Réflexion sur les marchés baissiers

Quels conseils pour les investisseurs en ces périodes troubles à la bourse?

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Bourse actions (Crédits SimonQ錫濛譙, licence Creative Commons)

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Réflexion sur les marchés baissiers

Publié le 15 septembre 2011
- A +

Par Charles Gave

Bourse actions (Crédits SimonQ錫濛譙, licence Creative Commons)Nous sommes en train de connaître l’un des marchés baissiers les plus sauvages que j’ai connu dans ma carrière. À son origine, comme je n’ai jamais cessé de le dire et de l’écrire, l’orgueil insensé d’une classe technocratique française qui a pensé qu’elle pouvait imposer sa volonté de créer un État Européen dont les peuples ne voulaient pas envers et contre tout. Le résultat après 10 ans est visible : la Grèce est déjà en faillite, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, le Portugal sont au bord d’un gouffre dont notre pays se rapproche a la vitesse grand V.

Et bien entendu, ce Frankenstein financier va nous amener dans une récession en 2011-2012 (tous mes indicateurs sont au rouge), la deuxième en moins de trois ans, ce qui est à peu près sans exemple dans l’histoire de l’Europe depuis la deuxième guerre mondiale. On ne peut imaginer désastre plus total, et il faut remonter à la ligne Maginot pour retrouver une période où nos élites ont été aussi incroyablement incompétentes.

Bref, comme le lecteur s’en rend compte, j’enrage, mais tout cela, c’est du passé et il ne sert à rien de pleurer une fois que le lait a été renversé…

Que va-t-il arriver aux marchés dans les semaines et les mois qui viennent ? C’est ici que je voudrais faire part de mon expérience acquise au cours des 40 dernières années. Voici donc ce que j’ai à dire.

Dans un marché baissier, il faut bien distinguer deux choses :
1. L’étendue de la baisse,
2. La durée de la baisse.

Sur le premier point, je n’ai que peu de choses à dire si ce n’est que dans mon expérience, les grandes baisses pouvaient atteindre entre le plus haut et le plus bas au minimum 50%, au maximum 90% (Hong-Kong 1973-1974). Nous sommes en train de passer, ou avons dépassé les 50%, donc nous arrivons à des moments où il va falloir être vigilants, pour acheter.

Sur la durée du bear market (marché baissier), on peut et on doit dire beaucoup de choses. D’abord, les marchés baissiers durent beaucoup moins longtemps que les marchés haussiers. Comme le dit le proverbe boursier, les baisses prennent l’ascenseur, les hausses les escaliers… Ensuite, la baisse commence de façon imperceptible et ce lent déclin, un peu similaire à un supplice chinois, occupe la plus grande partie du temps pendant lequel les marchés baissent.

Au bout d’un certain temps, des ventes « forcées » commencent à apparaitre qui peuvent être le fait soit d’investisseurs collectifs (SICAV), soit d’investisseurs endettés (en levier), tels des hedge funds, soit enfin d’investisseurs dits institutionnels qui sont en train de toucher leurs ratios de fonds propres tels qu’ils peuvent être fixes par les réglementations et qui donc se voient forcés de vendre leurs positions actions. La baisse se met alors à se nourrir d’elle-même et les indices se mettent a tomber littéralement comme des cailloux.

Ce phénomène de chute en accélération rapide se passe en général dans les toutes dernières semaines de la baisse. Malheureusement, c’est également dans ces dernières semaines que les écarts de cours sont les plus importants… Un exemple : je me souviens de la crise asiatique, qui présente bien des similitudes avec la crise actuelle en Europe, où j’avais pris la décision d’acheter – en juin 2008 si mes souvenirs sont exacts – des actions de sociétés locales. Ce que je fis. Trois mois plus tard, leurs cours avaient été divisés par deux. Dire que j’étais fier de moi serait exagéré… Un an après, leurs cours avaient quadruplés, et donc j’avais doublé mon argent.

Pourquoi suis- je en train de raconter ces souvenirs d’ancien combattant ? Tout simplement parce que nous sommes en plein dans une période similaire en Europe. Le moment se rapproche où il va falloir acheter au « son du canon ». L’ennui est bien sûr que Singapour est gérée par des gens compétents, ce qui n’est hélas pas le cas chez nous comme chacun commence à s’en rendre compte… donc j’attends encore.

Je maintiens cependant ce que je dis depuis quelques semaines : nous sommes en train d’arriver dans le vortex de la crise de l’Euro. Toute cette construction complètement artificielle va éclater dans les 6 mois qui viennent. La bourse quant a elle aura fini de baisser bien avant. Donc, laissez trainer des limites « stupides » (entre 15% et 30% en dessous des cours actuels) sur les belles valeurs que vous aimez bien et commencez à utiliser votre cash.

