaux de production où ils seraient en concurrence avec des mains d’œuvre peu qualifiées mais meilleur marché. Le cas allemand est à ce sujet riche d’enseignement car l’orientation vers l’enseignement professionnel y a lieu encore plus tôt que chez nous. Or que cherchent à faire, en ce moment même, les organisations syndicales et patronales allemandes ? À obtenir de Bruxelles que leurs formations de Handwerkermeister, littéralement de « maître-artisan », soient reconnues par les autres pays européens comme équivalentes à un bachelor, autrement dit une licence en France.

[2] L’égalitarisme est irrationnel puisque le contrat social qui nous lie ne stipule pas que nous soyons égaux à contribution inégale à l’exécution dudit contrat. La preuve ? Relisez l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune [souligné par moi] ». Or les distinctions sociales ne nous sont-elles pas communément utiles ? Car qui voudrait exercer les métiers à fortes responsabilités s’il était aussi bien payé que son voisin ayant un travail pépère ?[/note]

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  • Bonjour. Bravo pour cet article concis et étayé par de vrais arguments. Sauf qu’il souffre encore, à mon sens, d’un biais, qui concerne non pas l’idée égalitariste mais l’égalité elle-même en tant que phénomène. Vous semblez confondre en effet le talent et les compétences, qui entretiennent un lien de causalité très ténu. Pour être plus précis, les enfants issus de milieux favorisés peuvent bénéficier de davantage de ressources de sorte que, in fine, ils acquièrent des compétences irrattrapables (cours de soutien, séjours à l’étranger, etc), alors qu’ils peuvent ne pas être aussi « doués » en amont en comparaison avec d’autres enfants issus de milieux défavorisés. En somme, les « compétences » à l’instant précis importent le plus dans notre société, et le « talent » lui n’est que secondaire. Dès lors, j’estime que l’esprit républicain devrait corriger, non pas l’inégalité des talents (comme vous le décriez), mais bien l’inégalité des moyens.

    • « l’esprit républicain devrait corriger, non pas l’inégalité des talents (comme vous le décriez), mais bien l’inégalité des moyens. »
      Wow. Très dangereux, ça. Corriger les inégalités, c’est mauvais aussi. Si moi, en tant que parent, je suis prêt à faire plus d’efforts pour ma progéniture que Mr Clampin, et que l’Ed Nat passe derrière et offre gratis aux enfants Clampin des moyens qu’elle n’offre pas au miens, pourquoi me décarcasserais-je ?
      Le rôle de l’école, c’est d’enseigner, sans chercher à corriger toutes les inégalités. Cela permet toutefois, bien sûr, de mettre en place des stratégies adaptées, mais à condition que les paramètres pris en compte soient les besoins des enfants, et non les moyens des parents.

    • Votre argument sur les « compétences irrattrapables » est mauvais.

      On a tous potentiellement des compétences irrattrapables. Le fils d’un paternel bourru et inculte sera probablement moins cultivé, n’aura pas fait de séjours linguistiques, mais il sera en revanche plus combatif. C’est souvent les gens sortis du trou qui font les grands hommes, pour cette raison.

      De plus si nous avons si nous bénéficions tous des memes avantages, nous seront tous probablement sur le meme modele de pensée et d’expérience vécue avec les memes attentes. Il n’y a rien de plus mauvais pour une société. C’est un des mauvais aspects du collège unique à mon avis d’ailleurs.

  • Mais comment doit-on corriger l’inégalité des moyens. Vers le bas ou vers le haut? Doit-on sanctionner un éleve qui a fait un exposé réalisé à l’ordinateur ou celui qui l’a fait par écrit. Doit-on sanctionner un éleve qui parle parfaitement l’anglais à force de stage à l’étranger ou celui qui le parle plus ou moins bien mais qui n’a jamais mis les pieds en angleterre ou aux USA. Imaginez quel degré d’incompréhension ces enfants subiraient si on devait corriger cela dans un sens ou dans un autre alors que ces deux élèves sont probablement excellents. L’aptitude ne se juge pas uniquement sur un problème de moyens, c’est à l’enseignant de faire la part des choses. L ‘auteur a raison, l’école doit stimuler l’aptitude de nos enfants quelque soit leur milieu social et ne pas agir au nom d’un égalitarisme qui au fond ne veut rien dire ou ne devrait avoir aucune valeur par respect pour les eleves eux mêmes. Il est donc important, que les Enseignants puissent continuer à exercer leur passionnant métier sans cet épouvantail qu’est l’egalitarisme qui risque de plomber nos enfants issus de milieux modestes ou pas.

