Au soir du premier tour d’une primaire sans grandes surprises, il faut souligner d’une part le légalisme des militants et, d’autre part, les problèmes de légalité posés par cette élection.
Dans les débats, François Hollande emprunte à François Mitterrand la formule : « on me dit que… ». Habile procédé rhétorique qui consiste à simuler les objections d’un contradicteur pour mieux mettre en valeur sa propre position. Comme Mitterrand, il fut premier secrétaire d’un PS qu’il connaît comme sa poche. Comme Mitterrand, il est le chouchou des médias. Comme Mitterrand en 1988, il est le champion du « ni-ni ». À l’époque ni nationalisations ni privatisations, aujourd’hui une motion de synthèse évasive.
Les débats télévisés ont bien plu. Ils sont sympas, après tout, ces candidats socialistes. Et puis ils se sont montrés humains. Comme tout le monde. Presque proches des gens. Même s’ils ont très peu parlé des Français. Beaucoup plus parlé d’eux-mêmes. Et bien rigolé entre « notables », selon leur propre formule. Ce qui n’est pas pour déplaire à leurs troupes. Le parti socialiste est un parti d’élus locaux. Le plus petit militant est, au bas mot, trésorier-adjoint d’une section quelconque et brigue un poste de conseiller municipal. Le militant PS est légaliste et discipliné. Il obéit aux consignes des caciques. Il n’est pas plus aventureux que le membre du parti radical sous la 3ème République.
Lors de ces primaires, Arnaud Montebourg a percé, mais sans exploiter le potentiel d’un sondage de l’Ifop qui, en juin dernier, délimitait 80% de Français favorables à un protectionnisme aux frontières de l’Europe. En fait, Montebourg a percé en mangeant la laine sur le dos de Ségolène Royal. Tous deux étaient dissidents par rapport au conformisme bien-pensant de la rue de Solferino. Royal s’est retrouvée prise à son propre piège, qui était d’incarner la nouveauté. La mode, c’est ce qui se démode. Ségolène n’a plus la cote. Quant à Aubry, elle ne sait s’adresser qu’aux militants. Elle parle parfaitement la langue des socialistes, mais n’a toujours pas appris à parler aux Français.
Questions dérangeantes
Par-delà le pilonnage médiatique d’un concert de louanges, laissons émerger un peu d’esprit critique. Certes, la démocratie n’est jamais perdante quand on consulte le peuple. Pour autant, le résultat des courses est sans surprise. Le scrutin confirme le candidat pré-désigné par les sondages et en faveur duquel avait opté une bonne partie de l’appareil du parti.
Vocable calqué sur les USA, idée de la droite française datant de 1991 et pratique inaugurée par la gauche italienne, ces primaires auront singé le scrutin à deux tours. On aurait pu s’attendre à un procédé plus innovant. Pourquoi pas un vote par correspondance dépouillé par les fédérations, ou un vote par Internet à l’occasion de conventions… Quelque chose qui eut creusé le sillon de la démocratie participative chère à Ségolène Royal. Comme quoi nul n’est prophète en son pays.
D’autant que le procédé employé soulève de très sérieuses questions de légalité démocratique. Car il ne s’agit pas seulement du risque de « fichage » dénoncé par l’UMP. La signature d’une charte d’adhésion à des valeurs de gauche non définies bafoue le secret de l’isoloir. Et que dire de l’utilisation à des fins partisanes de listes, locaux et matériels habituellement réservés à ce sanctuaire de la République qu’est le suffrage universel ! Mélange des genres et conflit d’intérêts sont au rendez-vous. Il fallait vraiment un parti aussi installé que le PS pour l’oublier.
En matière économique, soucieux de gagner en crédibilité, les candidats socialistes tenaient tous à dire qu’ils avaient « rencontré des chefs d’entreprises », sacrés créateurs de la richesse nationale. Mais ils furent plus volubiles sur les façons de la redistribuer que sur les moyens de l’accroître. Toujours ces formules faciles à propos de la « casse des services publics » sous un gouvernement Sarkozy où « rien ne va bien » (Aubry lors du 3ème débat).
S’il existait en France la règle implicite qui exige, aux USA, qu’un président ait été au minimum gouverneur ou sénateur (ces derniers détenant beaucoup plus de pouvoir qu’en France), alors Hollande, qui n’a même pas été ne serait-ce que secrétaire d’État, serait hors course.
Article publié originellement par Les Échos.
Pourquoi pas un vote par Internet ?
