La mentalité anticapitaliste

Revue de l’ouvrage de Ludwig Von Mises

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La mentalité anticapitaliste

Publié le 11 février 2012
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Le capitalisme est détesté parce qu’on lui attribue toujours la responsabilité des crises économiques, des dépressions et du chômage. Pourtant, ces malencontreux phénomènes sont plutôt le résultat des actions des gouvernements qui étouffent le progrès du capitalisme par leurs politiques destructrices. Une revue de l’ouvrage de Ludwig Von Mises, “The Anti-Capitalistic Mentality”, 1956, 122 pages.

Par Le Minarchiste, Montréal, Québec.

Livre en téléchargement complet, grâce à l’Institut Coppet :
pdf (536Ko), epub (181Ko pour iPad), mobi (306Ko pour Kindle).

Dans ce petit essai, Mises explique brillamment les raisons pour lesquelles le capitalisme est si détesté et/ou méprisé par la société ou certains groupes qui la composent.

À entendre les gens, certaines choses vont bien « en dépit du capitalisme », alors que tout ce qui va mal est « causé par le capitalisme ». Pourtant, les nations qui sont les plus riches aujourd’hui sont celles qui ont mis le moins d’obstacles à la libre entreprise et au capitalisme.

Mises commence par introduire le concept de « consommateur souverain ». Dans un système de libre-marché, ce sont ultimement les consommateurs, par leurs achats, qui déterminent ce qui doit être produit, en quelle quantité et en quelle qualité. Les entreprises, si elles veulent faire des profits, doivent servir les masses le plus efficacement possible, sinon elles sont évincées du marché.

Dans une économie libre, rien n’est acquis. Si un entrepreneur n’investit pas dans les lignes de production des biens demandés par le public de façon à ce que ces biens soient produits à coût concurrentiel, il fera des pertes et érodera son capital. Conséquemment, dans une économie capitaliste, ce sont véritablement les consommateurs souverains qui contrôlent les moyens de production.

Par ailleurs, les consommateurs sont les mieux placés pour savoir ce qu’ils veulent en fonction de leurs préférences. Ils n’ont pas besoin d’un gardien – le gouvernement – pour leur imposer des restrictions. Ils n’ont pas besoin d’être protégés d’eux-mêmes par des bureaucrates.

Contrairement aux aristocrates, les entrepreneurs capitalistes s’enrichissent en subvenant aux demandes des consommateurs. Le capitalisme est une forme de méritocratie dans laquelle les meilleurs sont récompensés. Cela crée une forme d’envie et d’humiliation de la part de ceux qui ont échoués. Plutôt que d’avouer leur infériorité, ceux-ci se mettent alors à chercher un bouc-émissaire : le système. Ils se mettent alors à détester le système qui ne les a pas récompensés à la mesure de leur potentiel ou de ce qu’ils croient être leur potentiel. Ils se mettent aussi à faire la promotion d’un système plus égalitaire, au sein duquel leur infériorité serait dissimulée et ne leur empêcherait pas d’atteindre les plus hautes sphères de la société. C’est souvent de cette manière que la mentalité anticapitaliste s’implante dans la population.

Selon Mises, la majeure partie de l’amélioration de la productivité de la main d’œuvre des dernières décennies a résulté de l’accumulation et de l’amélioration du capital productif de l’économie. Pour Mises, le seul moyen d’améliorer les conditions de vie d’une société est d’accélérer la croissance du capital accumulé, à une vitesse supérieure à la croissance de la population. Plus il y a de capital par habitant, plus la production par habitant sera élevée et plus le niveau de vie sera élevé. Et c’est le capitalisme qui permet une telle accumulation de capital productif.

Aux dires de Mises, l’innovation technologique en elle-même est insuffisante pour améliorer la qualité de vie des masses. Pour que ces innovations puissent être mises au travail et produire des biens pour la population, il faut que du capital soit investi. Pour cela, il faut de l’épargne et pour qu’il y ait le plus d’épargne, il faut que le système protège les droits de propriété des individus contre la confiscation étatique.

