Le langage limpide de l’École Autrichienne

La tradition Autrichienne d’économie claire et saine a une longue histoire

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Ludwig von Mises, une des figures de l'école autrichienne

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Le langage limpide de l’École Autrichienne

Publié le 19 janvier 2012
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Les grandes tradition et pensée qui ont commencé à Vienne il y a de si nombreuses années sont maintenant un mouvement mondial qui procure l’espoir d’un meilleur monde pour des millions de gens sur terre.

Par Doug French, président du Mises Institute, Alabama, États-Unis
Article publié en collaboration avec l’Institut Coppet

Les aléas de la vie entraînent une personne dans des itinéraires imprévus. Un gosse de la campagne du Kansas grandissant là où les gens disent sans détour ce qu’ils pensent, dépourvu de l’élocution sophistiquée que les gens de la ville soit disant très instruits possèdent, ne pouvait imaginer une école de science économique présentée clairement et simplement.

En effet la tradition Autrichienne d’économie claire et saine a une longue histoire. Au début du 19ème siècle, le Français Frédéric Bastiat a poursuivi là où les Scolastiques Espagnols s’étaient arrêtés. Comme l’explique Jim Grant, le brillant linguiste et analyste de Wall Street :

Comme personne d’autre ne les comprend, les économistes modernes parlent entre eux. Ils bavardent en algèbre et répliquent en calcul différentiel. Et lorsque l’équation mathématique précise ne leur vient pas à l’esprit, ils retombent maladroitement sur l’anglais, comme un américain d’âge mûr tentant de se souvenir de son espagnol scolaire. L’économiste Frédéric Bastiat, qui vivait dans la première moitié du 19ème siècle, écrivait en français, pas en symboles. Mais ses mots – forts, clairs et pleins d’esprit – vivent à ce jour.

Le doyen moderne de l’École Autrichienne, Murray Rothbard lui-même, écrivait :

Bastiat était certainement un écrivain lucide et superbe, dont les essais et fables magistraux et pleins d’esprit sont à ce jour des armes de destructions remarquables et dévastatrices du protectionnisme et de toute forme de subvention et de contrôle gouvernementaux. Il était un avocat brillant du marché libre dépourvu d’entraves.

La sagesse de Bastiat est restée lettre morte. Le monde moderne est tout sauf un marché libre. Il est recouvert par des volumes de réglementations tout en étant forcé de fonctionner sous un régime de monnaie fiduciaire, de taux d’intérêts déterminés par les banques centrales, et de création monétaire.

L’économie titube à travers un labyrinthe interminable de distorsions – de folles bulles des actifs suivies de terribles effondrements – un chômage et une inflation en permanence élevés, masqués par des statistiques officielles sous évaluées publiées par les agences gouvernementales.

Alors que l’essentiel du public voit et croit ce que le gouvernement veut qu’il voie et croie, les Autrichiens prennent à cœur Bastiat, comme l’explicite Rothbard :

De cette façon « l’économiste », l’observateur de troisième niveau de Bastiat, justifie le sens commun et réfute l’apologie de la destruction des pseudos sophistiqués. Il considère ce qui ne se voit pas aussi bien que ce qui se voit. Bastiat l’économiste est l’analyste véritablement sophistiqué.

J’avais commencé ma maîtrise d’économie à l’Université de Las Vegas depuis 12 heures lorsque Rothbard entra par la porte en parlant déjà (comme s’il avait commencé son cours dans le couloir) au sujet de ces imbéciles de politiques qui menaçaient les compagnies pétrolières qui venaient d’augmenter le prix du gaz. À partir de cette pensée, il plongea dans son cours d’histoire de la pensée économique. Il n’a pas fait l’appel ni distribué le programme. Murray n’avait pas de temps pour cela ; il avait des siècles d’histoire à traiter.

Alors que Murray fonçait à travers son cours d’ouverture de ECO742, je savais que c’était de cette manière que l’économie devait être enseignée. Oubliez les graphiques, les équations et autres inepties que j’avais vaguement endurés durant les deux premiers semestres ; ça c’était le vrai truc : des bons contre des mauvais, des histoires d’actions humaines racontées à la vitesse d’un monologue de Robin Williams, interrompus par quelques gloussements et une bonne douzaine de recommandations de lecture par nuit – titre de l’ouvrage, auteur, année de publication, et en général nom de l’éditeur.

Le cours d’histoire de la pensée économique de Rothbard à l’automne 1990 mettait l’accent sur l’histoire financière et fit naître mon intérêt pour les bulles et les crises. Ce sera finalement le sujet de ma thèse de maîtrise et me permettra de comprendre la plus grande débâcle financière de l’histoire moderne – que j’allais bientôt vivre dans ma vie professionnelle.

Le mentor de Rothbard, Ludwig von Mises, a développé la théorie Autrichienne du cycle économique il y a plus de 100 ans. Mises est devenu économiste après avoir lu les Principes d’Économie de Carl Menger publiés en 1871. « Jusqu’à la fin des années 1970 il n’y avait pas ‘d’École Autrichienne’. Il n’y avait que Carl Menger », explique Mises. Ce n’est pas étonnant que le fondateur de l’École Autrichienne ait démarré dans la vie comme journaliste et ait écrit plusieurs comédies et romans.

C’est à travers des lunettes Autrichiennes que j’ai exploré la Tulipmania et les bulles de la Compagnie du Mississippi et de la South Sea Company en écrivant une thèse sous la direction de Rothbard et de Hans-Hermann Hoppe. Mais dans mon job la leçon de Mises était oubliée alors que j’étais occupé à faire des prêts au cœur de la bulle immobilière au début des années 2000. Il est bien plus facile de voir les bulles de l’extérieur en regardant dedans que de l’intérieur en regardant dehors, avec la difficulté supplémentaire d’évaluer le timing.

