L’égalité en plastique

Les propositions d’Hamon pour le programme du Parti Socialiste nous ramènent gentiment en 1970.

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L’égalité en plastique

Publié le 10 novembre 2010
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Ah, le Parti Socialiste fait parler un peu de lui, tiens ! Rappelez-vous, le PS, c’est ce parti résolument tendance, au placage formica et aux odeurs Cajoline Lavande qui nous propulse dans les seventies, comme une madeleine proustienne dopée au BN (le quatre heures à moteur) : dès qu’on l’évoque et qu’on entend François Hollande ou Benoît Hamon qui parlent dans le poste, on se les figure immédiatement lancés dans de grands discours historiques sur des images marquées et délavées, qui sautent un peu, avec le logo INA en bas à droite. Et on a bien raison…

C’est en effet à la faveur de leurs dernières chamailleries que les camarades socialistes se rappellent à nos mémoires : profitant d’une actualité particulièrement calme (pas de banque centrale américaine qui fait n’importe quoi, pas de crise, pas de problèmes sociaux, pas de dette qui galope), ils nous présentent leur dernier projet, et, comme à leur habitude, se disputent déjà sur le contenu qui a été, comme on s’en doute, approuvé par tout le monde (et c’est d’ailleurs pour ça que tout le monde se bigorne).

Le PS, c’est un peu comme un gros poulet. Pas comme ceux qu’on voit trotter dans les basses-cours de nos campagnes. Non. Plutôt un poulet comme on en trouve au rayon volaille du supermarché : il y a une aile droite, petite et recourbée, que Valls chevauche, une aile gauche, tout aussi petite et recourbée, occupée par Hamon, un gros corps mou, flacide et pâle entre les deux, vaguement attribuable à François Hollande ou Martine Aubry, suivant le sens de l’actualité, deux grosses cuisses dont croient sortir les dirigeants, et bien sûr un croupion, que Ségolène occupe pour le moment dans un silence prudent.

Hamon, sympathique et franc

Et pour ce projet, tendrement titré « Égalité Réelle », nos deux ailes en présence font une petite partie d’escrime à fleuret pas du tout moucheté : il semblerait que certains voient dans l’assemblage des propositions une espèce de liste de commissions, avec un manque cruel de réalisme, et surtout, aucun total en bas.

Il est clair qu’à la lecture de la feuille de route, on peut ajouter aux images sepia directement issues des archives nationales les musiques de Carl Stalling avec trompette bouchée et effets sonores rigolos : on retrouve, entassés dans un désordre de caisse à jouets d’enfants turbulents, les grands chevaux de bataille du socialisme moderne (celui avec des voitures volantes, des gros robots en aluminium brossé qui parlent de façon monocorde et des pistolasers qui font pouic quand ils tirent).

En vrac, donc :

  • maternelle obligatoire dès 3 ans : la citoyenneté et les bisous républicains n’attendent pas ! En dix ans, le Nouveau Parti Socialiste Du XXIe siècle du Futur va tripler le nombre d’enfants accueillis dans des structures collectives. Et pour cela, Benoît Hamon payera de sa personne s’il le faut.
  • toujours parfaitement en phase avec les avancées majeures que la pétrochimie des années 1970 nous a offert, le parti propose d’introduire aussi le fameux indice de mixité sociale dont j‘avais évoqué l’existence farfelue dans les petits popos de Bruno Julliard. Tiens, il serait cocasse de l’appliquer, pour rire, aux élites qui siègent à l’Assemblée ou au Sénat ; on trouverait sans doute une sur-représentation de fonctionnaires, de médecins et d’énarques variés, et assez peu d’ajusteurs ou de boulangers. D’ailleurs, ni Benoît, ni François, ni Emmanuel, ni Martine, ni Dominique ne peuvent réellement jouer en faveur d’un indice de mixité sociale particulièrement favorable… Bref : un indice très pratique pour faire des petits calculs et des petits manipulations théoriques sur les écoles, mais surtout pas applicable au reste.
  • une baisse des loyers, parce que c’est comme ça, c’est décidable unilatéralement par le pouvoir ou les gens qui y aspirent. Nos amusants socialistes nous expliquent que cette baisse rendrait du pouvoir d’achat aux ménages, il est vrai, mais dans ce cas, poussons le raisonnement jusqu’à son terme : en décrétant une baisse du prix de la botte de poireaux, des voitures et des forfaits de remontées de ski, on a aussi un gain de pouvoir d’achat. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Puisqu’il suffit de l’écrire, autant aller jusqu’au bout : fixer étatiquement tous les prix dans des petites grilles soigneusement établies par un Comité Central de Planification. Et tout ira mieux. C’est une évidence.
  • au niveau de la santé, on va introduire le paiement au forfait des praticiens. Là encore, cette solution, que toute bonne République Populaire ne désavouerait pas, a montré sa redoutable efficacité dans le monde pour résoudre les problèmes de déficits structurels des assurances santé et de motivations des personnels.
  • des petits bonus, comme une aide au départ en vacances de 200 euros, une fusion de la CSG, la CRDS et les impôts, un droit au mariage pour tous dans tous les sens, etc… C’est un peu comme une distribution de popper en fin de soirée branchée, y’en aura pour tout le monde.

Le tout, bien évidemment, est en cours de chiffrage. Je dis « en cours », parce que l’étiquette de prix de ce fatras improbable n’a pas encore été attachée, mais on l’imagine assez large, permettant de contenir des nombres à neuf ou dix chiffres, sans virgule.

On comprend, dès lors, les petits grincements de dents de certains autres socialistes pour qui les conneries collectivistes, c’est rigolo pour choper de l’électeur un peu benêt, mais c’est très inefficace pour remporter des élections dont tout semble montrer qu’elles vont se heurter au mur rugueux d’une réalité très tendue budgétairement.

Cela se chamaille donc assez méchamment. Officiellement, Martine Aubry, elle, assure que « 99 % des socialistes sont dans le train« . Le problème, c’est que c’est une locomotive à vapeur, qu’on ne sait pas trop où il va et qu’on est à court de charbon.

Sacré Parti Socialiste du XXIe siècle Avec Des Fusées et Des Pistolasers Qui Font Pouic ! Finalement, à bien lire toutes ces propositions où la science sociale et politique et les Komités Centraux de Planifikation permettent l’expansion d’une société plus juste, plus douce, plus Cajoline Lavande, on retrouve tout ce qui fit la force du Parti Communiste dans les années 1930, 1940 et 1950. Bien évidemment, c’est du collectivisme en tenue de camouflage campagne en hiver, qui ne se voit pas trop. Mais les habitudes ont la vie dure : contre une sociale-démocratie qui n’en finit pas de merdouiller, de produire du chômage et des pauvres, un État omniprésent qui a foiré tout ce qu’il a touché depuis la santé jusqu’à la retraite, le Parti Socialiste du XXIe siècle nous propose… plus de sociale-démocratie, plus d’État omniprésent, et, conséquemment, plus d’impôts.

Captain Future !

Quelque part, on devrait mettre tout de suite en relation les personnes de ce parti avec celles du parti d’en face, qui, elles aussi, sont arrivées à la conclusion qu’il va falloir augmenter les impôts, promettre des lendemains qui chantent et envisagent un planisme que les premières ne renieraient pas.

En fait d’égalité réelle, tout ceci sent le mauvais plastique des débuts de l’industrie pétrochimique, époque bénie où le baril n’était qu’à une poignée de dollars.

« Il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n’est qu’une nouvelle forme de servitude. » F.A. Hayek.
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