À quoi sert le FMI ?

Le commerce, l’emploi, la croissance : tout cela vient d’entrepreneurs responsables, libres de créer, d’épargnants libres d’affecter leur épargne, de consommateurs libres de leurs choix

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À quoi sert le FMI ?

Publié le 6 juin 2011
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On n’a jamais autant parlé du FMI. Laissons de côté les aspects politiques, humains ou sordides de l’« affaire » : ils n’ont pas leur place dans un article de conjoncture économique. Laissons aussi de côté la candidature de Madame Lagarde, qui a sans doute la sympathie des Européens, mais l’Europe a-t-elle la sympathie du reste du monde ?

Il est néanmoins important de réfléchir au FMI, à sa mission et à son pouvoir. Après tout, n’a-t-on pas dit que le directeur du FMI était « l’un des hommes les plus influents de la planète » ? Et ce directeur a-t-il en charge de privilégier les intérêts d’un pays, ou d’un groupe de pays ? Ces questions en appellent d’autres : à quoi sert le FMI ? Et plus simplement encore : a-t-on besoin du FMI ?

Dormez tranquille : le FMI s’occupe de tout

Pour mesurer la place du FMI dans les organismes mondiaux et ses ambitions planétaires, il suffit d’aller sur son site officiel, par exemple sur la fiche technique intitulée « Le FMI en un clin d’œil ». C’est édifiant : « Le Fonds monétaire international (FMI) a pour mission d’encourager la coopération monétaire internationale, de veiller à la stabilité financière, de faciliter le commerce international, d’œuvrer en faveur d’un emploi élevé et d’une croissance économique durable, et de faire reculer la pauvreté dans le monde. Créé en 1945, le FMI est gouverné par ses 187 États membres, auxquels il rend compte de son action, ce qui en fait une institution quasi-universelle »…Excusez du peu !

Passons sur le fait que le FMI s’attribue le rôle de l’OMC (sur le commerce) ou de la Banque Mondiale (sur le développement). Cette querelle d’institutions n’a guère d’importance, car ces organismes sont tout aussi inutiles, voire aussi néfastes, que le FMI.

Rappelons donc que le FMI a été créé à la suite des accords de Bretton-Woods, en 1944 (44 pays à l’époque), dont la décision principale avait été de créer un système de taux de changes fondé sur une parité fixe de chaque devise par rapport au dollar, lui-même lié à l’or. Système typiquement anti-marché, puisqu’un taux de change fixe équivaut à un prix bloqué (celui des devises les unes par rapport aux autres), prix fixé par chaque gouvernement, et garanti par les interventions des Banques centrales. Celles-ci ont donc pour mission de paralyser le libre jeu du marché des changes, et de donner une valeur artificielle de la monnaie (un « faux prix », disait Jacques Rueff).

Le système a été peu à peu emporté par la réalité économique : exactement comme des prix intérieurs fixés par la gouvernement (« administrés »), un taux de change fixe ne peut durablement résister aux réalités des marchés et en particulier des besoins liés au commerce international, en revanche il ne cesse de provoquer des effets pervers : un faux prix entraîne toujours de fausses décisions et réduit l’allocation optimale des ressources. L’acte de décès a été prononcé le 15 août 1971 par Richard Nixon, et l’on est passé, même si c’est de manière imparfaite, troublée par des interventions étatiques, au système de changes flottants. Ici, le taux de change est, en gros, déterminé librement par le « plébiscite quotidien du marché ».

Le rêve du pilotage de l’économie mondiale

La survivance du FMI après 1971 a quelque chose de paradoxal : quel est son sens dans un système de changes libres ? En fait, si les gouvernements ont bien dû céder sur la liberté des changes, les États et le FMI ont poursuivi leur chimère : celle d’un gouvernement économique mondial.

Il y avait déjà eu vers la fin des années 60 l’amorce d’une monnaie mondiale, artificielle, avec la création des DTS (Droits de Tirage Spéciaux) : le FMI s’autorisait à accorder des crédits qu’il finançait en fabriquant de toutes pièces une monnaie que devaient accepter tous les membres adhérents. Cette idée avait déjà été proposée dans le « plan Keynes » en 1945, car on sait que dans la logique keynésienne tout est bon pour stimuler l’activité économique, à commencer par fabriquer de la fausse monnaie qui permettra de consommer et investir davantage.

L’échec des DTS n’a pas découragé le FMI, qui a continué à rêver du pilotage de l’économie mondiale. C’est dit d’ailleurs clairement sur son site à propos de « La surveillance des économies » : « afin de maintenir la stabilité et de prévenir les crises du système monétaire international, le FMI examine les politiques économiques des pays, ainsi que l’évolution économique et financière à l’échelle nationale, régionale et mondiale, dans le cadre formel de sa mission de surveillance ». Le G20, sous la pression notamment de la France, veut aller plus loin et faire du FMI le cœur de tout le système économique et financier mondial, en clair le lieu de la régulation internationale.