Parce que le critère le plus important des élections démocratiques , c’est la transparence. Or les élections par internet sont totalement opaques : aucun contrôle possible, y compris par les principaux intéressés que sont les électeurs.
La solution n’est pas d’attendre 2012. Les principaux prétendants à la présidentielle sont d’accord pour revenir à un déficit de 3 % en 2013 et aucun ne défend ni le refus de payer la dette, ni un plan radical pour prendre sur les profits. Ce sera donc l’austérité contre les services publics et contre les classes populaires comme le font dès à présent les gouvernements socialistes en Grèce ou dans l’État espagnol.
L’urgence est de prendre le mal à la racine, de remettre en cause radicalement le remboursement de la dette et l’austérité. Seul le rapport de force construit dans les luttes, dans les manifestations peuvent contraindre patrons et gouvernement à reculer.
Le commentaire de Robert Gil est éclairant et ressemble étrangement aux propos suivants de Adolf Hitler dans son livre Mein Kampf :
« Lorsque j’entendis le premier cours de Gottfried Feder sur « la répudiation de la servitude de l’intérêt du capital », je compris immédiatement qu’il devait s’agir ici d’une vérité théorique d’une importance immense pour l’avenir du peuple allemand. La séparation tranchée du capital boursier d’avec l’économie nationale présentait la possibilité d’entrer en lutte contre l’internationalisation de l’économie allemande, sans toutefois menacer en même temps par le combat contre le capital les fondements d’une économie nationale indépendante. Je voyais beaucoup trop clairement dans le développement de l’Allemagne pour ne point savoir que la lutte la plus difficile devrait être menée non contre les peuples ennemis, mais contre le capital international. Dans le cours de Feder, je pressentais un puissant mot d’ordre pour cette lutte à venir.
[…]
La lutte contre la finance internationale et le capital de prêt est devenu le point le plus important de la lutte de la nation allemande pour son indépendance et sa liberté économique. »
— Adolf Hitler, Mein Kampf, p.212
« le refus de payer la dette »
Le lendemain plus personne ne veut prêter à la France et elle devra tailler à mort dans les dépenses sociales et la fonction publique.
Un petit coup d’œil sur le budget pour une fois ? Allez vous tailler dans l’enseignement ? (49%) enlever des policiers, des infirmiers, ne plus payer les chômeurs ou les retraites ?
http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ressources/LFI2011/depliant_budget2011.pdf
Idée suivante ? Une bonne pour changer ?
« ni un plan radical pour prendre sur les profits »
La France n’a pas eu un seul budget positif depuis 25 ans et elle est déjà un des pays qui taxe le plus. Vous ne prendrez donc jamais assez et vous allez tuer complètement la création de richesse créant encore plus de pauvres grevant encore plus le budget etc. etc.
« L’urgence est de prendre le mal à la racine »
Le mal est déjà fait, l’état Français est devenu pantagruélique trop dispendieux et inefficace. 20,4% de fonctionnaires la ou l’Allemagne n’en a que 12,9% et la Suisse 9,7%. Un fonctionnaire c’est 3,5 millions d’euro au total y compris sa retraites. Partout ou on tourne son regard ce sont les mêmes chiffres.
France championne de la misère fiscale:
http://www.abcbourse.com/analyses/chronique-france_numero_1_mondiale_de_la_misere_fiscale-142.aspx
Nombre de fonctionnaires en augmentation:
http://urcentrecfecgc.over-blog.com/article-rapport-publie-la-cour-des-comptes-le-nombre-de-fonctionnaires-continue-d-augmenter-en-france–41527893.html
Indice des libertés économiques, France mal classée et de plus en plus en difficulté:
http://www.heritage.org/index/ranking.aspx
A Robert Gil
La phrase d’Audiard ne met pas en cause le socle idéologique commun des différentes modalités de la mentalité anti-capitaliste : nazisme, socialisme, etc.
A la place de l »extrait de Mein Kampf de Hitler j’aurais pu transcrire des textes de Lénine ou d’autres révolutionnaires professionnels qui vont précisément dans le même sens.
Je consulte régulièrement le site Conscience Citoyenne Responsable que vous avez cité et, sauf rares exceptions, les articles publiés ressemblent étrangement dans leur forme et contenu aux publications socialistes/communistes/nazis des premières décennies du XXème siècle. A la différence du nazisme, les auteurs de ces articles remplacent la haine raciale par la haine de classe envers ceux qui font travailler leur capital, qui créent des emplois et de la valeur ajoutée.
Pour rester dans les citations, Pierre Chaunu parlait de « jumeaux hétérozygotes » à propos du nazisme et du bolchevisme.
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