Pour Mises, le progrès dépend donc de trois classes d’individus : les épargnants (qui engendrent le capital), les investisseurs (qui déploient le capital à bon escient) et les entrepreneurs (qui élaborent de nouvelles méthodes plus efficaces d’emploi du capital). Les actions de ces trois classes d’individus engendrent des progrès dans la quantité et la qualité des biens produits, lesquels bénéficient à l’ensemble des autres individus.

D’ailleurs, Mises relate une observation fort intéressante. L’augmentation des salaires ne dépend pas seulement de la productivité des travailleurs concernés, mais bien de l’augmentation de la productivité marginale du travail en général. Qu’est-ce que cela signifie ? Au cours des dernières décennies, la productivité des barbiers ne s’est pas vraiment améliorée. Pourtant, les salaires réels des barbiers ont nettement augmenté. Comment cela est-il possible ? Parce que la productivité des autres travaux que le barbier pourrait effectuer a grandement augmenté, par exemple travailler dans une usine d’assemblage d’avions, où la robotique a permis de multiplier la valeur produite par travailleur. L’employeur du barbier rend un travailleur indisponible à l’assemblage d’avions ; il doit donc lui verser un salaire équivalent à la hausse additionnelle de production qu’il générerait s’il travaillait à l’usine. Ainsi, le salaire du barbier doit refléter la productivité marginale des autres occupations que ce travailleur pourrait remplir. C’est entre autres de cette façon que les bienfaits du capitalisme sont répartis à l’ensemble de la société. L’impact sur les salaires de la hausse de la productivité causée par les investissements en capital dépasse largement les limites de l’entreprise ou de l’industrie concernée.

Le capitalisme est aussi détesté parce qu’on lui attribue toujours la responsabilité des crises économiques, des dépressions et du chômage. Pourtant, ces malencontreux phénomènes sont plutôt le résultat des actions des gouvernements qui étouffent le progrès du capitalisme par leurs politiques destructrices.

Pour Mises, il n’y a pas de système « mixte » entre le capitalisme et le socialisme. Ce système serait en fait un troisième système, différent des deux autres et il doit être évalué comme tel. Pour lui, cette troisième voie, soit l’interventionnisme étatique, ne combine pas le meilleur des deux autres comme certains semblent le croire. Ce n’est qu’une autre forme de coercition étatique.

Mises explique la pauvreté de certaines nations (Europe de l’Est, Afrique, Asie) en mentionnant qu’elles n’ont jamais affiché la bannière de la liberté, qu’elles n’ont jamais défendu les droits des individus contre le pouvoir des planificateurs, qu’elles n’ont jamais remis en question les actions arbitraires des despotes. Conséquemment, elles n’ont jamais pu établir un cadre légal qui aurait pu protéger le patrimoine des citoyens contre la confiscation des tyrans. Au contraire, aveuglés par l’idée que la richesse des riches est la cause de la pauvreté des pauvres, tous ont approuvé l’expropriation des entrepreneurs par les gouvernants. Ainsi, l’accumulation du capital a été limitée et ces nations ont dû se priver de tous ces bienfaits produits par l’investissement du capital. Ces nations ont par contre hérité d’une bureaucratie oligarchique, une classe privilégiée qui parasite l’économie et tue son dynamisme.

Selon Mises, le changement est une force fondamentale et essentielle de la vie. C’est grâce au changement que nous évoluons et nous améliorons. Cependant, le changement altère la condition de vie et le bien-être des gens en les forçant à s’adapter. Il chambranle les intérêts acquis et menace ceux qui cherchent à maintenir le statu quo à leur avantage. Il dérange ceux qui s’accrochent à des idées inertes, qu’ils croient immuables et orthodoxes. En ce sens, l’anticapitalisme est pour Mises une forme de résistance aux changements nécessaires à l’avancement de la société.

Certaines des sections de ce livre sont moins intéressantes et/ou désuètes, mais dans l’ensemble c’est un ouvrage bien intéressant et très bien écrit.

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