Auguste Comte, père de la sociologie

Auguste Comte a poursuivi une volonté de rationalisation scientifique de tous les champs de la connaissance, y compris la sociologie.

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Auguste Comte, père de la sociologie

Publié le 29 janvier 2012
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Considéré comme le père de la sociologie, originellement appelée « physique sociale », Auguste Comte a poursuivi une volonté de rationalisation scientifique de tous les champs de la connaissance.

Par Jacques Garello.

Pour Auguste Comte (1798-1857), la philosophie se fixe pour objet essentiel l’étude scientifique du fonctionnement des sociétés, appelée encore « physique sociale ». À la différence des philosophes des Lumières ou des économistes libéraux, Comte ne s’intéresse pas à la nature de l’être humain, à sa raison, à ses passions, ou à ses droits et ses décisions. Seule la société, seuls les faits sociaux, doivent retenir l’attention du philosophe. Car les comportements humains évoluent nécessairement en parallèle avec les progrès des sciences, qui ouvre et transforme l’esprit. Ce sont les étapes successives de la science qui guident la société et l’humanité.

Les trois états de l’histoire des sociétés

Or, à n’en pas douter pour Comte (qui ne doute jamais de rien), l’état des connaissances scientifiques explique ce qui se passe dans l’histoire. Le premier état est théologique : les hommes expliquent tout par référence à Dieu. Le deuxième état est métaphysique : les hommes découvrent les abstractions, comme la Vie, la Nature, ils croient pouvoir en déduire des lois intemporelles et universelles ; ce n’est pas une démarche scientifique. Le troisième état est positif : la science arrivé à sa complétude permet de connaître ce qui est.

Nul doute que l’humanité soit enfin parvenue à cet état au moment où Comte en prend conscience et se propose de l’expliquer à ses contemporains. À ses yeux, l’histoire est révolue.

Comment est-on passé d’un état à l’autre ? Sans doute par la tension qui pousse l’esprit humain à évoluer jusqu’à ce qu’il accède à une connaissance achevée. Cette tension est rupture, elle marque la liberté de l’esprit (c’est la liberté qui permet le progrès – seule référence de Comte à la liberté d’ailleurs). Mais cette liberté est-elle délibérée ? Comme Hegel, Comte estime que les forces de l’histoire échappent à la volonté humaine. Comte croit au sens de l’histoire, et il inspire Marx en affirmant que l’humanité est enfin parvenue à l’âge positif, celui où seule la science gouverne l’esprit, parce que les sciences elles-mêmes ont progressé, et que la plus importante des sciences, la sociologie ou « physique sociale » a été parfaitement synthétisée dans la pensée sublime d’Auguste Comte.

Organisation politique de la société

Comme son maître et complice Saint Simon, Comte est persuadé que l’organisation politique de la société n’est pas encore « scientifique ». Le pouvoir y est détenu par des juristes et des militaires, alors qu’il devrait être aux mains des savants. Voilà sans doute pourquoi Comte a toujours fasciné les Polytechniciens et les ingénieurs, souvent persuadés que l’on peut concevoir les plans d’une société parfaite. Mais à l’âge positif, les savants doivent aussi connaître la physique sociale, et les mœurs qui l’accompagnent. Ici Comte se fait le défenseur de la famille et de la morale – ce qui ne sera pas le cas de tous ses disciples, notamment Saint-Simoniens.

L’idée de l’organisation scientifique de la société, et du « meilleur des mondes », va désormais hanter beaucoup d’esprits, de Marx à Burnham (l’ère des organisateurs) en passant par Lénine et les planistes soviétiques ou français.

La religion positiviste

La religion n’échappe pas aux appétits de la science, et comme dit le Traité de Sociologie, la sociologie, doit « instituer la religion de l’humanité ». Et Comte de se mettre en peine d’imaginer et de réglementer cette nouvelle religion, avec ses rites, ses textes, ses cérémonies, sa mère protectrice, et ses temples. Le rayonnement de l’Église positiviste sera considérable et durable, puisque l’on trouve aujourd’hui encore beaucoup de ses temples tant aux États-Unis qu’en Inde.

Il y a sans doute ici quelque chose de démesuré (comme dans la vie même de Comte), mais sans la dimension mystique et morale que lui donne Comte, la religion de la science pénètre aujourd’hui bien des esprits. Des philosophes comme Popper ou Hayek seront très sévères à l’égard du scientisme, qui n’est que démesure de l’esprit humain. Naturellement, les théologiens (comme dans l’Encyclique Fides et Ratio) réagiront aussi au mythe prométhéen. « Science sans conscience… » Mais, comme tous les inconscients, Auguste Comte ne connaît que la science.

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