Mon but est sans doute de ne plus en avoir vers le 15 octobre…

Le pire qui peut vous arriver c’est ce qui m’est arrivé avec mes exploits à Singapour, mais surtout, surtout, ne prenez AUCUN levier. L’aurais-je fait, j’aurai été liquidé au plus bas du marché deux mois plus tard, ce qui m’aurait beaucoup, beaucoup agacé…

—-
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Voir les commentaires (7)

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  • Tout à fait d’accord avec l’analyse de Charles Gave, sauf les conclusions :

    « nous sommes en train d’arriver dans le vortex de la crise de l’Euro. Toute cette construction complètement artificielle va éclater dans les 6 mois qui viennent. La bourse quant a elle aura fini de baisser bien avant. »
    – Je n’ai pas de boule de cristal et je n’utilise que l’analyse technique des graphiques des cotations. L’analyse du comportement passé démontre que, lors d’un mouvement de baisse, on ne peut prévoir sa fin à l’avance. On peut prévoir une nouvelle hausse une fois qu’elle a démarrée et que certains indicateurs sont positifs. Pour l’instant, il y a une très forte probabilité de poursuite de la baisse (le CAC40 pourra baisser à 2000 points d’ici quelques mois).

    « mais surtout, surtout, ne prenez AUCUN levier » :
    Il ne faut pas faire d’opérations d’achat à long terme pour l’instant et encore moins utiliser effet de levier à l’achat, mais il faut utiliser un fort effet de levier pour des ventes à découvert afin d’acheter plus bas d’ici quelque temps.

  • Je pense que nous sommes partis pour au moins deux ans de baisse. Le CAC perdra encore 70% de sa valeur à partir de 3000 pour aller vers 1000, la valeur des actifs comptables est à 900, le reste c’est de l’incorporel. Pourquoi le CAC ira-t-il à 1000 ? Parce que le SP500 va à 400 et que ce sera un juste prix, quand les dividendes seront de 75$ (après réversion à la normale) à un PER de 6 comme en bas des vraies dépressions, et donc quand le SP500 vaudra 400, pour chaque % perdu par le S&P le CAC en aura perdu 2 au final. Alors s’il reste vers les 1000 ce sera déjà bien. De plus, 400 pour le SP500 c’est le bas du canal semi-log de très long terme, donc c’est une valorisation que l’on touche (le bas du canal) tous les 20, 30 ou 40 ans…

    Tout ceci est peut être optimiste, car pour purger 30 ans de dettes en folies, 2 ans de baisse ne semblent pas exagéré…

    Ceci étant, comme le dit un commentateur, cela se verra quand l’on arrivera en bas. D’abord comme les politiques vont tout faire pour freiner la descente, l’agonie sera plus lente qu’une chûte dans l’ascenceur. Ce qui est bien pour les techniciens, qui préfèrent des moyennes mobiles qui ont le temps de former une configuration clairement interprétable. Enfin, les volumes parleront, quand le premier plus bas sera plus haut que le plus bas précédent et que les volumes seront dans ce plus bas plus faibles que dans le précédent, et que le haut du canal baissier sera cassé à la hausse et que la dérivé de MM200 sera haussière et que…. alors on saura qu’il faut acheter.

    Pour le moment, la baisse ne fait que commencer. Nous sommes partis pour un long marché baissier. Au moins deux erreurs fatales tuent les investisseurs. Acheter sur un marché baissier qui n’a pas fini sa baisse, en remettre régulièrement une couche au fur et à mesure de la descente aux enfers et sur-estimer sa résistance psychologique à la destruction de son capital. Utiliser du levier pour s’achever plus vite.

    Même Romain Zalewski, pour lequel j’ai une admiration sans borne, a très durement souffert pendant la phase finale de fin 2008/2009. Je pense qu’il y a laissé qq milliards dans un levier excessif, la BNP ayant exigé le remboursement au pire moment d’1,5 milliards d’euros à cet entrepreneur et financier hors pair !

    Quand aux shorts dont parle le commentaire précédent, attention !!! L’exécution d’un short doit être parfaite, le stop pas loin, et vous êtes forcément sur « margin ». C’est du trading pas de l’investissement…

    mes deux centimes…

    • A Liberal

      D’accord avec votre commentaire, mais j’ajouterais un peu de prudence : sur une base hebdomadaire le SP500 est à la baisse et il faut donc être « short » mais sur une base mensuelle ou trimestrielle ce n’est pas encore le cas : la tendance haussière donnée par les moyennes mobiles et d’autres indicateurs techniques vers la fin du 3ème trimestre 2010 n’a pas encore été invalidée.
      Donc, prudence en ce qui concerne les indices américains et la parité EUR/USD :
      – tendance à moyen terme (hebdo) à la baisse : positionnement « short » à privilégier pour l’ouverture de positions
      – tendance à long terme (mensuel / trimestriel) à confirmer d’ici 2 ou 3 mois : pour l’instant tendance haussière, mais peut-être en fin de cycle, donc pas d’ouverture de positions pour l’instant. Les positions ouvertes en octobre/novembre 2010 ne doivent pas encore être liquidées.