Notre Président de la République a lui-même proposé avec insistance la nomination d’un socialiste comme DSK pour présider le FMI (c’est d’ailleurs un autre socialiste français, Pascal Lamy, qui préside l’OMC). Quoi de plus logique que de mettre un socialiste à la tête d’un organisme dirigiste et régulateur, qui entend compenser le recul des États dans l’économie de chaque pays par un interventionnisme mondial. Le socialisme ayant échoué au niveau national, il pouvait renaître de ses cendres au niveau mondial. Voilà pourquoi le FMI s’est attribué tant de missions et veut finalement tout contrôler, de la monnaie à la finance en passant par le commerce, l’emploi, la croissance, le développement (durable) et la lutte contre la pauvreté…

C’est de liberté dont l’économie mondiale a besoin

Faut-il rappeler quelques vérités premières ? Laissons de coté le fait que tous ces organismes internationaux sont par nature des monstres bureaucratiques ruineux et inefficaces, dilapidant l’argent des contribuables en salaires, voyages, délégations et rapports sans intérêt. Mais pour l’essentiel rappelons que « la crise » a des causes évidentes : le laxisme de la Federal Reserve, les déficits d’États qui vivent au dessus de leurs moyens, de gouvernements qui veulent relancer. Que répond le FMI ? Il faut plus d’interventionnisme mondial !

Le FMI veut stabiliser les taux de change. Mais d’une part il est normal que les taux de change varient, comme tout prix, puisque la réalité économique change sans cesse, et d’autre part les mouvements erratiques sont artificiellement créés par les politiques interventionnistes qui changent en permanence de cap, créent de l’incertitude et perturbent les marchés.

Parallèlement, le FMI prétend aider au développement et lutter contre la pauvreté. Comment ? En injectant de l’argent ? Il faut être aveugle pour ne pas voir, grâce aux indices de liberté économique, que le développement ne vient pas de l’État ou du FMI, mais des libertés économiques dans le cadre d’un état de droit. Ce n’est pas le FMI qui provoque l’émergence, mais le choix en faveur de la liberté.

Le commerce, l’emploi, la croissance : tout cela vient d’entrepreneurs responsables, libres de créer, d’épargnants libres d’affecter leur épargne, de consommateurs libres de leurs choix. L’interventionnisme venant du FMI ou d’ailleurs a toujours perturbé ou freiné la croissance, le commerce ou l’emploi, que seules les libertés peuvent favoriser. Bien sûr il y a dans l’économie mondiale des mouvements erratiques qu’on peut regretter, et des crises qui pénalisent tout le monde. Mais ces événements viennent de l’interventionnisme généralisé. Y rajouter celui du FMI ne fera qu’aggraver ces phénomènes. On se souvient par exemple de l’idée « géniale » de l’économiste en chef du FMI qui suggérait de réduire les dettes publiques en doublant le taux d’inflation (pour rembourser en monnaie de singe), en clair en volant l’épargnant.

Le FMI au secours des cigales

Le FMI se donne certes le beau rôle en venant « sauver » des États en quasi-faillite comme la Grèce ou la Roumanie. Mais pourquoi ces États sont-ils en faillite ? Pourquoi a-t-on besoin d’un organisme interétatique pour accorder des prêts ? N’y a-t-il pas un marché financier capable d’estimer les risques ? La vérité est qu’au lieu d’honorer les dettes avec l’argent des États inconscients, avec des taux d’intérêt élevés qui traduisent le discrédit dans lequel ils sont tombés, on fait payer la note par le FMI (ou le Fonds Européen de Stabilité Financière), c’est-à-dire par l’ensemble des contribuables du reste du monde. Comme le disait Angela Merkel (nous avons retranscrit ses propos la semaine dernière), la fourmi allemande n’est pas tendre pour les cigales du midi de l’Europe, et de temps en temps la « prêteuse » est tentée de dire aux cigales : « allez donc danser ailleurs ». Le FMI a pris depuis quelque temps le parti des cigales. Rien n’est réglé, on court à de nouveaux déséquilibres.

Alors, à quoi sert le FMI ? A prendre le relais de l’interventionnisme étatique et à réguler l’économie mondiale ? Si c’est le cas, la question de fond n’est pas aujourd’hui de savoir qui remplacera DSK mais plutôt : a-t-on besoin du FMI (ou autres organismes internationaux) ? Dans une économie de liberté, la réponse est non. L’urgence est de libérer l’économie mondiale du carcan des bureaucraties internationales.

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