À la suite des attaques du 11 septembre, la Federal Reserve a coupé les taux d’intérêts, avec le taux directeur ramené à 1 pour cent en 2003 venant de 6.5 pour cent en 2000. Le maintien des taux au plus bas pendant un an provoqua une bulle spéculative dans l’immobilier d’une ampleur jamais vue en Amérique. Et la ville où Rothbard avait enseigné jusqu’à sa mort en 1995 – et Hoppe jusqu’à sa retraite en 2006 – était un chaudron fumant de spéculation immobilière.

De même que Mises avait prédit une prochaine crise au cœur des folles années vingt, des Autrichiens voyaient le danger qui se cachait derrière la bulle comme Mark Thornton écrivant en 2004 : «L’immobilier : trop beau pour être vrai ».

À Las Vegas, le prix du foncier a été multiplié par huit et le prix des maisons a triplé. Plus de 200 personnes emménageaient chaque jour dans la nouvelle ville champignon et 40 milliards de nouveaux investissements étaient lancés dans les hôtels-casinos alors que les bulles immobilières et boursières se propageaient dans tout le pays.

La ville qui comptait un demi million d’habitants lorsque Rothbard, Hoppe et moi-même y arrivèrent en 1986, atteignait deux millions vingt ans plus tard, avec les experts prédisant que Las Vegas atteindrait 4 millions d’habitants au bout de vingt années supplémentaires.

Les Autrichiens savaient que la manipulation du taux d’intérêt de la Réserve Fédérale avait engendré la bulle mais le Président de la Fed Alan Greenspan évacuait l’idée d’une bulle générale en 2002 : « La force persistante du marché immobilier a engendré des inquiétudes à propos de l’émergence d’une bulle dans le prix des logements. Néanmoins l’analogie souvent faite avec la formation et l’éclatement d’une bulle du prix des actions est imparfaite. »

Trois ans plus tard, c’était au tour de Ben Bernanke de nier qu’il y avait une bulle immobilière, lorsque la question lui a été posée : « Eh bien je crois que je ne partage pas vos suppositions. C’est une possibilité assez peu probable. Nous n’avons jamais connu une baisse des prix immobiliers sur une base nationale. Ce que je crois plutôt, c’est que les prix des maisons vont se tasser, peut-être se stabiliser : cela pourrait ralentir un peu les dépenses de consommation. Je ne pense pas toutefois que cela fera diverger beaucoup l’économie de son chemin de plein emploi. »

Néanmoins le Président de la Fed avait déjà commencé à augmenter les taux pour calmer le marché. Et comme le prévoit la théorie Autrichienne du cycle économique, les prix des maisons ont culminé en 2006, la bourse, l’immobilier commercial et le foncier suivant un an plus tard.  Malgré un violent retournement de la Banque Centrale pour injecter des liquidités dans le système, le nettoyage du malinvestissement provoqué par l’excès de crédits généré par la banque centrale, continue avec réticence au moment où j’écris ces lignes. La Fed, accompagnée par d’autres interventions gouvernementales, entrave le processus de redressement avec des taux d’intérêts au ras du sol et des programmes destinés à gonfler les prix des avoirs qui en réalité devraient continuer à se corriger à la baisse.

Les Autrichiens ont expliqué la crise et l’absence de redressement dans une langue limpide et simple. Rothbard explique clairement que le gouvernement doit s’effacer, pour permettre aux consommateurs et non aux politiques gouvernementales de dicter ce qui doit être produit. C’est la valeur attribuée au temps par le marché qui doit dicter les taux d’intérêts, pas les banques centrales.

Mais hélas, nous restons dans le bourbier. Le gouvernement refuse de lâcher la barre.
Une nouvelle génération d’étudiants recherche la vérité enseignée simplement, en utilisant des mots clairs et de la logique, plutôt que des graphiques confus, des équations impénétrables et un langage incohérent. Des étudiants sont prêts à être émerveillés, comme je le fus il y a 20 ans, par la sagesse et l’esprit de Rothbard, amplifiés par la logique à la précision du laser de Hoppe.

Alors que les keynésiens, monétaristes et leurs semblables communiquent entre eux dans un jargon indéchiffrable publié dans des publications académiques destinées à amasser de la poussière dans des bibliothèques universitaires vides, les Autrichiens continuent à expliquer ce qui se passe dans le monde réel. Le monde qui compte. Celui où les individus aspirent à améliorer leurs vies par des actions appropriées. Celui où les échanges mutuels sont bénéfiques aux deux parties. Celui où le gouvernement déforme et détruit alors qu’en même temps des entreprises privées et des entrepreneurs travaillent inlassablement pour rendre nos vies plus riches et mieux remplies.

La grande tradition et pensée qui a commencé à Vienne il y a de si nombreuses années est maintenant un mouvement mondial qui non seulement éduque des millions d’étudiants de tous âges mais procure aussi l’espoir d’un meilleur monde pour des millions de gens sur terre. Le cadre Autrichien procure un mode d’emploi pour un monde prospère : un monde libre, pacifique et productif – permettant une existence d’abondance au delà de toute imagination. Pas au moyen de l’application du bon dosage de force gouvernementale ici ou là, ou de la quantité de réglementation judicieuse, ou en fixant le taux d’intérêt idoine, mais en laissant agir les marchés.

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Sur le web
Paru le 9 novembre 2011 sur le site du Mises Institute.
Traduction de Jacques Peter pour l’Institut Coppet.

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