Ceci est mon corps

L’usage que nous faisons de notre corps vaut parfois bien des discours.

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Ceci est mon corps

Publié le 19 novembre 2011
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L’usage que nous faisons de notre corps vaut parfois bien des discours. Les mots peuvent tuer, l’usage de nos corps peut libérer. En s’immolant, le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi ne s’attendait sans doute pas à réussir là où Al Qaïda avait échoué pendant toutes ces années : faire tomber des tyrans corrompus. Mohamed Bouazizi n’était pas un militant, ni un intellectuel, juste un petit vendeur des rues qui sentait ses droits élémentaires piétinés dans un monde sans avenir ni perspectives. Son geste désespéré a déclenché la révolution de jasmin, puis une série de révolutions dans les pays voisins, jusqu’à la Syrie dont le président tente de résister par tous les moyens jusqu’ici, au risque de finir avec une balle dans la nuque. L’Algérie vacille, le Maroc a dû lancer une série de réformes pour ne pas subir le sort d’autres régimes autoritaires voisins. Ce jeune homme qui s’est immolé a remporté un combat qu’aucune organisation terroriste n’a jamais gagné. Si on observe les résultats de la terreur et des massacres d’innocents, ils n’ont jamais eu le millième de l’impact de cette immolation singulière sur les peuples opprimés. Évidemment, des situations moins graves appellent des modes d’expression moins radicaux. La nudité, par exemple, vaut aussi bien des mots.

Le Pape embrasse le Grand Mufti, provoc ou œuvre artistique ?

Face à la montée de l’intégrisme religieux en Egypte, Aliya al-Mahdy, une blogueuse libérale ne pratiquant pas la religion a eu le courage (ou l’inconscience selon les avis) de poser nue sur son blog public, elle ainsi que d’autres Égyptiens, tous à visage découvert. Ces images crues ont ouvert un débat dans le monde entier, aussi bien arabe qu’occidental. Difficile, pourtant, de saisir toute la portée de ce geste pour un occidental. Ces photos ne parlent pas de religion contrairement au dernier scandale malin de Benetton qui montre le Pape embrasser le grand Mufti du Caire. Aucun sujet litigieux, sinon la position de la femme et le droit pour elle de disposer de son corps dans la société égyptienne. En France, nous nous croyons moins inhibés à force d’être inondés (parfois malgré nous) de publicités plus que suggestives dans la rue, sur nos écrans et dans nos magazines, de « porno chic », de films qui surenchérissent en scènes quasi pornographiques (sinon réellement pornographiques comme Intimacy de Patrice Chérault), d’œuvres d’art qui mettent en scène le nu parfois sous de vagues prétextes écologiques comme Spencer Tunick. Rappelons que les blocages étaient nombreux et profonds lors de l’émancipation de la femme dans les années 70.

Aujourd’hui, l’audace d’une jeune femme qui se met ainsi en danger montre que le combat pour la reconnaissance de droits égaux à ceux de l’homme pour la femme est encore loin d’être gagné dans le monde. Je ne sais pas si l’exhibition d’une nudité décomplexée est le meilleur moyen d’y parvenir, mais elle a le mérite de poser le débat. La nudité a aussi été exploitée en politique pour évoquer la nécessité de la transparence, et de l’éthique. Un candidat conservateur espagnol, Albert Rivera, a aussi joué cette corde, certes sans encourir les dangers de notre Égyptienne, lors des élections territoriales en Espagne. Sa communication décalée a aussi suscité des articles dans la presse internationale. Résultat : 3 élus tout de même pour sa très jeune formation (une piste pour le PLD ?). Espérons que ni François Bayrou, ni Nicolas Sarkozy, ni Marine le Pen, ni François Hollande ne s’engageront dans ce type de communication. Quoique…

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