      Tout ceci avec des stops bien sur.

      En ce qui concerne votre dernière phrase :
      « Quand aux shorts dont parle le commentaire précédent, attention !!! L’exécution d’un short doit être parfaite, le stop pas loin, et vous êtes forcément sur « margin ». C’est du trading pas de l’investissement… »

      – L’exécution d’un short doit être parfaite comme l’exécution d’une opération long, avec stop si vous n’êtes pas tout le temps devant votre ordinateur. Sinon, il n’a pas de différence fondamentale entre les 2 types d’opération
      – Les opérations short ou long peuvent être réalisées avec effet de levier ou pas, donc le risque est le même de ce point de vue.
      – Pour la différence entre trading et investissement, je crois qu’il s’agit d’un faux problème inventé par les beaux esprits de gauche qui haïssent la spéculation pour des raisons idéologiques. Je ne vois pas quelle est la différence substantielle entre le trading et l’investissement : l’objectif est toujours de gagner de l’argent avec de l’argent, ce qui a mon avis n’est pas moralement condamnable et produit de la valeur ajoutée pour la société.

  • Votre commentaire est intéressant, je n’y répondrai pas en détail car cela nous amènerait à une très longue discussion car nous ne sommes pas entièrement d’accord. Je vais cependant aborder deux points pour les lecteurs:

    1) Les opérations « Long » et « Short » – comme vous le savez ne sont pas de même nature. La perte est potentiellement infinie pour un short avec un gain limité à 100% et inversement sur un long. Mais surtout, plus vous avez gagné sur un « short » moins vous gagnez, il faut « ré-armer » la position et retrouver un point d’entrée technique bien propre pour le faire. Si vous ouvrez un short à 100, quand le titre est à 50 et qu’il perd 2%, vous qui avez ouvert à 100 ne gagnez plus qu’1% (j’ai gagné parfois plus de 75% sur des shorts, ce qui est exceptionnel !). Pour plein d’autres raisons les shorts sont plus techniques et mon expérience sur des dizaines de milliers de trades est qu’il est plus difficile de gagner à la baisse qu’à la hausse (en tous cas pour moi). Je me souviens avec douleur de cette nuit de 2001 ou les taux furent baissés très brutalement par la Fed et où mes shorts partirent sur les stops avec des gaps open très importants, l’annonce avait bien sûr été faite hors marché… La volat est toujours très forte à la baisse et la casse sur stops est toujours plus grande, etc…

    2) Trading versus investissement. Pour moi la différence est simple. Quand je suis investisseur je ne mets pas de stop. Si le SP va à 400, je serai acheteur sans stop en qualité de pur investisseur pour 30 ans. Sinon je prends la position dans le sens du marché (bull/bear) mais je stoppe car le prix où j’ai payé la position en long n’est pas celle que je souhaiterais la payer si je me comportais en qualité d’investisseur. En short, je suis forcément un spéculateur. Je n’en ai aucune honte, je suis utile en apportant de la liquidité au marché…

    Mes trois centimes 🙂

  • ah ! j’oubliais – félicitations pour votre site, c’est un vrai bonheur pour le résistant au rouleau compresseur soviétoïde que nous subissons !

    Encore bravo.

  • A Liberal

    Je reviens sur vos commentaires :

    1) « La perte est potentiellement infinie pour un short avec un gain limité à 100% et inversement sur un long »
    Vous avez raison, mais c’est aussi pour cela que les stops sont utiles. Si vous avez des stops – filet de sécurité – c’est vous qui définissez votre niveau de risque et ceci indépendamment du type d’opération (short ou long). Si vous regardez les graphiques du SP500 ou autre indice avec des moyennes mobiles et des bandes (Bollinger ou autres), la configuration graphique d’une opération long n’est pas fondamentalement différente de celle d’une short et donc vous pouvez utiliser les mêmes indicateurs et les mêmes critères pour la fixation des stops.
    En day-trading, si vous êtes devant votre ordinateur en permanence et vous ne laissez pas de positions ouvertes pour le lendemain, les stops ne sont pas utiles sauf si vous avez un grand nombre de positions ouvertes en permanence ou en cas exceptionnel (par exemple la pair EUR/CHF le 6/9/2011 : ceux qui étaient short sans stop ont attrapé un bon rhume…)
    On peut bien sur se faire massacrer en cas de forte volatilité des marchés et de gaps open importants. C’est pour ça que je privilégie les marchés qui ne ferment presque jamais (Forex et certains produits dérivés) et sur lesquels on peut fixer des stops à partir des configurations techniques).

    2) En ce qui concerne la différence entre trading, spéculation et investissement, je n’ai rien à ajouter ; c’est une question d’opinion et de sémantique et c’est donc subjectif.

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