Pourquoi les taxis parisiens sont hors de prix

Trop rares, trop chers, trop lents, les taxis parisiens font figure de mauvais élèves

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Taxi parisien Credit Mathieu Fosse (Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pourquoi les taxis parisiens sont hors de prix

Publié le 8 novembre 2010
- A +

Par Cécile Tran-Trien.

Taxi parisien Credit Mathieu Fosse (Creative Commons)
Taxi parisien Credit Mathieu Fosse (Creative Commons)

Trop rares, trop chers, trop lents, les taxis parisiens font figure de mauvais élèves à la différence de Berlin où prendre le taxi n’est pas réservé à une élite. Comment expliquer une telle différence ?

À Paris, il n’est pas rare d’entendre les clients se plaindre « On ne trouve jamais de Taxi quand on en a besoin ! ». À Berlin, au contraire, il suffit de lever la main pour avoir un taxi et les conducteurs sont souvent beaucoup plus chaleureux que dans la capitale française. Quant aux prix, ils défient toute concurrence. Alors qu’à Paris, il faut compter au minimum 55 euros pour se rendre de l’aéroport Charles de Gaulle au centre ville, il ne vous en coûtera que 35 euros maximum pour réaliser la même distance, 23 km, entre l’aéroport de Schönefled et la Hauptbahnof (gare centrale) de Berlin. De la même manière, un très court trajet à Paris vous coûtera tout de suite plus de 6 euros, prise en charge incluse, alors qu’à Berlin, si vous prenez le taxi pour moins de 2 kilomètres, vous pouvez bénéficier d’un tarif spécial appelé « Kurzstreke » et qui ne vous coûtera que 3,5 euros. Une disposition très utile en cas de grosse averse ou tout simplement après les courses lorsque l’on est un peu trop chargé.

Plus de taxis à Berlin qu’à Paris ?

À première vue, on pourrait penser que la différence de tarif s’explique par un nombre plus important de taxis à Berlin qu’à Paris. Pourtant, plus de 16 000 taxis arpentent chaque jour la capitale française à la recherche de clients alors que Berlin n’est desservie que par 7 000 professionnels. Mais lorsque l’on rapporte ce chiffre au nombre d’habitants (entre 8 et 10 millions pour Paris et entre 3,5 et 4,5 millions pour Berlin), le nombre de taxis par habitant est sensiblement le même, soit un taxi pour 500 habitants. La différence de prix ne vient donc pas d’une plus forte concurrence en Allemagne qu’en France.

Une profession trop encadrée en France

La différence de prix s’explique plutôt par la très stricte réglementation de la profession en France. En effet, pour pouvoir exploiter un taxi à Paris, les chauffeurs doivent payer une licence de stationnement qui avoisine les 180 000 euros. Les travailleurs indépendants peuvent racheter une ancienne licence à un taxi qui prend sa retraite mais cela coûte entre 70 000 et 310 000 euros. Ces sommes considérables ont été instaurées par la profession pour empêcher une trop grande concurrence. Autre carcan : les différents statuts des chauffeurs de taxi en France. Alors qu’en Allemagne il n’existe que deux statuts, salariés ou indépendants, les chauffeurs de taxis en France peuvent être artisans (propriétaires de leur véhicule), locataires (le chauffeur loue son véhicule à une agence), actionnaires (le véhicule appartient au chauffeur mais la carte grise appartient à une plus grosse société) ou encore salariés (le véhicule n’appartient pas au chauffeur mais à une société qui le rémunère sur une base fixe chaque mois, avec une prime au compteur).  La multiplication des intermédiaires entre le client et le propriétaire du véhicule entraîne donc des coûts supplémentaires puisque les grosses entreprises de taxi ont tendance à faire des marges importantes sur le prix des courses. Les chauffeurs de taxis font donc partis des rares professions à pouvoir décider de l’offre et de la demande en jouant sur la rareté des véhicules ainsi que sur les prix. Payés entre 1300 et 1500 euros par mois pour plus de 70 heures de travail par semaine, les chauffeurs de taxi parisiens ont donc des conditions de travail beaucoup plus précaires que leurs homologues berlinois.

Mais dans la course aux tarifs, les taxis berlinois sont encore loin de battre les « Black cab » londoniens et les « Yellow cab » New Yorkais, champions hors catégorie des bas prix !

