La Fed a produit une montagne de cash

Depuis début septembre 2008, la Fed a créé deux fois plus de dollars qu’elle n’en avait créés depuis sa fondation en 1913

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La Fed a produit une montagne de cash

Publié le 13 janvier 2012
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Depuis début septembre 2008, la Fed a créé deux fois plus de dollars qu’elle n’en avait créés depuis sa fondation en 1913. Pourtant, cela ne se traduit pas par une inflation galopante. Pourquoi ?

Par Georges Kaplan

Plus je discute avec des gens dont tout laisse à supposer qu’ils connaissent ces petites choses parfaitement, plus je réalise qu’il n’en est rien. J’en conclus donc qu’un petit point sur les ordres de grandeur de la politique de la Federal Reserve des États-Unis ces 3 dernières années n’est pas inutile.

Depuis début septembre 2008, la Fed a créé deux fois plus de dollars qu’elle n’en avait créés depuis sa fondation en 1913. D’environ 851 milliards de dollars juste avant la faillite de Lehman Brothers, la base monétaire (M0) étasunienne frôle désormais les 2 600 milliards de dollars. Ce petit graphique illustre assez bien l’ampleur du mouvement (en milliards de dollars US) :

Masse monétaire M0 en $

Mais pourquoi donc n’observons nous pas un effondrement du dollar sur le marché des changes et une inflation galopante aux États-Unis ? Eh bien c’est très simple : environ 84% de cette gigantesque injection monétaire est aujourd’hui détenue par les banques sous formes de réserves excédentaires. En d’autres termes, contrairement à ce qu’espéraient les banquiers centraux, les banques n’ont pas utilisé ces dollars pour les prêter mais les ont immédiatement replacés à la Fed.

On peut avancer au moins trois raisons à cela. La première, c’est que les banques cherchent à tout prix à se déleverager et à assurer leur liquidité en cas de nouveau coup dur (et l’instabilité règlementaire US n’arrange rien à l’affaire). La seconde, c’est qu’il n’y a pas de demande : entre les particuliers qui subissent encore les conséquences de l’explosion de la bulle immobilière et les entreprises qui ont accumulé des montagnes de dollars pour parer à l’éventualité d’un nouveau credit crunch, il n’y a tout simplement personne qui souhaite s’endetter. Enfin, le fait que la Fed rémunère désormais les réserves des banques à hauteur de 0,25% – c’est-à-dire mieux que le taux d’un bon du Trésor US à 2 ans à l’heure où j’écris ces lignes – n’est probablement pas étranger au phénomène. Bref, le multiplicateur monétaire est cassé. Depuis 1995, le rapport M2/M0 oscillait autour de 8,3 ; aujourd’hui, il s’est effondré à 3,7.

Et maintenant, voici le problème : tôt ou tard – à moins, bien sûr, que l’administration Obama ne trouve une nouvelle méthode pour prolonger la récession dans la plus pure tradition du New Deal – les banques vont se remettre à prêter et donc, le multiplicateur devrait se remettre à fonctionner. Or, avec la base monétaire actuelle et un multiplicateur au niveau de ce qu’il était durant la période 1995-2005, M2 devrait plus que doubler.

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  • C’est quoi un M2 ? (M0 c’est bon, mais M2 ???) En passant : quid du M1 ?

  • Alors qu’un revenu de base inconditionnel est évidemment non seulement le pendant fondamental de la création monétaire arbitraire mais aussi légitime le crédit avec intérêt. Tandis que l’absence du RBI permet l’appropriation illégitime de tout et n’importe quoi par assèchement ou explosion arbitrairement décidée de la quantité de monnaie dans l’économie.

    • la création monétaire, ça n’existe pas. Ce n’est pas de la « création ». Ou alors c’est du pur faux monnayage, mais c’est pas de ça dont parle.

  • C’est ce qu’on appelle une « liquidity trap » non ?

  • Qu’en est-il de la BCE ? Auriez-vous un graphique récapitulant ces 10 dernières années ?

  • Un petit rappel sur les masses monétaires ne serait pas inutile,j’ai du mal à suivre et je crois que je ne suis pas le seul.

  • Effectivement, c’est logiquement vrai.
    Mais dans les faits, c’est pas la première fois que l’administration étasunienne manipule l’économie mondiale à ses fins. Les États-Unis et leurs alliés trouveront assurément un nouveau moyen de faire perdurer ce non-sens. Il en faut pas attendre « le grand effondrement », il faut dès aujourd’hui informer, mais surtout réclamer de fortes modifications de l’économie mondiale.

    Merci à vous pour ce suivi…

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