La France peut-elle encore échapper à un scénario grec ?

La France est impardonnable. Nos budgets sont en déficit chaque année depuis 1974. En 2006, avant la crise, la dette publique représentait déjà 64 % du PIB.

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La France peut-elle encore échapper à un scénario grec ?

Publié le 15 août 2011
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Un article de l’économiste Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale au Graduate Institute de Genève, publié dans Le Monde.

La machine infernale est en train de s’enclencher. Il est désormais possible que la France suive la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Italie et l’Espagne dans le club peu enviable des pays dont la dette publique est considérée comme toxique par les marchés financiers. Le scénario est bien rodé. La pression monte lentement mais inexorablement, la notation par les agences est abaissée, la panique s’installe et, au bout du chemin, il faut se résoudre à aller quémander de l’aide au FMI, aux partenaires européens et à la BCE, qui prennent le contrôle de la politique économique. La purge exigée en contrepartie des prêts est sévère. C’est le grand traumatisme national.

Ce processus est lent. Il a duré six mois pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Il durera sans doute moins longtemps pour l’Italie et l’Espagne. Pour la France, le point de non-retour n’est pas encore franchi, mais les prémices sont là. Une fois le point de non-retour franchi, le gouvernement ne peut plus rien faire pour empêcherle rouleau compresseur d’avancer.

Les marchés sont-ils fous et méchants ? La réaction de la classe politique est toujours la même : dénégation des risques et propos vengeurs à l’égard des spéculateurs et autres financiers sataniques qui veulent faire fortune sur le dos de la mère patrie. Mais les marchés ne sont ni fous ni méchants. Ils détiennent une grosse part de la dette publique de la France, quelque 1 700 milliards d’euros, soit 85 % de notre PIB, et ils sont effrayés de perdre une partie de leurs patrimoines. La panique n’est pas bonne conseillère, mais elle est très humaine. Faut-il leur envouloir, voire les cadenasser ? Il fallait y penser plus tôt, avant de leur demander de nous prêter ces sommes colossales. Nous avons eu besoin d’eux et nous en aurons encore besoin, quoi que nous fassions. Les insulter et les attaquer peuvent nous soulager, mais cela ne changera rien à la situation.

Car la France est impardonnable. Nos budgets ont été en déficit chaque année depuis 1974. En 2006, avant la crise, la dette publique représentait déjà 64 % du PIB. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis presque quarante ans ont superbement ignoré la notion de discipline budgétaire. Tous. Les déficits sont devenus une routine, une facilité pour dépenser plus que ce dont ils disposaient, et personne n’y a trouvé à redire. Ils sont tous coupables et nous, les électeurs, le sommes tout autant. Les marchés, par contre, n’y sont pour rien. La sagesse, dont nous allons avoir besoin dans les années qui viennent, doit commencer par un grand mea culpa national.

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  • Excellente analyse mais les commentaires à la suite de votre article sur le site du monde me laissent perplexe et je crains que toute réforme ne se fasse dans la douleur…

    • Impossible de penser qu’elles ne se feraient sans douleur. Mais les gouvernements ne reformeront pas. Ils préféreront baisser leur pantalon. Comme d’habitude.

  • « Les marchés » (les investisseurs, en fait) s’en tirent un peu à bon compte : pourquoi ont-il prêté si longtemps à de si bon termes à un emprunteur si surendetté ? La réponse est tristement simple : parce qu’ils comptent sur la force de l’Etat pour toujours pouvoir prendre l’argent aux habitants du pays « by all means necessary » comme dirait l’autre.

    • Les gouvernements ont pris la mauvaise habitude de prendre le prélévement des impôts de leurs citoyens comme la cagnotte de leur idealisme politique. Et en ce sens, la ligne editorial de Contrepoints a bien vu le probléme: la gauche et la droite en France partage la même vision idealisée du pouvoir politique qui est l’apanage de la Gauche (parce que les conservateurs peuvent vivre avec ‘idée de conserver) mais pas les gens de gauche. Et pour la Gauche, l’abscence d’idéalisme reduit la politique á la gestion sociale, l’administration routinière des hommes et des choses.
      Et c’est bien ce qu’on leur reproche. Comme disait Michel Crozier, il faut un état modeste, c’est á dire un état moderne.

  • Je trouve le raisonnement trop facile. Il faudrait dejà plus de justice fiscale en France et ailleurs, car les plus gros patrimoines français et internationaux font de l’argent garce à la spéculation cf. Les Echos du 4/08, mais aussi réduire le poids des marchés financiers omnipotents. Donc plutôt grand méa culpa de ceux qui ont orchestré la dérégulation financière des années 80 et le système capitaliste foireux qui conduit le monde dans le mur… Ce n’est pas aux peuples de trinquer, car pour la plupart ils n’y comprennent rien et sont maintenus dans climat de peur et de désinformation.

    • de toute manière c’est toujours le peuple qui trinque. Qui d’autre sinon? Même en essorant tous les « riches » de France on ne trouverais qu’une fraction de l’argent nécessaires à rembourser la dette et nous aurions définitivement détruit tout avenir car qu’on le veuille ou non ce sont les « riches » qui font avancer les choses et créé de la valeur.
      Les marchés financiers sont omnipotent parce que les états ont tout fait pour en vivant à crédit et en créant de la monnaie en veux tu en voilà. la seule manière de changer cela c’est de rembourser nos dettes, de diminuer la monnaie en circulation et d’augmenter les taux d’intérets. Seulement voilà cela implique que les états doivent maigrir et que les citoyens prennent en main leur destin et assume leur responsabilité dans une société plus libre et moins protectrice.

  • les coupables sont ceux qui acceptent le dumping social des pays a esclaves. plus de chomage,moins de rentrees fiscales, et dans le mur a la fin. un enfant de 10 ans comprend ca. c’etait ecrit dans les traites europeens. renault,psa,…ont delocalise en tchequie a 300 euros par mois. la tchequie n’a pas de crise de la dette. nous avons, tous, laisse detricote nos droits sans reagir. les politiques commencent a vous habituer doucement ou plutot vos enfants a baisser fortement leur exigences sociales. c’est le principe des vases communiquants en economie mondialisee. encore une fois, sincerement un enfant de 10 ans comprend cela. j’ai bien rigole quand j’ai appris q’une societe de transport du nord de la france avait vire des employes pour les remplacer par des polonais. ca m’arrive je pends le pdg par les couilles. je ne me suicide pas comme un tebe de france telecom.

    • jylb: « …ont delocalise en tchequie a 300 euros par mois. la tchequie n’a pas de crise de la dette. »

      Les Tchèques n’ont pas le droit de s’enrichir ? Ils auraient dû rester dans la bouse ? Personne ne les force à accepter ces emplois, ils sont peut-être même contents de pouvoir avoir accès à un certain niveau de vie qui fut bien inférieur avant. Dire qu’il y en qui chantent l’Internationale et qui râlent quand les autres peuvent s’émanciper…

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