Article de Cécile Tran-Trien, repris depuis la Gazette de Berlin avec l’aimable autorisation du journal

Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • "ladite licence perd instantanément toute sa valeur ", "la course ne peut pas être gratuite", "une course d'une demi-heure n'est pas forcément excessif"…
    @prmarcheux
    Qui a parlé déjà d'éviter les raisonnements simplistes ?

  • Allez donc faire un tour dans des grandes villes du monde. Et là vous verrez que les taxis parisiens sont chers et désagréables.

  • En cas de libéralisation de la profession, la question des licences se règle simplement : l'organisme qui les a perçues devra les rembourser intégralement !
    Se faire extorquer plus de 10 ans de salaire pour pouvoir travailler est vraiment "indécent", "choquant" et pour ainsi dire "discriminant".

  • C’est quoi ce reportage mensonger?
    Un taxi parisien c’est 1.17 euros du kilometre en journée la prise en charge c’est 2.30euros pour faire 23km, un taxi parisien coûte 29.20 euros donc moins cher que le taxi de berlin!
    Pourquoi mentir?

    • A Paris, c’est minimum 6 euros 20, et puis ca augmente vite, surtout si y’a des bouchons (autant dire tout le temps sauf la nuit), ou tarif nuit (on y arrive!).

      Le taxi est hors de prix, et quand on veut bien faire l’effort financier, il faut

      1. En trouver un. Bon courage en plein Paris quand vous en avez besoin.
      2. Tomber sur un chauffeur qui veuille bien condescendre a faire la course. Soit c’est trop loin (banlieue), soit c’est trop pres (pas interessant), soit la direction ne l’arrange pas (il rentre).
      3. Se coltiner une fois sur deux le chauffeur desagreable qui vous fait prendre des detours et qui se met hors de lui si jamais vous avez l’outrecuidance de lui indiquer un meilleur chemin.

      Bref, une mafia qu’il serait bon de voir demantelée et liberalisee!

      • tarifs trop cher.
        Une course de cgg a st lazare coute entre 52 et 60 euros en général.
        Lundi dernier je prends comme d »habitude un taxi a cdg pour la gare st lazare.
        Embouteillage, départ a 7h de l’aéroport, arrivée a st lazare 9h30;
        Prix de la course près de 90 euros pour deux heures et demie.
        Pourquoi ne font’ils pas de forfait au départ de l’aéroport, tous le monde n’a pas 100 euros dans sa poche. Nous sommes pris en otage, il est temp que d’autres compagnie s’installe et que les taxis parisiens perdent leur monopol.
        Une mafia bien organisée……
        Et pourtant je prends beaucoup les taxis dans les grandes villes a travers le monde.
        Prix moins cher et souvent au forfait sur de garnde distances.
        Alors que mr le ministre fasse quelque chose contre ce raquet organisé.

        • @NICOLAS

          Question qui pourra ,peut-être paraitre stupide:
          Pourquoi n’avez vous pas pris le RER B
          environ 20 minutes entre CDG et Chatelet puis correspondance métro (L14) pour la gare St Lazare
          En 30 minutes et pour un prix 10 fois moindre vous auriez rejoint la gare St Lazare

    • @Robindesbois On voit bien que vous ne prenez pas souvent le taxi à Berlin

  • Ca c’est bien vrai, et il y a moyen de discuter du prix du traget avant le départ.
    Nous en sommes loing en france.

  • Petit rectificatif.

    La licence de Taxi est GRATUITE, l’état les distribue gratuitement en s’inscrivant sur une liste d’attente, sauf que la liste d’attente est très longue.

    Le prix des licences c’est juste le tarif de revente sur le marché. Un marché complètement fabriqué par les professionnels qui ont eux même fait grippé les prix.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

6
Sauvegarder cet article
Inflation et plus-value dans l’immobilier

En règle générale, les calculs du prix de l’immobilier publiés dans les journaux et revues, ou cités sur les sites internet ou les chaînes de radio-télévision sont effectués sans tenir compte de l’inflation. Les interprétations des résultats qu’ils présentent n’ont guère de sens.

La hausse des prix de l’immobilier est de toute évidence incontestable, mais il est nécessaire de rétablir une mesure rationnelle et réaliste de cette augmentation.

Cette mesure est déduite de deux indices défin... Poursuivre la lecture

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles