Free : l’offre de Xavier Niel fait des envieux jusqu’en Suisse

Xavier Niel, patron de l’opérateur français Free, fait une véritable démonstration de la puissance d’un entrepreneur libéral. Et tout le monde y gagne

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Xavier Niel

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Free : l’offre de Xavier Niel fait des envieux jusqu’en Suisse

Publié le 12 janvier 2012
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Xavier Niel, patron de l’opérateur français Free, fait une véritable démonstration de la puissance d’un entrepreneur libéral. Et tout le monde y gagne.

Par Stephane Montabert, depuis Renens, Suisse

Xavier Niel est un self-made man. « Parti de rien, il est aujourd’hui à la tête de la première fortune française du numérique, évaluée à 3,15 milliards d’euros par le magazine 01 Business, et de la 297e fortune mondiale selon le classement Forbes », écrit Le Figaro.

Mais notre homme ne donne pas dans la thésaurisation. Il fait croître et multiplier la richesse et le développement autour de lui :

« Xavier Niel reste d’abord un technophile enthousiaste, au point d’être baptisé le Steve Jobs français, y compris chez ses concurrents. Passionné de business, véritable entrepreneur, il a créé à la rentrée avec ses amis du Net Marc Simoncini (fondateur de Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (ventes-privees.com) la première école d’Internet pour former les jeunes aux métiers du Web.

Via son fonds Kima Ventures, il encourage les jeunes créateurs d’entreprises en investissant dans une myriade de start-up : de Deezer à Bakchich, il a pris des participations dans près de 800 entreprises ! Avec un petit faible pour le secteur de la presse, dont il connaît le fonctionnement dans les moindres rouages. »

M. Niel a une autre immense qualité : il a prouvé par son travail acharné et résolu qu’une entreprise privée pouvait être à la fois rentable et se reposer sur le marché libre pour sa croissance – en cassant les prix – même dans un enfer fiscal comme la France. Par les temps qui courent, c’est un vrai message d’espoir.

Mais revenons à l’actualité.

Le buzz du moment tient bien sûr à la nouvelle offre de Free depuis le début de la semaine pour les téléphones portables en France. Alors que les opérateurs actuels (Orange, Bouygues et SFR) se faisaient un plaisir de traire le consommateur dans la grande tradition de l’entente entre gens raisonnables, Free a résolument choisi l’attaque frontale. Des tarifs à prix cassés.

Et ce n’est rien de le dire :

L’offre a de quoi faire saliver lorsqu’on connaît les tarifs de téléphonie mobile en Suisse.

ICT Journal, le magazine suisse des technologies de l’information pour l’entreprise, l’annonce franchement : l’offre de Free fait des envieux en Suisse. Les photos accompagnant l’article valent leur pesant de cacahuètes, puisqu’il s’agit des photos d’écran des « meilleures offres » des opérateurs locaux, Orange Suisse, Sunrise et Swisscom. Entre 100 et 169 euros mensuels, contre 30 euros pour la nouvelle offre de Free… en France.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’opérateur comme Free en Suisse ? Parce que dans de nombreux secteurs économiques, contrairement à l’opinion répandue, la Suisse est un pays terriblement fermé.

Comme l’explique Pascal Salin, un marché concurrentiel n’est pas un marché où coexistent différents acteurs – le mythe de la « concurrence pure et parfaite » entretenu par des générations de charlatans qui se prétendent économistes, et dont on ne voit que trop les limites sur le marché de la téléphonie mobile helvétique – mais un marché où de nouveaux entrants peuvent s’installer librement.

Ce n’est pas compliqué. Si un marché est extraordinairement juteux et profitable, les concurrents se presseront au portillon et feront baisser progressivement les prix pour conquérir des parts de marché, jusqu’à un niveau de profit raisonnable. Peu importe que le marché soit initialement tenu par dix entreprises en connivence ou juste un opérateur historique vivant sur la lancée d’un vieux monopole.

En revanche, si d’éventuels concurrents sont empêchés de venir sur le marché par une libéralisation à reculons, des licences inaccessibles et un parcours du combattant pour poser la moindre antenne, alors il ne faut pas s’étonner que les prix restent élevés. Personne n’a le pouvoir de déranger les fournisseurs installés, trop contents de garder leur clientèle en otage.

Un nouvel entrant peut-il arriver en Suisse ? Les prix montrent clairement que non. Lorsque Xavier Niel annonce « qu’à deux euros de forfait mensuel, nous faisons encore de la marge » il donne une petite idée de l’incroyable surfacturation frappant de plein fouet le consommateur helvétique. Certes, il y a quelques différences locales – une réglementation plus restrictive pour la puissance des antennes, selon l’appréciation rationnelle des risques par le législateur – mais cela ne saurait justifier le gouffre entre les tarifs de part et d’autre de la frontière.

La triste situation du consommateur suisse, « protégé » par une législation empêchant toute concurrence réelle, a peu de chances de s’arranger.

