Une « Taxe Tobin » pour percer à gauche

Pour des raisons électoralistes, Sarkozy est prêt à tout : promouvoir une idée de gauche, la taxe Tobin. En Europe, il reçoit le soutien de l’Italie

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Une « Taxe Tobin » pour percer à gauche

Publié le 10 janvier 2012
- A +

Pour des raisons électoralistes, Nicolas Sarkozy est prêt à tout : promouvoir une idée de gauche, la taxe Tobin. En Europe, il reçoit le soutien du Premier ministre italien, Mario Monti.

Par Luciano Priori Friggi, depuis l’Italie

Sarkozy est entré en campagne et, pour percer à gauche, il est prêt à tout.

Quand on dit que l’histoire ne se répète pas, c’est exact; cependant certaines techniques, certaines stratégies sont parfaitement reproductibles à différentes époques. Nous en avons eu un exemple en France sous Napoléon III lorsqu’il perça à gauche avec un programme populiste tant et si bien que le plus grand soutien qu’il eut se situa au sein des classes laborieuses. Nous en avons un exemple encore aujourd’hui, avec Sarkozy, qui est devenu le champion, fort recommandé par les consultants de gauche, y compris les italiens, d’un concept habituellement de gauche. L’objectif est de mettre les idées de gauche, que ces dernières soient justes ou pas et pourvu qu’elles fassent impression, au cœur d’un programme de droite. Ce programme n’est ni de droite ni de gauche, c’est un programme populiste.

Hier, nous avons découvert, presque en direct de Bloomberg, que l’Italie, à savoir Monti, soutient la taxe Tobin de Sarkozy, mais appelle à l’unité en Europe.

Mario Monti et Nicolas Sarkozy

Monti-Sarkozy

La taxe Tobin est une taxe extravagante que Tobin lui-même, un keynésien (quand il s’agit de taxer, il y en a toujours), Prix Nobel d’économie, mit le premier sur papier puis désavoua au vu de l’usage qu’on voulait en faire politiquement. Les économistes qui connaissent les marchés sont rares. Moi, qui ai enseigné l’économie dans des formations continues (Master) pendant longtemps, je sais par expérience directe ce que je dis, tant et si bien qu’il m’a fallu plusieurs mois pour réapprendre aux étudiants à raisonner de manière sensée.

Tobin pense, de façon puérile, que pour réduire la volatilité des échanges il faut imposer une taxe minuscule à chaque transaction, simplement pour leur donner plus de stabilité (à cette époque il y avait encore les changes à taux fixes, il faut le noter, même si peu après on est passé aux changes à taux fluctuants) au change dollar/mark, etc.

L’idée est si bête qu’il ne serait même pas utile de la commenter (une taxe augmente la volatilité, ne la diminue pas du tout, mais pour affirmer une telle chose il faut savoir comment fonctionne un marché financier et Tobin, à l’évidence, n’en sait rien), sauf que, en France, une organisation est née sur la base de ce concept : Attac. Une organisation dont la finalité est « la taxation des transactions financières ». Une idée partagée en Italie par des économistes catholiques contre lesquels je me suis opposé âprement l’an dernier, à commencer par Luigina Bruni qui a déclaré avoir écrit avec d’autres une partie de la dernière encyclique du pape Benoît XVI, « Caritas in veritate ». Leur but étant de reverser le fruit de la taxe aux associations humanitaires.

Bien entendu, c’est un impôt parrainé par la gauche. Et donc le but même pour lequel il a été conçu par son auteur a changé parce que les « Attaquistes » veulent le promouvoir pour « financer des projets sociaux », objectif complètement étranger à Tobin, qui, au moins sur cette question, témoigna d’une candide horreur (sentiment que l’on ne trouve plus chez les économistes keynésiens aujourd’hui).

Attac France

Sarkozy est candidat à sa réélection et pour percer à gauche il est prêt à tout, d’autant qu’il y a peu de vrais économistes dans son entourage et que personne ne lui dira la vérité. Monti, étranglé par des taxes élevées, est venu  en France la semaine dernière, on ne sait pas trop pour quoi faire, lui qui soutient qu’il a fait tout ce qu’il pouvait et qu’aujourd’hui les taxes pourraient même baisser. En dehors d’être la main dans la main avec Sarkozy, il n’y a aucune trace de communiqué de stratégie afin de baisser les taxes italiennes. Par contre nous avons appris que notre premier ministre avait soutenu la taxe Tobin/Sarkozy, s’opposant ainsi à Merkel qui n’en veut pas.

Bloomberg affirme : « La France, qui se bat pour obtenir un soutien au niveau européen sur la question, dit vouloir créer une taxe sur les transactions financières à la fin janvier et qu’elle est prête à appliquer cette mesure toute seule même si l’Allemagne ne la suit pas. » Pourquoi tant d’urgence ? On dit à mi-voix que c’est une question d’élections mais cela ne se dit pas à voix haute.