  • Presque totalement d’accord avec cette analyse « de l’intérieur ». Une petite remarque cependant: je ne crois pas que le Canada ait affaire à des immigrés du même niveau que la France. Mais effectivement, c’est bien l’idéologie qui plombe notre système scolaire.

    • Je crois que le Canada fait un filtrage de son immigration, du point de vue de la maitrise de la langue notamment. Il y a peut etre un lien ?

  • @fg: Il ne s’agit bien évidemment pas de réprimer le « bon » pour faire valoir « le moins bon ». Ce que je voulais mettre en évidence, c’est le fait que l’auteur se soit probablement trompé de « cible ». Car, en effet, corriger l’inégalité de dons relève du vœu pieux. Mais favoriser le nivellement vers le haut de l’égalité des ressources n’est pas non plus utopique ou illusoire. D’ailleurs, la discrimination positive s’inscrit dans cette optique.

  • Conclusion de « l’inégalité des chances » de Boudon : « comme ce livre tend à le montrer, il est peu probable que l’atténuation des inégalités scolaires comme celle des inégalités socio-économiques passe par la réforme du système scolaire ».
    Remarque sur les immigrés : En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les élèves immigrés de la première génération accusent des scores inférieurs de 52 points à ceux des élèves autochtones (écart de 79 points en France) aux tests PISA, un écart qui représente l’équivalent de plus d’une année d’études. La performance en compréhension de l’écrit en France s’améliore de 23 points (contre 18 en moyenne dans les pays de l’OCDE) entre les élèves issus de la première et de la seconde génération.))
    Sur la discrimination positive: Elle n’est probablement pas souhaitable à l’entrée des écoles. En revanche pour ce qui est de l’entrée en prépa, ce ne serait pas bête. Qu’on m’entende bien ; lorsque je dis discrimination positive, ça ne veut pas dire qu’on va foutre un fils d’ouvrier mention assez bien au BAC à Henri 4. L’idée, ce serait des mesures comme : un élève boursier (d’un échelon élevé) qui obtient une mention très bien au BAC, il a le droit d’aller où il veut. Mieux que ça, on téléphone à ces parents et on dit « bonjour ici Louis-Le-Grand, nous prenons votre fils ». Voire dès l’entrée au Lycée. Instaurer des classes de niveau à l’intérieur des lycées serait également une idée judicieuse d’autant plus qu’il semble que les élèves français obtiennent des résultats plus hétérogènes qu’ailleurs (ce que je ne m’explique pas).
    Dom P « Si moi, en tant que parent, je suis prêt à faire plus d’efforts pour ma progéniture que Mr Clampin, et que l’Ed Nat passe derrière et offre gratis aux enfants Clampin des moyens qu’elle n’offre pas au miens, pourquoi me décarcasserais-je ? » : Les parents doivent être laissés autant que se faire se peut en dehors du système de sélection si on attend du système scolaire qu’il soit aussi méritocratique que possible (et non égalitariste). Encore une conclusion du livre de Raymond Boudon:
    http://seyretmelik.com/raymond-boudon-lingalit-des-chances/31542544. Le chèque éducation qui correspond bien à l’idée de laisser toute latitude aux familles pour l’orientation des gamins est par conséquent également anti-méritocratique (cad injuste).
    Moi je serais relativement favorable à un enseignement général peu différencié jusqu’au BAC, avec des examens sérieux à l’entrée en sixième. Et l’auteur a évidemment raison, mettre le paquet sur les aptitudes de base en primaire.

    • « L’idée, ce serait des mesures comme : un élève boursier (d’un échelon élevé) qui obtient une mention très bien au BAC, il a le droit d’aller où il veut. Mieux que ça, on téléphone à ces parents et on dit « bonjour ici Louis-Le-Grand, nous prenons votre fils ». Voire dès l’entrée au Lycée. »

      Réalisez-vous ce que vous venez de dire ?

      En somme, si je suis un bachelier mention très bien mais issu d’un milieu « aisé » ou bien que mes parents sont chirugiens je n’ai pas pas autant le droit de rentrer à Louis-le-Grand qu’un fils d’ouvrier ?

