La mort de la social-démocratie

Les Européens, au milieu d’un carrefour où les chemins bifurquent dans trois directions

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La mort de la social-démocratie

Publié le 21 janvier 2011
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Les obstacles à la liberté individuelle, la montagne bureaucratique, l’inefficacité générée par la réglementation omniprésente, les rigidités imposées aux marchés et la corruption inhérente à un système où beaucoup de gens manipulent de l’argent qui n’est pas à eux ont fait office de boulets du système capitaliste jusqu’à presque épuiser sa vigueur naturelle.

Arrête toutes les horloges, coupe le téléphone,
Jette un os juteux au chien pour qu’il cesse d’aboyer,
Fais taire les pianos et avec un tambour étouffé
Sors le cercueil, fais entrer les pleureuses.

Car elle est morte, la social-démocratie qui, comme dans le poème funéraire de W. H. Auden, a été trop longtemps notre Nord, notre Sud, notre Est et Ouest. C’est pourquoi il faut nous montrer charitables avec les socialistes quand ceux-ci nous raconte que la crise est due aux marchés ou à quelques spéculateurs aussi ignorants que malfaisants. Ils sont en deuil et tentent de s’expliquer l’inexplicable.

La social-démocratie est morte de mort naturelle, elle a simplement atteint sa limite maximale d’incompétence. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale elle fut, plus qu’une idéologie, le système politique dominant en Europe. Peu importe qui gouvernait, personne ne remettait en cause le mécanisme fondamental social-démocrate : taxer pour dépenser. Taxer plus chaque jour pour dépenser plus chaque jour. Ce mécanisme, moralement insoutenable, se maintenait tant qu’une puissante croissance économique permettait à ceux qui payaient des impôts chaque fois plus lourds de voir néanmoins leur richesse croître tandis que de l’autre côté se créait une nouvelle classe entièrement dépendante de l’« État providence » et disposée à défendre celui-ci dans les urnes ou dans la rue.

C’est la croissance qui a manqué au système. D’un côté, les obstacles à la liberté individuelle, la montagne bureaucratique, l’inefficacité générée par la réglementation omniprésente, les rigidités imposées aux marchés et la corruption inhérente à un système où beaucoup de gens manipulent de l’argent qui n’est pas à eux ont fait office de boulets du système capitaliste jusqu’à presque épuiser sa vigueur naturelle. D’un autre côté, et étroitement lié au point précédent, l’Europe est entrée dans une spirale démographique auto-destructrice qui fait que la pyramide social-démocrate ne trouve plus de nouveaux locataires en nombre suffisant pour occuper la base. Ironiquement, la social-démocratie – qui avait parfaitement identifié la famille comme le grand ennemi de l’État et qui s’est employé à fond pour détruire cette fabrique morale de la société européenne – est en grande partie responsable de ce suicide démographique européen. Dans les films, on appelle cela la justice poétique.

Et voici maintenant les Européens, portant le cercueil de la social-démocratie sur leurs épaules, au milieu d’un carrefour où les chemins bifurquent dans trois directions. Dans la première, les socialistes se refusent à enterrer pacifiquement la défunte et donnent une douzaine de tours de vis supplémentaires à la régulation, aux impôts et aux contrôles afin d’accélérer le processus d’asservissement au socialisme réel. Improbable. Dans la deuxième, les socialistes appliquent quelques emplâtres sur des jambes de bois et on sort de la crise ; mais sans revenir à la croissance – rendue impossible par la démographie et le socialisme –, stagnant dans un marais. Là, l’Europe vivra un long et inexorable déclin entre le nénuphar et le chrysanthème et finira par se transformer en parc d’attraction thématique rempli de châteaux enchanteurs et de belles rues pavées où se promèneront les touristes américains, indiens et chinois. Enfin, reste la possibilité d’un retour au libéralisme non pas comme option politique passagère, mais bien comme système fondamental de gouvernement. Un système composé d’individus libres vivant dans des États réduits, presque transparents qui ne s’immisceraient ni dans de la vie des gens ni dans leur poches. Difficile. Mais ce ne serait pas le premier miracle observé en Europe.

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  • Le problème avec le socialisme, c'est que l'argent des autres finit toujours par manquer (repris de je ne sais plus qui)

  • Citation de Madame Tatcher

    JFD

  • Comment contenir l état à son unique rôle , défendre les libertés individuelles ? Pour ma part je pense que c est une chimère , il deviendra toujours leviathan ,c est pourquoi je suis anarcap

    • Certes mais qu'est-ce qui remplace l'Etat dans ce rôle alors ? A moins de devoir créer un homme nouveau qui vit de contrats et d'eau fraîche. Parce que les hommes nouveaux, ça ne se finit pas bien en général.

    • Guy Sorman propose une ébauche de solution: Fixer dans la constitution un niveau maxi de dépenses publiques en proportion du Pib.
      Le problème serait évidemment de fixer le niveau !
      L’avantage, c’est que celà fournirait un cadre stable pour investir ou au contraire pour décider de partir.

  • Héhé on sent beaucoup d'espoir dans les dernières phrases 🙂 Hélas je pense que plus l'Etat grossit et plus la possibilité de le réformer et d'arrêter son expansion se réduit, car de plus en plus de personnes profitent de ce système (fonctionnaires, politiciens, assistés en tous genres…).

    Ajoutons à cela la haine de la pensée dominante française pour toute forme de responsabilisation des individus (pardon, d'ultranéolibéralisme impitoyable), et je pense que la réduction du poids de l'État attendra malheureusement la cessation de paiement et des remous sociaux pas rigolos du tout.

    • Il faut aider cet Etat pléthorique à se détruire le plus rapidement possible : profiter de tout ce que vous pouvez pour obtenir des aides ou des subventions. N’ayez aucune scrupule.

      En effet, tenter de le réformer est finalement impossible et demande trop d’efforts d’explications… il faut arriver à la cessation de paiement dans les meilleurs délais… ce sera plus facile de repartir sur de bonnes bases…

  • T'as oublié une voie déjà utilisée précédemment : on appuie sur reset par une bonne guerre mondiale, on envoie les assistés se faire dégommer ; ce qui permettra un retour des politiques de reconstruction jusqu'à la prochaine.

  • Si les parents ont une influence sur le développement psychologique des enfants ,l état en a une sur celui de ses conconcitoyens .En s octroyant la possibilité de distribuer droits, subventions et autres prébendes, il les oblige à mener une guerre de tous contre tous . En cela l homme nouveau est déjà là .

  • pourquoi parler de régulation quand il s'agit de réglementation,
    la régulation sous entend une certaine intelligence d'adaptation au conteste.Est-ce le cas le l'état social démocrate?

  • L'euro aussi est un sacré levier pour la panne de croissance. En fixant des taux d'intérêts calculés sur la base dd'une moyenne des pays et donc trop haut comparativement à la croissance du pays, les entrepreneurs ont souffert d'un déficit chronique de financement uquel il faut rajouter la règlementation crétine, la bureaucratie et l'écrasement fiscal !

  • Je me prends souvent à rêver de la mort de l’état-nation et d’un retour à la Cité-état, plus contrôlable et plus proche des réalités humaines. Avec un peu de chance on en est proche.

  • Les commentaires sont fermés.

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