Xavier Niel était intéressé par Orange Suisse – le rachat d’un acteur local étant pratiquement la seule façon d’entrer sur le marché. Malheureusement, la transaction ne s’est pas faite, France Télécom préférant jouer un sale coup à son concurrent hexagonal en vendant l’entreprise à un fonds d’investissement, Apax Partners (le genre typique d’entreprise qui cherche à donner à ses clients le meilleur tarif…)

Sans doute, un jour, le verrou finira par sauter, et même en Suisse nous pourrons bénéficier de prix raisonnables, sans plus éprouver le sentiment d’être des vaches à lait. Ce jour-là, nous verrons sans doute Swisscom ou Sunrise nous expliquer le même genre de baratin que ce qu’Orange France oppose aujourd’hui à l’offre de Free. Doux instants !

Mais il faudra attendre encore longtemps, et en attendant ce jour béni, continuer à payer des tarifs qui font rire de nous à l’étranger.

—-
Sur le web

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  • Ils se sont permis de nous pomper jusqu’à la moelle pendant une quinzaine d’années, et maintenant que Free arrive, ils baissent leurs forfaits de 30 à 40% en même pas 48H ? C’est un scandale !
    J’appelle tous les français à sanctionner Orange, SFR et Bouygues, en résiliant leur abonnement et en allant chez Free. Il est tant de leur faire payer leur copinage.

  • La suisse ayant un territoire plutôt compact, même si équiper chaque vallée a un coût, en toute objectivité, le prix « suisse » du mobile devrait être inférieur à celui pratiqué en france… Et dire que free prétend que son forfait à 2 euros est rentable… et que cela est sans doute vrai…

  • Il s’agirait de pas lui envoyer trop de fleurs non plus. Il a quand-meme repris le Monde avec Bergé et Pigasse. Intellectuelement, le garcon n’est pas non plus très très libéral…

    • Je vois pas le rapport là, entre le fait d’acheter LeMonde et d’être libéral ou non.

      • Justement, il n’y en a aucun, c’est bien le problème.

        Lors du rachat, on les a présentés comme des sauveurs. Ils viennent sauver quoi? « Une certaine idée du journalisme » ?

        Notre cher h16 a démontré à plusieurs reprises, bien chaussé dans ses mocassins à gland, comment la presse francaise, non contente d’etre inefficace, biaisée et anti-démocratique (à voir le niveau des réactions des articles, on n’a pas le sentiment que la liberté d’expression pour TOUS les points de vue soit intangible) continue de se saborder joyeusement en ouv’ant une g’osse voie d’eau !

        S’allier à deux personnes notoirement de gauche pour bien reprendre une ligne éditoriale bien socialisante me permet de douter qu’il ait clairement une vue ouverte et libérale…

        • Marrant cette discussion. Osons la comparaison avec Serge Dassault, qui se veut « intellectuellement très libéral », se répand en discours anti-impôts, mais par ailleurs possède un journal également subventionné (mais bien de droite, celui-là) et vit en partie de commandes publiques. Celui-là bénéficierait-il de votre mansuétude au motif qu’au moins lui ne s’affiche pas avec des gens de gauche?

          • +1
            Les actes sont plus importants que les mots. Et puis c’est pas grave de défendre une ligne socialiste, tant que c’est du vrai socialisme, c’est à dire du socialisme libéral (pas étatique, pas obligatoire)

          • Dassault vit au crochet de l’Etat depuis… Quoi… 30 ans? 40 ans? 50 ans? Donc Dassault aurait du faire faillite depuis belle lurette. Plutot que ca, elle vit de subventions pendant que son patron finance son train de vie par un statut d’elu. Je ne vois pas en quoi il est liberal. Ce n’est pas parce qu’il se dit liberal qu’il l’est, on connait la rengaine, « faites ce que je dis, pas ce que je fais »…

    • Il faut s’armer de boucliers quand on sais que deux grandes chaines de tele sont possesseur de 2 operateurs, se proteger des medias qui sont possedés par la concurrence et qui risque donc de faire pression sur free.

  • Je n’ai pas compris l’attaque contre les économiste défendant la « concurrence pure et parfaite ». La concurrence peut ne peut être libre et non faussé au sens économique, que si le marché est ouvert pour un nouvel entrant, aucun économiste n’a jamais défini cela par le nombre d’entreprises actives sur la marché, mais bien par le « libre », « non-faussée », qui signifie précisément qu’il n’y a pas des obstacles divers, visibles ou cachés, qui favorisent les entreprises déjà en place et empêchent les nouveaux arrivants de leur faire concurrence.

    • Parce que la définition de « concurrence pure et parfaite » est souvent comprise comme une parfaite « égalité des chances » entre les concurrents ; c’est stupide mais c’est comme ça.

  • Téléconseillère à SFR, elle annonce sur NRJ qu’elle passe chez Free Mobile ! : http://www.youtube.com/watch?v=J3TghucyycM Si même les conseillers se barrent….

  • Les commentaires sont fermés.

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