      De un, cela est totalement injuste qu’entre deux élèves de même niveau on choississe celui dont l’origine sociale est la plus basse ; de deux supposeriez-vous donc implicitement que le fils d’ouvrier a « plus de mérite » ? Pourquoi, parce qu’il est moins bien doté à l’origine ? Moins intelligent ?

      C’est presque de la condescendance, comment croyez-vous que le fils d’ouvrier ressente ce « privilège », et surtout imaginez-vous dans sa classe prépa, considéré comme « le privilégié », celui qui bénéficie d’une faveur……..

  • Le coup de la condescendance… Bref.

    Quel élève est le plus méritant, celui qui obtient un 17 à Mantes-La-Jolie au BAC dans un lycée où l’échec est assumé collectivement par les autres élèves, où les profs sont découragés et où il est ralenti par le niveau global ou l’élève d’Henri 4 à qui les parents payent des cours du soir, que les profs poussent pdt toute l’année, à qui on répète que s’il obtient pas une CPGE ce sera l’échec et qui obtient un 17.6 mettons ? Et ne vous inquiétez pas du fils de chirurgien, il ira à Douai au lieu d’aller à Louis-Le-Grand. Donc oui, je suppose qu’il a d’une certaine manière plus de mérite.

    • Parfait exemple de discrimination négative catastrophique.

      C’est ça la récompense et l’incitateur social de la réussite made in égalité ? on vous suce à mort on vous montre du doigt et vos enfants n’ont plus droit à rien ?

      Et vous allez encore trouver des gens qui auront l’envie et l’énergie de réussir pour gagner ce super prix ? Parasité, insulté, traité comme des parias.

  • Sinon bien sûr, on peut s’étrangler de voir 5% ou 10% de fils d’ouvriers-paysans-employés à Sciences Po, à l’ENA, à Normale ou à HEC (on en est loin). Savez hpom, attention asseyez-vous, que certains même reçoivent -horreur- des bourses !!

    • Actuellement, un fils d’ouvrier à Sedan avec son 17 au bac n’a pas autant de chance que le fils de chirurgien parisien du même niveau d’aller à henri 4: il a moins de chance !! J’ai rien contre le fils de chirurgien mais je veux que le fils de paysan (ce fut moi un temps) soit un peu soutenu. Pas favorisé, soutenu.

      • Si vous êtes cohérent alors dites moi comment vous gérez la situation suivante: il ya 45 places à Henri 4, et 30 mentions 20/20 au BAC fils d’ouvrier, et 30 mentions 20/20 au BAC fils de chirurgien. Des élèves aux mérites équivalents, mais un nombre de places restreints: Question simple : Comment vous attribuez les places ?

        • Et la même situation avec 15 fils d’ouvriers et 50 fils de chirurgien ?

          • Vous prenez les meilleurs sans distinction de race, couleur ou compte en banque. Ça c’est l’égalité.

            Et ne dite pas qu’il est impossible des les départager, ce serait ridicule.

          • Vous ne répondez pas; vous croyez que les places disponisbles se combinent harmonieusement avec les mérites de chacun ?

            Je présente un cas de figure simple: 60 élèves de niveau identique (ce n’est pas ridicule de penser qu’un tri n’est pas faisable, on parle des lycées les plus sélectifs de France avec des milliers de candidats potentiels), 40 fils de chirurgien, 20 fils d’ouvrier, 50 places . Qu’est ce que vous faites ?

          • Je durcis l’examen et je prend les meilleurs tout content que le niveau soit aussi élevé.

            Si ils réussissent encore à votre tiercé de science-fiction ou tout les chevaux sont parfaitement aligné nommez les chef du monde, parce qu’avec un QI à 4 chiffre on ce demande ce qu’ils font à l’école.

          • De toute façon, l’attribution des places en prépa se fait sur dossier avant les épreuves du BAC. Et donc forcément un bon dossier dans un lycée public moyen a bcp moins de chance qu’un dossier équivalent dans un lycée privé (ou même public prestigieux) alors qu’il est impossible de séparer objectivement deux élèves sur cette base. Mais vous avez raison, le BAC ne vaut plus rien, c’est un problème.