En réalité, Monti est allé en France pour soutenir la campagne de Sarkozy, obtenant en échange quelques douceurs du type « bravo, vous avez tant fait, quel courage… » Avec les problèmes que nous avons (étranglés de taxes et de taux plus élevés que jamais), il nous fallait en plus entendre tout cela.

Juste une note finale, vous verrez qu’on essaiera de faire passer des mesures pour limiter la liberté de la presse en Italie, parce que certaines choses ne doivent pas être entendues. Comme je le disais, l’histoire se répète : Napoléon III a fait pression sur Cavour parce que la presse piémontaise attaquait l’empereur français. Et le premier ministre libéral de Savoie, lui-même journaliste et propriétaire d’un journal, a obéi, peut-être à contrecœur, en introduisant le crime d’outrage à chef d’état étranger. Merci la France.

—-
Source : http://www.borsaplus.com (redazione@borsaplus.com)

Traduit de l’italien par Axelle, Institut Coppet

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Sur Contrepoints TV : Les canulars de Sarkozy – la taxe Tobin.

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  • Moi j’aime bien cette taxe.
    La spéculation est un des travers économique et moral de notre époque. ET tout ce qui peut lui nuire est une bonne chose. ET je ne suis pas de gauche très loin de là.

    • Ben voyons! Vous êtes en réalité un spéculateur donneur de leçons qui s’ignore!

      1/ Qui ne cherche pas à gagner de l’argent (ou à ne pas en perdre) en anticipant l’avenir? réponse : personne
      2/ Est-ce moralement répréhensible? réponse : non. Dans le cas contraire, on est tous immoraux en vertu de 1/.

      Pour moi, celui qui dit ne pas spéculer n’est pas contre le fait de perdre de l’argent pour ne pas avoir chercher à anticiper l’avenir. Je ne connais personne de ce type.

    • C’est stupéfiant ce réflexe de se justifier en précisant son bord, comme si un « travers économique et moral », c’est forcément l’apanage des gens de droite surtout quand on fait le bilan économique et moral de l’action politique des gauchistes de droite et de gauche en France depuis 3 décennies. Preuve à quel point le formattage des cerveaux par les médias gauchistes a été efficace.

      Tout le monde croit que ses idées sont économiquement et moralement supérieures, peu de gens pensent à vérifier si elles sont justes.

    • Voilà la loi italienne:

      Art. 297 Offesa all’onore dei Capi di Stati esteri
      Chiunque nel territorio dello Stato offende l’onore o il prestigio del Capo di uno Stato estero e’ punito con la
      reclusione da uno a tre anni.

      Art. 297 Offense à l’honneur des Têtes d’État étrangers
      « Quiconque dans le territoire de l’État offense l’honneur ou le prestige du Chef d’un État étranger est puni avec la réclusion d’un à trois ans. »

  • J\’aime bien cette taxe aussi. J\’ai un problème avec la spéculation, l\’argent gagné en spéculant est bien perdu par quelqu\’un, où est la création de richesse commune aux deux parties ( la naïveté est une vertu). C\’est une sorte de vol sophistiqué bizarrement consentie par la victime. bref la spéculation c\’est pour les SM.

    • Pour amasser du fric sur ce qu’on vient de spéculer, il faut trouver quelqu’un pour acheter ce qu’on vend. Qui spécule ? Les traders, c’est leur boulot. A qui vendent-ils ? A d’autres traders, c’est leur boulot.

      Donc, ce que vous disiez, c’est qu’il y a des traders-pigeons qui utilisent l’argent mis à leur disposition pour enrichir, à perte, d’autres traders. Des traders incompétents qui utilisent l’argent qu’on leur demande de faire fructifier pour faire fructifier les affaires de leur collègues et ruiner leurs clients…

      Avez-vous seulement compris le concept de spéculation ?

      • Naturellement chaque opinion est importante, cependant il y a des opinions (et des décisions) plus importants qu’autres. Sarkozy veut le Tobin tax, mais Tobin refusa après l’usage qui voulaient en faire, parce qu’il pensait, en se trompant sur l’effet, à un usage technique, seul pour limiter la volatilité des échanges (par ex. dollar/marc), selon lui nuisible.

        Alors, pourquoi abuser du nom de Tobin? Le prix Nobel refusa résolument quelconque usage pour faire caisse ou pour fins « sociales. »

        Si Sarkozy veut faire une taxe qu’il utilise son nom ou de la chancelière allemande, Angela Merkel, ou les deux: « Merkozy Tax » (parce que Mario Monti compte zéro, comme l’histoire de l’axe italo-français a montré).

        Tout ça vient avant du partage ou non de la taxe. C’est un problème de civilisation.

        Il reste seulement à dire (que je partage ou non l’idée d’Europe), qui sommes années lumière loin des idéaux des pères fondateur.

        Aujourd’hui nous sommes à la merci d’un machiavélisme dont Machiavel, comme Tobin pour sa taxe, auraient eu horreur.

        Luciano Priori Friggi

        • « Aujourd’hui nous sommes à la merci d’un machiavélisme dont Machiavel, comme Tobin pour sa taxe, auraient eu horreur. »

          Bravo!

  • Les commentaires sont fermés.

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