            Je suis un peu vif mais je ne fais que constater qu’à l’école où je suis en formation, le pourcentage de parisiens et d’élèves issus de lycées privées est anormalement élevé (anormalement dans le sens où dans un système méritocratique, on devrait retrouver des pourcentage grosso moddo équivalents aux populations correspondantes dans la structure sociale). Ca ne m’empêche pas d’avoir d’excellentes relations avec la plupart faut pas croire 🙂

            Mais bon, pour parler plus sérieusement, il faudrait une enquête qui fasse autorité au niveau de l’accès aux grandes écoles, puisque c’est là que le problème est le plus patent.

        • Vous avez bien conscience qu’Henri IV est le pire exemple puisqu’il enfreint les lois égalitaristes de l’école de la république, en admettant les élèves sur dossier en seconde, ce qui est parfaitement illégal. De même pour Louis le Grand. Tout celà pour protéger l’élite qui nous étouffe et nous ruine. Je ne dis pas que H IV et LLG ne devraient pas faire ça, mais au contraire, que tous les établissement du pays devraient pouvoir le faire. Et choisir leurs enseignants, aux condition qui leur convient, et choisir leurs programmes.

          • D’un côté on aimerait choisir les personnes uniquement sur leurs niveaux. De l’autre il est malhonnête de considerer uniquement le niveau sans ponderation par rapport à l’origine (ou à la distance parcouru). Sans parler de leurs caractères respectifs, je considère plus impressioannt Larry Ellison que Bill Gates.
            Mon côté old fashion: je considère que quelqu’un qui à eu beaucoup à la naissance, a un devoir (moral) de faire « plus » (aussi bien au niveau travail que moral) que celui qui n’a rien recu.

          • « De l’autre il est malhonnête de considerer uniquement le niveau sans ponderation par rapport à l’origine (ou à la distance parcouru). Sans parler de leurs caractères respectifs »

            Ça va vite ce transformer en usine à gaz d’arbitraires de discrimination et d’inégalités. Comment on juge de « la distance parcourue » ? En demandant aux parent des fiches de pointage de révisions et de suivis ? Et l’origine c’est quoi ? la cité, le lieu de naissance ? la famille ? Un classement par pays, couleur, religion, cité, rue, étage, compte en banque ?

            « je considère que quelqu’un qui à eu beaucoup à la naissance, a un devoir (moral) de faire « plus » (aussi bien au niveau travail que moral) que celui qui n’a rien recu. »

            C’est très bien mais vous ne pouvez l’imposer aux autres.

          • D’accord avec Ilmryn. Je me rallie même à ce que vous avez dit avant à condition :
            -qu’on remonte le niveau du Brevet
            -que l’attribution des places dans les meilleurs lycées se fasse automatiquement sur la base des résultats obtenus à cet examen. Si on fait ça seulement au niveau du BAC, les provinciaux se font niquer puisque les meilleurs lycées sont majoritairement à Paris (c’est d’ailleurs pareil pour les prépas: ici un exemple pour les ECS http://www.letudiant.fr/palmares/classement-prepa/prepas-commerciales-option-scientifique.html )

            -plus instauration de classes de niveau à l’intérieur des établissements avec possibilités de « promotion » d’une année sur l’autre mais également d’un trimestre sur l’autre.
            -plus instauration d’un vrai examen de contrôle des aptitudes à l’entrée en sixième.

            Qu’en pensez vous Ilmryn ?

          • C’est pour cela que j’ai employé le terme d’origine, c’est une idée, pour l’application le détails je suis sur qu’avec un peu de crowsourcing on devrait arriver à des critères pas trop mauvais 😉 .
            Je n’arrive toujours pas a considérer comme égaux le fils d’un X, petit fils d’un HEC, qui réussi l’entré à l’X et le fils d’un immigré ouvrier qui réussi cette même entrée. Vous oui ? (caricature,oui il n’y a que 1% de fils d’ouvrier a l’X mais c’est pour l’exemple)

            Oui je ne peux et ne veux l’imposer, dans un monde idéal tout le monde serait au niveau V, dans la réalité les deux tiers de l’humanité sont au niveau I et y resteront (théorie de la désintégration positive de Dabrowsky).

  • Bravo pour le dessin humouristique 🙂

  • Excellent article.

    Pour tous les commentateurs :
    Vous faites une fixette sur les conditions d’entrées dans les grandes écoles, la discrimination positive et tout le tralala…
    Mais vous ne regardez pas assez loin. La source même de tout ce « bordel » !!!

    J’ai fait une partie de mes études en France (Université) puis au Canada.
    J’ai travaillé en France, Canada, Irlande. J’ai des mais aux USA, Indes, Japon, Australie.

    Il existe une énorme différence entre ces pays et la France :
    Dans tous ces pays il n’y a qu’un seul système éducatif « post-bac » : C’est l’UNIVERSITE.
    Les écoles d’ingénieurs, grandes écoles etc etc ne sont en fait que des « départements » des universités.
    Le recrutement des élèves est du seul ressort de l’université. Et la concurrence est rude. Les critères de sélections sont diversifiés et ne repose pas uniquement sur les notes. En effet dans les cultures anglo-saxone et asiatique la personnalité compte beaucoup, l’acceptation des règles et l’envie de se « battre » pour réussir.
    Ce qui fait que les grandes universités américaines, par exemple, ont mis en place un système de prêt et bourses pour les élèves issus de milieux peu favorisés mais très prometteurs (c’est un investissement pour l’université). Ce système est financé par les droits d’entrées élevés des élèves riches et par les donateurs privés (anciens élèves qui ont réussis).

    Le problème de la France, c’est que pour faire de « l’égalité, elle a instauré un système à trois vitesse :
    1) Les grandes écoles pour les rejetons de l’élite actuelle.
    2) Les écoles d’ingénieurs pour les rejetons des cadres sup.
    3) L’université pour les autres : rejetons d’employés, ouvriers, artisans …

    Le problème serait très vites résolu (même si tout système n’est pas parfait) à deux conditions:
    1) n’avoir qu’un seul système éducatif, donc faire disparaître les Grandes Ecoles, Grand Lycées et autres écoles HEC, ENA, Etc etc
    2) Donner une totale liberté aux universités pour le recrutement des profs et le choix des élèves. Il faudrait aussi réduire le nombre d’université en France (10 ou 15 au lieu de 90).

    C’est un retour à l’Ecole de la République. Celle qui faisait sortir du lot les bons élèves, les futures élites, quelques que soient leurs origines sociales.
    Celle qui a fait des George Charpak, des P.G. de Gennes, des Joliot-Curie, des Albert Camus, des Alexis Leger, des François Jacob, des Alfred Kastler, des Luc Montagnier ….

  • « …où ils sont trop nombreux car le Canada, toujours lui, a un nombre écrasant d’immigrés »

    Quels immigrés ?
    Quel QI ?
    Toujours la même erreur d’analyse, entre « théoristes » marxistes et « théoristes » libéraux : un « agent » économique égale un autre. L’immigré indien de niveau BAC+5 est mis dans le même sac que l’analphabète arabo-africain…

  • « En effet, la plupart des enseignants, obnubilés par l’égalitarisme commun à tous les gens de gauche, prétendent que l’École serait injuste parce que les enfants des groupes sociaux les plus privilégiés y ont en moyenne accès aux diplômes les plus prestigieux. »

    En matière éducative et scolaire, le plus grand privilège, c’est d’avoir un pédagogue à la maison, c’est à dire d’être enfant d’enseignant(s).

    Quand un milliardaire veut que ses enfants reçoivent la meilleure éducation possible, il ne leur assure pas lui-même, il paye un ou
    des enseignants pour le faire. CQFD.

    Votre erreur est de croire que vos collègues de gauche sont sincères dans leur égalitarisme. Ils ne le sont pas.

    Ils savent que le système actuel, en rejetant les plus défavorisés socialement, leur bénéficie. La concurrence des enfants de cadres supérieurs/dirigeants d’entreprise/profession libérales ne les dérangent pas. Ceux-ci s’orientent massivement vers les mêmes filières que leurs parents : commerce, professions médicales et juridiques libérales.

    Tandis que la concurrence des enfants issus de milieux modeste pourrait s’exercer (elle le faisait jadis) en direction des formations « trustées » par les enfants d’enseignants et de fonctionnaires en général : sciences humaines, administration, justice, culture.

    Comme ces professions sont la clef de voute de notre système politique (enseignement, recherche, administration et justice), il
    n’est pas question pour cette petite noblesse de robe de laisser
    les « gosses de pauvres » les y supplanter, même marginalement.

    L’égalitarisme incantatoire de beaucoup enseignants cache en
    fait un sens particulièrement aigu de la reproduction sociale.

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